Du luddisme à la SNCF ?
Ce matin l'info en tête de gondole c'était le "sabotage coordonné" de lignes grande vitesse aux quatre coins de la France (ou plus précisément de l'étoile ferroviaire). Comme un non dit, le doute planait : était-ce des cheminots qui avaient volontairement dégradé leur propre outil de travail (encore que les infrastructures ferroviaires sont entretenues par Réseau Férré de France, mais on ne va pas rentrer dans les détails) ? La dégradation de l'outil de travail, le luddisme, n'est pourtant pas dans la culture ouvrière française, et encore moins dans la culture cheminotte, très attachée aux machines et aux voies. D'ailleurs le mot "Cheminot" qui apparait dans la deuxième moitié du XIXè siècle désignait précisément ceux qui construisaient et entretenaient les voies, les chemins de fer. Et aujoud'hui le terme désigne tout employé de la SNCF, roulants comme sédentaires. Petite histoire du luddisme, et retour sur la notion de sabotage...
Du sabotage...
Il est assez curieux que la direction de la SNCF ait employée le terme de "sabotage" pour décrire les exactions commises cette nuit. Historiquement le saboteur était un employé des chemins de fer qui, dans les gares de triage, posait des sabots de bois sur les voies pour ralentir le mouvement des wagons lorsqu'ils n'étaient pas accrochés à une loco. Toujours dans l'histoire des chemins de fer, l'action de sabotage (au sens où on l'entend aujourd'hui) consistait pour les cheminots résistants à l'occupant pendant la seconde guerre mondiale, à dégrader les infrastructures ferroviaires de manière à empêcher la déportation de juifs, à retarder le ravitaillement des occupants, etc. Cf la photo qui illustre le billet. A l'heure où Nicolas Sarkozy met en avant le courage du jeune résistant communiste Guy Môcquet, il est curieux qu'un terme qui, de plus, trouve une connotation positive dans l'histoire des chemins de fer se retrouve utilisé pour qualifer les dégradations. Les "casseurs" assimilés à des "héros résistants", seraient opposés à la réforme des régime spéciaux, donc en résistance contre le gouvernement ? L'emploi du terme à rajouté à la suspicion. Mais il faut bien reconnaître qu'il n'existe pas énormément de synonymes, donc de solutions alternatives pour les nommer.
... au luddisme.
Casser son outil de travail, cela porte un nom, c'est le luddisme. Tiré du nom de Ned Ludd, ouvrier du textile en Grande Bretagne en pleine révolution industrielle, qui aurait détruit des métiers à tisser, les machines étant accusées de détruire des emplois. On retrouve ici la peur du machinisme et plus globablement des innovations technologiques, idée que Joseph Alois Schumpeter a combattu en affirmant que le processus d'innovation consistait en une destruction-créatrice (ou création-destructrice mais c'est un autre débat). Les destructions d'emplois sont compensées par des créations nouvelles liées précisément aux nouvelles technologies, en amont comme en aval de celles-ci (il faut des gens pour les construire, les faire fonctionner, les entretenir, et pour assurer des débouchés nouveaux offerts par l'arrivée de ces machines). Mais le luddisme n'est guère employé en France, si ce n'est la révolte des canuts à Lyon en 1831, lorsque les tisseurs font arrêter les métiers à tissers parfois par la force.
Détruire l'outil de travail est un moyen d'action exceptionnel, qui est utilisé lorsque la négociation est totalement bloquée, et que les autres moyens de contestation ont tous été utilisés (souvenez-vous les salariés de Cellatex menaçant de faire exploser leur usine de produits chimiques et d'entraîner ainsi la pollution extrême d'une rivière dans les Ardennes). Or le round de négociations ne fait que commencer à la SNCF. On peut alors se demander à qui profite le crime... et rappeler que pour l'instant, rien ne prouve que ce sont des cheminots qui ont saccagé les LGV.
Du sabotage...
Il est assez curieux que la direction de la SNCF ait employée le terme de "sabotage" pour décrire les exactions commises cette nuit. Historiquement le saboteur était un employé des chemins de fer qui, dans les gares de triage, posait des sabots de bois sur les voies pour ralentir le mouvement des wagons lorsqu'ils n'étaient pas accrochés à une loco. Toujours dans l'histoire des chemins de fer, l'action de sabotage (au sens où on l'entend aujourd'hui) consistait pour les cheminots résistants à l'occupant pendant la seconde guerre mondiale, à dégrader les infrastructures ferroviaires de manière à empêcher la déportation de juifs, à retarder le ravitaillement des occupants, etc. Cf la photo qui illustre le billet. A l'heure où Nicolas Sarkozy met en avant le courage du jeune résistant communiste Guy Môcquet, il est curieux qu'un terme qui, de plus, trouve une connotation positive dans l'histoire des chemins de fer se retrouve utilisé pour qualifer les dégradations. Les "casseurs" assimilés à des "héros résistants", seraient opposés à la réforme des régime spéciaux, donc en résistance contre le gouvernement ? L'emploi du terme à rajouté à la suspicion. Mais il faut bien reconnaître qu'il n'existe pas énormément de synonymes, donc de solutions alternatives pour les nommer.
... au luddisme.
Casser son outil de travail, cela porte un nom, c'est le luddisme. Tiré du nom de Ned Ludd, ouvrier du textile en Grande Bretagne en pleine révolution industrielle, qui aurait détruit des métiers à tisser, les machines étant accusées de détruire des emplois. On retrouve ici la peur du machinisme et plus globablement des innovations technologiques, idée que Joseph Alois Schumpeter a combattu en affirmant que le processus d'innovation consistait en une destruction-créatrice (ou création-destructrice mais c'est un autre débat). Les destructions d'emplois sont compensées par des créations nouvelles liées précisément aux nouvelles technologies, en amont comme en aval de celles-ci (il faut des gens pour les construire, les faire fonctionner, les entretenir, et pour assurer des débouchés nouveaux offerts par l'arrivée de ces machines). Mais le luddisme n'est guère employé en France, si ce n'est la révolte des canuts à Lyon en 1831, lorsque les tisseurs font arrêter les métiers à tissers parfois par la force.
Détruire l'outil de travail est un moyen d'action exceptionnel, qui est utilisé lorsque la négociation est totalement bloquée, et que les autres moyens de contestation ont tous été utilisés (souvenez-vous les salariés de Cellatex menaçant de faire exploser leur usine de produits chimiques et d'entraîner ainsi la pollution extrême d'une rivière dans les Ardennes). Or le round de négociations ne fait que commencer à la SNCF. On peut alors se demander à qui profite le crime... et rappeler que pour l'instant, rien ne prouve que ce sont des cheminots qui ont saccagé les LGV.
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