Rationalité limitée
Signalons la naissance d'un nouveau venu dans la blogosphère économique, qui répond au doux nom de Rationalité limitée. Cela va me permettre de tenter une petite explication de ce concept très présent dans les travaux qui ont trait à l'économie institutionnelle.
On a coutume de présenter l'économie comme la science des choix. Dans l'analyse néo-classique, modèle de base de l'économie mainstream d'aujourd'hui, les individus réalisent des choix sous contrainte mais disposent pour ce faire d'une rationalité substantielle. En clair, la théorie considère que les agents économiques sont capables d'effectuer des choix rationnels car ils disposent parfaitement de toute l'information disponible. Dans ce cas, nul doute que les individus optent pour les meilleures décisions possibles.
Herbert Simon, économiste américain (1916-2001) aussi prolixe qu'inclassable (les deux sont liés), va s'intéresser de très près aux problèmes de la décision dans les organisations, aux limites qui pèsent sur la rationalité des décideurs en situation d'incertitude. C'est en 1957, dans Models of Man qu'il synthétisera ses travaux de recherche sur la rationalité, et qu'il exposera son concept de rationalité limitée ("bounded rationality").
Le décideur se distingue alors de l'homo oeconomicus pour Simon, qui en profite pour égratigner au passage les théories de la rationalité parfaite, puisqu'il doit faire face à deux problèmes : l'imperfection de l'information et ses capacités de calculs limitées par le cerveau humain lui-même (touche à tout, Herbert Simon va se passionner pour les apports que représentent l'informatique mais également les sciences cognitives, psycho-cognitive et économie expérimentale, on le considère comme un fondateur de la recherche en intelligence artificielle).
De par l'imperfection de l'information, le décideur n'est jamais en capacité de connaître l'ensemble des alternatives qui s'offrent à lui, ni même les conséquences de ces choix. De plus il manque de temps et son cerveau n'est pas en capacité de traiter l'information pour optimiser véritablement ses choix. Pour Simon le processus de décision est donc séquentiel : le décideur, à partir d'un but qu'il se fixe et d'une idée des moyens dont il dispose pour y parvenir (c'est en cela que l'on parle de rationalité), va opter pour la première décision satisfaisante ("satisficing") qui s'offre à lui, sans savoir s'il s'agit de la décision optimale, c'est-à-dire la plus efficace pour faire simple. C'est en cela que l'on parle de rationalité limitée.
Dans un monde où la quantité d'information est en croissance exponentielle (Google ne compte plus ses pages référencées depuis plusieurs années), et où l'incertitude fait continuellement la une des journaux (même si l'on confond encore souvent risque et incertitude), on comprend l'utilité des apports de H. Simon à l'économie.
Maintenant qu'on en sait un peu plus sur ce qui se cache derrière ce concept, il nous reste à souhaiter une bonne route à Rationalité limitée
On a coutume de présenter l'économie comme la science des choix. Dans l'analyse néo-classique, modèle de base de l'économie mainstream d'aujourd'hui, les individus réalisent des choix sous contrainte mais disposent pour ce faire d'une rationalité substantielle. En clair, la théorie considère que les agents économiques sont capables d'effectuer des choix rationnels car ils disposent parfaitement de toute l'information disponible. Dans ce cas, nul doute que les individus optent pour les meilleures décisions possibles.
Herbert Simon, économiste américain (1916-2001) aussi prolixe qu'inclassable (les deux sont liés), va s'intéresser de très près aux problèmes de la décision dans les organisations, aux limites qui pèsent sur la rationalité des décideurs en situation d'incertitude. C'est en 1957, dans Models of Man qu'il synthétisera ses travaux de recherche sur la rationalité, et qu'il exposera son concept de rationalité limitée ("bounded rationality").
Le décideur se distingue alors de l'homo oeconomicus pour Simon, qui en profite pour égratigner au passage les théories de la rationalité parfaite, puisqu'il doit faire face à deux problèmes : l'imperfection de l'information et ses capacités de calculs limitées par le cerveau humain lui-même (touche à tout, Herbert Simon va se passionner pour les apports que représentent l'informatique mais également les sciences cognitives, psycho-cognitive et économie expérimentale, on le considère comme un fondateur de la recherche en intelligence artificielle).
De par l'imperfection de l'information, le décideur n'est jamais en capacité de connaître l'ensemble des alternatives qui s'offrent à lui, ni même les conséquences de ces choix. De plus il manque de temps et son cerveau n'est pas en capacité de traiter l'information pour optimiser véritablement ses choix. Pour Simon le processus de décision est donc séquentiel : le décideur, à partir d'un but qu'il se fixe et d'une idée des moyens dont il dispose pour y parvenir (c'est en cela que l'on parle de rationalité), va opter pour la première décision satisfaisante ("satisficing") qui s'offre à lui, sans savoir s'il s'agit de la décision optimale, c'est-à-dire la plus efficace pour faire simple. C'est en cela que l'on parle de rationalité limitée.
Dans un monde où la quantité d'information est en croissance exponentielle (Google ne compte plus ses pages référencées depuis plusieurs années), et où l'incertitude fait continuellement la une des journaux (même si l'on confond encore souvent risque et incertitude), on comprend l'utilité des apports de H. Simon à l'économie.
Maintenant qu'on en sait un peu plus sur ce qui se cache derrière ce concept, il nous reste à souhaiter une bonne route à Rationalité limitée
1 commentaire:
Merci pour les encouragements. Très bonne initiative cet article sur le concept de rationalité limitée.
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