dimanche 7 décembre 2008

Un petit nouveau...


Ce message pour faire un peu de pub pour le nouveau blog de Cédric, professeur stagiaire de Sciences Economiques et Sociales.

United Colors of SES

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mardi 2 décembre 2008

C'est la Blogrève

Ce blog est en grève, et pas pour une bonne raison, mais pour 10 bonnes raisons. Les Sciences économiques et sociales au lycée sont menacées, nous profs de SES nous mobilisons. Rejoignez-nous place de la Madeleine à Paris, le 3 décembre à 13h.

Visitez le site des professeurs de Sciences économiques et sociales
10 bonnes raisons de manifester à Paris le 3 décembre 2008

1- Une forte demande sociale

Dans le contexte économique et social actuel, il y a une forte demande sociale pour que tous les lycéens suivent un enseignement de SES. Selon un sondage TNS Sofres révélé lors des Journées de l’Economie à Lyon en novembre 2008, 73 % des Français estiment que l’information économique est peu ou pas du tout accessible et compréhensible, et 85 % sont favorables à une initiation à l’économie dès le secondaire.

2- Le projet de réforme de la seconde marginalisera l’option SES en seconde

Des 43% actuels d’élèves de seconde qui choisissent les SES parmi Latin, LV3, IGC, ou MPI, ISI, combien choisiront notre enseignement lorsqu’il sera en concurrence avec un module d’approfondissement de math, littérature, physique-chimie ou sciences de la vie et de la terre ?

3- La réforme de la seconde prépare un tarissement des orientations en série ES et une fusion entre les actuelles séries ES et STG


A terme, c’est l’orientation vers le futur parcours « Sciences de la Société » qui risque de se tarir, les élèves ne pouvant pas effectuer une orientation raisonnée en fin de seconde sans connaître une des « dominantes » de ce parcours. Par ailleurs, la réforme de la seconde prépare une fusion entre les actuelles séries ES et STG. Dans le cycle 1ère-Terminale, les SES ne seront qu’une dominante parmi quatre au sein du parcours « Sciences de la Société » en compagnie du Droit, des Sciences de Gestion et de l’Histoire-Géographie. Il a même été évoqué de scinder les SES entre des modules de sociologie et d’économie. Ce remodelage fait fi des complémentarités fortes qui existent actuellement dans la série ES entre les SES, les mathématiques, l’histoire-géographie, les langues et la philosophie, complémentarités qui permettent un haut niveau de culture générale propice à la réussite dans les études supérieures qu’elles soient courtes, longues ou des plus sélectives.

4- Inacceptable en termes de conditions pédagogiques d’enseignement

Le projet de réforme de la seconde est inacceptable en termes de conditions pédagogiques d’enseignement : perte de la durée annuelle (- 40% de l’horaire élève) mais aussi et surtout des TD. Les modules de découverte ne feront pas l’objet d’une note dans le bulletin mais seulement d’une appréciation ! Que transmet-on à des lycéens de 15 ans en 4 mois de cours à 35 élèves par classe ?

5- Inacceptable en termes de nombre futur de postes et de recrutement

Le projet de réforme de la seconde est inacceptable en termes de nombre futur de postes et de recrutement : - 40% de l’horaire élève en seconde, disparition confirmée des TD, baisse du taux de lycéens choisissant SES en seconde (15% au lieu de 43% actuellement ?) = près de 1000 postes excédentaires ?

6- Réforme précipitée = dégâts collatéraux


La réforme est précipitée et risque de s’appliquer avec de nombreux dégâts collatéraux non prévus pour les futurs lycéens mais aussi pour les personnels et en première ligne les enseignants. Il est inadmissible de prétendre réaliser des programmes de qualité pour la rentrée prochaine en convoquant des groupes d’experts mi-novembre et en leur demandant de confectionner un programme en un mois. Au minimum, Xavier Darcos doit repousser sa réforme en 2010 et organiser une véritable consultation du monde enseignant.

7- Calendrier de la réforme : c’est maintenant ou jamais


Le mois de décembre a été annoncé par le ministère comme le mois de la finalisation : c’est maintenant ou jamais qu’il faut se mobiliser pour accroître un rapport de force permettant des avancées sur les SES, une refonte et un report de la réforme. (Roger Guesnerie est reçu le 28 novembre sur la question de la place des SES en seconde, Xavier Darcos annonce la structure définitive de la seconde la semaine du 8 décembre, le projet serait soumis au Haut Conseil de l’Education le 23 décembre (consultatif).

8- 80% de professeurs de SES grévistes le 20 novembre


La réussite éclatante de la mobilisation du 20 novembre (près de 80% de grévistes parmi les professeurs de SES) est en train de changer la donne. Nous ne pouvons nous permettre un échec le 3 décembre à Paris : l’objectif est de mobiliser 2000 enseignants de SES pour la manifestation (13h) et le meeting qui suivra (15h30-17h). En janvier 2005, contre le projet de réforme de Fillon (qui marginalisait déjà l’option SES en seconde) nous avions été 1000 à Paris et nous avions gagné !

9- Le soutien aux SES n’a jamais été aussi large


Jamais nous n’avons réussi à faire autant l’unanimité sur la nécessité d’une présence forte des SES au lycée, des syndicats d’enseignants (CGT-Educ’action, SE-UNSA, SGEN, SNES, SNFOLC, Sud-Education) et d’étudiants (UNL, FIDL et UNEF) aux représentants de l’enseignement supérieur et de la recherche (AFSE, AFS, AFSP, APKHKSES, APHEC) en passant par le CODICE et des personnalités telles que Philippe Meirieu, Michel Rocard ou Pierre Rosanvallon. Sans compter le nombre important et croissant des questions écrites des parlementaires.

10- La défaite est impossible


La victoire est à portée de main, nous devons continuer à monter en puissance dans notre mobilisation pour faire céder le ministre. Cette journée a un coût pour chacun (une journée de grève, un déplacement à Paris, faire garder ses enfants, revenir fatigué tard mercredi soir) mais c’est ce coût qui fait la force et la valeur d’une manifestation réussie et il sera largement compensé à long terme par notre victoire et par la joie de se retrouver ensemble à Paris, de se sentir unis et soutenus par les personnalités et organisations présentes lors du meeting.

SES We can !

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jeudi 27 novembre 2008

La ComptaNat, c'est de la balle !

La comptabilité nationale qu'est ce que c'est ? Vous avez toujours voulu tout savoir sur la construction des principaux indicateurs macroéconomiques ? Comment qu'on fait le PIB ? C'est quoi la principale fonction des ISBLSM ? Pourquoi un touriste allemand qui se fait couper les cheveux en France provoque-t-il de fait une exportation ? Toutes les réponses sont là : http://www.comptanat.fr

Francis Malherbe, expert chez Eurostat (l'équivalent européen de notre INSEE, c'est le service statistique de la commission européenne), a ouvert un site gratuit, sans pub, à l'ergonomie très carrée (mais pour un comptable national, quoi de plus normal ?) et visiblement hyper complet.

Bonne visite.

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mercredi 19 novembre 2008

Et j'entends siffler la Marseillaise (Hugo Frais)


Non ce n'est pas une reprise d'Hugues Aufray. La Marseillaise sera-t-elle encore sifflée au Stade de France ce soir avant le match amical France-Uruguay ? C'est la question du jour semble-t-il, et c'est en passe de devenir un nouveau marronnier médiatique, à chaque fois que les Bleus jouent à Saint-Denis on n'y échappe pas. Est-ce que la sociologie peut permettre de comprendre quelque chose à ces sifflets ? Bonne question.

En préambule, je tiens à préciser que comprendre et expliquer ne signifie pas tolérer, justifier ou cautionner. La sociologie tente d'expliquer le monde social, un point c'est tout. Des fois ça plait et souvent non, et c'est tant mieux.

"Arbitre, salaud, on crèvera ton vélo".
Au lendemain de France-Tunisie, le pouvoir exécutif s'est offusqué d'entendre la Marseillaise huée. Sans trop savoir qui huait et pourquoi, des décisions ont été prises, décisions qui risquent bien d'amplifier le phénomène plutôt que de calmer la situation. Si tant est que celle-ci a besoin d'être calmée. Après tout siffler dans un stade est un comportement tout à fait normal pour un supporter. Ici normal s'entend au sens de la norme sociale, c'est à dire du comportement majoritaire dans un groupe. Au sein du groupe des supporters, siffler les joueurs, huer, crier sur l'entraîneur, applaudir une belle action, et même insulter l'arbitre, à défaut d'être fair-play, c'est normal. Comme le rappelait le sociologue William Nuytens, spécialisé dans les comportements des supporters, dans un interview accordée au journal Le Monde, "il y a forcément une dimension récréative, de sociabilité festive. Je suis convaincu que certaines gens sifflent parce que c'est l'occasion de s'amuser, qu'il y a un jeu. Les supporters sont beaucoup dans la provocation, le jeu, "l'intox". Mais ensuite, on fait immédiatement un amalgame et l'on donne tout de suite une dimension politique à ces sifflets sans même savoir si c'est effectivement le cas".

Est-ce la Marseillaise symbole de l'équipe de France qui est sifflée, ou bien la Marseillaise symbole de la France, de la nation ?? Est-ce qu'on siffle pour des raisons sportives ("Bidule est une quiche, il devrait pas jouer", "Machin est le plus mauvais entraineur que l'équipe de France ait connue", etc) ou bien pour des raisons culturelles et politiques ? Voire même, est-ce qu'on se siffle pas plutôt la chanteuse ? Ce soir, le dispositif est clair : si la Marseillaise est huée, le volume de la sono sera augmenté pour couvrir les sifflets. Encore une bonne raison pour Roselyne Bachelot, Ministre de la Santé, de se prendre le bec avec son Secrétaire d'Etat au sport, Bernard Laporte. J'espère que les supporters de Saint-Denis ont de bons ORL.

Le rejet d'un symbole, le symptôme de l'acculturation ?
Toujours dans le journal Le Monde, le journaliste Mustapha Kessous est allé dans une classe de Seine-Saint-Denis assister à un cours d'éducation civique en collège, au lendemain du fameux France-Tunisie. Il a pu recueillir plusieurs témoignages intéressants, qui mériteraient d'être plus souvent exposés dans nos médias.

Anissa, aussi, a hué. Elle ne regrette rien. "Mais ça ne veut pas dire que je suis raciste des Français", clame-t-elle. "Je ne suis pas française, souffle Anissa. Si, de nationalité". Elle hésite, silence dans la classe. "J'en sais rien. Je ne sais pas ce que je suis. Je veux me considérer comme une Française, mais dès qu'on me traite de sale Arabe, ça me perturbe, ça me travaille." Sahra lui vient en aide. "On se sent plus français quand on est au bled, argue la jeune fille, parce que, là-bas, on nous prend pour des immigrés. Mais, ici, on est des Arabes." Anissa : "C'est vrai, on ne sait pas d'où on vient : t'es d'ici, de là-bas, nous sommes un peu de nulle part."

Toute la classe acquiesce. M. Tchicaya : "Quand vous dites "On nous traite d'Arabe, de sale nègre", qui est-ce, "on" ?" Sahra : "Les Français, les Blancs, qui se croient supérieurs." Sabrina, 16 ans, la plus ancienne, riposte. "Si, en France, on me pointe du doigt en disant que je suis arabe, où est le problème ?, débite-t-elle. Je ne veux pas choisir entre la France et mes origines, et quand on te dit "T'es une Arabe", il ne faut pas le prendre comme une agression. Tu es les deux à la fois !" Yacob : "Je respecte, mais moi j'ai choisi le Maroc." Puis, il médite : "Peut-être que ces sifflets vont créer encore plus de préjugés sur nous." "De toute façon, dit Anissa, les Français pensent que ce sont que les Arabes et les Noirs qui foutent la merde dans ce pays."


Ces témoignages (en plus de faire réfléchir le citoyen français blanc qui ne connaît pas les contrôles d'identité récurrents), sont particulièrement utiles pour comprendre ce qu'est l'acculturation. L’acculturation désigne l’ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes, et qui entraîne des changements dans les modèles culturels initiaux de l’un ou des deux groupes. C’est un phénomène à la fois universel (toutes les cultures y sont confrontées, il n'existe pas de culture "pure") et permanent. L'acculturation a trois types de conséquences : l'adoption d'une nouvelle culture (assimilation), la combinaison de deux cultures (syncrétisme), ou encore la réaction (contre-acculturation). Nos petits collégiens sont de véritables cas d'école.

Bien qu'étant de nationalité française pour la plupart, ils ne se sentent pas intégrés à la société française, notamment du fait des discriminations et du racisme qu’ils subissent (« on me traite de sale arabe », « sale nègre », « préjugés », « les Français pensent que ce sont que les Arabes et les Noirs qui foutent la merde dans ce pays »).

Les élèves ont le sentiment d’être « entre deux cultures » : « on ne sait pas d'où on vient : t'es d'ici, de là-bas, nous sommes un peu de nulle part ». L’un d’eux souhaite clairement être assimilé à la culture française (« Je suis Française de nationalité, Je veux me considérer comme une Française »), mais face à la discrimination subie par les enfants français de parents immigrés, c’est une réaction qui se développe, plus qu’une adoption. La réaction peut se traduire par un retour à la culture d’origine : « Je respecte, mais moi j'ai choisi le Maroc », « je veux rester là-bas ». Sabrina, citée dans l'article, n’exprime ni une volonté d’assimilation (être uniquement considérée comme Française), ni un retour total vers sa culture d’origine qui traduirait une contre-acculturation. Au contraire elle plaide en faveur de la combinaison de ses deux cultures.

Enfin la réaction peut également prendre la forme de comportements contre-culturels, comme les sifflets lorsque l’hymne national, symbole de la France et de sa culture, est chanté. Cette contre-culture apparaît alors comme un refus actif de la culture dominante. Dans ces conditions, il semblerait que l'on prenne le problème à l'envers en menaçant de vider les stades.

Sources :
- "Le stade, c'est un des rares endroits où l'on peut encore manifester publiquement", Interview de William Nuytens, propos recueillis par Alexandre Roos, Le Monde, 15 octobre 2008

- Mustapha Kessous, « Ceux qui se sentent français, levez le doigt », Le Monde, 18 octobre 2008

Photos :
Empty chairs in Stade de France par WouteR

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jeudi 30 octobre 2008

Coupure réseau...

Blog en veille jusqu'au retour de la connexion internet.

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mercredi 29 octobre 2008

Sexe, blog... et économie

Je vais essayer de faire simple mais ce n'est pas forcément facile à comprendre tout de suite pour qui n'est pas quotidiennement bercé dans le petit monde de l'économie (la vraie). Du 20 au 22 novembre se tiennent les Journées de l'Economie à Lyon. Qui organise cela ? Ça se complique, un comité de pilotage dirigé par Pascal Le Merrer (ENS Lyon) et Guy Barriolade (Fondation Scientifique de Lyon), un conseil scientifique (présidé par Roger Guesnerie), et tout un tas de partenaires, du Codice à l'INSEE en passant par le Ministère de l'Education Nationale... Sans oublier l'Association Française de Science Economique qui prend une part active dans ces journées.

En clair, trois jours pour parler d'économie et que d'économie. Le programme est là. Et la liste des intervenants ici (que du beau monde !). Je n'y serai pas, mais si j'avais le don d'ubiquité, j'aurai aimé assister à la conférence débat Les manuels scolaires : regards croisés dans laquelle vont discuter Michel Pébereau et mon collègue et ami Rémi Jeannin.

C'est toujours dans ce cadre des journées de l'économie que l'AFSE organise ses entretiens (Les entretiens de l'AFSE), le vendredi 21 novembre. Et dans le cadre de ces entretiens, qui porteront sur la formation des économistes, un blog a été ouvert.

Ouf... on y est, tout ça pour vous expliquer d'où sort le blog :

Le blog des entretiens de l'AFSE

La question se pose, comme tout blog attaché à un évènement, de la pérennité de celui-ci. Va-t-on pouvoir y lire des billets au delà du 22 novembre ?

Je m'arrête quelques secondes sur l'auteur du dernier billet lisible à l'heure actuelle sur le blog des entretiens de l'AFSE. Il s'agit d'un billet de Stéphane Ménia qui analyse les relations entre blog et enseignement, mieux connu sous l'acronyme SM, co-auteur du blog d'éconoclaste et du livre Sexe, drogue... et économie avec Alexandre Delaigue. D'où le titre de mon billet. J'ai pu, entre deux cartons de mon déménagement, prendre le temps de lire le premier chapitre de leur livre, chapitre intitulé La Polygamie, pensez-y.

Je vais aimer le reste du livre, c'est sûr. C'est bien écrit, c'est intéressant, accessible et distrayant, avec plein de bonnes citations que j'aime et un traitement tout particulier de l'économie que l'on connaît déjà sur le blog, mais sur le papier c'est encore mieux. Bref, c'est le bouquin à lire le soir, en étant sûr de se coucher moins con.

Mais... Mais...
Dès le premier chapitre je note une première erreur de définition. Malheureusement c'est une erreur tellement ancrée, y compris dans les dictionnaires, qu'on ne peut blâmer les auteurs. Ils confondent tout simplement la polygamie et la polygynie. Étymologiquement, poly- signifie plusieurs, et -gamie vient du grec gamos qui signifie mariage, alliance, union. Littéralement, polygamie veut donc dire "plusieurs mariages" et non pas "plusieurs épouses". A l'intérieur de la polygamie on distingue donc le fait d'avoir plusieurs épouses (c'est la polygynie), et d'avoir plusieurs maris (la polyandrie). L'erreur vient du fait que la polyandrie n'étant pas commune dans les sociétés proches de la notre, on a tendance à assimiler la polygamie systématiquement à la polyginie. A ne pas confondre avec la Polynésie donc (revival les inconnus, à la 3e minute).

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jeudi 23 octobre 2008

Fin des retraites par capitalisation en Argentine

Après les décisions prises au Royaume-Uni, des décisions tout aussi marquantes sont prises en Argentine par la Présidente Cristina Kirchner. Le système de retraite par capitalisation géré par les fonds de pension privé va disparaître, et sera progressivement remplacé par un régime de répartition géré par la puissance publique. Cela n'est pas sans poser des problèmes financiers puisque les dix fonds de pension qui assuraient jusqu'à maintenant la gestion du système de retraite sont les principaux investisseurs institutionnels (les fameux zinzins) du pays.

C'est à lire dans Le Figaro :
L'Argentine nationalise son système de retraite

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mercredi 22 octobre 2008

Une relance keynesienne au Royaume-Uni

Sur les terres de Keynes, Gordon Brown, après avoir été le premier dirigeant européen à prendre le taureau par les cornes en nationalisant Bradford&Bingley et consorts au début du mois, n'a pas peur de parler de récession et de plan de relance. A la keynésienne, des hopitaux, des porte-avions, des lignes de train, des logements sociaux, un engagement de l'Etat à régler ses factures sous 10 jours...

C'est à lire dans Le Monde :
Le gouvernement britannique opte pour une relance keynésienne

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vendredi 17 octobre 2008

Les Sciences économiques et sociales par temps de crise

Réduction des horaires, séparation de l’économie et de la sociologie, passage en modules optionnels... la réforme du lycée voulue par Xavier Darcos et menée par le recteur Jean-Paul de Gaudemar s'annonce désastreuse pour les sciences économiques et sociales, expliquent Stéphane Beaud (ENS Ulm), Luc Boltanski (EHESS), Pascal Combemale (Henri-IV), Michel Lallement (Paris-X), El Mouhoub Mouhoud (Paris-Dauphine), Pascal Petit (Cepremap-CNRS) et Dominique Plihon (Paris-XIII).

A lire sur Mediapart

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mercredi 15 octobre 2008

La France en récession...

...en 1993. Au hasard du net, je suis retombé sur un article de l'Huma vieux de 15 ans :

L’ECONOMIE française sera en récession en 1993 pour la première fois depuis 1975, selon les prévisions officielles du gouvernement qui table sur une croissance négative de - 0,4% pour le produit intérieur brut (PIB) marchand, ce qui entraînera mécaniquement une augmentation du chômage. Le PIB total, qui prend en compte les services rendus par les administrations à titre gratuit ou quasi gratuit (justice, éducation, police…) devrait, pour sa part, reculer de 0,1%. Après un recul du PIB marchand de 0,6% au dernier trimestre 1992, le ministère des Finances a indiqué lundi, devant le groupe technique de la commission des comptes de la nation, qu’il s’attendait à un premier semestre 1993 négatif. Il a ainsi confirmé que l’économie française est entrée en récession à l’automne dernier et qu’elle ne devrait pas en sortir avant juin. A l’exception de la consommation des ménages qui augmenterait de 1,1% - tirée par un pouvoir d’achat en hausse de 1% (contre 1,5% en 1992) et un léger repli du taux d’épargne (12,7% contre 12,8%) -, tous les autres moteurs de la croissance seront en panne. On notera que la publication de ces chiffres intervient quelques jours avant l’annonce du détail des « mesures impopulaires » annoncées par Edouard Balladur.


Un peu d'Histoire
Pour les plus jeunes, les "mesures impopulaires" de Balladur consistait en un Contrat d'Insertion Professionnelle (CIP) qui prévoyait une rémunération à 80% du SMIC pour les jeunes de moins de 26 ans. Tout comme le plus récent CPE, la mobilisation des jeunes générations (notamment l'Unef et l'Unef-ID) avait conduit au retrait de ce contrat. E. Balladur a également été à l'initiative de la première étape de la réforme des retraites. La loi Balladur a introduit la règle selon laquelle les salariés du secteur privé devaient avoir cotisé 40 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Cette disposition s’ajoutait à la règle suivant laquelle les salariés doivent partir à 60 ans au moins pour bénéficier d’une retraite à taux plein.

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mardi 14 octobre 2008

CODICE : Conseil pour la diffusion de la culture d'entreprise

Je suis révolté. Révolté mais pas surpris. Christine Lagarde vient d'annoncer (discrètement) la nouvelle composition du CODICE, le Conseil pour la Diffusion de la Culture Economique. 10 chefs d'entreprise, 3 journalistes (Nouvel Obs, Figaro, France5), 2 consultants, 2 économistes, 1 inspecteur de l'éducation nationale, et 1 prof de SES (inconnue au bataillon jusqu'à maintenant), le tout présidé par Eric Le Boucher (Les Echos) et Nicolas Bordas (TBWA). On rajoute à cela la responsable d'un think-tank ultra-libéral anti-fonctionnaire et anti-état qui se présente comme un laboratoire de recherche en science politique (j'en parlais déjà ici), et on a fait le tour.

Dans le tas on trouve en vrac, Thibault Lanxade (Positive Entreprise), Michel Pébereau, et Jean-Pierre Boisivon (soit deux représentants de l'exécutif de l'Institut de l'Entreprise), autant d'ennemis des Sciences Economiques et Sociales. La surreprésentation des chefs d'entreprise est assez significative. On voit bien la conception toute particulière de l'économie de Mme Lagarde. Et pourtant non, l'économie ce n'est pas que l'entreprise.

En clair, l'Institut De l'Entreprise a autant de représentants dans le CODICE que l'ensemble de la communauté universitaire économique !!! C'est une honte. Je souhaite ici bien du courage à Etienne Wasmer (prof à Science Po Paris), actuel bloggeur) et Daniel Cohen (prof à Normale Sup, ancien bloggeur), pour leurs nouveaux sièges dans le COnseil pour la DIffusion de la Culture d'Entreprise.


[dernière minute : l'annonce du nouveau CODICE devait coïncider avec le lancement d'un site Internet www.kezeco.fr. Pas de bol, on a le droit à un petit message d'accueil : En raison de l'actualité économique et financière,
le lancement du site « kezeco.fr » est reporté de quelques semaines
.]

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Plus que jamais, les lycéens ont besoin de l’enseignement de Sciences Économiques et Sociales

Alors que la crise financière submerge l’économie mondiale, alors que les citoyens justement inquiets pour leur emploi et leur épargne n’ont jamais eu autant besoin d’explications sur la situation économique et sociale, le Ministère de l’Education Nationale est en passe de dépecer l’enseignement de Sciences Économiques et Sociales au lycée.

Créé en 1966 sous la présidence du Général De Gaulle pour que la Nation transmette à sa jeunesse une culture économique, sociale, et politique indispensable à la compréhension des enjeux contemporains, cet enseignement n’a cessé de susciter l’adhésion d’un nombre toujours plus grand de lycéens. Aujourd’hui, 30% des bacheliers généraux choisissent la série Economique et Sociale, une série appréciée à la fois pour les atouts qu’elle donne pour les poursuites d’études dans le supérieur et pour la complémentarité de ses enseignements (histoire-géographie, mathématiques, philosophie, SES…) pour donner des clés de compréhension des sociétés et économies contemporaines.

Malheureusement, au prétexte de donner plus d’autonomie et de liberté aux lycéens, le projet de réforme du lycée prévoit de réduire en seconde l’enseignement de SES de près de 40% de l’horaire élève tout en ne le rendant pas obligatoire, et de supprimer les heures dédoublées pourtant indispensables à l’apprentissage de l’autonomie. Plus incompréhensible encore, pour le cycle terminal, la réforme prévoit d’éclater les programmes actuels en modules semestriels et optionnels de 3h par semaine, y compris pour les lycéens qui choisiront le parcours « Sciences de la société » !

Comment les futurs lycéens pourront-ils comprendre les mécanismes d’évènements aussi complexes que la crise financière actuelle ou le développement durable, au même titre que les mutations de la famille, du travail, du système de protection sociale ou encore des stratégies des entreprises dans un monde en perpétuel mouvement, si l’enseignement de SES se réduit à un assemblage sans cohérence de modules isolés d’Economie, de Sociologie ou de Science Politique ? Ne veut-on pas que les lycéens soient aptes à exercer un regard global, à saisir les interactions nombreuses entre les enjeux économiques, sociaux et politiques qui font, plus que jamais, système ? Les défis qui secouent l’économie mondiale montrent que l'enseignement de sciences économiques et sociales ne peut se fonder sur des approches partielles et biaisées visant à en retirer toute dimension critique. C’est dans la confrontation des faits à la pluralité des théories des sciences sociales entre elles que les sciences économiques et sociales participent à la compréhension des enjeux véritables qui sont ceux du changement social et de la mondialisation au XXIème siècle.


Pour ces raisons, l’APSES appelle tous les citoyens attachés à l’enseignement de Sciences Economiques et Sociales au lycée à venir la rejoindre dans le cortège de la manifestation nationale du dimanche 19 octobre à Paris.

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lundi 13 octobre 2008

Ca vous dit de bosser le dimanche ?

Le Journal Du Dimanche du 12 octobre consacre une pleine page à un sondage qu'il a commandé à l'institut IFOP à propos du travail dominical, sous un titre ravageur « Les Français veulent travailler le dimanche ! ». Vous aurez remarqué au passage la ponctuation double. Qu'en est il vraiment ? N'est on pas, encore une fois, confronté à une manipulation de sondage à des fins politiques.

On pourrait se demander si l'article n'a pas fait l'objet d'une commande tant l'agenda médiatique correspond au poil près avec l'agenda politique. En effet, dans la matinée du 12 octobre, Xavier Bertrand annonce sur France2 la remise sur la table du dossier « Travailler plus le dimanche ». Et Nicolas Sarkozy en personne devrait en faire l'annonce demain lors d'un discours consacré à l'emploi. L'annonce fait grand bruit et l'Agence France Presse publie une dépêche qui reprend le sondage publié dans le JDD. Cette fois ça y est, les Français sont prêts, ils sont « 67% à accepter de travailler le dimanche, si leur employeur le leur propose ». 67% des Français, donc plus que les seuls actifs...

Si on regarde de plus près le sondage, on s'aperçoit que ce ne sont pas 67% des Français qui ont dit oui mais 67% de l'ensemble des actifs. Or on compte 27,8 millions d'actifs en France. 67% de 27,8 millions, cela représente 18,6 millions. Rapporté à la population totale, cela représente 29,6% des Français. Un peu short pour titrer « Les Français veulent travailler le dimanche ».

La question ?
La question posée au panel était la suivante « Travailler le dimanche est payé davantage qu'en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche accepteriez-vous ? ». On aurait pu la faire sur un autre mode « Travailler le dimanche vous condamne à rater tous les matchs de foot de votre petit dernier, les réunions de famille, et les week-ends plage quand les beaux jours reviennent. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous ? ». En ces temps de crise du pouvoir d'achat, il est évident que l'appât du gain est considérable.

Les réponses.
Forcément directives. Trois modalités possibles : Oui, toujours 17% ; Oui de temps en temps 50% ; Non, jamais 33%. Les journalistes ont fait le choix de regrouper le 17 et le 50 pour dégager leur majorité de Français favorables au travail dominical. Je pense qu'il aurait été plus honnête d'affirmer que les actifs sont 83% à refuser la généralisation du travail le dimanche. Soyons clairs : j'ai acheté le JDD un dimanche matin, c'est donc que des magasins sont déjà ouverts et donc que certains personnels travaillent déjà le dimanche, de temps en temps. On aurait tout aussi bien interpréter les réponses des personnes interrogées comme un plébiscite pour le statu quo, avec une minorité d'extrémiste (17%) à vouloir à tout prix travailler le dimanche.

Un point supplémentaire : bien sûr et comme d'habitude il n'est pas fait mention des non réponses.


Marie Nicot précise qu'en marge du sondage pour ou contre travailler le dimanche était posée la question pour ou contre l'ouverture des magasins le dimanche. La question posée était « Etes vous favorable à l'ouverture des magasins le dimanche ». On remarquera la neutralité plus grande de la question. Il n'y a pas de petite phrase précédent la question qui pourrait induire un biais dans la réponse. Mais le résultat de 2008 est comparé avec celui d'un sondage de 2004, et la question de 2004 était la suivante : Vous savez qu’aujourd’hui, la plupart des magasins n’ont pas le droit d’ouvrir le dimanche. Le gouvernement a annoncé son intention d’assouplir la législation à ce sujet. Vous personnellement, y êtes-vous favorable ? (c'est moi qui souligne). Ou comment comparer l'incomparable.


A 160€/semaine, a-t-on vraiment le choix ?
Pour terminer, juste un mot sur la notion de « volontariat des salariés » pour évoquer l'ouverture des commerce et le travail le dimanche. Outre le fait que la notion de travail obligatoire renvoie à des heures sombres de notre histoire, il me semble passablement hypocrite de présenter les choses sous l'angle du volontariat du salarié. On sait parfaitement bien que le contrat de travail n'est pas un contrat commercial, ce n'est pas un contrat comme un autre qui fixe une entente entre deux parties également satisfaites des clauses du contrat. Le contrat de travail implique forcément un rapport hiérarchique entre employeur et employé. De plus, on sait très bien quels sont les secteurs d'activité qui sont prioritairement concernés par l'ouverture dominicale : le commerce.

Cette modification du code du travail aurait donc un impact presque unique sur les seuls vendeurs(ses) et les hôtes(ses) de caisses. Ce sont des professions fortement féminisées (plus de 60% de femmes dans le commerce de détail), mais surtout où le taux de temps partiels est impressionnant, et en particulier le temps partiel subi, avec déjà des horaires particulièrement difficiles (tranches) pour une rémunération équivalente au SMIC. La durée moyenne des contrats à temps partiels s'établit autour de 23h hebdomadaire : au SMIC cela ne représente même pas 160€/semaine. Si votre patron vous dit « Si vous voulez travailler à temps plein, travaillez le dimanche », qu’est ce que vous pouvez lui répondre ?

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jeudi 9 octobre 2008

X. Darcos et le modèle finlandais

Depuis quelque temps le ministre de l'Education Nationale Xavier Darcos est tenté par la transposition des bonnes recettes du système scolaire finlandais. Cela saute aux yeux lorsqu'on s'intéresse un peu à la réforme du lycée actuellement en préparation. La réforme prend des airs de révolution en proposant une organisation modulaire des enseignements qui mettrait fin au concept de classe et de filière, avec une grande liberté de choix laissée aux élèves et à leur famille dans la sélection de ces modules.

Cette organisation en "briques" d'enseignement permettrait aux élèves de "profiler" leur parcours en fonction de leur orientation future dans l'enseignement supérieur, en demandant toujours plus tôt aux élèves de se positionner sur leur avenir. Quand on sait que la perception du temps long est une des dernières capacités cognitives développées par l'être humain, on se demande si on ne marche pas un peu sur la tête (c'est pour cela que les années paraissent toujours très longue pour un enfant, et passent de plus en plus vite pour les adultes).

Je reviendrai probablement sur cette question de l'influence de la classe sur la pédagogie et la docimologie (façon de noter) et les effets pervers induits dans une prochaine note. Mais ce soir il me semble qu'une "transposition de la bonne recette" sans comprendre que le système éducatif finlandais s'inscrit dans une société particulière, est le meilleur moyen d'aller droit dans le mur.

Une société plus égalitaire
C'est une lapalissade, mais dans une société plus égalitaire les inégalités sont forcément plus faciles à corriger. Avec un niveau de dépense publique sensiblement plus élevé que la moyenne, la Finlande, parmi les autres pays nordiques, montre qu'une intervention conséquente de l'Etat et des collectivités peut ne pas être synonyme de dysfonctionnements comme l'idéologie dominante le laisse trop souvent à penser. Restaurations et transports scolaires gratuits, taux d'encadrement réel des élèves beaucoup plus élevé, la Finlande a bien compris que le pari de l'avenir reposait sur un investissement en éducation conséquent. De plus la répartition des revenus est plus égalitaire en Finlande qu'en France. Changer l'école pour changer la société est un objectif noble en soi, encore faut-il que cette nouvelle école soit reste en adéquation avec la société, sans quoi on risque d'aggraver plus encore les inégalités et le sentiment d'injustice qui en découle.

Une tradition de la négociation collective pour des réformes qui dépassent à la fois le clivage et le temps politique.
S'il est un pan entier de la culture finlandaise complètement ignoré du ministre c'est bien celui-ci. De la même manière que les suédois ou les danois prennent leur temps pour mettre en place de véritables réformes structurelles, qu'ils s'agissent de la décentralisation ou de la réforme du marché du travail, les finlandais ont amorcé les premières transformations de leur système éducatif au début des années 70. Il aura fallu pas moins de 25 ans au lycée finlandais pour se voir réformer complètement, les derniers textes en vigueur datant de 1998. En France, Xavier Darcos reste inflexible quant au calendrier de sa réforme, persuadé qu'il arrivera à faire en quelques mois ce que les finlandais ont réalisé en plusieurs décennies. Marche forcée, contrainte du mandat présidentiel oblige, tout doit être bouclé en moins de 10 mois pour penser la nouvelle classe de seconde, avec une ouverture prévue début 2009. On n'ose imaginer les conditions de préparation des nouveaux programmes d'enseignement. Et pourtant ce sont avant tout le temps long de la réflexion et la concertation qui ont fait des réformes nordiques de véritables succès.

Une perception du métier d'éducateur et d'enseignant diametralement opposée à celle de Xavier Darcos
Pour garantir la réussite des élèves, il faut instaurer un suivi individualisé. Les recherches de N. Mons le montre. Pourtant les suppressions massives de postes vont dans le sens inverse. Avant de parler des enseignants, parlons des conseillers d'orientation. Le scandale de l'échec en premier cycle universitaire (on utilise à tort le chiffre choc d'un 1 étudiant sur 2 sans diplôme au sortir de trois ans d'études, alors que c'est plutôt 1 sur 4) est avant tout un problème d'orientation. En effet, si 86% des bacheliers généraux sortent de l'enseignement supérieur avec un diplôme en poche, c'est n'est le cas que de 36% des bacheliers technologiques, orientés souvent par défaut vers l'université. Dans le système finlandais, pas de CPE ni de surveillants, mais un conseiller d'orientation pour 200 élèves, des psychologues et infirmières dans chaque établissement. En France on estime la répartition à un conseiller d'orientation pour 1500 élèves, ce qui signifie qu'ils sont souvent dispatchés sur plusieurs établissements et ne peuvent assurer qu'un jour de présence dans les collèges et lycées.

En ce qui concerne la conception du métier d'enseignant en Finlande. Ceux-ci sont encore largement valorisés, alors que les conditions des enseignants français se dégradent d'année en année depuis deux décennies. Les salaires des enseignants finlandais ne sont pas forcément très élevés mais dans une société où la répartition des revenus est plus égalitaire le sentiment de richesse ou de pauvreté relative est forcément amoindri. Laissons donc de côté les revendications salariales pour se centrer sur la considération du métier en lui-même. On assiste en France à une dévalorisation de fait des compétences et de la professionnalisme des enseignants : concours à bac+5 assurant des connaissances académiques certes, mais plus de formation professionnelle, si ce n'est sur le mode du "compagnonage", un ancien avec un nouveau. Sur le principe, je ne suis pas opposé à cela, mais je ne comprends pas bien comment le seul compagnonnage peut suffir pour acquérir les compétences et les capacités nécessaires à la profession d'enseignant. Les enseignants sont des professionnels, des professionnels de la pédagogie, de l'apprentissage et de la construction de connaissances. En tout cas c'est bien ainsi qu'ils sont considérés en Finlande, comme des professionnels qui connaissent leur métier. Le savoir ne suffit pas pour bien enseigner.


Pour aller plus loin :
Paul Robert, L'éducation en Finlande, les secrets d'une étonnante réussite

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mercredi 8 octobre 2008

Mea culpa (définition de la récession)

A propos du sujet qui animait toutes les conversations en fin de semaine dernière, il semblerait que je me sois quelque peu enflammé. En effet, j'ai défini (à la suite de Ch. Lagarde) la récession comme étant la succession de deux trimestres pendant lesquels on pouvait observer une contraction de l'activité économique (c'est-à-dire un taux de variation du Produit Intérieur Brut négatif). J'aurai du être plus précis.

Même si aujourd'hui tout le monde ne pense plus qu'à la fluctuation du CAC40, et qu'on a déjà oublié celle du PIB, il me faut revenir sur cette définition. Cela ne changera en rien le constat, la France est entrée dans sa troisième période de récession depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Et Eric Woerth a bien joué dans l'euphémisme en utilisant le mot ralentissement plutôt que récession.

Cette définition de la récession (2 trimestres consécutifs d'évolution négative du PIB) est une convention d'origine anglo-saxonne. C'est plus une norme sociale qu'une norme juridique, nulle part vous ne pourrez la trouver écrite. Ni à l'Insee, ni chez Eurostat, ni à l'OCDE, ni même au NBER (National Bureau of Economic Research). Merci à J.-P. Simonnet de l'avoir vérifié. Sur le site du NBER on peut lire :

The NBER does not define a recession in terms of two consecutive quarters of decline in real GDP. Rather, a significant decline in economic activity spread across the economy, lasting more than a few months, normally visible in real GDP, real income, employment, industrial production, and wholesale-retail sales


Cela signifie que, aux Etats-Unis, même des contractions de la production inférieures à 6 mois ont pu être classées comme étant des récessions.

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Une page de réclame : Campus Communication

Une fois n'est pas coutume, de la réclame sur le blog Comprendre.

Après l'AEF, CB News, EducPros... il fallait bien que le blog Comprendre se fasse le relai de l'ouverture de la plus belle agence de communication du monde, Campus Communication.

Puisque Manuel et Edouard ont choisi mon anniversaire pour lancer publiquement leur projet, je ne peux que les féliciter. Campus Communication c'est une agence spécialisée dans la communication des établissements de l'enseignement supérieur et des instituts de recherche, dotée d'une expertise hors du commun.

Longue vie à Campus Communication, et au blog de Campus Communication.

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lundi 6 octobre 2008

Etats généraux de la formation des enseignants

Les Etats généraux de la formation des enseignants se sont déroulés à Créteil ce samedi 4 octobre. On peut lire sur le site du Café Pédagogique un reportage complet. Pour ceux qui se sentent concerner par l'avenir de la formation professionnelle des enseignants (oui, enseigner est un métier qui s'apprend !!), c'est par ici !

En savoir plus :
Le site des Etats généraux

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vendredi 3 octobre 2008

Recession ou ralentissement

Eric Woerth, Ministre du Budget, 2 octobre 2008 à Antibes :
"Par nature, la France n'est pas en récession. 1% de croissance sur l'ensemble de l'année, ce n'est pas une récession, c'est une très faible croissance. (...) Il y a une définition technique et statistique de la récession et puis, il y a la réalité des choses. On ne va pas se battre sur les chiffres. Le ralentissement est fort et la crise est évidemment très importante".

Eric ferait mieux d'écouter Christine pour une fois !

Christine Lagarde, Ministre de l'Economie, 14 août 2008 sur France Inter :
"Je rappelle qu'une récession correspond à une contraction du PIB durant deux trimestres consécutifs."

D'après ce que nous dit Eric Woerth, en réalité, la France est née sous une bonne étoile, la récession n'est pas dans ses gènes... Il est marrant ce Woerth, mais pas très cohérent. En politique les mots sont toujours importants. On voit comment il est difficile pour les gouvernants de parler de "rigueur" et de "récession".

Pourtant, la définition de la récession est claire : il s'agit bien de deux trimestres consécutifs d'évolution négative du Produit Intérieur Brut. La France est donc entré en récession, à moins que l'INSEE ne révise à la hausse ses chiffres a posteriori. Depuis 1950 c'est la troisième fois que cela se produit, après les crises de 1974 et de 1993.

Eric Woerth se trompe lorsqu'il évoque un "fort ralentissement". Un élève de première ou de terminale ES pourrait corriger M. le Ministre aisément en lui rappelant qu'un ralentissement correspond à une diminution de la croissance, sans que celle-ci devienne négative. Pourtant depuis 6 mois il y a bien un signe - devant les chiffres du PIB.

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lundi 29 septembre 2008

Lundi noir et Bretton Woods

Ca va pas fort sur les marchés financiers. Le vote du plan Paulson est repoussé jusqu'à au moins jeudi... d'ici là, les places financières risquent de continuer la dégringolade et les faillites bancaires de se rapprocher de la France (voir les derniers rebondissements en Belgique et au Royaume-Uni). Mais faut-il encore le rappeler après les annonces du pompier-pyromane (La France a peur), petits épargnants pas de panique, votre livret A est protégé.

A lire au sujet du fameux slogan "on socialise les pertes, on privatise les profits", un billet sur le blog de mon collègue Arnaud Parienty.

Enfin je me posais la question après avoir entendu Laurent Fabius hier parler de "nouveau Bretton Woods" du sens de cette expression. Il me semble que François Hollande en avait parlé également lors de l'Université d'été du PS au mois d'août, avant que cela ne soit Nicolas Sarkozy qui reprenne à son compte l'expression. Le même Sarkozy qui viendrait de missionner Henri Guaino pour mettre sur pied cette réunion. Quoi qu'il en soit, les derniers à avoir appelé à un nouveau Bretton Woods, ce sont les très sectaires Larouchiste de J. Cheminade. Cela devrait vous mettre la puce à l'oreille.
J'avoue ne pas comprendre... et visiblement je ne suis pas le seul puisque Antoine B. du blog Optimum s'est posé la même question.

Et je me demande, si nouveau Bretton Woods il y a, quel rôle jouera notre Président : celui de John M. Keynes, Harry D. White ou P. Mendès-France ???

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jeudi 25 septembre 2008

Jedi's links [16]

Ça continue à parler de finance dans tous les coins.

Robert Sidelsky, Economie : adieu à la révolution néoclassique, sur Project Syndicate

Jacques Sapir, Sept jours qui ébranlèrent la finance, sur ARHV. Toujours pas compris pourquoi c'était sur ARHV que l'on trouvait cette superbe analyse de Jacques Sapir, mais c'est pas grave et même c'est tant mieux.

Au passage, sur le même blog (Actualité de la recherche en histoire visuelle), un petit post sympathique à propos de l'usage de la photo sur Facebook.

La note de veille n°109 du Conseil d'Analyse Stratégique se demande "le modèle social européen est-il soluble dans la mondialisation ?". Un beau sujet de Capes... c'est quoi le modèle social européen, est-ce que ça existe vraiment, c'est quoi la mondialisation, etc. La première partie est consacrée à la question de la protection sociale. La note n°110 sera consacrée à la question de l'emploi.

Encore merci aux collègues profs de SES qui repèrent tous ces liens. Je ne fais que du recyclage du travail des autres cette semaine.

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mercredi 24 septembre 2008

Mercredi c'est librairie

Petit tour hebdomadaire des rayonnages, et petite sélection : cette semaine la sociologie domine.

Je l'avais raté, le numéro 49-3 de RFS (la revue française de sociologie, rien à voir avec l'ancien article de la constitution) est consacré à la sociologie des réseaux sociaux et au capital social.

Les mémoires d'Edgar Morin dans un livre d'entretien. Mais si Edgar Morin, le penseur complexe de la "politique de civilisation" dont il était tellement question au nouvel an dernier.

Didier Lapeyronnie co-signe Ghetto urbain - Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd'hui. De la sociologie compassionnelle dirait les mauvais journalistes (et le rapport Guesnerie), mais de la sociologie quand même. De celle qui explique le monde dans lequel on vit.

Le sociologue Baptiste Coulmont, pionnier de la blogosphère sociologique, a participé à l'élaboration d'un manuel, Les courants contemporains de la sociologie, qui paraît aujourd'hui même aux PUF.

Et last but not least, enfin traduit en français, l'ouvrage de Mary Douglas et Baron Isherwoods The World Of Goods (ce qui donne en français, Pour une anthropologie de la consommation - Le monde des biens). Ecrit en 1979, cet ouvrage a fait date. Il réalise l'appariement entre économie et anthropologie cher aux professeurs de sciences économiques et sociales. Pour en savoir plus sur l'anthropologue britannique, la revue SociologieS vient tout juste de mettre à jour un article paru en 2006, à propos de l'analyse culturelle de Mary Douglas. Bon par contre je ne connais pas l'économiste Baron Isherwoods

Côté science politique, si vous préparez l'agreg de sciences économiques et sociales et que vous avez choisi la bonne option, deux ouvrages collectifs publiés par les éditions du CNRS : La communication politique et L'espace public. Si vous ne préparez pas l'agreg, ça doit être intéressant quand même.

Un peu d'économie. Dani Rodrick nous l'avait annoncé sur son blog, son livre Nations et mondialisation - Les stratégies de développement dans un monde globalisé vient de paraître aux éditions La Découverte.

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mardi 23 septembre 2008

Une sociologue à La Poste

J'étais jeune, j'usais les bancs de la fac de Nantes, je squattais la machine à café ou tenais mes permanences dans le local de l'Unef à la Censive (n'est ce pas Manuel ?), j'allais au cours de Marie Cartier (entre autres). Une normalienne au parcours royal : bac L, khagnes à H4, Normale Ulm, agrégation de lettres, une pelletée de DEA sous la direction de Christian Baudelot et de Florence Weber, qui dirigera également sa thèse sur la sociologie des facteurs. Elle est fraichement promue maître de conf à Nantes lorsque je suis ses cours. Et tiens, voila qu'elle "parle" dans le journal (La Voix du Nord) à propos de la recherche qu'elle a menée au sein de La Poste.

Marie Cartier, sociologue : « C'est un service public rendu quelle que soit sa condition sociale. »
mardi 23.09.2008, 04:58 - La Voix du Nord

Trois questions à Marie Cartier, sociologue, maître de conférence à l'université de Nantes et auteur de Les facteurs et leur tournée.

En quoi La Poste est-elle un service public particulier ?

« De tous, c'est celui qui est le plus proche des usagers. C'est un service à domicile, accessible, qui facilite la vie de tous et offre un lien plus familier. Le service postal est un service public populaire, surtout vis-à-vis de populations de plus en plus en marge. Ce service est rendu quel que soit le niveau de revenu ou la condition sociale. La symbolique est forte : même les plus pauvres sont reconnus à part entière. »

Mais ce service a déjà connu des changements ?

« En fait, le début de la modernisation date du début des années 80. Tout doucement, la personnalisation de ce service, par le facteur ou le guichetier, est remise en cause. Cette personnalisation repose sur la stabilité des tournées. Or La Poste a introduit un dispositif de mobilité. Et j'ai été frappée, quand j'ai mené mon enquête, de la tension que cela pouvait occasionner, notamment dans les grands ensembles urbains, quand le facteur ne connaissait pas les noms. L'un d'eux a répondu à une gardienne qu'il distribuait le courrier au numéro. Ça a été l'incompréhension. »

Le facteur d'hier n'est plus celui d'aujourd'hui ?

« Les agents de La Poste sont plus diplômés et certains ont d'autres intérêts, comme une carrière. Cela correspond bien à la politique délibérée de La Poste de transformer le métier de facteur, de guichetier, en des métiers plus commerciaux. Il faut bien présenter, donner une meilleure image... La Poste ne met plus en place de travail de "sociabilité" : avant les facteurs étaient d'anciens ouvriers ou paysans. Elle permettait une intégration sociale. »

C'était une autre particularité de La Poste ?

« Par rapport à France Télécom, ou EDF-GDF, La Poste employait plus encore de salariés d'exécution, peu diplômés, avec la spécificité d'offrir un statut d'agent de service public. Or le dernier concours pour entrer à La Poste remonte au début des années 90 et presque la moitié des salariés sont aujourd'hui contractuels. On ne parle que de réformes mais il faut d'abord se poser la question de la définition du service public comme service social. Il est important de garder des emplois protecteurs pour des jeunes qui galèrent. » • RECUEILLI PAR SOPHIE LEROY

Aller plus loin :
Marie Cartier, Les facteurs et leur tournée : un service public au quotidien, La Découverte, 2003.

Lire la note de lecture rédigée par Arnaud Parienty sur le site de la revue Idees, la revue des Sciences Economiques et Sociales.

Lire le billet rédigé par Frédérique de Fred&Ben sociobloguent, qui n'a rien à voir avec Marie Cartier, mais qui parle quand même de facteur et de tournée.

L'actualité de Marie Cartier : elle a participé à un ouvrage collectif consacré à la sociologie des individus conïncés entre classe populaire et classe moyenne(les "petits-moyens"). Il sorti en mars 2008 aux éditions La Découverte. La fiche est là

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lundi 22 septembre 2008

Pourquoi le Sénat est-il structurellement de droite ?

C'est la question que tout le monde se pose depuis hier... enfin presque tout le monde. Bon au moins quelques observateurs interessés par le fonctionnement de nos institutions. Depuis 1958 (naissance de la Ve république), le Sénat a toujours été à droite. Et quand De Gaulle a voulu le réformer par referendum, le Général a du démissionner. Ce n'était certes pas sous la pression des sénateurs, mais c'est pour dire que le Sénat est vraiment une institution.

Le Sénat à droite, la faute à qui ?
La faute à Mirabeau, l'Orateur du peuple, le révolutionnaire, celui qui ne sortirait "que par la force des baillonettes". En effet, le 14 décembre 1789, l'Assemblée Nationale vote une loi sur proposition du marquis de Mirabeau qui institue la commune comme le plus petit échelon administratif et qui vient recouvrir toutes les paroisses que compte la France, histoire que le pouvoir spirituel se trouve concurrencé par le pouvoir séculier. Aujourd'hui on ne compte près de 37000 communes en France. A titre de comparaison, il y a autant de communes en France que dans le reste des 14 pays de l'UE à 15.

Or les listes électorales pour les sénatoriales sont composées des députés, des conseillers régionaux, des conseillers généraux et surtout des représentants des conseillers municipaux. Vu le nombre hallucinant de commune en France, les représentants des conseillers municipaux composent 95% du collège electoral (142000 des 150000 grands électeurs). Si les socialistes ont bien raflés les Conseils généraux et Régionaux en 2004, et qu'ils ont connu une poussée aux municipales de 2008, il n'en reste pas moins que la France rurale reste durablement ancrée à droite. Parmi les 37000 communes françaises on en compte 33000 de moins de 2500 habitants.

Comme si cela ne suffisait pas, il n'y a pas eu de révision démographique depuis 1976 ! C'est-à-dire que depuis plus de 30 ans, le nombre de sénateurs élus dans chaque département n'a pas bougé. C'est une sorte de prime à la ruralité, qui désavantage les départements ayant connus une forte croissance démographique depuis plusieurs décennies. On peut lire ceci chez Paul Allies (Politiste et militant de la "convention pour la 6e république") :

Les conseils municipaux des communes de moins de 500 habitants (qui abritent 7% de la population) désignent 16% des grands électeurs. Celle des communes de 500 à 1500 habitants (15% de la population) 25%. Seules les villes comprises entre 1500 et 15 000 habitants sont à peu prés équitablement représentées. Mais la France urbaine (plus de la moitié de la population dans les villes de plus de 190.000 habitants) ne dispose que de 30,8% des délégués. Si l’on retient les départements comme base de la comparaison l’inégalité est tout aussi criante : la Creuse a un sénateur pour 65.000 habitants alors que le Var, un pour 271.000. Les départements les moins peuplés pèsent deux fois plus que les départements les plus peuplés.


La réforme de 2003
Elle aurait pu être le moment de réviser la répartition des sénateurs sur le territoire. A part quelques corrections à la marge, la répartition reste quasi-identique, malgré l'augmentation du nombre de sénateurs (de 328 il est passé à 331 en 2004, 343 en 2004, il atteindra 348 en 2011 quand la phase de transition induite par la réforme sera terminée). Le mandat des sénateurs a été abaissé de 9 à 6 ans et l'égibilité est maintenant fixée à 30 ans (contre 35 avant 2003). Les membres de la chambre haute seront désormais remplacés par moitié tous les trois ans (ils étaients remlacés par tiers tous les 3 ans). Sur les 343 sièges actuellement pourvus, le groupe UMP ne compte plus que 145 membres. Mais cela suffit pour conserver une majorité relative, et ce d'autant plus que les sénateurs centristes ont bien le coeur à droite (bien que le Sénat comprenne un groupe parlementaire regroupant à la fois des élus de la majorité et de l'opposition). Par contre, le prochain renouvellement a lieu en 2011 : certes après les régionales et cantonales, mais avant les prochaines municipales... ce qui signifie que le gros du corps électoral n'aura pas changé. Mais demain est un autre jour.

Photo par Hamza Hydri

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Régulation et réglementation

Il parait que la répétition c'est le début de la pédagogie. Je n'en suis pas si sûr, parce qu'on a beau répéter qu'il ne faut pas confondre régulation et réglementation, tout le monde se prend les pieds dans le tapis et on ne sait plus trop de quoi on parle. N. Demorand en interviewant Eva Joly ce matin même faisait l'erreur d'utiliser le mot français "régulation" dans son sens anglais, c'est-à-dire "réglementation". En avril dernier je publiais déjà un article pour évoquer le faux-amis. Je vous invite à y refaire un petit tour : c'est par là.

Maintenant vous comprendrez mieux Charles Wyplosz lorsqu'il écrit ceci :

Fin du laissez-faire ? Retour de la réglementation ? On en est loin. Evoquer le laissez-faire en matière bancaire consiste à s’imaginer le dix-neuvième siècle. Aujourd’hui, la profession bancaire est sans doute celle qui est la plus réglementée. La question n’est pas « réguler ou pas réguler », mais comment améliorer la réglementation actuelle. La crise a montré que la réglementation actuelle est mal conçue, peut-être même trop tatillonne. En tout cas bien trop complexe.
C. Wyplosz, "La fin du capitalisme ? Non, bien au contraire", Telos-eu.com, 19/09/08

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jeudi 18 septembre 2008

Jedi's links [15]

Cette semaine c'est... finance, évidemment.

Crise de surproduction du rapport en vue !
Du côté du Conseil d'Analyse Economique, on note la sortie d'un rapport signé Patrick Artus, Jean-Paul Betbèze, Christian de Boissieu et Gunther Capelle-Blancard, à propos de la crise des subprimes. Non, sociologues, ne partez pas tout de suite !! De nombreuses contributions sont annexées au rapport et je vous conseille la lecture des pages 203 à 217 qui sont proprement passionnantes ! 14 pages de pur bonheur, où Olivier Godechot nous explique pourquoi et comment "la structure des rémunérations dans l'industrie financière favorise à la fois la prise de risque et sa sous-évaluation". Hmmm... un sociologue dans les salles de marché, c'est beau. Bon ça c'était pour Matignon (le CAE est placé auprès du 1er Ministre)

Du côté des salons feutré de l'Elysée, Notre Président avait confié il y a 4 mois une mission à René Ricol, ancien Président de la Fédération internationale des experts comptables : écrire un rapport sur la crise des subprimes. Nicolas Sarkozy doit bien aimer faire bosser plusieurs personnes en même temps sur le même sujet... Ou alors il est pas au courant de l'existence du CAE. Ou c'est peut-être parce que ça fait bien d'apparaître énergique lorsqu'on est impuissant. Bref, il faut montrer du volontarisme, non, NS ne nous laissera pas tomber. En tout cas c'est pas pour tout de suite.

[EDIT 18/09/08 21h55]
A signaler, un article qui m'a laissé un peu coi à lire dans le Monde de demain (je sais pas pourquoi, j'adore cette expression, et je crois que j'aime que Le Monde soit un journal "du soir" rien que pour ça). C'est un point de vue d'un actuaire agrégé sur les maths et la finance. Passionant. En tout cas j'ai appris il y a quelques jours seulement ce qu'était un actuaire en lisant le Why blog de Cimon (je tiens au passage à rassurer Cimon à propos de son imposture : je suis bien plus en admiration devant les actuaires que devant les économistes). Et là je découvre qu'on peut être agrégé en plus d'actuaire. Y a une Agreg de l'actu ?

Finance toujours, mais finance publique (NDLR : ma chérie c'est pour toi).
Un rapport parlementaire cette fois-ci, pour parler de la LOLF, la Loi Organique de Loi de Finance. En 2001 c'était la révolution dans les comptes publics, il fallait tout reprendre et tout recompter mais d'une manière différente. L'idée était de déconcentrer la gestion budgétaire de l'Etat, de responsabiliser les responsables des deniers publics. Au passage, un gros bazar dans les services, qui a ennuyé les trésorier payeur comme les petites comptables de nos administrations. Et je vous passe les protestations contre la fameuse "fongibilité asymétrique des moyens". L'objectif : permettre aux parlementaires de contrôler le moindre euro dépensé par l'Etat. Le constat : "la révolution n'a pas (encore) eu lieu". Tout ça pour ça. On reviendra dans 7 ans.
C'est ici.

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mercredi 17 septembre 2008

Les sorties de la semaine

Des livres, des livres, des livres...

Sociologie
A en croire l'actualité, l'antisémitisme serait bel et bien de retour. Aggressions à caractères antisémites dans le XIXe arrondissement de Paris, inscriptions antisémites et croix gamées tagués dans un collège du sud de la France, profanations de cimetières et du mémorial de l'holocauste à Berlin, les faits divers ne manquent pas. Michel Wieviorka, directeur du Cadis (Centre d'analyse et d'interventions sociologiques) et président de l'Association internationale de sociologie, publie cette semaine un ouvrage intitulé L'antisémitisme est-il de retour ?. Le sociologue tente de faire le tour de la question en 126 pages, en posant justement les questions qui fachent : Le vocabulaire est-il approprié ? Existe-t-il un antisémitisme noir ? Quel est le rôle de l'école ? etc...


Economie
Alors que la crise financière connaît des rebondissements quasi-quotidiens, le nombre d'ouvrages qui paraissent cette semaine sur ce thème est assez impressionant. A croire que les auteurs avaient bien anticipé que des mini-krachs se produiraient au fur et à mesure que la réalité des bilans des banques serait dévoilée. En vrac :

Du côté des manuels :
Bourse et marchés financiers. 3e édition de Paul-Jacques Lehmann ("aucun lien, fils unique")
Introduction aux Marchés Financiers. 2e édition de Erwan Le Saout
Principes de Finance Moderne. 5e édition de Robert Goffin
Leçons de politique monétaire de Bernard Landais
Macroéconomie monétaire et financière. Théories, institutions, politiques, 4e édition revue et augmentée de Jean-François Goux

Alors qu'on ne sait plus trop qui habite où dans le milieu monétaire et financier, le nombre de manuel qui s'y consacre est assez hallucinant !

Dictionnaire des marchés financiers. 2e édition de Joseph Antoine, Marie-Claire Capiau-Huart. Ca peut être utile pour comprendre ce que sont les CDS, et autres barabarismes, sigles et néologismes nés de la finance moderne.

Du côté des livres :
Dans la catégorie journaliste : La finance mène-t-elle le monde ? de Marie-Paule Virard
Dans la catégorie banquier central : une édition revue et corrigée des mémoires d'Alan Greenspan, ancien Président de la Réserve Fédérale Américaine, Le temps des turbulences.
Sans oublier le fameux George Soros, raider bien connu pour avoir fait sauter la Banque d'Angleterre en 1992, qui compte bien nous dire La vérité sur la crise financière. On se méfie un peu quand même...

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mardi 16 septembre 2008

Les inégalités tuent à grande échelle

Un enfant né dans une banlieue de Glasgow, en Écosse, aura une espérance de vie inférieure de 28 ans à un autre né à peine treize kilomètres plus loin. L’espérance de vie à la naissance d’une fille au Lesotho est inférieure de 42 ans à celle d’une autre née au même moment au Japon. En Suède, le risque pour une femme de décéder pendant une grossesse ou lors d’un accouchement est de 1 pour 17 400, alors qu’en Afghanistan il est de 1 pour 8. Ces chiffres n'ont aucune explication biologique.

Organisation Mondiale de la Santé, Genève, 28 août 2008



C'est ainsi que débutait le communiqué de presse de l'OMS annonçant la publication d'un volumineux rapport sur les déterminants sociaux de la santé dans le monde. Repris dans un fil AFP, on trouve des traces de l'annonce sur quelques sites d'actualités, mais aucun grand media ne l'a repris à son compte, si ce n'est cet article sur le site du Monde Diplomatique. Article que je n'aurai pas trouvé sans l'accuité d'un expat, François du site Boîte Noire. Les journalistes étaient probablement trop occupés à traiter les marronniers de septembre.

Le communiqué de presse de l'OMS

Le résumé analytique en français

Le rapport intégral en anglais

L'article du Monde Diplomatique

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En passant...

Rapidement, je signale ici la publication d'un Insee Première très intéressant sur l'évolution des habitudes alimentaires en France depuis 45 ans. Eurostat a publié (en anglais) un document très intéressant également sur la démographie de l'Union Européenne en 2007.
Vous trouverez le lien dans la colonne de gauche, rubrique "Sur le web".

Pour les fanas de réseaux sociaux (Facebook, Twitter, et compagnie), et je sais qu'ils sont nombreux parmi les lecteurs de ce blog, un article à lire publié sur Internet Actu, site de la Fing : Le Nouveau Monde de l'intimité numérique. On peut rapprocher cette article de la notion d'extimité développé par Serge Tisseron.

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lundi 8 septembre 2008

L'imposture continue...

Ronan Chastellier usurpe encore une fois le titre de sociologue à de fins marketing. Ce coup-ci c'est encore plus risible. Le sondage est titré : 74% des Français optimistes : l'amour plus fort que le pouvoir d'achat. On rigole... jaune.

Avec Jacques Marseille qui aimerait bien voir une version française de la loi roumaine obligeant les medias à diffuser 50% d'informations positives, ils vont pouvoir fonder l'internationale optimiste. "Optimiste de tous pays, unissez-vous, on échappera à la récession".

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jeudi 4 septembre 2008

Jedi's links [14]

Le jeudi c'est recyclage. Pas mal de sociologues médiatiques en ce moment, les liens d'aujourd'hui pointent vers la presse, et touchent à divers domaines de la sociologie.

Sociologie de l'éducation : Agnès Van Zanten est interviewée dans Le Figaro à propos du détricotage de la carte scolaire par Xavier Darcos. La sociologue confirme qu'une vision libérale de l'affectation des élèves dans les établissements scolaires (liberté de choix donnée aux familles) va a l'encontre de la mixité sociale. En effet les classes modestes pour l'instant n'usent pas autant que les autres des dérogations à la carte scolaire permises par le ministre. Manque d'informations, ou manque de moyens pour envoyer des enfants plus loin du domicile familial, toujours est-il que les plus avantagés dans l'histoire sont les classes moyennes. On retrouve par exemple les enseignants qui, parfaitement informés sur le système, profitent encore plus des dérogations. Ou quand une réforme provoque l'exact contraire de ce que l'on attendait d'elle...

Sociologie de la famille : c'est dans La Croix, ça parle de la gestion de la rentrée scolaire et du temps social par les familles. Les sociologues interrogés sont le quebecois Gilles Provonost et le français Patrick Cingolani (pour une fois, ça nous change de Kaufman et Cingly). Toutefois le quotidien catholique ne nous apprend pas grand chose de nouveau. Il faut réserver suffisement de temps à ses enfants pour bien les éduquer... Pas révolutionnaire.

Sociologie du travail et de l'emploi : A propos du RSA (encore !), Libération met en parallèle les critiques qui fusent du côté des économistes quant au financement de la réforme (cf. le billet de Piketty de lundi dans le même Libé) et les critiques de Noëlle Burgi, sociologue au CNRS, qui craint que le RSA ne vienne renforcer l'institutionnalisation d'un marché du travail secondaire, qui alimente le précariat (cf Robert Castel, La société du précariat) et la stigmatisation des "mauvais pauvres". Soit dit en passant, celle-ci a déjà commencé, il n'y a qu'à écouter le président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale, Jean-François Copé, dans une interview donné au journal Le Monde hier :

Nous voulons renforcer la qualité de l'accompagnement personnalisé et veiller à la mise en oeuvre effective de sanctions pour ceux des bénéficiaires qui ne joueraient pas le jeu.
La sanction en objectif 1bis, on avait bien compris.

Sociologie de l'engagement étudiant : des sociologues sur les campus québecois s'intéressent au pourquoi de la désafection du militantisme étudiant. C'est sur le site de l'Université de Montreal. Apparement si les étudiants ne militent plus, c'est que leur rationalité instrumentale a pris le pas sur leur côté "expressif" (vous lirez l'article pour en savoir plus sur les étudiants expressifs, et Max Weber pour la rationalité instrumentale). Et l'étude de Jacques Hamel (qui a associé méthodes quanti et quali pour parvenir à son but) confirme des intuitions que tout militant étudiant a pu ressentir : un campus sans lieu central qui attire et retient les étudiants n'est pas propice au militantisme, tout comme l'absence de sentiment d'appartenance à l'institution. Les nouveaux campus numériques viennent clairement renforcer cette tendance...

Les québecois sont à l'honneur, et c'est tant mieux. Moi aussi, "je me souviens".

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mercredi 3 septembre 2008

La rentrée litteraire

La rentrée littéraire ne concerne pas que les romans. Il y a également un nombre incalculable d'essais et d'ouvrages en tout genre qui paraissent à la rentrée. Parmi la première vague, j'en ai retenu cinq qui me tentent ou plutôt que j'aimerais bien qu'on m'offre :

Rayon sociologie

  • François Dubet, Faits d'école, EHESS, août 2008.

Sur la quatrième de couverture on peut lire : " L'école est un champ de batailles et de conflits plus ou moins feutrés. Quoi qu'il en pense et quoi qu'il en dise, le sociologue est dans cette bataille et y participe, même quand il veut s'extraire de la mêlée. " Par-delà les conflits d'intérêts et les querelles d'appareil, François Dubet pose son regard de sociologue sur les "faits d'école". Comment l'école s'inscrit-elle dans la société Que fait-elle aux individus ? Mutations, crises, débats et réformes sont passés au crible des pratiques et des expériences - celles des élèves et de leurs familles, celles des enseignants et des syndicats, et celles.du sociologue. Observant le monde de l'école, il décrypte ses disputes, analyse ses résistances et tente de comprendre ses explosions de violence. Loin de toute posture de surplomb, François Dubet revendique ici une sociologie de l'éducation engagée et offre une synthèse de ses réflexions et de ses combats. Voici un livre qui devrait permettre de penser l'école aujourd'hui et de donner à chacun une conscience plus claire des effets des politiques publiques.

François Dubet est aujourd'hui l'un des sociologues de l'éducation français les plus reconnus, aux côtés de Marie Duru-Bellat, Pierre Merle ou encore Agnès Van Zanten, tous dans des styles différents. M'est avis que les résultats de ses travaux sont toujours à lire, quoi qu'on en pense. A noter à la fin de l'ouvrage la présence d'une partie intitulée "Pourquoi ne croit-on pas les sociologues ?", ça donne envie d'en lire plus, forcément.

  • Patrick Hassenteufel, Sociologie politique : l'action publique, Armand Colin, août 2008.

Pourquoi cet ouvrage ? Parce que, bizarrement, si ma première rencontre avec P. Hassenteufel s'était bien passée, je ne serais certainement pas professeur de Sciences économiques et sociales aujourd'hui... Et parce que la sociologie politique est toujours passionnante !

  • Pierre François, Sociologie des marchés, Armand Colin, août 2008.

J'aime quand les sociologues s'attaquent au pré carré des économistes (j'aime aussi l'inverse, mais un peu moins, je dois le confesser). Sur la 4 de couv :

Les marchés, un objet sociologique ? Ce qui naguère aurait paru empiéter sur la " chasse gardée " des économistes est devenu une évidence et un enjeu majeur.Une évidence tant les réalités marchandes encadrent désormais toute réalité humaine. Un enjeu majeur tant la juste compréhension de ce qu'est un marché conditionne toute action politique et sociale. Les marchés assurent-ils la libre coopération de chacun, ou sont-ils fatalement instruments de domination et d'exploitation ? Les pratiques qui les portent relèvent-elles de calculs désincarnés, ou engagent-elles conventions et valeurs ? Qu'en est-il de l'omniprésence des marques, normes et labels divers ? De la violence des dynamiques concurrentielles ? Synthèse des travaux sur le sujet, ce livre propose une lecture originale des phénomènes marchands et retiendra l'attention de tous ceux pour qui les sciences sociales ont pour mission d'aider à décrypter le monde et à construire l'avenir

Dans le coin éco :

  • Jean-Louis Muchielli, La mondialisation : chocs et mesures, Hachette Supérieur, août 2008.

J-L Mucchielli est grand spécialiste d'économie internationale et ... le nouveau président de jury de l'agregation de sciences économiques et sociales. A ce propos le nouveau thème* pour 2009 est Economie et finances internationales. A bon entendeur...

*Pour info, trois thèmes sont proposés pour les écrits de l'agregation externe de SES, dont un est renouvelé chaque année.

En histoire sociale contemporaine

  • Elise Ovart-Baratte, Jean-Philippe Rigaud, Les Ch'tis, c'étaient les clichés, Calmann-Lévy, août 2008.

Pour rigoler, même si c'est certainement très sérieux. Voilà une nordiste qui en a marre de voir des boîtes à "hein" servir dans les campagnes de communication politique de sa région. Et je trouve ça fort intéressant :

Masochistes, les habitants du Nord et du Pas-de-Calais ? On le croirait bien.Ils aiment passionnément leur région, "braient" quand il s'agit de la quitter, et pourtant, ils sont les premiers à diffuser des clichés catastrophiques. Dernier avatar en date, le film de Dany Boon, Bienvenue chez les Ch'tis. Une comédie avec un cœur gros comme ça, gentille et humaniste. et qui, pourtant, enfonce le clou d'un Nord ouvert sur les autres mais replié sur lui-même, bourré de complexes.pour ne pas dire bourré tout court. Non, le Nord-Pas-de-Calais, ce n'est pas cela, proteste Elise Ovart-Baratte, jeune chercheur du Nord, qui, pour s'être étonnée que le Conseil régional ait accordé une subvention de 600 000 euros au film de Dany Boon, s'est fait sévèrement réprimander par son entourage. Aujourd'hui, elle persiste et signe en posant des questions qui fâchent : pourquoi cette région sait-elle si peu mettre en valeur ses innombrables atouts ? Pourquoi ses habitants se complaisent-ils dans une vision passéiste de leur région ? Dans un pamphlet salutaire et revigorant, Elise Ovart-Baratte fait valser les idées reçues en interrogeant l'identité d'une région longtemps méconnue et souvent méprisée.

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mardi 2 septembre 2008

RSA mon amour

Les récentes annonces font couler beaucoup d'encre (et de pixels). Lisez plutôt ces trois papiers forts intéressants :

Ajout du 3 septembre

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jeudi 28 août 2008

Jedi's Links [13]

C'est reparti mon kiki.

Cette semaine l'INSEE nous gratifie de ses petites publications bien intéressantes.

Dans le dernier numéro d'Economie et Statistique, on trouve un article particulièrement intéressant sur la démocratisation de l'enseignement supérieur. L'étude statistique a été réalisé grâce aux enquêtes Emploi menées par l'institut, et porte sur une population née entre 1948 et 1977, qui a donc théoriquement terminé ses études (au moins en formation initiale, il reste bien quelques doctorants mais ils se dépêchent de finir leur thèse ;-). On apprend grâce à cette étude que la massification de l'enseignement supérieur s'est bel et bien accompagné d'une démocratisation, mais que cette dernière est par contre de très faible ampleur. En effet la modification de la structure du recrutement de l'enseignement sup a permis à 4% de la dernière génération étudiée (1975-1977) d'obtenir des diplômes qu'ils n'auraient pas eu si la stratification sociale de l'école était restée bloquée comme en 1950. Il y a même des résistances dans certaines filières, le droit ou la médecine par exemple ayant connu sur la période une polarisation sociale accrue en ce qui concerne les filles. A lire donc, même si parfois certains passages sont très techniques.

Dans le même numéro d'E&S, un autre article tout aussi intéressant qui dissèque le phénomène communément appelé "la panne de l'ascenseur social". La population étudiée correspond aux individus nés dans les années 60. Ceux là même qui hurlaient "no future" habillés en pantalon écossais et doc marten's dans les années 80. Ceux là même qui rédigent des bouquins pour exprimer leur mal de vivre de trentenaires. Génération paradoxale, qui a vu son niveau de diplôme s'élever considérablement par rapport à celui de ses parents, mais qui en même temps a connu la panne de l'ascenseur social. L'étude nous montre concrètement comment s'est traduite cette panne en fonction de l'origine sociale des individus : "pour les individus issus des classes populaires, les trajectoires ascendantes sont plus rares, et pour ceux nés dans des milieux sociaux plus favorisés, les trajectoires descendantes se multiplient".

A propos de mobilité sociale, la CFTC nous a pondu un truc énorme. Je kiffe le concept, sorte de Caméra Café qui se déroule dans un ascenseur social en panne justement. Je trouve ça très fort, ça dépoussière un peu ce syndicat. Voyez vous-même (j'ai un petit faible pour l'épisode 5) :


INSEE toujours, mais dans la collec Insee Première, un numéro très pédagogique sur la question de l'emploi, du chômage, de l'inactivité. Attention à ne surtout pas confondre ces deux dernières notions. Les diverses formes de précarité ont bousculé des catégories dont il est devenu délicat de tracer les frontières. Ainsi bon nombre d'individus voient se succéder les périodes de chômage, de sous-emploi (temps partiel subi), d'emplois précaires (intérim, contrats aidés, à durée déterminée), et sont en quelque sorte à la frontière des catégories, prises dans ce que J. Freyssinet a appelé le "halo du chômage".

Toujours sur la question du chômage, un document du CNIS, le Centre national de l'information statistique, sur la définition des indicateurs en matière d'emploi, paru à la suite de nombreuses polémiques sur la conception et la publication des chiffres du chômage en France. A télécharger ici.

Et pour terminer cette liste de liens, deux blogs dont je ne saurai trop vous conseiller la lecture :

Péripolis, deux étudiants en plein dans le système grandes-écoles-élites-de-la-nation nous livrent leurs commentaires géopolitiques, économiques, sociologiques, etc...

The Global Sociology Blog, tenu par un prof de socio français expatrié outre-atlantique. Véritable voyage au pays de l'oncle sam, inside american society.

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mercredi 27 août 2008

Quand les FMN redessinent le monde

Une petite remarque en passant. Sur le site international de Nikon, le célèbre constructeur d'appareil photo, on trouve une carte du monde qui doit permettre au visiteur de choisir sa zone géographique d'origine. On trouve souvent ce type de page sur les sites mondiaux des firmes multinationales, ce qui permet de réorienter les consommateurs vers des sites dans une langue particulière, où les prix sont exprimés dans la monnaie en cours, etc... Mais le découpage des zones, qui correspond souvent à un découpage hiérarchique à l'intérieur de la firme, est parfois curieux : je vous laisse découvrir l'étendue de la zone couverte par Nikon Europe.



Avis aux photographes amateurs : Canon a annoncé son 50D hier, Nikon vient à l'instant de communiquer sur son D90 !

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lundi 25 août 2008

Si l'Europe n'était qu'une nation...

... nous aurions battu tout le monde au Jeux Olympiques !!! Enfin une bonne partie de la planète.

Encore un billet qui sent les vacances. Les Jeux Olympiques se sont terminés hier, et tout le monde compte ses breloques. La France en a 40, on est bon pour voir Roselyne se ridiculiser mercredi en conseil des ministres.

Si on réunit chaque État membre de l'Union Européenne dans une seule et même nation européenne (on peut toujours rêver), on totalise alors 280 médailles, soit à peu près l'équivalent des Etats-Unis (110), de la Chine (100) et de la Russie (72) réunis. Et si on se penche sur les titres olympiques uniquement, les 87 médailles d'or européennes ridiculisent les chinois et leurs 51 breloques.

Et si on rapporte les résultats sportifs à la population de chacune de ces zones géographiques, la déculottée est encore plus impressionnante. En effet, l'UE totalise 0.57 médaille pour 1 million d'habitants, la Russie 0.50 médaille, les Etats-Unis 0.36 médaille et la Chine est ridicule : 0.07 médaille.

Côté efficacité absolue, il faut aller voir du côté de l'Arménie avec ses 2 médailles par million d'habitants ou encore l'Islande bien sûr avec un score de 3.3 médailles/million. Il faut dire qu'ils ne sont que 300 000 habitants et donc que leur médaille d'argent en Handball compte triple.

Malheureusement, au vu de l'état de l'Europe politique et sociale, c'est pas demain la veille que nous battrons les chinois.

[Il y a une astuce statistique dans cette démonstration. Le premier qui le trouve aura un cadeau]

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jeudi 21 août 2008

mon-sondage.com, opinionway et compagnie

Un petit billet décontracte avant que les choses sérieuses ne reprennent. Dans la catégorie "Non mais de qui se moque-t-on ?"

Je viens de découvrir un site Internet qui risque de me faire écrire beaucoup de billets, www.mon-sondage.com... Dans une brève, ce site publie les résultats d'un sondage OpinionWay fort intéressant, comme d'habitude : 43% des Français pensent que l'amour sera virtuel en 2050. Vous me direz "on s'en fout", et je vous répondrai que vous avez raison. En plus la phrase ne veut pas dire grand chose, et le site ne prend jamais la peine de nous expliquer comment se déroulent les différents sondages dont ils rapportent les résultats.

Celui qui nous intéresse ici est un sondage réalisé par OpinionWay pour Match.com, qui s'annonce comme le leader mondial de la rencontre en ligne. Rien à voir avec le célèbre hebdomadaire français. En pariant sur le poids des mots et le choc du titre, match.com compte faire parler de lui en lançant un observatoire de la relation amoureuse, projetez-vous en 2055 pour savoir à quoi ressembleront vos histoires d'amour avec un grand A. Et sondage à l'appui, étayé par les commentaires d'un sociologue, on vous invite à tenter l'expérience virtuelle.

Ce qui est intéressant ici, c'est que le sondage montre que parmi ceux qui pensent que l'amour pourra être tout-virtuel en 2050, les jeunes sont sur représentés. C'est bien ce que nous dit Ronan Chastellier, promu sociologue officiel de match.com pour nous l'affirmer. Le hic c'est qu'on ne connaissait pas encore la facette sociologique de R. Chastellier, mais plutôt son côté Expert Conseil Marketing, spécialisé dans la cible jeune... tiens, tiens. Donc Monsieur est Directeur marketing de Technikart, ok. Auteur d'un livre sur la cible jeune du marketing, on savait. Intervenant à Science po, pour le côté académique. Chroniqueur à ses heures et publiciste, passe encore. Mais sociologue c'est la casquette de trop : Non Monsieur Chastellier, on ne peut pas se vanter d'être sociologue et écrire que l'amour sera toujours "un évènement pur et sans cause"...

Et en plus c'est pas beau de faire acheter son bouquin par tous les élèves de science po qui suivent le séminaire de marketing. Et s'il fallait terminer, la tendançologie c'est vraiment pas beau comme titre de bouquin. Encore un qui a soutenu avec Michel Maffesoli ???

[EDIT 26/08/08]Ah ben non, a priori il n'a jamais fait de thèse. Le SuDoc ne nous renvoie qu'un mémoire de DEA de Gestion option Marketing soutenu en 1995. Sociologue vous disiez ?[/EDIT]

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jeudi 17 juillet 2008

Help : perdu de recherche ! [Résolu]

"I sent a SOS to the World !"

Il y a quelques mois je suis tombé sur une page web en anglais qui référençait les ouvrages de sociologie les plus lus dans le monde. Aucune idée du processus qui avait permis d'établir ce classement, mais je crois me souvenir qu'Economie et Société de Max Weber occupait la plus haute marche du podium. Aujourd'hui impossible de remettre la main sur le lien qui m'a permis de découvrir ce site. Si quelqu'un veut bien m'aider... je suis preneur de tout indice. Forte récompense à la clé :-P

A moins que tout le monde soit déjà en vacances !?

EDIT 14h03 : Grâce à XavierM, j'ai pu retrouver la page en question. Vive le web 2.0, il n'aura fallu que 1h45 pour avoir la réponse à ma question : formidable, non ? En tout cas, il va falloir que je travaille un peu plus ma mémoire...

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