lundi 24 décembre 2007

Noël, les Francais et la consommation.

Souvenez-vous, il y a à peine deux mois, Jean-Pierre Pernault vous garantissait que les Français allaient réfréner leurs envies de consommation pour Noël. C'était la faute au pouvoir d'achat, ou à la vie chère, au ras-le-bol du tout consommation. Bref c'était facilement prévisible. A coup de Robert Rochefort (sociologue, directeur général du Credoc) dans tous les articles pour la caution scientifique, on expliquait que cette année allait être synonyme de chute libre de la consommation par rapport aux autres années. Mais c'était sans compter sur les sournoises guirlandes électriques, les dindes et les sapins qui ne perdent plus leurs épines !

"Les français en ont marre de l'hyperconsommation"
Début Novembre, la nouvelle tombe, sous la forme d'une enquête d'opinion (miam!) réalisée par TNS Sofres, le chiffre est sans appel. Plus d'1/4 des Français sont décidés à moins consommer cette année pour Noël. Pour Robert Rochefort, c'est clair, "les Français en ont marre de l'hyperconsommation de Noël". On en parle un peu partout, sur France Inter Isabelle Giordano y consacre une brève dans son emission Service Public dans laquelle elle nous apprend, grâce à une autre enquête, que comme nos amis Américains les Français sont de plus en plus tentés d'offrir des "vouchers", ces chèques-cadeaux qui ont fleuris un peu partout. Et surtout qu'ils veulent de l'argent à Noël pour régler les dépenses courantes, et non plus des cadeaux. Moins de dépenses pour les cadeaux, les distributeurs s'étranglent...

Le bon filon cette année, c'était les guirlandes
Avant veille de Noël. Dans les gros titres du journal de France 2, nous sommes le 23 décembre au soir, le trés cher réveillon de Noël des Français, surtout si vous vous y êtes pris à la dernière minute. C'est bien connu, pressé par le temps, le consommateur de dernière minute perd toute sa rationalité et il est prêt à dépenser une fortune pour ce boa en peluche d'un vert immonde. Le chiffre tombe, les prévisions annoncent plus de 550€ de dépenses en moyenne par foyer pour Noël. Le budget "cadeau" en prend un coup par rapport à 2006, c'est vrai, mais par contre le budget "fête" explose. Le sapin qui ne perd plus ses épines (le Nordmann, mais s'il ne perd plus ses épines, est-ce toujours un vrai sapin de Noël ? Plus besoin du sac à sapin Unicef... raah), la guirlande étanche pour accrocher à la gouttière et faire enrager le voisin parce que la notre elle est plus belle d'abord, les petits santons made in Provence, tout ça explose, et finalement le chiffre de la consommation Noël n'est pas plus faible en 2007.

Mais d'où sort ce chiffre de 556€ ?
Une étude à la sortie des Ikea, Leclerc et autres Jardiland ? Que nenni, c'est le trés important cabinet Deloitte qui avait rendu public son étude internationale le 12 novembre dernier. Eh oui, c'est la même étude qui a servi début novembre à expliquer que les Français consommeront moins pour leurs cadeaux, et qui a servi hier au soir au JT de 20h pour expliquer que les Français consommaient quand même beaucoup pour Noël. De quand date alors précisément l'enquête ? Première semaine d'octobre : personnellement, le 2 octobre je ne savais pas où je passerai le réveillon, quels cadeaux je comptais faire, si mon balcon méritait vraiment sa guirlande...

C'est une petite blague : Pourquoi Dieu a-t-il créé l'économie ?
Pour que les prévisions météorologiques soient prises au sérieux.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour sauver (ou rabaisser encore?) l'honneur des économistes, on peut tout de même proposer deux autres interprétations :

1. Les consommateurs ne sont pas cohérents temporellement et avaient vraiment l'intention il y a quelques mois de freiner leurs dépenses de noël

2. Ils avaient mal anticipé le problème de coordination que vous évoquez. Tous pensaient freiner sur les dépenses mais quand ils se sont rendus compte que leurs voisins avaient de beaux sapins et que leurs amis allaient leur acheter de beaux cadeaux ils se sont sentis obligés de suivre le mouvement pour ne pas perdre la face. Mais ils s'y avaient pas pensé avant.

En fait je me suis toujours demandé pourquoi on pense habituellement qu'il est du ressort de l'économie de faire des prédictions. Les plus amusantes sont probablement celles de l'analyse économique de la vie politique (appelée si maladroitement aujourd'hui "économie politique") : le prix du maïs ayant augmenté de tant de dollars la tonne cette année, on peut prédire tant de points en plus pour le candidat démocrate...

Anonyme a dit…

Personnellement je pense que la culture à une influence primordiale dans la détermination du comportement des consommateurs et ce beaucoup plus que ce qu'on apprend au niveau de la micro-économie selon laquel la consommation est fonction principalement de la satisfaction procurée du bien.