mardi 26 octobre 2010

Retraites : la réforme allemande plus dure que la française ?

A en croire le correspondant à Berlin du Monde, les français feraient bien des manières.

Si l'ampleur des manifestations françaises impressionne les Allemands, l'âge de la retraite et la pénibilité du travail y occupent bien des discussions même si, comparé aux 67 ans, le recul à 62 ans de l'âge de la retraite, en France, fait figure de miniréforme.

Frédéric Lemaître, "En Allemagne, un tel mouvement est inimaginable", Le Monde, 24 octobre 2010


La comparaison internationale est délicate tant les modèles de protection sociale et les critères divergent d'un pays à l'autre. Comparer les 67 ans de l'Allemagne et les 62 ans de la France revient à confondre âge de départ à la retraite à taux plein et l'âge légal de départ. Ce dernier n'a pas de sens dans le système Allemand. Ainsi, s'il est vrai que l'âge de départ en retraite à taux plein sera à terme de 67 ans en Allemagne, il sera identique en France, à ceci près que la mesure allemande est beaucoup plus progressive qu'en France.

Aujourd'hui, l'âge de départ à taux plein est fixé à 65 ans, de part et d'autre du Rhin. En l'état actuel de la réforme en France, c'est en 2018 qu'entrera en application le recul de l'âge de départ à taux plein à 67 ans. La même année, en Allemagne, le départ à taux plein pourra intervenir à 65 ans et 7 mois. Ce n'est qu'en 2029 que les Allemands devront attendre 67 ans pour toucher une retraite pleine.

Alors, miniréforme ? Du point de vue du financement, sans aucun doute, mais du point de vue des bornes d'âge, certainement pas.

Pour en savoir plus :
Mechthild VEIL, "Allemagne. Retraite à 67 ans : baisse des pensions ou nouvelle culture de travail dans la vieillesse ?", Chronique internationale de l'IRES, n° 105, mars 2007



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mardi 5 octobre 2010

Un peu d'histoire fiscale pour M. Woerth

Un petit point d'histoire fiscale en guise de relance de l'activité de ce blog.

Eric Woerth, dans son discours de présentation au Sénat du projet de loi portant réforme des retraites, s'est tourné vers les sénateurs socialistes au bout d'une dizaine de minutes pour leur tenir à peu près ces propos : "notre réforme est juste, puisque les hauts revenus vont contribuer à l'effort financier : la dernière tranche d'imposition sur le revenu sera passée de 40 à 41%. Et jamais la gauche n'a pris une décision aussi symbolique lorsqu'elle était au pouvoir".

Faut-il rappeler au Ministre que lorsque la gauche est passée dans l'opposition en 2002, la dernière tranche de l'impôt sur le revenu des personnes physiques était fixé à 52,75% ? Jean-Pierre Raffarin l'a diminué trois fois de suite (2002, 2003, 2004) en le faisant passer sous la barre symbolique des 50%. Puis c'est le gouvernement de Dominique de Villepin qui a définitivement donné le coup d'arrêt à la progressivité de cet impôt en passant le nombre de tranches de 7 à 5 et en rabaissant le taux de la dernière tranche à 40%.


[en plus : Si vous aimez les maths et que vous voulez tout comprendre de la progressivité de l'impôt (et pourquoi c'est plus juste)]

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