Mettre un mot pour un autre c'est changer la vision du monde social
Ce matin sur France Inter, Jean-Pierre Raffarin était l'invité de Nicolas Demorand. Il est revenu longuement sur la situation financière de la France suite aux quelques mots "maladroits" prononcés par François Fillon en fin de semaine dernière. Je ne reviendrai pas ici sur les imprécisions économiques dont à fait preuve l'ex Premier Ministre, mais sur son point de vue sur la politique française, qui s'attache trop aux querelles de mots, et pas assez au débat d'idée, selon lui. C'est assez intéressant qu'un homme politique dise y-en-a-marre-de-jouer-sur-les-mots, alors que la politique c'est justement ça, utiliser des mots pour faire passer des idées. Sans mots, pas d'idées, puisqu'il serait impossible de les nommer. Bref, cette bizarrerie Raffarinesque me renvoit en échos des paroles prononcées avant ma naissance par Pierre Bourdieu :
Si le travail politique est essentiellement un travail sur les mots, c'est que les mots contribuent à faire le monde social. En politique, rien n'est plus réaliste que les querelles de mots. Mettre un mot pour un autre c'est changer la vision du monde social, et par là, contribuer à le transformer.Extrait d'un entretien avec Didier Eribon, Libération, 19 octobre 1982.
2 commentaires:
Pour aller dans le sens de votre propos, il me semble que les discours en vogue sur l'amélioration du "pouvoir d'achat" permettent en partie d'oublier une autre question, celle de la hausse des "salaires". Le raisonnement en termes de pouvoir d'achat tend à remplacer le raisonnement en termes de salaire. Une certaine "vision du monde social", celle d'une société conflictuelle, traversée par des rapports de force, en particulier entre employeurs et employés n'est-elle pas ainsi passée à la trappe ?
Très jolie photo,, bravo!
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