jeudi 30 avril 2009

web 2.0


On fait beaucoup dans le web 2.0 sur ce blog depuis quelques temps. Je signale ici la sortie du numéro 154 de la revue Réseaux. Revue de sociologie consacrée à la communication, aux télécommunications, aux médias, elle existe depuis 1983. Longtemps publiée dans la collection Hermès aux éditions Lavoisier, on trouve maintenant les résumé et tables des matières du côté de La Découverte. Le dernier numéro est justement consacré au Web 2.0 et en voici la présentation :

Si les plateformes relationnelles du Web 2.0 font beaucoup parler d’elles aujourd’hui, les analyses empiriques des pratiques concrètes des utilisateurs restent en revanche mal connues, si ce n’est pour moquer leur caractère infantile ou s’inquiéter des risques qu’y prennent les utilisateurs en livrant des informations sur leur vie personnelle. Pourtant, ces nouveaux sites relationnels (MySpace, Facebook ou Flickr) posent des questions très intéressantes et nouvelles. Que signifie devenir « ami » dans ces espaces relationnels, où il semble si facile de créer de nouvelles connexions avec des personnes que l’on connaît peu, mal ou pas ? Comment se développent et s’organisent les pratiques des utilisateurs ? Existe-t-il un lien entre le nombre d’informations dévoilées sur soi et la capacité relationnelle des individus ? Ce numéro spécial entend interroger, dans toute leur diversité, les usages de ces plateformes relationnelles. Les articles qui le composent s’appuient sur des enquêtes empiriques détaillées de Flickr, Wikipédia, Second Life et de la blogosphère politique française. À travers des analyses statistiques et qualitatives de la vie relationnelle sur ces plateformes, il sera possible de mieux répondre à un ensemble de questions qui se posent aujourd’hui de façon récurrente à propos des réseaux sociaux de l’Internet. Comment s’articulent les relations de la vraie vie et les relations avec les « amis » en ligne ? Comment s’organisent les systèmes relationnels sur Internet ? Quelles procédures sont mises en place pour régler les conflits et assurer la gouvernance des grands collectifs en ligne comme Wikipédia ? Comment se diffusent les informations et les opinions au sein de la blogosphère politique ?
Plus d'infos sur le site de La Découverte

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lundi 27 avril 2009

Facebook et les études

Lu dans l'excellente-revue-de-presse de ce jour de Philippe Watrelot :

Selon une étude de l'université de l'Ohio, rapportée par 20 minutes la corrélation est avérée entre le temps passé sur "FB" et des notes moyennes. "Il y a une déconnexion entre l'affirmation des étudiants selon lesquels le fait de passer du temps sur Facebook n'a aucun impact sur leurs études et nos conclusions qui montrent que leurs notes sont plus basses et qu'ils passent moins de temps à leurs études", note Aryn Karpinski, post-doctorant en sciences de l'éducation à co-auteur de l'étude. Ce qu'il faut retenir tient en peu chiffres. Les étudiants qui sont sur Facebook (plus fréquents dans les sciences dures qu'en sciences sociales, bizarrement) consacrent en moyenne 11 à 15 heures par semaine aux études hors cours, contre 1 à 5 heures pour les Facebookers. Evidement, les notes s'en ressentent, quoique de façon non proportionnelle.

Maintenant il faudrait faire une étude docimologique : est-ce que les notes des élèves corrigés par des profs qui "facebookent" sont meilleures ou plus mauvaises que s'ils sont corrigés par des non pratiquants de facebook ??

A ce propos, mais plus sérieusement, Christelle Membrey aborde la question de la gestion de leur identité numérique par les professeurs et c'est très intéressant. Un autre blog à suivre de près, assurément.

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vendredi 24 avril 2009

Les jeunes face à la crise

Si vous l'avez raté ce matin, l'interview de Camille Peugny et Cécile Van de Velde est disponible en video :

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mercredi 22 avril 2009

Le directeur financier de Freddie Mac retrouvé mort : suicide anomique ?

Ce matin j'abordais en cours de Terminale le concept d'anomie chez Durkheim, notamment à partir de sa célèbre étude sur le suicide (pour en savoir plus sur les typologies, voir en fin de note). Pour illustrer le suicide anomique, nous avons étudié un texte de H. Mendras dans lequel celui-ci revient sur les formes d'anomie aiguë mis au jour par E. Durkheim. J'ai donc fait un aparté sur le fait que la crise financière et économique actuelle allait selon toute probabilité apporter son "contingent de morts volontaires", selon la formule bien connue. Je ne croyais pas si bien dire, à l'heure où je faisais mon cours le directeur financier de Freddie Mac était retrouvé mort, très probablement suicidé... Coïncidence...
Le directeur financier de Freddie Mac retrouvé mort, LeMonde.fr et AFP, 22 avril 2009


Pour en savoir plus sur le suicide vu par Durkheim :
- si vous êtes pressés, cet article Wikipédia, mais il est incomplet et approximatif. Classer les kamikazes parmi les suicides fatalistes, je doute...
- si vous avez 5 minutes, passez chez Claude Bordes. Article beaucoup plus détaillé et rigoureux.

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mardi 21 avril 2009

Agrégation : il était chaud celui là !

Aujourd'hui composition de sociologie. Même type d'épreuve qu'hier :

"Les facteurs de diffusion de la culture"
Ah... on fait moins le malin maintenant !

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lundi 20 avril 2009

Agrégation : un sujet d'actualité

Aujourd'hui s'est déroulée la première épreuve de l'agrégation de sciences économiques et sociales cuvée 2009. Tradition oblige on commence par la composition en économie : une dissertation, sans document, durée 7 heures, avec pour sujet

L'intervention coordonnée des Etats peut-elle assurer la stabilité du système bancaire international sans engendrer des comportements d'aléa moral ?

Reformulons le sujet : Washington aurait-il du appeler Paris, Pékin, Londres et Tokyo pour savoir s'il fallait ou non lâcher Lehman Brothers pour l'exemple ?

Ca c'est du sujet !! Demain la compo de socio.

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mardi 14 avril 2009

Les sciences sociales pour comprendre la Nouvelle Star (1/4)

Amusons-nous un peu. Aujourd'hui je voudrais parler de ce fabuleux télé-crochet qui égaye nos mardi soirs. Il se passe des choses à Baltard, et si le niveau global des candidats n'est pas transcendant cette année (parait-il, personnellement je n'ai aucune compétence musicale, à mon grand regret), il y a de quoi expliquer quelques trucs à partir de la sociologie, de l'économie ou d'autres sciences sociales. Pour le premier numéro de cette petite série de billets, je vais tenter d'expliquer comment le sauvetage de Damien de la nouvelle star a en partie contredit les théories de Mancur Olson. Et vous me direz, quel rapport entre un apprenti chanteur de 29 ans et un économiste américain mort à la fin du XXe siècle ??

Mancur Olson est connu pour avoir mis au jour un paradoxe, le paradoxe de l'action collective. Des individus qui partagent un intérêt commun mais qui n'ont pas d'instances représentatives ont une forte probabilité de ne pas mener à bien les actions en direction de cet objectif commun.

Une action collective telle que participer à un vote en faveur d'un candidat, conduit à la production d'un bien collectif, la satisfaction de voir son candidat préféré chanter à nouveau la semaine prochaine. Mais pour Mancur Olson, cette action collective a peu de chance de se réaliser. En effet, les individus rationnels vont laisser les autres agir, en espérant recueillir l'avantage collectif, sans avoir à supporter le coût de l'action (envoi d'un SMS + 50 centimes d'euros). Le problème ici, c'est que si l'avantage est collectif, le coût lui est individualisable et donc plus difficile à supporter (c'est un peu comme la consommation collective de services non marchands produits par les services publics, et les impôts : on aime pas payer les impôts, mais on est bien content d'avoir des routes et des écoles). Le paradoxe se produit si tous les individus agissent rationnellement ; alors l'action collective ne se produira pas, et aucun avantage collectif ne pourra être obtenu, alors que tous y avaient intérêt.

Pourtant, mardi dernier, j'ai contribué à sauver Damien !
Mardi à 23h15, Damien a été sauvé par le public. Pourtant il avait complètement craqué, nul Damien, capable de bien mieux que cela d'habitude. C'en était désagréable pour nos oreilles tellement c'était faux... Et bien j'ai quand même voté pour lui !! Alors qu'objectivement il était presque le plus mauvais de la soirée. Ca c'est pas loin d'être complètement irrationnel : Manoukian et Soan ont invité ouvertement le public à voter pour lui, des milliers d'adolescents ont du se précipiter sur leur portable, j'aurai pu manipuler tous mes contacts facebook et leur dire de voter pour lui (bon ok, je l'ai fait), mon vote m'a coûté un SMS surtaxé (0.60€) alors que sa prestation ne valait pas un cachou, je pourrais revoir 10000 fois si je voulais les vidéos de Damien sur Dailymotion ou YouTube, même s'il sort de la Nouvelle Star je pense que je pourrais le trouver sur son MySpace... complètement taré je vous dis. En fait, si les individus contribuent parfois aux actions collectives c'est principalement pour deux raisons.

Pas si irrationnel que cela...
Il n'y a pas que la rationalité en finalité dans la vie pour guider nos choix, il y a aussi la rationalité en valeur : j'agis non pas vers un but, mais en accord avec mon système de valeurs. Mon système de valeurs n'a rien a voir avec la Nouvelle Star, il y a peu de chance pour que cela explique mon geste désespéré de mardi soir. Il y a également l'action individuelle qui est réalisée sous le coup de l'émotion, réaction de l'affect. Ici ce n'est pas le cas, j'ai bien réfléchi avant d'envoyer le numéro 4 au 71600 ! Autre moteur de l'action individuelle : la tradition. Non, la nouvelle star, c'est pas traditionnel pour moi.

Une deuxième explication, la rationalité limitée : nous ne sommes pas forcément en capacité de calculer exactement, à chaque instant, ce que nous coûte et nous rapporte nos décisions. Il y a donc tout un tas de choses à prendre en considération, et notre cerveau ne nous permet pas de tester toutes les solutions pour déterminer celle qui est absolument la bonne. Le plus souvent, on choisit le moins pire, en fonction de son expérience, on prend la première qui nous parait raisonnable :
1) Ici j'ai pu juger que mon forfait SMS était plein, et que je ne parviendrais probablement pas à le consommer dans son intégralité (ce qui repose une autre question : dois je diminuer mon forfait SMS ?), donc que le coût du SMS normal n'était pas si important que cela.
2) Par ailleurs, le surtaxage à 50 centimes peut être relativisé : quel est le coût d'opportunité de ce SMS, en clair qu'est ce que j'aurai pu faire avec ces 50 centimes que je ne pourrai pas faire si je les dépense pour M6 ? En bon prof, ma première réaction c'est de dire : 50 centimes = un café à la machine du lycée. Moins de café, moins de palpitations, moins de risque d'overdose, sommeil moins agité, mieux pour la santé !
3) Enfin, en tant que prof de SES, je connais cette théorie de l'action collective, je sais donc que si tous les spectateurs ont la même démarche rationnelle qui consiste à penser que je vais pouvoir profiter de la présence de Damien mardi prochain sans en payer le coût, alors je risque de ne pas revoir Damien ! Non, je ne peux raisonnablement pas laisser tomber ma future idole.

Mardi prochain, vous savez ce qu'il vous reste à faire...

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vendredi 3 avril 2009

Facebook et tes amis (encore !)

Un post très intéressant sur le site Internet Actu, à propos de la force de nos liens faibles et de la manière dont ils sont entretenus sur Facebook.
Avons-nous de "vrais amis" sur les sites sociaux ?

Extrait :

[Le réseau social] n’agit pas vraiment sur les liens les plus forts (famille, amant(e)s et confidents), mais sur tous les autres : “ceux avec qui on travaille, on fait du sport, ceux qu’on connaît bien, qu’on connaît peu, qu’on aimerait connaitre mieux, ceux qui s’intéressent à nous, ceux qu’on intéresse, ceux qui nous font rires, ceux qui connaissent des trucs. Facebook montre qu’il y a une très grande élasticité de ce nombre d’amis là. Comme on le voit dans l’enquête, le sexe joue un rôle important, mais également l’âge, le niveau social et culturel… Ce qui serait intéressant, c’est de décomposer les chiffres auxquels accède Marlow par variable sociologique pour montrer que notre nombre d’amis ne repose pas sur une limite naturelle, mais sur des inégalités sociales et culturelles.

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mercredi 1 avril 2009

Durkheim, l'anomie et Omegle

(Emile m'accompagne tous les jours ces derniers temps...)

J'ai lu cet article sur le site écrans

Un seul mot m'est venu en tête : anomie. Affaiblissement des règles. Ou quand "la société manque aux passions individuelles, les laissant ainsi sans frein qui les règle".

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en vrac...

Lu aujourd'hui :

- Une interview du sociologue Christian Baudelot sur L'Express.fr à propos du système scolaire français, il revient sur l'annonce des résultats de l'évaluation menée en CM2. Il vient par ailleurs de publier (avec Roger Establet) L'élitisme républicain. L'école française à l'épreuve des comparaisons internationales (Ed. Seuil, Coll. La République des Idées). Je suis en train de le lire, et c'est vraiment pas mal : je posterai une note de lecture dès que j'ai le temps.

Petit commentaire perso :
L'exercice de l'interview courte, 5 questions et des réponses en trois lignes comportent des dangers. Ainsi le journaliste de l'Express parvient à faire dire à Christian Baudelot que "le niveau des élèves baisse". Quand on sait qu'il a écrit il y a 10 ans un livre intitulé Le niveau monte, on peut se poser des questions. Or dans son dernier ouvrage, Ch. Baudelot est on ne peut plus clair : "Le niveau monte mais les écarts se creusent. [...] L'élévation du plafond n'entraîne pas automatiquement le relèvement du plancher". En clair, le "niveau moyen" ne signifie plus grand chose car si le système scolaire français parvient toujours à former une élite, de plus en plus étoffée et de plus en plus performante, elle laisse de côté un nombre croissant d'élèves. Les premiers tirent le niveau vers le haut, les second vers le bas. Le problème, c'est que l'élite est d'autant plus bonne quand la masse n'est pas mauvaise. Si "le niveau monte" (ça c'est incontestable), il ne monte pas si vite que cela, et cache le fait que les inégalités grandissantes nuisent à l'efficacité du système.

- Sur nonfiction, une recension de l'ouvrage de Jean Peneff, Le goût de l'observation. Comprendre et pratiquer l'observation participante en sciences sociales (Ed. La Découverte, Coll. Grands Repères). Elève de Bourdieu, passé par l'Université de Nantes, très inspiré par la sociologie interactionniste américaine (Howard S. Becker signe la préface de l'ouvrage), il s'est spécialisé ces dernières années dans la sociologie de la médecine.
Cet ouvrage semble être (je ne l'ai pas lu) un véritable plaidoyer pour l'observation comme outil méthodologique à part entière. Je ne peux qu'abonder. L'auteur se plaint du fait que l'observation participante, si on s'y intéresse depuis une petite vingtaine d'année dans la sociologie française, n'est pas assez enseignée et pratiquée par les sociologues. Dans mon cursus j'ai pu m'y former, et l'utiliser avec bonheur lors d'enquêtes. J'ai l'impression qu'elle reste enseignée dans pas mal de département de sociologie de nos universités (avec même des innovations pédagogiques comme les stages terrains de Paris8), mais j'ai peut-être pas un regard objectif sur la question. En tout cas je pense que "savoir observer" est vraiment un atout à mettre en avant pour le sociologue, c'est là qu'il peut prouver que la sociologie apporte une valeur ajoutée, qu'il n'est pas simplement un statisticien du social ou un journaliste teinté de méthode scientifique. Y a pas que les questionnaires et les entretiens semi-directifs dans la vie du sociologue (il faudrait évoquer la cartographie sociale, le dépouillement, et l'analyse textuelle aussi) il y a aussi l'observation, et celle-ci est peut-être LA méthode propre au sociologue.

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