jeudi 4 septembre 2008

Jedi's links [14]

Le jeudi c'est recyclage. Pas mal de sociologues médiatiques en ce moment, les liens d'aujourd'hui pointent vers la presse, et touchent à divers domaines de la sociologie.

Sociologie de l'éducation : Agnès Van Zanten est interviewée dans Le Figaro à propos du détricotage de la carte scolaire par Xavier Darcos. La sociologue confirme qu'une vision libérale de l'affectation des élèves dans les établissements scolaires (liberté de choix donnée aux familles) va a l'encontre de la mixité sociale. En effet les classes modestes pour l'instant n'usent pas autant que les autres des dérogations à la carte scolaire permises par le ministre. Manque d'informations, ou manque de moyens pour envoyer des enfants plus loin du domicile familial, toujours est-il que les plus avantagés dans l'histoire sont les classes moyennes. On retrouve par exemple les enseignants qui, parfaitement informés sur le système, profitent encore plus des dérogations. Ou quand une réforme provoque l'exact contraire de ce que l'on attendait d'elle...

Sociologie de la famille : c'est dans La Croix, ça parle de la gestion de la rentrée scolaire et du temps social par les familles. Les sociologues interrogés sont le quebecois Gilles Provonost et le français Patrick Cingolani (pour une fois, ça nous change de Kaufman et Cingly). Toutefois le quotidien catholique ne nous apprend pas grand chose de nouveau. Il faut réserver suffisement de temps à ses enfants pour bien les éduquer... Pas révolutionnaire.

Sociologie du travail et de l'emploi : A propos du RSA (encore !), Libération met en parallèle les critiques qui fusent du côté des économistes quant au financement de la réforme (cf. le billet de Piketty de lundi dans le même Libé) et les critiques de Noëlle Burgi, sociologue au CNRS, qui craint que le RSA ne vienne renforcer l'institutionnalisation d'un marché du travail secondaire, qui alimente le précariat (cf Robert Castel, La société du précariat) et la stigmatisation des "mauvais pauvres". Soit dit en passant, celle-ci a déjà commencé, il n'y a qu'à écouter le président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale, Jean-François Copé, dans une interview donné au journal Le Monde hier :

Nous voulons renforcer la qualité de l'accompagnement personnalisé et veiller à la mise en oeuvre effective de sanctions pour ceux des bénéficiaires qui ne joueraient pas le jeu.
La sanction en objectif 1bis, on avait bien compris.

Sociologie de l'engagement étudiant : des sociologues sur les campus québecois s'intéressent au pourquoi de la désafection du militantisme étudiant. C'est sur le site de l'Université de Montreal. Apparement si les étudiants ne militent plus, c'est que leur rationalité instrumentale a pris le pas sur leur côté "expressif" (vous lirez l'article pour en savoir plus sur les étudiants expressifs, et Max Weber pour la rationalité instrumentale). Et l'étude de Jacques Hamel (qui a associé méthodes quanti et quali pour parvenir à son but) confirme des intuitions que tout militant étudiant a pu ressentir : un campus sans lieu central qui attire et retient les étudiants n'est pas propice au militantisme, tout comme l'absence de sentiment d'appartenance à l'institution. Les nouveaux campus numériques viennent clairement renforcer cette tendance...

Les québecois sont à l'honneur, et c'est tant mieux. Moi aussi, "je me souviens".

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Si je peux me permettre une petite rectification : "Ou quand une réforme provoque l'exact contraire de ce que l'on faisait semblant d'attendre d'elle"...

Le système est en plus celui qui prévalait jusqu'en 2002 pour l'entrée en prépas, dont tou le monde se plaignait et heureusement changé depuis - je me demande bien comment on a pu le reprendre pour un enjeu autrement plus important.

Et la stratégie des voeux à choisir et hiérarchiser avantage nettement les insiders (profs notamment) ou bien renseignés (parce qu'ayant la volonté ou les moyens de se bien renseigner). J'ai du mal à croire que les réformateurs n'y aient pas pensé.