jeudi 28 août 2008

Jedi's Links [13]

C'est reparti mon kiki.

Cette semaine l'INSEE nous gratifie de ses petites publications bien intéressantes.

Dans le dernier numéro d'Economie et Statistique, on trouve un article particulièrement intéressant sur la démocratisation de l'enseignement supérieur. L'étude statistique a été réalisé grâce aux enquêtes Emploi menées par l'institut, et porte sur une population née entre 1948 et 1977, qui a donc théoriquement terminé ses études (au moins en formation initiale, il reste bien quelques doctorants mais ils se dépêchent de finir leur thèse ;-). On apprend grâce à cette étude que la massification de l'enseignement supérieur s'est bel et bien accompagné d'une démocratisation, mais que cette dernière est par contre de très faible ampleur. En effet la modification de la structure du recrutement de l'enseignement sup a permis à 4% de la dernière génération étudiée (1975-1977) d'obtenir des diplômes qu'ils n'auraient pas eu si la stratification sociale de l'école était restée bloquée comme en 1950. Il y a même des résistances dans certaines filières, le droit ou la médecine par exemple ayant connu sur la période une polarisation sociale accrue en ce qui concerne les filles. A lire donc, même si parfois certains passages sont très techniques.

Dans le même numéro d'E&S, un autre article tout aussi intéressant qui dissèque le phénomène communément appelé "la panne de l'ascenseur social". La population étudiée correspond aux individus nés dans les années 60. Ceux là même qui hurlaient "no future" habillés en pantalon écossais et doc marten's dans les années 80. Ceux là même qui rédigent des bouquins pour exprimer leur mal de vivre de trentenaires. Génération paradoxale, qui a vu son niveau de diplôme s'élever considérablement par rapport à celui de ses parents, mais qui en même temps a connu la panne de l'ascenseur social. L'étude nous montre concrètement comment s'est traduite cette panne en fonction de l'origine sociale des individus : "pour les individus issus des classes populaires, les trajectoires ascendantes sont plus rares, et pour ceux nés dans des milieux sociaux plus favorisés, les trajectoires descendantes se multiplient".

A propos de mobilité sociale, la CFTC nous a pondu un truc énorme. Je kiffe le concept, sorte de Caméra Café qui se déroule dans un ascenseur social en panne justement. Je trouve ça très fort, ça dépoussière un peu ce syndicat. Voyez vous-même (j'ai un petit faible pour l'épisode 5) :


INSEE toujours, mais dans la collec Insee Première, un numéro très pédagogique sur la question de l'emploi, du chômage, de l'inactivité. Attention à ne surtout pas confondre ces deux dernières notions. Les diverses formes de précarité ont bousculé des catégories dont il est devenu délicat de tracer les frontières. Ainsi bon nombre d'individus voient se succéder les périodes de chômage, de sous-emploi (temps partiel subi), d'emplois précaires (intérim, contrats aidés, à durée déterminée), et sont en quelque sorte à la frontière des catégories, prises dans ce que J. Freyssinet a appelé le "halo du chômage".

Toujours sur la question du chômage, un document du CNIS, le Centre national de l'information statistique, sur la définition des indicateurs en matière d'emploi, paru à la suite de nombreuses polémiques sur la conception et la publication des chiffres du chômage en France. A télécharger ici.

Et pour terminer cette liste de liens, deux blogs dont je ne saurai trop vous conseiller la lecture :

Péripolis, deux étudiants en plein dans le système grandes-écoles-élites-de-la-nation nous livrent leurs commentaires géopolitiques, économiques, sociologiques, etc...

The Global Sociology Blog, tenu par un prof de socio français expatrié outre-atlantique. Véritable voyage au pays de l'oncle sam, inside american society.

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mercredi 27 août 2008

Quand les FMN redessinent le monde

Une petite remarque en passant. Sur le site international de Nikon, le célèbre constructeur d'appareil photo, on trouve une carte du monde qui doit permettre au visiteur de choisir sa zone géographique d'origine. On trouve souvent ce type de page sur les sites mondiaux des firmes multinationales, ce qui permet de réorienter les consommateurs vers des sites dans une langue particulière, où les prix sont exprimés dans la monnaie en cours, etc... Mais le découpage des zones, qui correspond souvent à un découpage hiérarchique à l'intérieur de la firme, est parfois curieux : je vous laisse découvrir l'étendue de la zone couverte par Nikon Europe.



Avis aux photographes amateurs : Canon a annoncé son 50D hier, Nikon vient à l'instant de communiquer sur son D90 !

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lundi 25 août 2008

Si l'Europe n'était qu'une nation...

... nous aurions battu tout le monde au Jeux Olympiques !!! Enfin une bonne partie de la planète.

Encore un billet qui sent les vacances. Les Jeux Olympiques se sont terminés hier, et tout le monde compte ses breloques. La France en a 40, on est bon pour voir Roselyne se ridiculiser mercredi en conseil des ministres.

Si on réunit chaque État membre de l'Union Européenne dans une seule et même nation européenne (on peut toujours rêver), on totalise alors 280 médailles, soit à peu près l'équivalent des Etats-Unis (110), de la Chine (100) et de la Russie (72) réunis. Et si on se penche sur les titres olympiques uniquement, les 87 médailles d'or européennes ridiculisent les chinois et leurs 51 breloques.

Et si on rapporte les résultats sportifs à la population de chacune de ces zones géographiques, la déculottée est encore plus impressionnante. En effet, l'UE totalise 0.57 médaille pour 1 million d'habitants, la Russie 0.50 médaille, les Etats-Unis 0.36 médaille et la Chine est ridicule : 0.07 médaille.

Côté efficacité absolue, il faut aller voir du côté de l'Arménie avec ses 2 médailles par million d'habitants ou encore l'Islande bien sûr avec un score de 3.3 médailles/million. Il faut dire qu'ils ne sont que 300 000 habitants et donc que leur médaille d'argent en Handball compte triple.

Malheureusement, au vu de l'état de l'Europe politique et sociale, c'est pas demain la veille que nous battrons les chinois.

[Il y a une astuce statistique dans cette démonstration. Le premier qui le trouve aura un cadeau]

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jeudi 21 août 2008

mon-sondage.com, opinionway et compagnie

Un petit billet décontracte avant que les choses sérieuses ne reprennent. Dans la catégorie "Non mais de qui se moque-t-on ?"

Je viens de découvrir un site Internet qui risque de me faire écrire beaucoup de billets, www.mon-sondage.com... Dans une brève, ce site publie les résultats d'un sondage OpinionWay fort intéressant, comme d'habitude : 43% des Français pensent que l'amour sera virtuel en 2050. Vous me direz "on s'en fout", et je vous répondrai que vous avez raison. En plus la phrase ne veut pas dire grand chose, et le site ne prend jamais la peine de nous expliquer comment se déroulent les différents sondages dont ils rapportent les résultats.

Celui qui nous intéresse ici est un sondage réalisé par OpinionWay pour Match.com, qui s'annonce comme le leader mondial de la rencontre en ligne. Rien à voir avec le célèbre hebdomadaire français. En pariant sur le poids des mots et le choc du titre, match.com compte faire parler de lui en lançant un observatoire de la relation amoureuse, projetez-vous en 2055 pour savoir à quoi ressembleront vos histoires d'amour avec un grand A. Et sondage à l'appui, étayé par les commentaires d'un sociologue, on vous invite à tenter l'expérience virtuelle.

Ce qui est intéressant ici, c'est que le sondage montre que parmi ceux qui pensent que l'amour pourra être tout-virtuel en 2050, les jeunes sont sur représentés. C'est bien ce que nous dit Ronan Chastellier, promu sociologue officiel de match.com pour nous l'affirmer. Le hic c'est qu'on ne connaissait pas encore la facette sociologique de R. Chastellier, mais plutôt son côté Expert Conseil Marketing, spécialisé dans la cible jeune... tiens, tiens. Donc Monsieur est Directeur marketing de Technikart, ok. Auteur d'un livre sur la cible jeune du marketing, on savait. Intervenant à Science po, pour le côté académique. Chroniqueur à ses heures et publiciste, passe encore. Mais sociologue c'est la casquette de trop : Non Monsieur Chastellier, on ne peut pas se vanter d'être sociologue et écrire que l'amour sera toujours "un évènement pur et sans cause"...

Et en plus c'est pas beau de faire acheter son bouquin par tous les élèves de science po qui suivent le séminaire de marketing. Et s'il fallait terminer, la tendançologie c'est vraiment pas beau comme titre de bouquin. Encore un qui a soutenu avec Michel Maffesoli ???

[EDIT 26/08/08]Ah ben non, a priori il n'a jamais fait de thèse. Le SuDoc ne nous renvoie qu'un mémoire de DEA de Gestion option Marketing soutenu en 1995. Sociologue vous disiez ?[/EDIT]

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