jeudi 28 juin 2007

Paye tes résultats du bac !!!

C'est le moment de crier au scandale.

Voici un communiqué du SE-UNSA à propos du retour des marchands d'angoisse.

"Le SE-UNSA dénonce le caractère scandaleux des pratiques de certaines académies en matière de communication des résultats au baccalauréat. En effet, celles-ci communiquent à des entreprises privées les fichiers des résultats la veille de l’affichage dans les centres d’examen. Ces entreprises donnent alors un accès anticipé aux résultats aux candidats qui acceptent de payer leur service en ligne (3 euros dans les académies de Dijon, Versailles et Nantes par exemple).

Le SE-UNSA dénonce l’inégalité créée par ce système entre les candidats et rappelle le principe intangible de la gratuité d’accès aux résultats à des examens nationaux. Les jeunes et leurs familles n’ont pas à supporter le coût de la sous-traitance au privé de la communication de ces résultats.

Le SE-UNSA exige du ministère qu’il fasse immédiatement cesser ces pratiques indignes du service public d’éducation."



Du côté de la FCPE, on dénonce le fait que les candidats au bac soient sollicités par de la pub via SMS :
"D’autres rectorats, eux, ont visiblement cherché à favoriser l’exploitation commerciale en ligne des résultats par des entreprises privées, en retardant l’affichage des résultats devant les établissements, pratique proprement scandaleuse. Ils ont alors invoqué une « licence nationale signée avec des opérateurs privés ».

La FCPE veut savoir s’il existe une convention au niveau national entre le ministère de l’Education nationale et de telles entreprises commerciales et quels en sont les termes exacts.


Dans certaines académies, les candidats vont aussi recevoir des messages écrits sur leurs téléphones portables pour les inciter à aller consulter les résultats sur des sites marchands. Comment ces entreprises ont-elles obtenu les numéros de téléphone portable des candidats, qui sont parfois mineurs ?"

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dimanche 24 juin 2007

La philantropie de Bill Gates vue par Robert Barro

Il y a quelques jours, Bill Gates s'est vu décerner le Doctorat Honoris Causa de Harvard, après avoir reçu le même prix honorifique de l'Université de Qinghua en avril dernier. Dans son discours, l'ex-petit génie devenu l'homme le plus riche du monde a reconnu que jusqu'à maintenant, son oeuvre avait surtout profité aux actionnaires de Microsoft... et à lui-même !!

En créant la Bill and Melinda Gates Foundation, il a assuré qu'il était temps pour lui de rendre. Fini l'égocentrisme, M. Gates veut oeuvrer pour le bien de la société.

Pour Barro, Gates se fourre le doigt dans l'oeil !
Rattaché à la Nouvelle Economie Classique (encore plus radicale que les monétaristes), Robert Barro est économiste à l'université de Harvard. Il a publié récemment dans le Wall Street Journal un article pour nous donner sa thèse quant à la meilleure façon pour Gates de distribuer sa fortune. Et ça vaut le détour !

Selon Barro, n'importe quel calcul montrerait que l'action de Bill Gates en tant que businessman a beaucoup plus fait pour la société que ce qu'il sera capable de faire en distribuant sa fortune personnelle, estimée entre 60 et 90 milliards de dollars. La richesse créée par Microsoft ne peut se résumer aux quelques 13 milliards de bénéfices dégagés en 2006 par l'entreprise, mais elle doit englober la richesse créée par les entreprises utilisatrices de Windows. En effet, Barro part du principe qu'un entrepreneur est prêt à payer Windows 50$ parce qu'il anticipe le bénéfice qu'il va pouvoir tirer de l'utilisation de ce logiciel (forcément supérieur à 50$, sinon il n'y aucune raison de l'acheter). De cela, Barro déduit que Microsoft, en diffusant Windows, participe indirectement d'une création de richesse qu'il évalue à hauteur de 1000 milliards de dollars, soit 10 fois plus que la fortune de Gates.

Aider les pauvres ? Quelle drôle d'idée !
A quoi bon mettre 90 milliards sur la table afin de faciliter la distribution des médicaments en Afrique ??? Une goutte d'eau dans l'océan des aides publiques déjà existantes, semble oser dire R. J. Barro. Finalement il estime que Gates aurait plus vite fait de distribuer un chèque de 300$ à chaque américain, voire de donner sa fortune au Trésor en vue du désendettement de l'Etat.

De plus Barro estime que la réduction de la pauvreté dans le monde, en particulier en Chine et en Inde, est due à l'ouverture des marchés et à l'adhésion au système capitaliste. C'est pas plus compliqué que cela. L'Afrique ferait bien de suivre ce modèle si elle souhaite sortir la tête de l'eau, d'autant plus que les aides publiques finissent souvent par y alimenter les réseaux de corruptions.


Un poil cynique, le Barro...
...et un peu à côté de la plaque. Pour commencer, on achète rarement Windows volontairement, il est quasiment installé d'office dans les PC, on en paye simplement le prix. Barro a-t-il alors vraiment raison de croire que les consommateurs optimisent ainsi leur satisfaction en achetant Windows... Je doute. D'un côté Microsoft occupe une position de quasi monopole, au marché peu contestable, qui limite de fait les choix des acteurs. De l'autre le combat que livrent les irréductibles du logiciel libre prouve bien que tout le monde n'a pas la même conception de la valeur sociale d'un tel système d'exploitation.

Ensuite il semblerait qu'il prenne à l'envers le problème de la corruption et de l'inefficacité de l'aide publique vers les pays en voie de développement. On ne peut que partager le constat de la corruption. Mais faut-il cesser d'aider les populations à ce seul titre ? Peut-on raisonnablement croire que l'ouverture des marchés et le capitalisme sont les seuls remèdes pour réduire les inégalités à l'échelle de la planète ? (Lire le papier de P. Krugman sur Telos à ce sujet). Si l'économie de marché permettait de lutter contre la corruption, cela se saurait. Le capitalisme est un système économique qui peut exister indépendement du système politique dans lequel il s'inscrit... qu'il soit démocratique ou non.

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vendredi 22 juin 2007

A propos du service minimum et du droit de grève (2)

Une petite idée reçue sur la grève
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, on a jamais fait si peu grève en France. C'est un phénomène de long terme, le nombre de jours de grève par travailleur et par an diminue continuellement en France. A part des pics en 1995 et en 2000, le nombre de jours de grève diminue de manière continue dans le secteur privé. On remarque plusieurs choses lorsqu'on dépasse les apparences d'une vision macro de ce phénomène.

Moins de jours de grève, mais plus de conflictualité
La DARES a récemment mis en avant le fait que les conflits étaient plus nombreux et plus diversifiés. La conflictualité du travail s'est intensifiée au cours de la dernière décennie. Les conflits ont davantage porté sur les salaires et sur le temps de travail. Et si les arrêts de travail (grèves et débrayages) demeurent un mode d'action collective fréquent, d'autres formes, comme le refus d'heures supplémentaires et la pétition, ont davantage progressé. Les conflits individuels sont aussi plus nombreux.

Solidarité public/privé
Le nombre de jours de grève diminue surtout dans le secteur privé, pourquoi ? Ce n'est pas parce que les fonctionnaires sont des feignants, comme on peut l'entendre au café du commerce, mais parce qu'ils sont juridiquement plus protégés. En faisant une analogie avec la théorie du marché du travail de Assar Lindbeck et Dennis Snower, il y aurait les insiders, protégés, et les outsiders, exposés. Leur théorie ne s'applique pas précisément au clivage public/privé, et ils mettent en avant une rivalité entre insiders et outsiders. Mais cette distinction peut quand même être réutilisée ici, on peut penser que le nombre de jours de grève en chute dans le privé, et stable dans le public, avec un taux de syndicalisation beaucoup plus important dans le public, sont des signes du fait que les droits sociaux des travailleurs ne sont pas aussi bien respectés dans le secteur privé. Et dans les faits, la DARES réalise régulièrement des enquêtes sur des licenciements de délégués syndicaux... On peut clairement penser que les salariés du public compenseraient l'impossibilité de mobilisation des salariés du privé. Et là encore, dans les faits, si l'on remonte aux grèves de 1995 (oui ça fait 12 ans déjà), l'opinion publique - si tant est qu'elle existe - recevait plutôt bien les blocages de la SNCF et des routiers.

Le conflit n'est pas une réaction anormale
Pour l'auteur allemand Georg Simmel (1858-1918), le conflit est une composante normale de toute vie en société : "loin de se confondre avec une cause de dysfonctionnement désastreuse, le conflit est une source de régulation qui traverse et structure une multitude de champs et de formes sociales (…), il structure les relations collectives et renforce, quand il ne crée pas, l’identité sociale". Le conflit est donc à la fois une forme et un facteur de socialisation, c'est-à-dire qu'il permet à l'individu de s'intégrer dans un groupe social. Il amène des individus qui n'auraient jamais eu de relation sans le conflit à se rassembler. Bref, il a une fonction bien particulière dans l'assurance de la cohésion sociale. Pourtant le sens commun pourrait nous amener à croire que le conflit est destructeur de ce lien social. Mais il n'en est rien.

Le vote à bulletin secret lors des grèves, ou la tyrannie de la majorité
Une des innovations du projet de loi consiste en l'instauration d'un vote à bulletin secret au bout de 8 jours de conflit. Or la grève n'est pas forcément un phénomène majoritaire lorsqu'elle se produit. Elle est parfois le fait d'une minorité qui souhaite, au sein de l'organisation, faire entendre sa voix. Selon Albert O. Hirschman, il y a trois modalités de réponse face à une situation répressive : l'exil (exit), la protestation (voice), ou la collaboration (loyalty). Si une majorité choisit de se taire ou de quitter les lieux, elle n'est pas forcément hostile à ceux qui osent donner de la voix. Mais si un conflit dure huit jours (ce qui est un long conflit), c'est que les racines du malaise au travail sont profondes, tous les spécialistes des conflits du travail le disent. Or un vote à bulletin secret pourrait permettre à ceux qui ne prennent pas part au conflit de terminer celui-ci, et ce sans garantie que les choses changeront à l'avenir.

Je vois déjà les plus énervés d'entre vous me répondre : le vote c'est la démocratie. Je reproduit simplement ici un passage d'un texte classique parmi les classiques (tellement classique que c'est la première fiche de lecture réalisée par Bernadette pour Jacques C. lorsqu'ils entrèrent à Sciences Po) :

Lorsqu'un homme ou un parti souffre d'une injustice aux États-Unis, à qui voulez-vous qu'il s'adresse ? À l'opinion publique ? c'est elle qui forme la majorité; au corps législatif ? il représente la majorité et lui obéit aveuglément; au pouvoir exécutif ? il est nommé par la majorité et lui sert d'instrument passif; à la force publique ? la force publique n'est autre chose que la majorité sous les armes; au jury ? le jury, c'est la majorité revêtue du droit de prononcer des arrêts: les juges eux-mêmes, dans certains États, sont élus par la majorité. Quelque inique ou déraisonnable que soit la mesure qui vous frappe, il faut donc vous y soumettre.[...]
Je ne dis pas que dans le temps actuel on fasse en Amérique un fréquent usage de la tyrannie, je dis qu'on n'y découvre point de garantie contre elle, et qu'il faut y chercher les causes de la douceur du gouvernement dans les circonstances et dans les mœurs plutôt que dans les lois.

Tocqueville A. de, De la démocratie en Amérique, 1835
Alexis de Tocqueville craignait la tyrannie de la majorité... il avait bien vu.

Sources :
  • Hirschman A. O., Exit, Voice, and Loyalty: Responses to Decline in Firms, Organizations, and States, Harvard University Press, 1970.
  • Hirschman A. O., Défection et prise de parole, 1995.
  • Lindbeck A., Snower D.J., The Insider Outsider Theory of Employment and Unemployment, The MIT Press, Cambridge, Massachusetts, 1988.
  • Simmel G., Le Conflit, 1912, (Circé, 1995).
  • Tocqueville A. de, De la démocratie en Amérique, 1835, 1840, (Gallimard Folio, 1996)

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jeudi 21 juin 2007

A propos du service minimum et du droit de grève (1)

Le Président est revenu hier, lors d'une interview assez surprenante par ailleurs, sur la question du service minimum dans les transports. Aujourd'hui les partenaires sociaux rencontraient le ministre du travail pour se voir présenter l'avant-projet de loi "sur le dialogue social et la continuité du service public de transport". Mais cet avant-projet devrait rapidement devenir un projet, puis une loi : il sera présenté au Conseil d'Etat dès ce soir, son retour en conseil des ministres est prévu pour le 3 juillet, et une adoption éclair par le Sénat et l'Assemblée Nationale dans la foulée, pour une application au 1er janvier 2008. Dans l'immédiat c'est donc le service minimum... de la concertation.

Droit de grève
C'est en 1864 qu'une loi va reconnaître le droit de grève, et en 1884, à l'initiative du nantais Pierre Waldeck-Rousseau, la liberté de constituer des organisations syndicales. C'est donc l'abolition de la loi Le Chapelier et le décret D'Allarde qui interdisaient les coalitions depuis 1791. Mais la grève, sous la IIIème République, est toujours considérée comme une rupture du contrat de travail, donc un motif de licenciement de fait, et souvent réprimée par la force de façon violente. La véritable reconnaissance du droit de grève tel qu'on le connait aujourd'hui, il faut attendre la libération pour l'avoir. En effet, il sera inscrit dans le préambule de la constitution de 1946, puis repris dans celle de 1958.

Aujourd'hui (et depuis un certain temps) on nous parle de service minimum. Il faut savoir que celui-ci existe déjà, dans certains secteurs. Les fonctionnaires de police, de l'administration pénitentiaire, des transmissions du ministère de l'Intérieur, de la magistrature, ou de l'armée n'ont purement et simplement pas le droit de faire grève. Les personnels de santé ou du contrôle aérien par exemple, ont bien le droit de grève mais ils font l'objet de réquisition par les Préfets pour assurer la continuité de service. Et cette continuité de service, même dans les trasnports, est un des piliers du service public en France : même les jours de grève, les trains roulent à la SNCF. On a jamais vu ces 10 dernières années le réseau ferroviaire complètement bloqué. Et surtout, les plans de circulation sont communiqués dans les gares. Mais les ministres ne semblent pas informés de cela...

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Vaguelette bleue, mais têtes grises

Louis Chauvel, sociologue qui ira loin (il est déjà bien parti), décrypte le talon sociologique des nouveaux députés et alerte sur le fait que le fossé générationnel qui se creuse dans la société se retrouve de la même manière à l'Assemblée Nationale. Très bon papier paru dans Le Monde daté du 21 juin, dont je ne peux que vous conseiller vivement la lecture. Quelques chiffres pour bien comprendre l'ampleur du phénomène :

  • "pour la première fois, les plus de 55 ans représenteront une majorité absolue : 59 % contre 48 % en 2002"
  • "l'écrasante suprématie législative des jeunes seniors de 55 à 64 ans pose question : 48 % dans l'Assemblée de 2007, 8 points de plus qu'en 2002, 24 de plus qu'en 1981."
Pour lire l'article, et en attendant que L. Chauvel le mette à disposition sur son site : >>> cliquez ici

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mercredi 20 juin 2007

De la communication en politique

Le dernier clip de campagne de Hillary Clinton vient de sortir sur le net. On la voit, avec son président de mari, dans un de ces millions de restaurants typiques qui parsèment les Etats-Unis d'Amérique, ça sent le "cliché" (en anglais dans le texte). Hillary ne sait pas quelle chanson choisir sur le juke box du bout de la table, pendant que Bill regarde son assiette un peu désolé par ce qu'il y trouve.



Nous y voila, la politique 3.0, vous voulez savoir quelles chanson Hillary va choisir ?? Mais choisissez vous-même ! Allez voter... C'est ce qu'ont fait des millions d'américains. Ma chanson est la votre, mon avis est le votre, mon projet est le votre. Ca rappelle quelque chose. Nous sommes bel et bien passés d'une démocratie de parti, de projet, à une démocratie d'opinion. Et l'utilisation du net version 2.0 est là pour l'illustrer parfaitement.

La mise en scène est digne de la meilleure série américaine (d'ailleurs les connaisseurs des Sopranos devraient apercevoir quelques clins d'oeil). Et le résultat est tombé hier :



Tout ça pour choisir Céline Dion... pffff, ça valait bien la peine.

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Danemark et TVA sociale

Le hasard fait bien les choses. Je poste deux billets, l'un sur le Danemark et l'autre sur la TVA sociale, et le correspondant du Monde pour les pays nordiques, Olivier Truc, signe aujourd'hui un papier dans Le Monde dans lequel il revient rapidement sur l'expérience danoise en la matière. En effet, l'Allemagne n'est pas le seul pays à avoir mis en place cette TVA sociale, le Danemark l'avait déjà fait au début des années 90.

Cas de force majeure
La situation du Danemark était assez particulière au début des années 90 : le chômage filait vers les 12%, leur balance commerciale était gravement déficitaire (40% du PIB), et l'impôt sur le revenu progressif tournait déjà à plein régime (plus de 50% pour le taux marginal supérieur). Rien à voir donc avec la situation française du moment, où le chômage serait en baisse, la balance commerciale dégradée mais pas à ce point là, et surtout des marges de manoeuvres du côté de l'impôt sur le revenu beaucoup plus importante. Rappelons que la TVA au Danemark représente à peine 10% des recettes fiscales, quand l'impôt sur le revenu dépasse les 50%. En France, grosso modo, c'est l'inverse : la TVA, taxe proportionnelle donc fortement inégalitaire mais censé être indolore, représente près de 50% des recettes fiscales de l'Etat. L'impôt sur le revenu, proportionnel et fortement redistributif, n'atteint pas 20%.

Que peut on retenir de l'expérience danoise ? Que la TVA sociale reste avant tout un tour de passe-passe gouvernemental pour dégager des financements en période de dépense excessive, et cela de l'aveu même de l'ancien ministre social-démocrate danois Sven Daukend. C'est une mesure protectionniste, qui plus est présentée comme telle par les membres du gouvernement français (la "taxe anti-délocalisation") pour rassurer les français après leur avoir fait peur : il y a fort à parier que nos partenaires commerciaux ne vont pas accueillir la nouvelle la bouche en coeur. En effet, il est impossible de distinguer le produit allemand ou italien, du produit chinois. En sachant que l'immense majorité de nos échanges commerciaux se font avec nos partenaires européens, je vous laisse imaginer l'ambiance au prochain Ecofin. En plus, l'effet est nécessairement limité sur la compétitivité puisque, à terme, le coût du travail devrait recommencer à augmenter.
Finalement la France ne souffre pas tant d'un déficit de compétitivité-prix, mais surtout d'une compétitivité hors-prix, compétitivité structurelle qui dépend directement de nos capacités à innover, pas à produire moins cher.

Sources : Les comptes des administrations publiques en 2006, INSEE Première

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mardi 19 juin 2007

A propos de la TVA sociale

Encore une fois, Fillon et Sarkozy paraissent bien esseulés sur la question de la TVA sociale. La réactivité de la blogosphère étant sa principale qualité, on trouve des articles économiques à la pelle pour disséquer avantages et inconvénients d'une telle mesure. Pour ceux qui veulent en savoir plus, je ne vais pas refaire un topo. Mais je dresse ici, comme un petit annuaire de liens, une liste de celles qui valent le détour :


Et ceux qui en parlaient déjà pendant la campagne des présidentielles :
Bonne lecture !

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Quand le Danemark va TROP bien

Souvent cité en exemple pour son modèle social, le Danemark semble victime de son succès. Une sorte de déséquilibre de plein-emploi est en train de s'y produire : le plein-emploi du facteur travail les conduirait à un ralentissement de l'économie. C'est ce que rapportait Olivier Truc dans l'édition du Monde daté samedi 16 juin 2007.


Tout va très bien...
Après 3.2% de croissance en 2006, le correspondant du Monde, basé à Stockholm (s'il est tout seul pour couvrir tous les pays nordiques, il a du boulot : Suède+Danemark+Finlande+Norvège = 1 155 000km²), nous rapporte que les prévisions du ministère des finances danois tablent sur 2.6% pour 2007 et 1.6% pour 2008. Les patrons râlent car la compétitivtié du Danemark à l'international s'en ressent, et un pays qui compte un peu moins de 5.5 millions d'habitant ne peut pas compter sur sa seule demande intérieure. C'était déjà le cas il y a plusieurs décennies, l'accroissement des échanges internationaux a depuis renforcé cet état de fait : hors du commerce international, point de salut à l'heure de la mondialisation.

Le taux de chômage est au plus faible (3.7%), le taux d'emploi est au plus fort (78%), les capacités du Danemark en terme de main d'oeuvre disponible sont réduites à leur plus simple expression. C'est là le résultat de la flexicurité, système qui repose sur 6 piliers :
  • Centralisation des organismes de l'emploi et de l'aide sociale sous un seul ministère
  • Code du travail très allégé, très peu d'interventions de l'Etat dans la législation
  • Licenciement très facile pour les entreprises
  • Dialogue social développé entre patronat et syndicats puissants
  • Prise en charge des salariés par l'État en cas de chômage dans des conditions avantageuses
  • Fortes incitations à reprendre un emploi pour le chômeur (obligations de formation, suivi, sanctions financières...)
Une des solutions pour le patronat : revenir sur un des piliers du système, la prise en charge des salariés par la puissance publique en cas de chômage (elle est aujourd'hui de quatre ans, avec un taux de remplacement de 90%). Mais le président de la confédération syndicale LO ne l'entend pas de cette oreille : fort de ses 1.5 millions d'adhérents, il répète que "si on touche à un des piliers, le système s'écroule".

Que faire ?
Les départs à la retraite s'effectue à 65 ans aujourd'hui et devrait être reculé à 67 ans à l'horizon 2025. Alors quoi ? On va pas dire aux jeunes d'arrêter leurs études pour entrer précocément sur le marché du travail, alors que la stratégie de Lisbonne cherche précisément à faire de l'Europe "l'économie de la connaissance" la plus compétitive du monde ! Forcer les danois à accélérer le rythme des naissances ? Aucune politique n'y est jamais parvenu, tout au mieux on décale le calendrier des naissances, et quand bien même ils y parviendraient, les effets ne se ressentiraient que dans 25 ans... Il reste une politique d'immigration de la main d'oeuvre, sujet qui fait peur dès qu'on l'évoque. Et pourtant c'est bien là une des clés de la prospérité européenne pour les décennies à venir. Mais Olivier Truc rapporte également les propos de l'économiste en chef de DI, la plus importante organisation patronale danoise : "nous avons beaucoup de mal à recruter de la main d'oeuvre étrangère à cause du très haut niveau d'imposition du Danemark". Et oui, contrairement à ce que pensait N. Sarkozy, la France n'est pas le pays d'Europe aux prélèvements obligatoires les plus élevés, ce sont les pays du Nord de l'Europe.

Mais le raisonnement du représentant des patrons danois est plutôt étrange. Car la population immigrée qui arrive en Europe pour vendre sa force de travail et trouver des conditions de vie meilleures n'est pas vraiment celle qui compare les taux d'imposition entre les pays. Elle cherche le travail là où il est, et les systèmes qui intègrent le mieux. Or le modèle danois ne repose pas uniquement sur la flexicurité. C’est un modèle sociétal complet et complexe : le haut niveau de dépenses publiques (56.3% du PIB en 2004), avec une pression fiscale élevée (TVA à 25%, fort impôt sur le revenu) permet d'assurer un niveau important de dépenses sociales (32.5% du PIB). Les systèmes sociaux y sont universels, très complets, financés essentiellement par l’impôt. Ils sont très efficaces parce que simplifiés, réformés et décentralisés, et ce par une tradition de réformes continues, une culture de la négociation, un dialogue social très élevé (taux de syndicalisation à 85%) ; le tout associé à une politique active de l’emploi, un système globalement plus égalitaire (80% de la population touche 76.5% des revenus, contre à peine 72% en France), et une priorité mise clairement sur l’éducation, la formation et la recherche... Il faut vraiment être difficile pour refuser une telle terre d'asile.

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lundi 18 juin 2007

Record de femmes !

Il y a 10 jours je revenais dans Parité en politique : la France à la ramasse sur le faible taux de représentation du sexe féminin à l'Assemblée Nationale. Au lendemain du second tour des législatives, elles sont désormais 107 à siéger au Palais Bourbon. De 13.2% on passe à 18.5% de femmes qui siègeront dans l'hémicycle pour cette XIIIe législature, ce qui n'améliore pas vraiment la situation française. Parmi elles, notons l'arrivée de Michèle Delaunay, tombeuse d'Alain Juppé à Bordeaux, et le retour de ma voisine, Roselyne Bachelot pour un quatrième mandat (88-93, 93-97, 97-2002, 2007-2012). Michèle Delaunay

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lundi 11 juin 2007

Petite pause... mais liste de lectures et consigne de vote

Je fais une pause, pour cause d'occupation importante cette semaine, et ne reviendrai que lundi prochain. Donc pas de notes d'ici là. Mais il y avait pourtant quelques sujets qui me tenaient à coeur, et dont j'aurai voulu traiter ici. Faute de temps, voici quelques liens. En quelque sorte ce sont mes "à ne pas rater" de ces derniers jours :


Par ce dernier lien je suis on ne peut plus explicite. Jamais je n'aurai cru pouvoir signer un texte coécrit par Jean-Marie Bockel, représentant de l'aile social-libérale du PS. Mais les choses ont changé, la France a changé, Nicolas Sarkozy a changé... non, ça c'est pour rire.

Il n'est plus l'heure de faire de sectarisme, de sombrer dans la guerre des courants. Il faut endiguer la vague. Je n'accepte pas le discours de certains qui consistent à dire que, parce que les urnes ont parlé (ou vont parler dimanche, mais maintenant on a le résultat à l'avance, les instituts de sondage ne se trompent plus), on ne peut contester le fait qu'avec 53% des voix à la Présidentielle, on retrouve un mois plus tard 80% de députés UMP à l'Assemblée Nationale. Je comprends la cohérence du système, la cohérence de la constitution qui veut que, dans un régime présidentiel, le Président puisse disposer d'une majorité pour appliquer son programme. Mais dans le cas actuel, la majorité devient outrance, presque inutile. Le tout renforcé par le "poison de l'inversement du calendrier" comme dit mon ami Michaël.

Surtout, la situation ne serait pas révoltante si les contre-pouvoirs pouvaient jouer leurs rôles. Mais nous sommes dans une situation où tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains de quelques uns... le neveu, l'ami, le parrain, le témoin : ils possèdent le tout Paris médiatique, ils sont les "entrepreneurs de morale" comme dit Howard Becker dans Outsiders. Depuis TF1 jusqu'à LCI en passant par France Télévision, la presse Lagardère, Dassault et Bolloré. Puissance médiatique, financière, politique... puissance totale.

Oui, le temps des idées viendra, le temps de la réactualisation du logiciel de la gauche (appuyez sur F5 sur votre clavier pour voir le nouveau parti socialiste ;-). Mais aujourd'hui, à 6 jours du deuxième tour des élections législatives, nous sommes dans l'urgence.

Le 17 juin, votez et faites voter pour le candidat de l'opposition dans votre circonscription.

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dimanche 10 juin 2007

On a trouvé le dernier économiste qui soutient Sarkozy !


Il s'agit de... Jacques Marseille !

Dans une double interview donnée à Libération, et à laquelle il répondait aux côté de Liem Hoang-Ngoc, Jacques Marseille monte au créneau pour défendre le nouveau Président. Délaissé par les économistes qui n'ont de cesse d'émettre des réserves sur les effets du "choc fiscal", qu'ils soient de droite, de gauche ou de rien (j'en parlais ), Nicolas Sarkozy a bien besoin de quelque soutien estampillé "universitaire sérieux". Marseille croyait entrer dans cette catégorie, il vient définitivement de griller ses dernières cartouches. On est déjà habitué à le voir sur France5, dans la très bonne émission C dans l'air, se prendre quelques gamelles lorsqu'il part dans des délires idéologiques plutôt que de se cantonner à son rôle d'expert économique... Jacques Marseille est très bon quand il fait son métier, c'est-à-dire de l'histoire économique. Quand il faut faire de la politique, il oublie qu'il est économiste et nous sort des énormités plus grosse que lui.

Fini le déclin...
Il est loin le temps où il fallait persuader les Français de voter Nicolas Sarkozy parce que la France (ou au moins la moitié) était en déclin, et que lui seul pouvait nous faire remonter la pente. Cela fait un mois que la noblesse a repris le pouvoir dans ce pays, et hop, "tous les indicateurs sont au vert" nous dit J. Marseille. Les Français font des gosses, achètent des maisons, créent des entreprises, sont attractifs, tellement que la France est le deuxième pays en Europe à recevoir des investissements étrangers. Oui mais voilà, ce que J. Marseille oublie de dire, c'est que dans un passé récent, elle était le premier. Encore que, cele ne veut pas dire grand chose : parle-t-on du nombre de projets étrangers en France, du nombre d'emplois créés, ou de la valeurs des capitaux entrés sur le territoire français ?

Deux France
Il y aurait donc deux France pour Jacques Marseille, dans le plus pur schéma sarkoziste : celle qui se lève tôt et l'autre, celle qui est protégée, assistée, immobile et conservatrice et l'autre... dynamique, aiguillonée par la concurrence, compétitive, et attractive. Ne deviens pas fonctionnaire, malheureux, tu ferais partie de ces 22% d'actifs qui n'ont d'actifs que le nom !! La réponse au problème du chômage en France est simple pour Jacques Marseille : "pour gagner la bataille de l'emploi, il faut baisser la dépense publique, en supprimant massivement des postes de fonctionnaires (...). C'est très facile à faire". Si, si, je vous jure, il a bien dit ça, allez voir de vos propres yeux si vous n'y croyez pas. Ce que Marseille passe à la trappe encore une fois, c'est que dans les premières raisons énoncées par les investisseurs étrangers en France, la qualité de ses fonctionnaires est largement reconnue. Même la presse d'opinion étrangère, The Economist, journal qui avait pris position pour Sarkozy et qui défend l'idée que la France a besoin d'une Margaret Thatcher (autant dire que ce ne sont pas les derniers des gauchistes), reconnait la qualité des fonctionnaires français :
"[France] public sector may be bloated and its tax burden excessive, yet the quality of its public officials is widely admired".
The Economist, 28 octobre 2006
"Widely admired", c'est autre chose que le "considered seriously" de N. Sarkozy au G8 jeudi dernier. Au passage, on a aperçu les capacités linguistiques de notre Président. Notons qu'en anglais l'adverbe se place avant le verbe, et non l'inverse...

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vendredi 8 juin 2007

La Chine va-t-elle racheter la planète ?

Cette semaine, un petit article dans Les Echos passerait presque inaperçu... et pourtant le titre est ravageur : La Chine prête à racheter le monde. Comment est-ce possible ? La menace qui pèse sur l'économie mondiale est-elle avérée ? Le gouvernement chinois est-il en passe de bousculer durablement les (des)équilibres économiques mondiaux ? Quelques notions de macroéconomie pour comprendre les enjeux financiers de demain.

La plus grosse réserve de change du monde
Pour comprendre ce qu'est une réserve de change, un petit peu de théorie. Imaginons un pays avec trois secteurs institutionnels : les entreprises, les ménages et l'Etat. Chacun épargne de l'argent, chacun investit. Mais parmis ces trois agents, deux sont structurellement en besoin de financement, les entreprises et l'Etat : cela signifie que leur épargne ne suffit pas à couvrir leur investissement. Ils doivent emprunter. Ils empruntent auprès du troisième secteur, les ménages, qui eux sont en capacité de financement (Epargne > Investissement). Clairement, en 2005, les entreprises dégageaient un besoin de financement de 50 milliards d'€ et les ménages une capacité de financement de 53 milliards d'€. Oui mais voilà, les administrations publiques étaient elles en besoin de financement de 52 milliards. Notre économie nationale était donc globalement en besoin de financement. Que faire dans ce cas là ? Se tourner vers le reste du monde.

Les Etats-Unis ont ceci de particulier que les ménages consomment beaucoup et n'y épargnent quasiment pas. Plusieurs explications à cela : nombreuses facilités d'emprunt, marchés financiers particulièrement fluides, innovations financières qui font privilégier des actifs liquides... Les ménages dégagent donc, eux aussi, un besoin de financement. Quand tout le monde tire dans le même sens, le déficit se creuse et le besoin de financement des Etats-Unis vis-à-vis du reste du monde est colossal et continue d'augmenter. Les pays en capacité de financement achètent des obligations émises par les Etats-Unis. Le Japon a longtemps été le premier prêteur des Etats-Unis. Il a été doublé par la Chine, dont les réserves de change ne sont pas moins colossales (elles dépasseraient les 1200 milliards de $).

Le communisme n'est plus ce qu'il était...
Un peu d'ironie ça fait pas de mal. Comme le remarque justement Nathalie Halpern, la journaliste des Echos, Mao aurait surement profité de ce trésor pour déstabiliser le billet vert et par la même le capitalisme mondial. Mais la République populaire de Chine n'est plus ce qu'elle était. Aujourd'hui elle estime que le placement de ses réserves ne lui rapporte pas assez, et décide de créer un fond d'investissement afin de pouvoir prendre des participations dans des entreprises et investisseurs étrangers et améliorer la rentabilité financière de ses réserves. Le capitalisme semble avoir du bon pour Hu Jintao. Son premier achat : 10% de Blackstone, un puissant fond d'investissement américain. Avec 300 milliards de $ dans un premier temps, l'agence créée par Pékin pourrait acheter WalMart et GénéralMotors d'un coup !

De prêteuse des Etats-Unis, la Chine pourrait devenir "propriétaire de la planète" à en croire certains spécialistes, au risque de provoquer une guerre économique. Et pendant ce temps, les inégalités continuent de croitre au pays du soleil levant. Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, déclarait en juillet 2006 :
"Un Martien qui contemplerait aujourd'hui les flux d'épargne mondiaux ne pourrait manquer d'être étonné devant le spectacle qui s'offrirait à lui : celui de 1,2 milliards de Chinois "pauvres", avec un revenu moyen de 900 dollars par an qui, individuellement, prêtent chaque année selon les sources de 100 à 170 dollars – c'est – à – dire 12 à 20% de leur revenu - à des résidents américains, dont le revenu est quinze fois supérieur au leur".
Déjà que pour nous c'est dur à comprendre, pauvres Martiens...

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jeudi 7 juin 2007

Quand Nicolas Sarkozy croyait faire consensus

Rappelons-nous, pendant la campagne présidentielle, le candidat Sarkozy n'avait pas froid aux yeux. Il affirmait sur les télés, avec un ton péremptoire, qu'il y avait "consensus chez les économistes pour dire que son programme est le meilleur". Philippe Askenazy nous en parlait au mois d'avril.

Le consensus semble avoir disparu. Plus un économiste n'ose signer un papier pour vanter les mérites de ces mesures. Et Olivier Bouba-Olga fait le tour de ceux qui vilipendent des réformes couteuses, pour certaines injustes, et probablement peu efficace, qu'ils aient été soutien de Sarkozy ou non pendant la campagne.

Comme le temps me manque en ce moment, je ne vais pas me lancer maintenant dans des explications sur la portée de ces réformes. Mais voici une petite revue de blogs qui devrait vous permettre de vous faire une idée.


Bonne lecture !

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mercredi 6 juin 2007

Parité en politique : la France à la ramasse

L'Observatoire des Inégalités a publié hier sur son site une petite note très intéressante : La représentation des femmes dans les parlements mondiaux... histoire de prendre la mesure de notre retard en la matière.

Il en ressort qu'en Europe le Top 5 est celui que l'on retrouve souvent : Suède, Norvège, Finlande, Danemark, Pays-Bas. Les pays du Nord, toujours en avance sur la musique, ne parviennent pourtant pas à atteindre la parité synonyme de représentation plus fidèle du peuple ; la Suède dépasse tout juste les 47%.

577 députés dont 506 hommes pour la XIIe législature
Et la France dans tout ça ? Détachée du peloton, elle se retrouve à 12,3% avec 71 femmes pour 577 députés, au même rang que la Slovénie. Seuls la Roumanie, la Hongrie et Malte font pire... honte sur nous. Un malheur ne venant jamais seul, le classement est établi en ne prenant compte que des assemblées dont les membres sont élus au suffrage universel direct (ce que l'on comprend très bien pour la cohérence et la pertinence d'une telle étude comparative). Cela signifie que les chiffres du Sénat français ne sont pas pris en compte, chiffres qui sont meilleurs que l'Assemblée Nationale (59 Sénatrices sur un total de 331 sénateurs soit 17.8 %). Au passage on égratigne l'idée reçue selon laquelle le Sénat serait un repère de vieux croulants machos.

A l'échelle de la planète, c'est pas beaucoup mieux puisque la France, pays dont le mot "Egalité" figure au fronton des mairies et des écoles, se contente du 104e rang mondial (sur les 189 pays classés) !!! Ainsi il y a proportionnellement plus de femmes dans les parlements du Bengladesh, du Soudan ou de la Chine qu'en France. Evidement, nous faisons mieux que l'Arabie Saoudite et son 0%... Mais il n'y a vraiment pas de quoi s'en réjouir, que l'on soit Français ou Saoudien.

Les prochaines legislatives vont elles permettre de rééquilibrer un tant soit peu les choses ? On peut en douter. Il n'y a déjà pas 50% de candidates. Parmis ses candidats, le PS compte pratiquement 48% de candidates, ce qui devrait lui faire éviter les pénalités conséquentes à la loi sur la parité (une fourchette de 2% sous la barre des 50 est en effet tolérée). L'UMP quant à elle devrait parvenir à effleurer la barre des 30%. L'UDF-MoDem, mauvais élève en 2002 avec moins de 20%, atteindrait 38%. Il est à noter que cette progression est surtout due à un travail idéologique de longue haleine au sein des partis, mais également à l'application de la parité dans les parlements locaux qui ont vu leur proportion de femmes progresser fortement. Ainsi les régions et les communes de plus de 3500 habitants comptabilisent plus de 45% de conseillères. C'est donc une génération de femmes politiques qui disposent d'une expérience, d'une compétence et d'une notoriété sur leurs territoires plus importantes qu'auparavant. Et ce point n'est pas le moins significatif, alors que les femmes sont toujours injustement discréditées quant à leurs capacités à gérer les affaires publiques. J'en veux pour preuve les débats parfois hallucinants lors de l'adoption de la loi sur la parité, ou plus récemment le doute permanent qui pesait quant aux compétences de Ségolène Royal.

A lire également, en attendant une mise-à-jour, dans les publications de l'INED
Population & Sociétés, La parité hommes/femmes en politique : bilan et perspective, n°377, mars 2002.

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lundi 4 juin 2007

Pierre Bourdieu a ressuscité...

...et je ne sais pas trop quoi en penser.

C'est à la mode il faut croire. Après l'ancien Président de la République, le sociologue est revenu lui aussi de la mort à la vie, et c'est ici : http://pierrebourdieu.hautetfort.com
A la mode la résurection donc, à la mode de faire parler les morts. Avant c'était tabou, "faire parler les morts", c'était mal. Maintenant on s'en amuserait presque. Les usurpateurs - puisque c'est bien de cela qu'il s'agit - vont jusqu'à (tenter de) copier le style d'écriture des usurpés. Ainsi on retrouve sur le blog de Pierre Bourdieu son style particulier et reconnaissable, des paragraphes-phrases, qu'on lit une première fois sans respirer, puis une seconde pour décortiquer, une troisième pour recoller les propositions entre elles, et une quatrième pour être sûr d'avoir compris. Amusant donc.

Et puis ensuite un sentiment bizarre, la peur de confondre. "J'ai lu un truc de Bourdieu"... Oui mais lequel ? Celui du blog ? Ou le "vrai" ? Quel Pierre Bourdieu a dit quoi ?

Se poser alors les bonnes questions : qui parle ? d'où parle-t-il ? pourquoi a-t-il intérêt à parler comme cela ? Finalement quels sont les ressorts de l'action, la motivation qui pousse à utiliser l'identité d'un mort, à singer son style ? Ici il s'agit de commenter l'actualité du nouveau Président, son discours, son habitus, sa place dans le champ, à la manière de Bourdieu. Finalement ça dérange. Pourquoi se faire passer pour un mort à ce moment là ? Pourquoi ne pas simplement utiliser un pseudonyme comme tant d'autres sur la toile ? Surtout que les premiers textes sont plutôt bien écrits et particulièrement sensés. Sans parler du fait que je ne suis pas sûr que le principal intéressé, le vrai Pierre Bourdieu, aurait particulièrement apprécié l'initiative...

Bref, toutes ces histoires de résurrection, ça me rappelle une réplique dans La sociologie est un sport de combat. A un moment du film, lors d'une conférence en public, une personne prend le micro pour répondre à ceux qui questionnaient le sociologue sans relache : "Oh, c'est pas Dieu, c'est Bourdieu". On va finir par en douter.

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samedi 2 juin 2007

Travailler plus... pour mourir

Période de travail intense oblige, je ne peux contribuer à ce blog que de manière épisodique. Je promets de m'y remettre sérieusement dans quinze jours. Et à propos de travail, et comme la mode est au "travailler plus pour gagner plus", je trouve cette info assez intéressante : au Japon il existe le karoshi ou littéralement, la mort par surménage. C'est un phénomène reconnu depuis 1987 par le ministère de la santé, au Japon. Lisez plutôt ce court entrefilet paru dans Le Monde daté du 20 mai.
Le nombre de décès liés à un excès de travail a augmenté de 7,6 % en 2006, a indiqué, jeudi 17 mai, le ministère nippon de la santé. L'an dernier, 355 employés sont tombés gravement malades ou sont décédés (dont 147 d'une crise cardiaque ou d'une attaque cérébrale) et 819 ont été victimes de troubles mentaux qui ont conduit à 176 cas de suicide ou tentative de suicide. Pour prévenir ce qu'elles considèrent comme un fléau social, les autorités japonaises encouragent les employés à prendre des congés pour se consacrer à leur famille et à recourir au télétravail.

Le gouvernement japonais a par ailleurs lancé une campagne visant à inciter les salariés à limiter le recours aux heures supplémentaires... aux antipodes de la France.

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