mardi 12 février 2013

Clichés et stéréotypes, c'est Du Pareil Au Même

Petit coup de gueule de consommateur, contre la perpétuation des clichés de genre. La marque Du Pareil au Même, spécialisée dans le prêt-à-porter pour enfant, implantée un peu partout en France, a encore fait preuve de son sexisme ordinaire.

On connaissait le "papa code" - dans le genre je prends les mecs pour des cons - qui consiste à étiqueter les fringues pour réussir à en choisir deux qui vont bien ensemble. On notera le "bon look/pas bon look" genre je te parle petit nègre au cas où vraiment tes deux neurones seraient encore endormis.


On a du adhérer au "Club des Mamans" parce que oui, c'est bien connu, ce sont les mamans qui s'occupent le mieux des enfants. Et y a pas de raisons que ça change, elles sont tellement douées pour changer les couches, donc faisons un club pour elles. Je revendique le droit, en tant que papa, d'être une maman comme les autres. Y en a marre...



Dernier exemple en date, dans la collection "bébé garçons" on trouve de bien belles salopettes, dont une qui ne finit pas de me troubler. Le bleu de travail façon mécano, avec le beau camion. Tout y est, même la symbolique.

"Je bricole avec mon papa"

Elle me trouble parce que je ne peux m’empêcher de chercher celle qui lui correspond dans la collection pour fille : "Je fais la vaisselle avec ma maman", "Je m'occupe du linge avec ma maman", "J'ai fais la liste de courses avec ma maman". Bref, on est pas prêt de corriger l'inégale répartition des tâches domestiques au sein des couples avec ce genre de message. En tout cas saluons DPAM pour son progressisme à toute épreuve, et son engagement de tous les instants dans la lutte contre les clichés sexistes.




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mercredi 30 janvier 2013

Pour des partis politiques un peu plus européens !

Attention, c'est du Habermas, probablement le paragraphe le plus pointu du bouquin (qui reste quand même accessible). Mais ça vaut le détour, je rejoins pleinement ses analyses. Spéciale dédicace à mes amis politiques :

"Dans la mesure où la politique fait dépendre toute son action de son synchronisme avec une humeur ambiante que, d'élection en élection, elle escorte, convoiteuse et servile, le processus démocratique perd tout son sens. Une élection démocratique n'est pas là pour simplement permettre la projection de l'éventail spontané des opinions ; elle doit restituer ce qui résulte du processus public au cours duquel l'opinion s'est formée. Les voix données dans l'isoloir ne restituent le poids institutionnel de la codétermination démocratique que si elles sont corrélées aux opinions articulées publiquement et formées dans un échange communicationnel de prises de position, d'informations et de raisons en pertinence avec les questions du débat."
Jurgen Habermas, La constitution de l'Europe, Gallimard, 2012.

En clair, la démocratie d'opinion c'est pas bien, c'est trop facile. Suivre des résultats de sondages pour déterminer la politique à mener ne grandit pas le personnel politique. S'il se laisse abaisser à cela, c'est bien le signe qu'il est trop attaché à sa réélection qu'à la vraie poursuite de l'intérêt général, et la prise de risque qui va avec. À ce titre, le rôle des organisations politiques est bien de participer à la formation de l'opinion ( ce qui implique d'apporter tous les éléments nécessaires à la compréhension du débat) et non de la suivre bêtement. Dans la dernière phrase de l'extrait cité, il explique que la légitimité du politique aujourd'hui ne peut plus tenir à l'accumulation des bulletins dans l'urne. les formations politiques ne doivent pas se concentrer sur la compétition politique, car cela ne provoque que le désintérêt et l'indifférence. Elles doivent s'attacher à ce que les idées qu'elles portent provoquent un véritable débat argumenté dans la population.

Comme le suggère le titre de son ouvrage, Habermas s'exprime ici sur le sujet de la construction européenne, et attaque les partis politique (allemand, mais le parallèle avec la France est tout a fait faisable) qu'il juge inactifs lorsqu'il s'agit de faire comprendre les enjeux communautaires. Il les accuse de ne pas parvenir à se défaire de l'idée que la politique doit s'inscrire presque exclusivement dans le cadre de l'Etat-Nation. Et également de colporter l'idée que le "machin bruxellois" est la cause de nos malheurs, sans préciser que ce sont souvent les chefs d'Etats ou les Ministres des 27 Etats membres (i.e. nos représentants démocratiquement élus) qui sont force d'impulsion. Ces deux éléments expliquent évidemment l'hiver démocratique (cf. Guy Hermet) que traverse l'Union européenne.

Il faudrait en effet bannir la "pragmatique du pouvoir" et renouer avec le courage politique, pour proposer un nouvel horizon institutionnel pour l'Europe car le statu quo n'est pas une solution viable : le Conseil est trop influent alors qu'il n'est pas l'institution qui représente les peuples, la Commission n'est pas élue démocratiquement ce qui la déconnecte des européens, et quant au Parlement - qui devrait logiquement être l'institution européenne préférée des citoyens - ses positions et pouvoirs sont trop souvent mal compris, expliquant l'abstention pathologique qui touche les élections européennes.

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jeudi 17 janvier 2013

Comparaison n'est pas raison

Reprise d'activité ? On verra combien de temps cela dure. Il se passe tellement de choses que cela devient difficile et pour tout dire frustrant de ne pas y mettre son grain de sel. Bon nombre de sujets me tiennent à coeur et j'ai envie de les commenter. Et puis 140 caractères c'est trop peu, et Facebook c'est restreint au cercle de connaissances. C'est déjà ça, mais de l'ouverture et de la diversité, ça ne fait pas de mal au débat. Autant prévenir, les posts seront surement plus personnels et engagés qu'auparavant.

A la suite de la fameuse "manifestation pour tous" qui fait couler tant d'encre, les Anti-mariage pour tous partagent une image sur les réseaux sociaux pour revendiquer un référendum sur la question. Cette image fait la comparaison entre la grande manifestation de dimanche 14 janvier et les soulèvements populaires du "Printemps arabe". Certains n'hésitent pas à parler du "Printemps français" (à l'heure où la moitié du pays est en vigilance orange pour cause de verglas et de neige, c'est assez drôle). Cette image, vous l'avez peut-être déjà vue, la voici :



Au départ on est tenté de se dire, "ah oui, effectivement c'est ressemblant". Sauf qu'en vrai la place Tahrir ne ressemble pas vraiment au Champs de Mars. Et puis à bien y réfléchir, on se dit que les mouvements du printemps arabe étaient basés sur deux revendications fortes : la liberté face à un pouvoir qui opprime le peuple, et l'égalité alors que ces régimes consacraient une élite possédante et des populations rationnées. On ne voit plus vraiment le point de comparaison avec les quelques millions de français qui peinent à reconnaître la liberté de quelques autres millions de français en matière d'orientation sexuelle. On a bien entendu les justifications du style "on est pas contre les homosexuels, mais contre leur mariage". On pourra lire le billet très bien senti de J. Macé-Scaron et Christine Lambert sur ce point précis. Mais on sent que cela ne passe pas, les micro-trottoirs de dimanche étaient éloquents, combien de fois n'a-t-on entendu : "les homos font ce qu'ils veulent m'enfin quand même... c'est pas naturel". De même, on ne voit pas trop comment il est possible de comparer les révolutionnaires qui réclamaient l'égalité de l'autre côté de la Méditerranée (bon sur ce point il leur reste du chemin à parcourir !) à ceux qui la refusent ici. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. On a bien l'habitude des manifestations qui ont pour but de protéger des droits acquis ou en réclamer de nouveaux. Mais cela fait bien longtemps qu'en France on n'avait pas vu des manifestations qui visent à empêcher le législateur d'augmenter les droits d'une catégorie de la population.

Plus pernicieux, et c'est à se demander si les concepteurs de la campagne n'avaient pas cette idée derrière la tête. En Tunisie, en Egypte, en Lybie, les homosexuels sont encore jetés en prison. Et les nouveaux pouvoirs en place n'y changent rien. Dans ces trois pays l'homosexualité est toujours illégale. Le combat militant des associations gays y est balbutiant, mais il s'organise depuis quelques années. En France on connait Robert Badinter pour son combat de septembre 81, l'abolition de la peine de mort. On a un peu oublié qu'en août 82 il avait gagné un autre combat, celui de la dépénalisation de l'homosexualité. Se comparer à ces pays sur la question de l'acceptation sociale de l'homosexualité est un formidable retour en arrière.

Car la reconnaissance de la multiplicité et de l'évolution des formes familiales, c'est le sens de l'histoire. La société se transforme lorsque norme sociale et norme juridique se déconnectent : parfois la norme juridique évolue plus rapidement que la norme sociale, faisant évoluer les mentalités. Parfois c'est l'inverse, la norme juridique doit s'adapter aux mutations sociales, comme c'est souvent le cas sur les questions familiales (mariage, égalité homme-femme, divorce, adoption, et aujourd'hui égalité homo-hétéro). Les anti-mariage gays veulent que la norme sociale reste consacrée comme le modèle unique par la norme juridique. Ceux qui défendent le projet de loi veulent que la norme juridique évolue pour que la situation des familles homoparentales ne soit justement plus considérée comme a-normale. Au départ cantonné aux "entrepreneurs de morale" de tous bords (je renvoie ici aux travaux d'Hower S. Becker sur l'évolution de la norme sociale et de la norme juridique, et le concept d'entrepreneurs de morale), le débat gagne la société, clivant fortement et faisant resurgir les réflexes mortifères pour le démocratie : la peur de l'autre et de sa différence.

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lundi 30 janvier 2012

Recentralisation ou tutelle ? (et autres approximations présidentielles au sujet des collectivités)

Après les lois Deferre en 1982 et Raffarin au milieu des années 2000, qui constituent les deux grands actes de décentralisation dans l'organisation administrative de la France, Nicolas Sarkozy a l'air de se demander s'il ne serait pas temps de siffler la fin de la récréation. Un vent de recentralisation a soufflé hier sur l'Elysée.

NS : Avec le Premier Ministre nous verrons les collectivités territoriales au mois de février car dans le même temps où l'Etat a supprimé 160 000 emplois publics, les collectivités territoriales en ont créé près d'un demi million, sans aucun transfert de compétences.

JM Sylvestre : Mais alors comment pouvez vous justement peser sur l'action des collectivités locales, qui font ce que l'Etat essaie de ne plus faire. Et quels sont les secteurs sur lesquels vous pourriez réduire les dépenses publiques ?

NS : Je parie toujours sur le bon sens des gens, toujours.

JM Sylvestre : Oh baah...

NS : Toujours, toujours. Et les gens qui dirigent les collectivités territoriales voient bien la situation du pays. Y a trois facteurs de déficit : l'Etat - on s'en occupe, la sécurité sociale qui a fait des efforts considérables (c'est la réforme des retraites), reste les collectivités territoriales. Nous envisagerons un certain nombre de mesures. Peut-être même faudra-t-il jusqu'à se demander si on ne devrait pas moduler les dotations en fonction de la sagesse en la matière de création de postes de fonctionnaires.


L'entretien se poursuit par une question de JM Sylvestre sur l'opportunité d'instaurer une "règle d'or" dans la gestion des finances des collectivités territoriales. Et là on se rend compte que ni Jean-Marc Sylvestre, ni le Président qui lui répond gaiement que c'est une bonne idée, n'ont l'air de savoir que les budget des collectivités sont forcément votés en équilibre, dans leurs versions primitives comme dans leurs versions modifiées. En clair, les collectivités n'ont pas le droit de financer le remboursement d'emprunts par d'autres emprunts, comme c'est le cas pour l'Etat. L’aplomb de Nicolas Sarkozy fait un peu peur quand on sait qu'il a été pendant trois ans Président de Conseil Général.

Une fois qu'on a mis de côté cette grossière erreur (parmi les nombreuses prononcées hier soir), on peut se concentrer sur le fond de la proposition présidentielle. D'abord sur le constat en ce qui concerne le nombre d'emplois créés et son éventuel poids dans la dette publique. Rappelons que la dette publique englobe à la fois la dette de l'Etat, celle des collectivités et celle de la sécurité sociale. Si on remonte à début 2007 (mais on pourrait remonter plus loin), on se rend compte que la contribution de l'Etat à la dette publique s'élève à 78%, lorsque celle des collectivités est à 10,2% (le reste étant la dette de la sécurité sociale : le fameux "trou"). Aujourd'hui, le volume de la dette a augmenté du fait de la crise économique : on est passé de 65% du PIB en 2007 à plus de 85% aujourd'hui. Mais dans le détail on remarque cependant que la part que représente la dette des collectivités dans le total de la dette publique est descendue à 9% sur la période, et celle de l'Etat est restée relativement stable (78,8%). Le mythe d'un Etat devenu bien géré, et des collectivités budgétairement indisciplinées ne résiste pas très longtemps. N'oublions pas non plus que les administrations locales assument plus de la moitié de l'investissement public en France.

Sur la "modulation des dotations" de l'Etat aux collectivités, on se demande si le Président connait bien sa constitution (et le Premier ministre aussi, qui avait déjà fait une sortie sur le sujet en novembre dernier). En effet, l'article 72 de la constitution précise bien que tout transfert de compétences de l'Etat aux collectivités doit être accompagné d'un transfert du financement.

Tout transfert de compétences entre l’État et les collectivités territoriales s’accompagne de l’attribution de ressources équivalentes à celles qui étaient consacrées à leur exercice. Toute création ou extension de compétences ayant pour conséquence d’augmenter les dépenses des collectivités territoriales est accompagnée de ressources déterminées par la loi.

Article 72-2, Constitution de la Ve République


Pour baisser de manière importante les dotations de l'Etat aux collectivités, il faudrait soit passer par la recentralisation de la France (transfert de compétences dans le sens inverse, des collectivités vers l'Etat, bon courage !), soit la mise sous tutelle. Mais la constitution est encore une fois très claire : "les collectivités s’administrent librement par des conseils élus".

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samedi 21 janvier 2012

Temps de travail des français : l'OFCE répond au COE-Rexecode

Le blog tente de sortir de son sommeil... peut-être pour se rappeler qu'il y a un petit peu moins de 5 ans il naissait. Le contexte était déjà à la campagne présidentielle, mais la crise n'était pas encore au rendez-vous.

A propos de blog et de Présidentielle, sur le blog de la Présidentielle 2012 alimenté par l'OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Economiques), Eric Hayer et Mathieu Plane ont publié une note dans laquelle ils reviennent sur les conclusions de l'enquête du COE-Rexecode (Centre d’observation économique et de Recherche pour l’Expansion de l’économie et le Développement des Entreprises) à propos du temps de travail des Français.

Ils apportent un éclairage intéressant qui vient partiellement contredire les conclusions du premier rapport, notamment en ce qui concerne les performances de la France comparées à celle de l'Allemagne sur la dernière décennie. On n'a pas fini de comparer nos deux pays...

Il en ressort que les créations d'emploi ont été plus dynamiques en France qu'en Allemagne, et surtout moins précaires. Que si le PIB par tête a cru plus rapidement en Allemagne qu'en France c'est principalement du aux évolutions inverses du dénominateur : alors que la population française a augmenté de 7% en 10 ans, la population allemande a légèrement diminué. Enfin, la valeur ajoutée semble mieux répartie en France qu'en Allemagne ; les politiques économiques de rigueur salariale qui permettent à l'Allemagne d'enfoncer ses partenaires de la zone Euro et d'afficher des performances souvent prises en modèle, minent en réalité le pouvoir d'achat des salariés d'outre-Rhin.

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mardi 22 mars 2011

Le FN progresse-t-il vraiment partout ? Attention aux chiffres !


Un article du blog politique du Monde.fr titre Le FN progresse partout, dans ses bastions et au-delà. En est on si sûr ? Il y a un travers dans lequel la presse nationale tombe souvent, c'est de considérer les élections cantonales comme des élections nationales. Or, le mode de scrutin même en fait une élection très locale. Beaucoup plus que les régionales, parce que c'est d'abord un scrutin uninominal, qui nécessite une identification forte du candidat dans son canton et non un scrutin de liste. Et ces élections offrent encore moins que les élections municipales une photographie nationale du vote car les Conseils Généraux ne sont renouvelés que par moitié. La moitié du corps électoral n'est donc pas appelé à voter.

Mais les récents sondages en vue de l'élection présidentielle plaçant Marine Le Pen a un score très élevé poussent les journalistes à voir les cantonales 2011 comme un signe avant coureur du résultats d'avril-mail 2012. Et ils n'hésitent pas à titrer sur la progression du FN dans tous les territoires, supposant que le vote populaire acquis par Nicolas Sarkozy en 2007 est à son tour siphonné par l'extrême droite en 2011.

Mais les cantonales sont des élections fortement soumises à des influences bien plus locales que nationales : la prime au sortant est généralement forte (cf les Présidents de CG réélus dès le premier tour ou presque), les postes de conseillers généraux permettant souvent une "notabilisation" de leurs occupants, etc. Ainsi par exemple lorsque l'offre politique à droite se limite à la droite classique et l'extrême droite, un candidat FN peut parfois profiter du fait que l'élu sortant UMP ne se représente pas pour glaner des voix à la droite de gouvernement, au détriment du dauphin désigné.

La mécanique de l'abstention
Surtout cette "percée" du Front National doit énormément à l'abstention. Deux facteurs expliquent cela. L'électorat Front national est plus mobilisé que les autres, et son corollaire, l'électorat des autres formations est moins mobilisé et plus volatile. Ainsi le premier parti des ouvriers n'est pas le Front National comme le pensent certains, mais l'abstention [1]. Et ensuite seulement les partis traditionnels (gauche d'abord, droite ensuite), et enfin l'extrême droite.

On peut prendre plusieurs exemples pour illustrer des cas de figures où le FN parvient au second tour mais de manières fort différentes.
Prenons le canton de Rennes-Le Blosne. Le Blosne est un quartier populaire du sud de Rennes, classé en ZUS (Zone Urbaine Sensible). Les résultats de ce dimanche font que le 2e tour verra s'affronter un candidat PS et un candidat FN. Du jamais vu. Si on y regarde de près pourtant, le FN n'améliore pas son score en nombre de voix, il en perd même quelques unes, passant de 518 voix en 2004 à 515 voix cette année. Et pourtant il passe de 8.3% à 14.3% des bulletins exprimés (+ 6 points). Si le FN est au second tour, ce n'est pas grâce à sa percée, mais surtout à cause de la non mobilisation de l'électorat de la droite (et aussi de la gauche dans une moindre mesure).

A contrario, dans le canton de Pleine-Fougères, plus au nord dans le département, le FN a vu le nombre de ses voix doubler, alors que le nombre de voix pour la droite a lui été divisé par 2,5. Mais dans une configuration de l'offre politique très différente : en 2004, un candidat divers droite très identifié se présentait, alors qu'en 2011 ce même candidat s'est désisté un mois avant le scrutin. Restait en face de la gauche le Front National et un candidat sans étiquette plutôt centriste et peu connu. Or le scrutin à deux tours n'avantage jamais les centristes (au premier tour, pour faire le plein de voix, il vaut mieux rassembler son camp de part et d'autre du clivage gauche/droite, et c'est au second tour que l'on cherche à capter l'électeur médian). Bref, ici le FN se retrouve au second tour faute d'une offre politique suffisante à droite. Là encore, c'est plus le contexte local qui explique la "percée" du FN qu'un mouvement de droitisation de la France entière.

Enfin, on peut évoquer un troisième cas de figure qui ne s'est pas présenté dans ce département de l'Ille et Vilaine ; c'est la présence du FN au second tour pour des causes inverses au cas de Pleine-Fougères : une trop grande dispersion de la droite de gouvernement peut conduire, dans un contexte où le FN travaille son image de respectabilité, au fameux "21 avril à l'envers".

Même si l'image du FN change, et que certains peuvent se dire tenté par le vote Frontiste, il est toujours difficile d'appréhender la réalité du phénomène. Les commentateurs auraient beau jeu d'être un peu plus nuancé.

EDIT : [1] voir Annie Collovald, Du populisme du FN, un dangereux contresens, Editions du Croquant, 2007. Une interview d'A. Collovald ici.

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