lundi 29 novembre 2010

Quand la Suisse et les USA sont aux antipodes.

Les géographes pensaient que le point antipodal de Washington tombait dans l'océan Indien. Que nenni, il se situe quelque part entre les Alpes et l'Autriche.

Hier, la moitié des Suisses en âge de voter se sont déplacés dans le cadre de référendums d'initiative populaire. Dans les media français on parle beaucoup du "Oui au renvoi des criminels étrangers" mais peu du "Non à plus de justice fiscale". Pourtant, 58.5% des bulletins ont exprimé une opposition à l'idée d'une légère augmentation de l'impôt des très riches et d'une limitation de la concurrence fiscale entre cantons.

Pendant ce temps, outre atlantique, des grosses fortunes font savoir qu'elles aimeraient bien payer plus d'impôt ! En effet les initiatives allant dans ce sens se multiplient comme le rapporte l'AFP dans une dépêche parue ce matin. Le projet "Responsible Wealth" de l'association United for a Fair Economy par exemple, réunit plusieurs centaines de millionnaires qui militent pour des hausses d'impôt ! Au pays de Laffer, c'est assez intéressant pour être noté.

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vendredi 26 novembre 2010

"Puisqu'on est jeune et con, puisqu'ils sont vieux et fous"

L'institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire a rendu public dernièrement les résultats d'une étude menée en 2008 sur les valeurs et la participation politique des jeunes. Si l'étude confirme le fait que les jeunes sont en en général plus engagés dans les formes protestataires de participation politique (manifestation, pétition, boycott, etc) que dans la participation conventionnelle (comprendre le vote), et qu'il existe de grandes différences de pratiques en fonctions du niveau d'étude, on apprend que les jeunes de 2008 sont plus politisés que leurs prédécesseurs de 1999, de 1990 et même de 1981.

Source : enquêtes Valeurs. Arval-INJEP

Dans ce tableau, c'est finalement la dernière ligne qui est la plus instructive, c'est à dire les non-réponses. Alors qu'en 1999 près d'un jeune sur quatre refuse de se positionner sur l'échiquier politique, en 2008 on n'en compte moins d'un sur 10. Les hypothèses sont nombreuses. Effet Internet ? on posera la question à Dominique Cardon samedi prochain. Effet de calendrier ! CPE ? Présidentielle ? En 2008 au moment de l'enquête Nicolas Sarkozy est président depuis moins d'un an alors que les précédentes enquêtes étaient plus éloignées des élections présidentiels, scrutins qui voient une participation accrue des jeunes comparativement aux autres scrutins.

Source :
Bernard Joudet, "Des jeunes davantages impliqués et plus protestatires", Jeunesses études et synthèses, INJEP, novembre 2010.

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mercredi 24 novembre 2010

Réforme fiscale et évasion des riches...

Il ne s'agit pas de la France. Mais de la Suisse !

Le Matin s'interroge sur les risques d'évasion fiscale des foyers helvétiques les plus riches. Le 28 novembre les Suisses sont amenés à se prononcer par votation sur une proposition du PS suisse : pour ou contre le relèvement du taux marginal à 22%, et rappel du principe de non dégressivité de l'impôt direct (le taux moyen ne peut diminuer lorsque les revenus augmentent).

Alors que la mesure était plutôt bien accueillie par l'opinion publique il y a encore quelques jours, les sondages s'inversent. Affaire à suivre...

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vendredi 19 novembre 2010

"Fées du logis"

On va finir par croire que ce blog est entièrement consacré à la question du ménage. Juste cette petite brève pour signaler une info lue sur www.ouest-france.fr.

Je ne connaissais pas ce Paul Lapie, que la journaliste dit sociologie. Quelques rapides requêtes Google nous indique qu'il n'en était pas vraiment un, plutôt un philosophe, qui a terminé Recteur de l'académie de Paris. Pédagogue, il est à l'initiative des filières que l'on nommerait technologique et professionnelle actuellement.

Une entreprise française met à la disposition de ses clients « 2 500 femmes de ménage dynamiques et motivées ». Elle organise aujourd'hui, à Paris, la finale d'une compétition interne, qui ressemble fort aux anciens concours de « Fées du logis ». Retour en arrière...
En 1908, le sociologue français Paul Lapie s'inquiétait de l'arrivée de nouveaux appareils qui facilitaient les tâches domestiques : « À toute diminution du rôle de la ménagère a correspondu une désagrégation de la famille. » Sans doute effrayées par une telle prédiction, les Françaises sont devenues de parfaites « femmes d'intérieur ».

Dès 1936, elles participent au Concours de la meilleure ménagère (lié au Salon des arts ménagers, à Paris), remercient tous les jours Paulette Bernège, fidèle disciple du « Mouvement des sciences domestiques » américain. Sa Méthode (éditions Dunod, 1928) permet de mieux organiser le temps consacré au repassage, à la cuisine, au nettoyage, aux enfants...

Stop ! Ont dit les femmes, dans les années 1960, sans réussir à lâcher complètement les rênes des tâches domestiques. Résultat, on voit revenir par la bande, les concours « Fées du logis » : en juin, à Ribeauvillé (Alsace) ; il y a quinze jours, à Trouville (Calvados)... Le coup de balai n'a pas été assez énergique.

Christelle GUIBERT.

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mardi 2 novembre 2010

Inégalités Hommes/Femmes : dans les têtes et dans les agendas.

Alors que se tenait il y a quelques jours à Paris l'Assemblée Générale constituante de l'association Osez Le Féminisme, le contenu de ma boîte aux lettres et le dernier numéro de la revue Travail, Genre et Société m'indique que cette jeune association a encore du pain sur la planche !


La répartition des tâches domestiques, l'éternelle inégalité ?
Dans le dernier numéro de la revue Travail, Genre et Société, Rachel Silvera signe un article qui dresse un panomara non exhaustif mais très intéressant de ce qui se fait au niveau communautaire en matière de politiques publiques visant à améliorer la "conciliation" entre vie familiale et vie professionnelle des femmes. Au détour d'un paragraphe elle rappelle les résultats d'une étude Eurostat de 2006 qui indiquait l'état du déséquilibre dans la répartition des tâches domestiques un peu partout en Europe.

D’importantes différences existent : entre la Suède, où [les femmes] effectuent environ 50 % de plus de tâches domestiques que les hommes et… l’Italie et l’Espagne où l’écart est de 200 % ! On pourrait penser que les hommes compensent ce faible temps domestique par un surinvestissement dans la sphère professionnelle. Mais c’est loin d’être le cas : si l’on prend en compte le temps contraint – c’est-à-dire le temps domestique et le temps professionnel – il n’y a que trois pays où ces temps sont équivalents entre hommes et femmes (Suède, Royaume-Uni et Pays-Bas). Autrement dit, même lorsque le travail à temps partiel ou les congés parentaux réduisent l’activité professionnelle des femmes, l’équilibre dans les temps sociaux ne se repère pas : les hommes gardent davantage de temps « libre », du temps pour eux-mêmes, quels que soient les modèles sociaux.



Mais pourquoi les femmes préfèrent-elles le ménage ?
Mais oui, pourquoi ? 200% de tâches domestiques de plus que les hommes, c'est plus un fardeau, c'est un hobby...

Coïncidence du calendrier, le mois de novembre est la période de distribution des catalogues de jouets pour Noël dans nos boites aux lettres. Et là, tout s'éclaire. Pour mener à bien l'expérience, j'ai gardé deux catalogues, pour comparer : Carrefour et Casino. Et finalement les deux sont quasi-identiques. Dès le sommaire, chez l'un comme chez l'autre, on retrouve une différentiation sexuée des jouets. "Les filles" d'un côté, "les garçons" de l'autre, y en a 20 pages pour chacun. Une dominante de couleur froide, bleue la plupart du temps, pour les garçons. Une dominante de rose chez les filles. On ne coupe pas au stéréotype de couleur, pour savoir pourquoi le bleu, pourquoi le rose, allez faire un tour du côté de chez Michel Pastoureau, il vous expliquera.

Et on tourne les pages. Pour les garçons : des voitures, des tractopelles, des grues, des trains, des hélicoptères et le quad de SpiderMan... Bref que des objets qui, dans la réalité, n'ont pas leur place à l'intérieur d'une maison. Chez les filles maintenant. Des poupées, des bébés à soigner, des petits animaux (rien à voir avec les dragons et les rhinocéros), des robes de princesses, des poussettes, des landaus, et finalement, la page qu'on préfère : les jouets Smoby. La caisse-enregistreuse, la cuisine, le chariot, le lave-vaisselle et la nouveauté de l'année... le clean service.



Avec le petit commentaire qui va bien : "Super, ton chariot pour faire le ménage dans toute la maison". Si on prête attention au reste de la page, on se rend compte qu'un petit garçon a fait son apparition. Bizarre, dans une rubrique réservée aux filles. Oui mais à bien y regarder il occupe une position bien particulière



Monsieur est médecin évidemment, pas hôtesse de caisse. Il semblerait que Smoby n'ait pas encore intégré que cela fait plus de 20 ans qu'il y a plus de jeunes femmes que de jeunes hommes dans les filières médicales de nos universités.

Bref, toute la panoplie de la ménagère est disponible "dès trois ans" pour les petites filles. La socialisation des enfants passe par l’imitation et le jeu de rôle pour s'identifier aux rôles sexués que la société assigne aux individus. La répartition des tâches entre les adultes ne changeant qu'à la marge, les fabricants de jouets ne font que répondre à une demande sociale : fournir les outils de la reproduction des rôles sociaux. Et si on changeait les jouets pour changer la société. Il y a 40 ans, Ellena Gianini Belotti écrivait "Du côté des petites filles" pour expliquer l'influence des conditionnements sociaux sur la formation du rôle féminin et ce dès la petite enfance. Il faut croire que la société n'a pas beaucoup avancée depuis les années 1970.

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