mardi 31 juillet 2007

Etats-nations et construction communautaire (3)

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Max Weber, en précurseur de la sociologie des organisations, affirmait qu’une organisation recherchait avant tout autre chose à assurer sa pérennité. Le chercheur qu’il était, tout autant que le militant politique, avait cru voir en la bureaucratie la forme d’organisation rationnelle par excellence. Nous allons voir comment la rationalité de l’Etat s’exprime pour résister face aux attaques qu’il subit dans le cadre de la construction communautaire, mais en commençant par la base, le comportement électoral de ceux qui désignent les représentants du peuple européen.

Vote et sentiment européen
Pascal Perrineau (Cevipof) a mis en avant le fait que les individus participaient plus à la vie politique lorsqu’elle est proche d’eux [1]. C’est-à-dire que traditionnellement, en France plus particulièrement, on vote plus aux municipales qu’aux législatives, qu’aux cantonales, aux cantonales plus qu’aux régionales, et encore moins aux européennes, scrutin qui enregistre les scores d’abstention les plus élevés. On remarque en France que l’élection du chef de l’Etat fait exception car, bien que le cadre géographique soit le plus grand, la participation y est forte. Cela démontre à la fois la place prise par l’Etat et celle prise par l’Europe dans les considérations politiques des Français. Cela ne veut pas dire que la question européenne désintéresse les Français ; la participation massive au référendum sur le traité établissant une constitution pour l’Europe en 2005 prouve bien le contraire. Autre phénomène confirmant le désintérêt voire la méfiance à l’égard de la question européenne, il s’agit de la montée des partis souverrainistes qui enregistrent leurs plus forts scores lors des élections européennes, et ce à l’échelle de l’Europe entière (pour peu que de tels partis y soient présents, comme dans les pays « historiques » de l’Union). Des députés européens se retrouvent ainsi élus pour pratiquer la politique de la « chaise vide » au Parlement Européen.

C'est pas nous, c'est Bruxelles
Si les populations montrent des réticences face à la construction communautaire, les dirigeants politiques nationaux ne sont pas forcément neutres. En effet, il arrive fréquemment lors de la mise sur agenda ou lors de la prise de décision, que les élites politiques se tournent vers Bruxelles pour trouver la source des explications mais plus souvent la source des maux ressentis par la population. La présence d’une institution au cadre supranational permet pour les exécutifs nationaux de dégager leur responsabilité lorsqu’une décision provoque des mécontentements. Il est ainsi aisé de renvoyer la faute à tel commissaire, tel groupe parlementaire, voir sur un groupe professionnel de nationalité étrangère comme cela peut être le cas entre pêcheurs français et espagnols par exemple. Pourtant ce comportement semble relever de l’hypocrisie. SI nous avouons que ce jugement peut paraître sans nuance, il apparaît clairement que les commissaires sont nommés par les Etats, que le président de la Commission fait l’objet d’un consensus, que les parlementaires européens sont des élus du peuple, bref, que finalement les décisions concernant les européens sont prises par les européens. Mais ces comportements politiques parviennent à déstabiliser les institutions européennes au profit des Etats.

Cette déstabilisation est accentuée par une décrédibilisation certaine, là encore du fait des représentants des Etats. Les instances européennes n’ayant que peu de moyens de coercition sur les Etats membres, les comportements opportunistes de certains d’entre eux ont des répercussions négatives sur la crédibilité de l’Union. L’exemple type est celui des condamnations qui ont suivi le non respect des critères du Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) par l’Allemagne et la France. Sans discuter la pertinence de ces critères ici puisque cela n’est pas notre objet, ces deux pays n’ont pas respecté certains critères tels que la limite de 3% de déficit public (rapporté au PIB) et 60% de la dette publique (toujours rapporté au PIB). Ils se sont trouvés condamnés à verser à la Banque Centrale Européenne l’équivalent d’un certain pourcentage de leurs PIB respectifs, pour voir ces crédits gelés, et le remboursement conditionné par le respect des critères dans un temps déterminé. Non seulement ces Etats ne se sont pas exécutés mais ils ont également menacé de suspendre leur participation à l’Union Européenne. On voit donc que si l’UE n’a pas vraiment de mesure coercitive à opposer aux comportements opportunistes, les Etats peuvent, parce que ce sont eux qui lèvent l’impôt et contribuent financièrement à la construction européenne, ne pas respecter les décisions communautaires.

De même qu’ils lèvent l’impôt, ce sont les Etats qui promulguent les lois. En conservant le monopole pour l’établissement de la règle de droit, les Etats disposent d’un levier conséquent pour freiner les effets de la construction communautaire. Ainsi les Etats peuvent, en retardant la mise sur agenda de l’examen des directives européennes par les parlements nationaux, ne pas appliquer les décisions collectives européennes. Les Etats conservent par ailleurs des compétences fondamentales depuis les fonctions régaliennes jusqu’aux politiques sociales. Les politiques touchant à l’éducation, à la santé, à la recherche, à l’emploi, aux systèmes de solidarité restent très fortement marqués par des modèles nationaux.

Les objectifs de la Stratégie de Lisbonne, le grand chantier de la construction communautaire sur la décennie 2000-2010, ne seront réalisés qu’à condition que le volontarisme politique des dirigeants nationaux soient au rendez-vous. En effet, les objectifs concernent des domaines dans lesquels l’Union n’a pas de compétence particulière pour s’ingérer dans les politiques nationales. L’Union ne peut imposer des pratiques politiques, de façon de faire. Ce sont les compétences étatiques qui prévalent. L’UE peut tout au plus utiliser la technique du benchmarking. Il s’agit, comme le décrivent D. Méda et A. Lefevre [2], d’une comparaison statistique entre Etats membres permettant de relever les « bonnes pratiques politiques ». Reste à savoir dans quelle mesure les bonnes pratiques doivent être imitées pour que chaque pays rejoignent le meilleur ou s’il faut favoriser l’émergence d’un modèle social européen. Si cette dernière proposition est retenue alors la construction européenne aura sûrement raison, à terme, du devenir des Etats. Mais dans les faits, cet horizon peut paraître comme indépassable tant l’Europe est divisée sur le plan social. Deux systèmes efficaces sont en passe de s’imposer comme tel dans la grande comparaison quantitative et qualitative européenne : le modèle libéral anglo-saxon et le modèle développé par les différentes social-démocraties nordiques.

En guise de conclusion
Après la construction des bases politiques de l’Europe, puis d’une Europe économique, les populations sont dans l’attente de l’achèvement de cette Europe politique, afin de déboucher sur une Europe sociale. Tiraillée entre souverainisme et fédéralisme, l’issue est plus qu’incertaine tant les populations ne parviennent pas à s’accorder sur la suite des évènements. En 2005, deux Etats sur 27 ont à eux seuls bloqués le processus institutionnel. Sans porter de jugement sur le projet de constitution, il apparaît quand même que l’échelon étatique n’est pas complètement dépassé. Et le mini-traité qui fait l’actualité récente de la construction communautaire semble aller dans le même sens puisque, comme le disait T. Ferenczi « le monopole de la légitimité politique des Etats-nations, auquel l'Union prétendait mettre fin, n'est pas mort ». Pourtant, les enjeux contemporains, inscrits dans une mondialisation qui prend toujours plus d’importance, nécessitent des prises de décisions collectives ou au moins coordonnées. Les Européens sauront-ils s’accorder, qui plus est à 27, sur l’avenir du cadre collectif qu’ils ont construit depuis 50 ans ?

Parce qu’une ouverture telle que celle-ci est trop vague, et parce qu’il ne faudrait pas manquer de pragmatisme, il convient de compléter l’analyse par des éléments concrets. Si l’Europe a été faite pour garantir la paix entre les nations, l’argent reste « le nerf de la guerre ». Ce sont les Etats qui contribuent financièrement à l’Union Européenne. En tenant les cordons de la bourse, ils peuvent décider de leur devenir face à cette institution supranationale. Aujourd’hui le budget européen, fonds structurels compris, représente 1% du PIB de l’Union. C’est-à-dire qu’un Etat comme la France dispose d’un budget 2.5 fois supérieur à celui de l’Union Européenne. Peut-on croire, dans ces conditions, que l’Europe parvienne à relever les défis qui se posent à elle aujourd’hui ?


Sources :

[1] Perrineau Pascal, "La dimension cognitive de la culture politique. Les Français et la connaissance du système politique", Revue Française de Science Politique, vol 35, n°1, Paris, 1985.

[2] Méda Dominique, Lefevre Alain, Faut il brûler le modèle social français ?, Seuil, Paris, 2006.

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lundi 30 juillet 2007

Etats-nations et construction communautaire (2)

Pour lire le début de la note, cliquez ici.

Elargissement...
La construction européenne repose sur un grand principe qui consiste à faire succéder à chaque élargissement de l’Union une phase d’approfondissement permettant de pallier aux perturbations induites par l’élargissement, d’homogénéiser les Etats membres pour parvenir à une convergence, l’approfondissement passant notamment par un transfert de compétence des Etats à l’Union. Jusqu’à une période très récente, cette construction se faisait dans un cadre temporel long permettant la transformation des structures de manière à ce que chaque étape soit couronnée de succès ; cela a valu à l’Union Européenne le surnom d'Europe « des petits pas ». Mais la période récente a vu l’entrée simultanée de dix nouveaux Etats au 1er janvier 2005, constituant ainsi un élargissement sans précédent dans l’histoire communautaire. Au 1er janvier 2007, deux nouveaux pays ont rejoint l’Union portant à 27 le nombre d’Etats membres. S’il apparaissait urgent d’intégrer les Pays d’Europe Continentale et Orientale (les PECO) issus de l’ancien bloc de l’Est pour les promoteurs de cet élargissement, celui-ci n’en reste pas moins considérable. Or chaque élargissement induit une réforme des structures politiques et administratives européennes. Il va sans dire que plus le nombre d’Etats augmente au sein de l’Union, moins un Etat peut être en mesure d’apporter à lui seul un changement, de peser sur une décision. On voit donc que le pouvoir de chaque Etat se réduite à mesure que la construction communautaire se poursuit.

Approfondissement.
Après l’élargissement vient le temps de l’approfondissement. Il consiste le plus souvent à accroître les compétences de l’Union au détriment de celles des Etats. La politique agricole, la pêche ou encore le droit de la concurrence, sont peut-être les compétences les plus emblématiques pour les populations car les prises de décisions de la Commission Européenne dans ces domaines sont fortement médiatisées. Bien sur le transfert de compétence induit une perte de pouvoir pour les Etats, perte qui reste relative dans la mesure où les dirigeants européens sont nommés ou élus par les Etats ou les populations. Les enjeux contemporains que sont l’immigration, que nous évoquions plus haut, ou les questions environnementales, dépassent largement le cadre étatique pour se poser à l’ensemble de la population mondiale. Il y a fort à parier que le transfert de compétences dans ces domaines pourrait avoir lieu dans un futur proche, si ce n’est déjà amorcé. Le principe de subsidiarité semble avoir vécu pour ces questions qu’un Etat seul n’est pas en mesure de résoudre.

Convergence

Ces transferts de compétences entrainent une certaine homogénéisation des Etats à l’échelle de l’Europe. Puisque les décisions sont prises à Bruxelles ou Strasbourg par l’ensemble des parlementaires ou commissaires, il est logique qu’elle s’applique à tous les Etats et qu’elles conduisent à effacer certaines particularités étatiques. L’utilisation de fonds structurels européens par les pays les « moins avancés » économiquement permet le rattrapage des pays les plus avancés. En leurs temps, Espagne et Portugal ont pu profiter de ces fonds pour rattraper les niveaux français et allemands. Espagnols et Portugais sont aujourd’hui considérés comme des piliers de l’Union, en témoigne le fait que c’est un portugais qui dirige la Commission Européenne en ce moment. Plus récemment ce sont les Irlandais qui ont connu un formidable rattrapage. Actuellement les efforts se concentrent sur les PECO. Déjà ils portent leurs fruits puisque les niveaux de vie s’élèvent. Les salaires dans les pays baltes ont connu une progression de 30% depuis leur entrée dans l’Union. Bien sûr les mécanismes sont complexes et cela n’est pas sans obstacles que les Etats convergent en Europe. Mais les résultats sont sensibles, y compris dans les domaines ou l’UE n’est pas forcément compétente. La Stratégie de Lisbonne, qui vise à ce que l’Union devienne une véritable « économie de la connaissance » afin de maintenir sa compétitivité, est un ensemble d’accords sur des objectifs et des indicateurs communs en matière d’emploi, de formation et d’éducation, de recherche et de développement. Qui dit objectifs communs dit convergence. Les pays restent libres d’appliquer les politiques qui semblent les plus efficaces, pourvu qu’ils atteignent les objectifs fixés. Chacun est en concurrence avec les autres, et le benchmarking bat son plein (ça marche bien avec des entreprises, pourquoi pas avec des Etats ?). Lorsque ces objectifs seront atteints, il sera d’autant plus aisé d’harmoniser les systèmes nationaux autour d’un modèle européen.

Enfin, dans nombre d’Etats des processus de décentralisation ont été amorcés, parfois depuis plusieurs décennies. Sans l’influence européenne, les Etats se sont reposés sur des formes administratives plus restreintes, réputées plus souples aussi. Il se trouve que ce mouvement, qui déleste là encore l’Etat de certaines de ses compétences, se trouve accentué par l’Union Européenne qui promeut la structuration en Eurorégions. Plus vastes que les Régions que nous connaissons en France, plus proche du Länder allemand, ces Eurorégions pourraient à l’avenir se retrouver la cible du redéploiement des fonds FEDER européens. Attaqué par le bas de son propre fait, et par l’Europe, l’Etat, dans un souci d’efficacité, se retrouverait amoindri.

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samedi 28 juillet 2007

Etats-nations et construction communautaire (1)

C'est le dernier billet publié sur Boîte noire, le très bon blog de François Briatte, qui m'a donné l'idée de rédiger une série de billets portant sur la construction communautaire.

Plus précisément, le billet sur Boîte noire mentionnait l'entretien avec un philosophe roumain publié sur le site de Notre Europe. Sur celui-ci, on rapportait un article de Thomas Ferenczi paru dans Le Monde daté du 2 juillet 2007, article intitulé La résistance des Etats-Nations (qui n'est plus disponible que pour les abonnés). C'est la joie de l'hypertexte, et de la divagation de site en site, on est toujours amené à en lire plus. Dans cet article le chroniqueur Europe du Monde écrit :
La volonté de l'Europe d'intervenir davantage sur la scène internationale renforce aussi le rôle des diplomaties nationales. Les innovations du futur Traité vont apparemment dans le même sens. En se donnant un président élu pour deux ans et demi, renouvelable une fois, et un ministre des affaires étrangères de plein exercice, l'Union va donner plus de poids aux Etats, en dépit des précautions prises pour ne pas amoindrir la Commission. Le nouveau système de vote avantagera les plus peuplés d'entre eux. Les décisions refléteront les rapports de forces entre les Vingt-Sept. Comme le répète José Manuel Barroso, président de la Commission, les institutions européennes doivent être au service des Etats. Le monopole de la légitimité politique des Etats-nations, auquel l'Union prétendait mettre fin, n'est pas mort.
Cela m'a rappelé un texte que j'avais écrit il y a quelques mois, autour de la question des effets de la construction communautaire, et du devenir de l'Etat en Europe (certains lecteurs verront peut-être dans quelle circonstance j'ai été amené à réfléchir sur la question). Je vous livre ici quelques réflexions, en plusieurs épisodes ! Bonne lecture...


L'Europe, pour construire la paix entre les États
Au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, il était urgent d'imaginer des formes de coopération internationale même de préserver la paix entre les pays qui s'étaient affrontés. Le niveau de destruction des infrastructures était tel que les productions nationales étaient redescendues au niveau qu'elles occupaient plusieurs décennies auparavant. Si la constitution de l'Europe de la Défense fut un échec, la création de la CECA a permis de sceller des accords industriels et commerciaux entre l'Allemagne et la France quant à la production de charbon et d'acier. Il y a 50 ans, les principaux belligérants du second conflit international du XXème siècle se sont accordés sur un traité, provoquant ainsi la naissance de la communauté européenne. C'est donc en 1957 que le Traité de Rome a été ratifié par l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas.

Aujourd'hui les enjeux sont différents. Le pari de la paix est réussi. Il est inconcevable, en particulier pour les jeunes générations, qu'un conflit militaire opposant les membres de l'Union européenne puisse éclater, même dans un avenir lointain. L'économie, qui constituait un moyen de parvenir à la pacification des relations entre anciens ennemis, est devenu un enjeu en soi de la construction européenne. Dans un contexte de globalisation des échanges, d'ouverture des économies, les Etats européens sont contraints de se regrouper pour pouvoir prétendre lutter face à la concurrence économique, industrielle, commerciale, des Etats-Unis d'Amérique, ou des géants démographiques que sont l'Inde et la Chine. Cette mondialisation a entraîné la création de cadres supranationaux plus ou moins institutionnalisés. Les Etats semblent donc dépassés par la plupart des enjeux contemporains, dépassés au sens premier du terme.

Où en sont les Etats ?
Qu'en est il réellement ? La construction communautaire est-elle en train de reléguer les États au second plan ? Nous verrons dans de futurs notes que la construction européenne, en tant que réponse institutionnelle aux exigences des transformations contemporaines, peut sembler contribuer à l'amoindrissement du rôle de l'Etat en Europe. Mais nous observerons également combien l'Etat, de par les compétences qu'il conserve et les résistances qu'il oppose, cherche à préserver son devenir.

L'Etat contemporain est attaqué "par le bas" et "par le haut". Il est attaqué par le bas lorsque des particularismes et des régionalismes mettent à mal l'idée d'Etat-nation qui, comment France, veut que chaque individu délaisse ses particularités dans la sphère privée pour se sentir citoyen avant tout. Mais, et c'est ce qui nous préoccupe plus particulièrement ici, l'Etat est également attaqué par le haut. Nous ne pouvons soustraire, dans notre analyse, la construction communautaire du contexte dans lequel elle intervient : l'ouverture internationale.

Sur le plan économique, le nombre de firmes multinationales ou transnationales a explosé, tout comme les échanges de biens et services entre pays. D'un point de vue culturel, la démocratisation du transport sur longue distance permet la migration ponctuelle ou durable des populations. Si sur le plan politique le clivage Est-Ouest a disparu, les disparités économiques entre pays du Sud et du Nord se sont accentuées avec la crise de la dette, provoquant des migrations du Sud vers le Nord dont l'ampleur dépasse largement le cadre des Etats. Les relations stato-centrées ont laissé la place au multilatéralisme qu'ils s'agissent des discussions dans le cadre de l'OMC, du G8 ou de l'ONU, comme des nombreuses organisations intergouvernementales qui gravitent autour des grandes institutions internationales.

(à suivre...)

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mercredi 25 juillet 2007

La réforme ignore les prépas

Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet. Ce Rebonds paru dans Libération du 24 juillet aborde déjà quelques points cruciaux. Je ne peux qu'en conseiller la lecture :

La réforme ignore les prépas.
Il faut intégrer les classes préparatoires aux grandes écoles au sein des universités.

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vendredi 20 juillet 2007

Salaires étudiants et fiscalité


Laurent Wauquiez (UMP) au 80ème congrès de l'Unef
Originally uploaded by Pierre -M-.
Une petite mesure dans le "paquet fiscal" de N. Sarkozy fait parler un peu d'elle, je veux parler de la défiscalisation des salaires des étudiants. Le Parlement l'a adopté il y a une semaine, le 12 juillet dernier. En quoi cela consiste ? En une modification des dispositions existantes. Jusqu'à maintenant, seuls les salaires des étudiants de moins de 21 ans, perçus pendant les vacances scolaires, et dans la limite de deux mensualités de SMIC, étaient défiscalisés. Autrement dit cela ne concernait qu'une minorité d'étudiant : l'âge moyen des étudiants en France est de 22,2 ans, et si 30% des étudiants ne travaillent que pendant l'été, ils sont près de 40% à travailler pendant l'été et l'année universitaire. Ci-dessous un petit graphique qui donne un peu l'ampleur du salariat étudiant par tranche d'âge.

Âge et activités rémunérées régulières
Activités exercées au moins 6 mois par an et au moins à mi-temps pendant l'année universitaire



Quelles modifications ?

Le plafond de 2 mois de SMIC est élevé à 3 mois soit 3800€ (230€ de salaire en moyenne sur l'année), la belle affaire ! L'âge limite est relevé à 25 ans, ce qui permet de mieux prendre en compte la réalité sociologique de la population étudiante. Seront pris en compte les salaires perçus sur l'ensemble de l'année et non plus les seules vacances scolaires. Mais la mesure n'en demeure pas moins injuste socialement et révélatrice de l'idéologie gouvernementale, idéologie qui renferme une conception particulière de la famille et de l'autonomie de la jeunesse.

Une mesure socialement injuste.
Injuste car ne concernant que les familles dont l'étudiant est partie intégrante du foyer fiscal, et surtout que les familles imposables. On va donc à l'encontre d'une conception de la justice sociale telle que J. Rawls, philosophe libéral américain, avait pu la conceptualiser. La mesure profite donc aux parents plutôt qu'à l'étudiant. Et elle profite d'autant plus aux tranches les plus aisées de la population française. On retrouve ici la logique sarkozyenne telle qu'elle impreigne déjà l'ensemble du paquet fiscal : donner plus à ceux qui ont déjà beaucoup.

Toujours moins d'autonomie pour les étudiants...
Cette mesure incite les parents à conserver l'étudiant dans leur foyer fiscal et va donc à l'encontre d'une autonomie fiscale des jeunes. Si autonomie fiscale n'est pas forcément synonyme d'autonomie financière, elle n'en est pas fondamentalement éloignée. Passons sur le fait que l'émancipation des jeunes n'est pas encouragée. Observons plutôt le fait que la famille est une institution qui, de par la solidarité entre ses membres, contribue à la reproduction des inégalités sociales. Si le système redistributif est là pour corriger un tant soit peu ces inégalités, ce genre de mesure va à l'encontre d'une telle correction. Au contraire, elle augmente les inégalités entre étudiants, et entre leurs familles.

...toujours plus de cadeaux fiscaux.
Si l'on en croit les données du Ministère de l'éducation nationale, le total des aides fiscales aux familles d'étudiants s'élevaient déjà en 2005 à 1,235 milliards d'euros, quasiment l'équivalent du montant des bourses et prêts (1.332 milliards d'euros). Le monsieur en haut à droite de ce billet, Laurent Wauquiez, actuel porte-parole du gouvernement, avait remis un rapport le 6 juillet 2006 au premier ministre, rapport sur les aides sociales aux étudiants. Dans celui-ci il préconisait de "renforcer les bourses pour les classes moyennes modestes". S'il est vrai que pour la première fois depuis cinq ans les bourses sur critères sociaux sont revalorisées sur la base de l'inflation, il semblerait que les préconisations du député Wauquiez ne soit pas prises en compte par le gouvernement du porte-parole Wauquiez...

Sources des données :

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mardi 10 juillet 2007

Quel futur pour les Petits-Beurres ?

J'habitais plus près de la BN que de l'usine LU. Par vent d'ouest, ce sont les Chocos plus que les Pailles d'or que je pouvais sentir, en allant à la piscine (la BN est derrière la piscine de Saint-Sébastien-sur-Loire). Pourtant je suis passé souvent devant l'usine LU (la récente à la Haye-Fouassière, comme l'ancienne le long du canal Saint-Félix). Je me revois, casser les coins des Petits-Beurres, pour mieux les tremper dans mon gobelet, chez ma mamie. On a tous des souvenirs d'enfance. Et pour moi, les Petits-Beurres y occupent une place des plus importantes. Ah... l'industrie agro-alimentaire. La Biscuiterie Nantaise c'est maintenant United Biscuits, et dans quelques jours Lefèvre-Utile sera américain, il rejoindra Toblerone, Côte d'Or et autre Suchard dans l'escarcelle de Kraft Foods.

Fusion, acquisition, extension...
"Le planté du baton, Monsieur Dus, tout est dans le planté du baton : flexion, planté du baton, extension". Plus sérieusement, qu'est ce qui pousse une entreprise à acquérir une autre ? Quels sont les résultats escomptés ? Quels sont les résultats réels, dans la majeure partie de cas ? Voici un petit billet pour tenter de comprendre quelque chose à la concentration.

Ici, la logique de Kraft Foods est claire : en rachetant la branche biscuit de Danone, l'entreprise américaine compte augmenter son pouvoir de marché, afin de sortir de sa place d'éternel numéro deux, et pouvoir concurrencer le géant Suisse, Nestlé. Elle avait déjà commencé l'année dernière en reprenant 25% de United Biscuits au travers de sa branche Europe du Sud. La concurrence est de plus en plus rude, car le gateau que se partagent ces géants industriels risque de se réduire de manière continue : la chasse à la mal bouffe est ouverte, les distributeurs de cochonneries en tout genre sont progressivement retirés, taxés, la publicité comporte enfin des messages du genre "manger gras tue", mais en moins trash. En clair, le marché du bio est porteur, quand celui des lipides est condamné.

Le but ultime : devenir numéro un.
Nous sommes donc là en face d'un cas de concentration financière horizontale. Le problème, c'est qu'à force de racheter ses concurrents directs, on tue de fait la concurrence, la concentration devient alors synonyme d'oligopole, voire de monopole dans certains cas. Quels sont les avantages des fusions-acquisitions, en dehors de l'accroissement du pouvoir de marché ? On peut sommairement en dénombrer trois :
  1. Cela permet d'optimiser le rapport entre coût de transaction et coût d'organisation. En clair, il peut être plus économique d'intégrer une activité au sein d'une firme que de recourir sans cesse au marché.
  2. On peut ainsi dégager des économies d'échelle et des économies d'envergure.
  3. Pour les actionnaires, la menace du rachat permet de motiver les managers puisque ceux-ci risquent leurs places. Les fusions-acquisitions sont donc un outil pour contrôler les dirigeants de grandes entreprises.
Ces trois arguments n'illustrent pas vraiment la situation commentée ici. Kraft Foods ne va pas intégrer des coûts en achetant LU à Danone. Il n'est pas évident que des économies d'échelle soient réalisés, peut-être plus des économies d'envergure, et encore... Enfin, les dirigeants de LU n'y sont pas pour grand chose si la maison mère Danone souhaite réorienter sa stratégie de long terme. Il s'agit donc purement et simplement de récupérer des parts de marché, et de continuer son implantation en Europe pour le géant américain.

Quelles conséquences pour les firmes ?
Elles sont souvent ambiguës. La firme gagnante n'est pas toujours celle que l'on croit. Ici, celle qui perd directement, c'est Danone : moins de parts de marché, elle perd une entreprise rentable. Mais les quelques 5.3 milliards d'euros dégagés par l'opération ne seront pas de trop pour racheter le néerlandais Numico. Et même si en règle générale les fusions acquisitions se traduisent bien en hausse de rentabilité, et donc à l'avantage de l'acheteur, celui-ci a tendance à surévaluer l'entreprise achetée. C'est tout bénef pour les actionnaires de cette dernière. Seul l'avenir nous dira si la biscuiterie LU valait bien ces 5.3 milliards. En tout cas, dans le coeur des Nantais, elle n'a pas de prix !

Après quelques jours de vacances, nous reviendrons sur les conséquences sociales des fusions-acquisitions. Si Kraft assure ne pas vouloir "dégraisser" les effectifs de LU en France, rien n'est moins sûr quant aux belges, espagnols, italiens, polonais ou russes, qui s'inquiètent pour leur sort.

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jeudi 5 juillet 2007

Déception


Un billet un peu particulier puisqu'il s'agit d'une réaction à celui d'Alexandre Delaigue sur
le blog d'Econoclaste intitulé Lettre ouverte à un étudiant en économie qui s'ennuie. A. Delaigue a lui-même répondu à l'article publié par le collectif Autisme-Economie dans Libération du 2 juillet. Mon commentaire étant un peu long, je n'ai pas souhaité "squatter" ce blog qui n'est pas le mien. Vous trouverez donc ci dessous ma réponse


C’est une petite déception qui pointe à la lecture de ce billet. Un peu comme Vincent (le 5/7/7 à 10:46) je trouve qu’il est critiquable à bien des égards. Ce n’est pas tant le ton légèrement condescendant, voire méprisant par moment, qui me dérange. Ça fait un peu « je vais t’expliquer la vie mon petit » mais bon, passe encore. Ça n’est pas non plus l’emploi de la seconde personne, le tutoiement. Pourtant c’est un outil rhétorique efficace pour diminuer le collectif qui signe le texte initial, et le ramener à l’unité, plus facile à critiquer. C’est plutôt le simplisme dont fait preuve l’auteur qui m’interpelle. Lecteur assidu de ce blog et du site auquel il est rattaché, j’ai estimé de plus en plus ses auteurs, au vu de la qualité toujours grande de leurs notes. Pourtant aujourd’hui vous tombez bien bas dans mon estime. Certains arguments sont un peu légers pour ne pas dire fallacieux ; utiliser la théorie du prisonnier pour expliquer le rôle discriminant joué par la formalisation mathématique, ça fait sourire au début, mais quand on se rend compte que vous croyez vraiment ce que vous dites, ça fait un peu peur quand même.

Certains éléments relèvent du combat d’arrière garde : l’économie toujours l’économie, si tu t’éloigne du droit chemin tu deviendras mauvais économiste, petit scarabée. Vous dites :
« (...) connaître [les autres disciplines] ne fera pas de toi, du moins pour l'instant, un meilleur économiste, au contraire »
Qu’on vienne me prouver qu’un économiste qui va faire de la sociologie ou de l’histoire voit son expertise économique diminuer… Je croyais, à la lumière des travaux de Lucas, que le capital humain avait un caractère cumulatif ? Peut-être ai-je lu de travers. En tout cas il serait bon que vous alliez toquer à la porte de Daniel Kahneman (que vous citez par ailleurs) pour lui expliquer que depuis qu’il s’est essayé à l’économie, il n’est pas très bon en psychologie cognitive. Je ne pense pas qu’il faille maîtriser parfaitement et totalement une science avant de se permettre d’en aborder une autre, ne serait-ce que par le fait qu’il est proprement inimaginable de pouvoir maîtriser pleinement un domaine scientifique dans son ensemble.

« Cet appel à la pluridisciplinarité est une spécialité des économistes »
C’est faux ! Des appels à la pluridisciplinarité il y en a dans bien des disciplines. On constate aujourd’hui qu’une des limites du système universitaire français c’est le cloisonnement, le phénomène de « chapelle » entre discipline et à l’intérieur même des disciplines. Mais des résistances se font jour dès que l’on tente d’ouvrir un peu les vannes. Citons l’exemple de la mise en place de la réforme LMD en France : le ministère de l’enseignement supérieur (Menesr à l’époque), après avoir demandé aux équipes pédagogiques de faire des efforts vers plus de pluridisciplinarité dans la constitution de leurs maquettes de diplômes, a clairement fait machine arrière.

« En histoire ou en sociologie, les étudiants arrivent avec un esprit relativement vierge »
Il y a rien de plus idiot qu’une assertion comme celle-ci. Ça pour être un préjugé, c’en est un beau ! Personne n’est vierge. Tout le monde a une expérience sociale de la réalité. Croire qu’un étudiant de première année de sociologie arrive vierge de tout préjugé – « pré-notions » comme dirait E. Durkheim – revient à se mettre le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. Le premier enseignement de la sociologie consiste tout de même à faire comprendre que le sens commun n’a que rarement raison, qu’il constitue une représentation de la réalité, propre à chaque individu en fonction de ses origines sociales, de son parcours de vie, de sa culture, de ses valeurs, des normes qu’il respecte, des rôles qu’ils jouent dans les différents groupes auxquels il appartient. Alors les étudiants de sociologie ont bien des choses à désapprendre avant d’apprendre ce qu’est la sociologie, peut-être autant que les étudiants d’économie pour apprendre leur discipline.

« (…) penser l'économie comme la pensent les historiens et les sociologues, c'est à dire en faisant les mêmes erreurs d'analyse que le reste de la population »
C’est finalement assez navrant de voir que vous tombez, vous aussi, dans le travers qui consiste à croire que sa discipline prévaut sur les autres. En quelque sorte elle serait la seule, l’unique, celle qui demande un travail tellement important de remise en question de ses présupposés, que la réussite scientifique dans cette discipline est forcément synonyme de supériorité. Vous avez du oublier que des sociologues de formation, ce que je suis, pouvaient vous lire. Quelque part je me sens un peu insulté. Quand bien même j’y mettrais de la bonne volonté, je semble condamné à me tromper quant à ma lecture économique de la réalité.

Enfin, la thèse défendue dans ce texte pour répondre aux étudiants d’Autisme-Economie est bien légère. En clair, elle revient à dire « si tu n’es pas content de l’enseignement économique que tu reçois, aide toi et le ciel t’aidera ». A quand un UFR d’Autodidaxie à l’Université ? Je conçois parfaitement que, dans une perspective constructiviste, on ne puisse pas construire son propre savoir sans y prendre part personnellement. Mais de là à répondre que ceux qui se plaignent sont des feignants qui devraient mettre plus souvent les pieds dans une BU et surfer sur les blogs, il y a un sérieux fossé. Je pense ne pas être le seul à me sentir insulté par cette réponse. Par ailleurs je suis d'autant plus préoccupé que je vois les messages consentant à votre propos s'accumuler parmi les commentaires.

En espérant que les prochains posts valent plus la peine d’être lus que celui-ci, je garde le fil RSS d’éconoclaste.org au cas où.

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lundi 2 juillet 2007

Le bac, révélateur d'inégalités sociales

Dernier examen de l'enseignement scolaire et premier diplôme de l'enseignement supérieur, le baccalauréat conserve une charge symbolique des plus importantes. Je ne vais pas revenir, en tout cas pas maintenant, sur la querelle du niveau des candidats : monte-t-il ? baisse-t-il ? On verra cela plus tard. Alors que les résultats vont tomber dans quelques heures, et que certains cherchent à l'exploiter commercialement (lire ici ou ), je souhaite m'arrêter quelques instants sur les inégalités sociales qui se font jour lorsque l'on observe de plus près qui sont les bacheliers. Mais avant d'aller plus loin, il convient de rappeler que les statistiques n'enferment pas les individus. Il s'agit d'outils quantitatifs très précieux qui permettent de dégager des tendances, des permanences ou des évolutions, mais les statistiques ne peuvent - et ne doivent - servir à prouver un quelconque déterminisme individuel. Ce n'est pas parce que vous êtes fils d'ouvrier que vous ne décrocherez jamais le bac scientifique.

Être à l'heure au bac
Un élève est "à l'heure" au bac lorsqu'il passe l'examen à 18 ans pour les séries générales et technologiques, 19 pour les séries professionnelles. Or si l'âge moyen d'obtention du bac pour les séries générales est proche de l'âge "théorique" avec 18 ans et 6 mois, les élèves des séries technologiques et professionnelles accusent un certain retard (avec comme moyenne d'âge au bac respectivement 19 ans+5 mois et 21 ans+5 mois). L'âge des élèves à la fin du collège apparaît comme étant le discriminant essentiel de leur orientation puisque les taux de passage en 1ère puis Terminale sont relativement voisins dans les trois filières. Jusqu'au début des années 2000, les taux de réussite au bac étaient également très proches, mais cela est moins vrai maintenant : alors qu'1 point séparait les bacs généraux des bacs pros en 2000 (entre 78 et 79% de réussite), en 2005 ce sont près de 10 points qui les séparent (84.1% et 74.7%).

Pourquoi s'être attardé sur l'âge moyen au bac ? Parce que la corrélation entre cet indicateur et les origines sociales des élèves est très forte. Entre les séries d'abord : alors que les bacheliers généraux sont 55% a être issus de CSP favorisées (cadres, professions intellectuelles, professions intermédiaires), ils ne sont plus que 27% parmi les bacs pros. Au sein des mêmes séries, les retards scolaires sont d'autant plus importants que les bacheliers sont issus des catégories sociales les moins favorisées, c'est à dire les ouvriers et les inactifs. Inversement, les élèves issus des catégories les plus favorisées sont sur-représentés parmi les bacheliers à l'heure.

Quelle évolution depuis le début des années 2000 ?
Le nombre de bacheliers professionnels à l'heure au bac progresse. De 18.1% en 2000, on est passé à 23.9% en 2005, soit une différence de 5.8 points. Mais dans le même temps le nombre de bacheliers généraux à l'heure a progressé encore plus vite, pour passer de 64.5% à 70.5%, soit une progression de 6 points. Du côté des permanences, la répartition des bacheliers varie peu depuis la fin de la décennie 90. Si les bacheliers professionnels représentent un peu moins d'un bachelier sur 5 (18%), les bacheliers généraux sont toujours majoritaires (54%). La comparaison de deux suivis de cohorte (entrées en 6ème en 1989 et 1995) montre que la part d'enfants d'ouvriers qui accèdent au second cycle général et technologique reste stable (42%), et que l'écart avec les enfants de cadre et d'enseignant ne s'est pas réduit (49 points !).

Les performances scolaires sont largement prises en compte dans le processus d'orientation, mais la connaissance de ce processus est tout aussi importante : à notes comparables, les enfants d’ouvriers et ceux d’employés formulent des voeux d’orientation moins ambitieux que ceux de cadres. Ainsi, une étude récente sur la procédure d’orientation montre qu’avec une note moyenne au contrôle continu située entre 10 et 12/20, 94% des enfants de cadres et d’enseignants demandent une orientation en seconde générale et technologique contre seulement 77% des enfants d’employés et 65% de ceux d’ouvriers.

Sources :
D. Bloch, D. Chamonard, C. Hoquaux, "Les parcours scolaires et l'âge des bacheliers", Éducation & formations, n°60, Ministère de l'éducation nationale - DEP, septembre 2001.

J.-P. Caille, "Le vécu des processus d’orientation en fin de troisième et de seconde", Éducation & formations, n°72, Ministère de l'éducation natinale - DEP, septembre 2005.

C. Coudrin, "Devenir des élèves neuf ans après leur entrée en sixième", Notes d'information, n°06.11, Ministère de l'éducation nationale - DEP, avril 2006.

D. Perelmuter, "Résultats définitifs de la session 2005 du baccalauréat", Notes d'information, n°06.16, Ministère de l'éducation nationale - DEP, mai 2006.


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