mercredi 1 avril 2009

en vrac...

Lu aujourd'hui :

- Une interview du sociologue Christian Baudelot sur L'Express.fr à propos du système scolaire français, il revient sur l'annonce des résultats de l'évaluation menée en CM2. Il vient par ailleurs de publier (avec Roger Establet) L'élitisme républicain. L'école française à l'épreuve des comparaisons internationales (Ed. Seuil, Coll. La République des Idées). Je suis en train de le lire, et c'est vraiment pas mal : je posterai une note de lecture dès que j'ai le temps.

Petit commentaire perso :
L'exercice de l'interview courte, 5 questions et des réponses en trois lignes comportent des dangers. Ainsi le journaliste de l'Express parvient à faire dire à Christian Baudelot que "le niveau des élèves baisse". Quand on sait qu'il a écrit il y a 10 ans un livre intitulé Le niveau monte, on peut se poser des questions. Or dans son dernier ouvrage, Ch. Baudelot est on ne peut plus clair : "Le niveau monte mais les écarts se creusent. [...] L'élévation du plafond n'entraîne pas automatiquement le relèvement du plancher". En clair, le "niveau moyen" ne signifie plus grand chose car si le système scolaire français parvient toujours à former une élite, de plus en plus étoffée et de plus en plus performante, elle laisse de côté un nombre croissant d'élèves. Les premiers tirent le niveau vers le haut, les second vers le bas. Le problème, c'est que l'élite est d'autant plus bonne quand la masse n'est pas mauvaise. Si "le niveau monte" (ça c'est incontestable), il ne monte pas si vite que cela, et cache le fait que les inégalités grandissantes nuisent à l'efficacité du système.

- Sur nonfiction, une recension de l'ouvrage de Jean Peneff, Le goût de l'observation. Comprendre et pratiquer l'observation participante en sciences sociales (Ed. La Découverte, Coll. Grands Repères). Elève de Bourdieu, passé par l'Université de Nantes, très inspiré par la sociologie interactionniste américaine (Howard S. Becker signe la préface de l'ouvrage), il s'est spécialisé ces dernières années dans la sociologie de la médecine.
Cet ouvrage semble être (je ne l'ai pas lu) un véritable plaidoyer pour l'observation comme outil méthodologique à part entière. Je ne peux qu'abonder. L'auteur se plaint du fait que l'observation participante, si on s'y intéresse depuis une petite vingtaine d'année dans la sociologie française, n'est pas assez enseignée et pratiquée par les sociologues. Dans mon cursus j'ai pu m'y former, et l'utiliser avec bonheur lors d'enquêtes. J'ai l'impression qu'elle reste enseignée dans pas mal de département de sociologie de nos universités (avec même des innovations pédagogiques comme les stages terrains de Paris8), mais j'ai peut-être pas un regard objectif sur la question. En tout cas je pense que "savoir observer" est vraiment un atout à mettre en avant pour le sociologue, c'est là qu'il peut prouver que la sociologie apporte une valeur ajoutée, qu'il n'est pas simplement un statisticien du social ou un journaliste teinté de méthode scientifique. Y a pas que les questionnaires et les entretiens semi-directifs dans la vie du sociologue (il faudrait évoquer la cartographie sociale, le dépouillement, et l'analyse textuelle aussi) il y a aussi l'observation, et celle-ci est peut-être LA méthode propre au sociologue.

1 commentaire:

Arbounette a dit…

Bonjour,
Il n'est pas étonnant que Baudelot prétende que le niveau baisse depuis 1995. Il ne fait que confirmer les conclusions de Bernard Convert (qu'il n'a pas pu ne pas lire) dans les Impasses de la démocratisation scolaire, Raisons d'agir, 2006, notamment pp. 21 et s. "Le niveau baisse, les notes montent".
Bien cordialement