jeudi 30 octobre 2008

Coupure réseau...

Blog en veille jusqu'au retour de la connexion internet.

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mercredi 29 octobre 2008

Sexe, blog... et économie

Je vais essayer de faire simple mais ce n'est pas forcément facile à comprendre tout de suite pour qui n'est pas quotidiennement bercé dans le petit monde de l'économie (la vraie). Du 20 au 22 novembre se tiennent les Journées de l'Economie à Lyon. Qui organise cela ? Ça se complique, un comité de pilotage dirigé par Pascal Le Merrer (ENS Lyon) et Guy Barriolade (Fondation Scientifique de Lyon), un conseil scientifique (présidé par Roger Guesnerie), et tout un tas de partenaires, du Codice à l'INSEE en passant par le Ministère de l'Education Nationale... Sans oublier l'Association Française de Science Economique qui prend une part active dans ces journées.

En clair, trois jours pour parler d'économie et que d'économie. Le programme est là. Et la liste des intervenants ici (que du beau monde !). Je n'y serai pas, mais si j'avais le don d'ubiquité, j'aurai aimé assister à la conférence débat Les manuels scolaires : regards croisés dans laquelle vont discuter Michel Pébereau et mon collègue et ami Rémi Jeannin.

C'est toujours dans ce cadre des journées de l'économie que l'AFSE organise ses entretiens (Les entretiens de l'AFSE), le vendredi 21 novembre. Et dans le cadre de ces entretiens, qui porteront sur la formation des économistes, un blog a été ouvert.

Ouf... on y est, tout ça pour vous expliquer d'où sort le blog :

Le blog des entretiens de l'AFSE

La question se pose, comme tout blog attaché à un évènement, de la pérennité de celui-ci. Va-t-on pouvoir y lire des billets au delà du 22 novembre ?

Je m'arrête quelques secondes sur l'auteur du dernier billet lisible à l'heure actuelle sur le blog des entretiens de l'AFSE. Il s'agit d'un billet de Stéphane Ménia qui analyse les relations entre blog et enseignement, mieux connu sous l'acronyme SM, co-auteur du blog d'éconoclaste et du livre Sexe, drogue... et économie avec Alexandre Delaigue. D'où le titre de mon billet. J'ai pu, entre deux cartons de mon déménagement, prendre le temps de lire le premier chapitre de leur livre, chapitre intitulé La Polygamie, pensez-y.

Je vais aimer le reste du livre, c'est sûr. C'est bien écrit, c'est intéressant, accessible et distrayant, avec plein de bonnes citations que j'aime et un traitement tout particulier de l'économie que l'on connaît déjà sur le blog, mais sur le papier c'est encore mieux. Bref, c'est le bouquin à lire le soir, en étant sûr de se coucher moins con.

Mais... Mais...
Dès le premier chapitre je note une première erreur de définition. Malheureusement c'est une erreur tellement ancrée, y compris dans les dictionnaires, qu'on ne peut blâmer les auteurs. Ils confondent tout simplement la polygamie et la polygynie. Étymologiquement, poly- signifie plusieurs, et -gamie vient du grec gamos qui signifie mariage, alliance, union. Littéralement, polygamie veut donc dire "plusieurs mariages" et non pas "plusieurs épouses". A l'intérieur de la polygamie on distingue donc le fait d'avoir plusieurs épouses (c'est la polygynie), et d'avoir plusieurs maris (la polyandrie). L'erreur vient du fait que la polyandrie n'étant pas commune dans les sociétés proches de la notre, on a tendance à assimiler la polygamie systématiquement à la polyginie. A ne pas confondre avec la Polynésie donc (revival les inconnus, à la 3e minute).

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jeudi 23 octobre 2008

Fin des retraites par capitalisation en Argentine

Après les décisions prises au Royaume-Uni, des décisions tout aussi marquantes sont prises en Argentine par la Présidente Cristina Kirchner. Le système de retraite par capitalisation géré par les fonds de pension privé va disparaître, et sera progressivement remplacé par un régime de répartition géré par la puissance publique. Cela n'est pas sans poser des problèmes financiers puisque les dix fonds de pension qui assuraient jusqu'à maintenant la gestion du système de retraite sont les principaux investisseurs institutionnels (les fameux zinzins) du pays.

C'est à lire dans Le Figaro :
L'Argentine nationalise son système de retraite

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mercredi 22 octobre 2008

Une relance keynesienne au Royaume-Uni

Sur les terres de Keynes, Gordon Brown, après avoir été le premier dirigeant européen à prendre le taureau par les cornes en nationalisant Bradford&Bingley et consorts au début du mois, n'a pas peur de parler de récession et de plan de relance. A la keynésienne, des hopitaux, des porte-avions, des lignes de train, des logements sociaux, un engagement de l'Etat à régler ses factures sous 10 jours...

C'est à lire dans Le Monde :
Le gouvernement britannique opte pour une relance keynésienne

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vendredi 17 octobre 2008

Les Sciences économiques et sociales par temps de crise

Réduction des horaires, séparation de l’économie et de la sociologie, passage en modules optionnels... la réforme du lycée voulue par Xavier Darcos et menée par le recteur Jean-Paul de Gaudemar s'annonce désastreuse pour les sciences économiques et sociales, expliquent Stéphane Beaud (ENS Ulm), Luc Boltanski (EHESS), Pascal Combemale (Henri-IV), Michel Lallement (Paris-X), El Mouhoub Mouhoud (Paris-Dauphine), Pascal Petit (Cepremap-CNRS) et Dominique Plihon (Paris-XIII).

A lire sur Mediapart

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mercredi 15 octobre 2008

La France en récession...

...en 1993. Au hasard du net, je suis retombé sur un article de l'Huma vieux de 15 ans :

L’ECONOMIE française sera en récession en 1993 pour la première fois depuis 1975, selon les prévisions officielles du gouvernement qui table sur une croissance négative de - 0,4% pour le produit intérieur brut (PIB) marchand, ce qui entraînera mécaniquement une augmentation du chômage. Le PIB total, qui prend en compte les services rendus par les administrations à titre gratuit ou quasi gratuit (justice, éducation, police…) devrait, pour sa part, reculer de 0,1%. Après un recul du PIB marchand de 0,6% au dernier trimestre 1992, le ministère des Finances a indiqué lundi, devant le groupe technique de la commission des comptes de la nation, qu’il s’attendait à un premier semestre 1993 négatif. Il a ainsi confirmé que l’économie française est entrée en récession à l’automne dernier et qu’elle ne devrait pas en sortir avant juin. A l’exception de la consommation des ménages qui augmenterait de 1,1% - tirée par un pouvoir d’achat en hausse de 1% (contre 1,5% en 1992) et un léger repli du taux d’épargne (12,7% contre 12,8%) -, tous les autres moteurs de la croissance seront en panne. On notera que la publication de ces chiffres intervient quelques jours avant l’annonce du détail des « mesures impopulaires » annoncées par Edouard Balladur.


Un peu d'Histoire
Pour les plus jeunes, les "mesures impopulaires" de Balladur consistait en un Contrat d'Insertion Professionnelle (CIP) qui prévoyait une rémunération à 80% du SMIC pour les jeunes de moins de 26 ans. Tout comme le plus récent CPE, la mobilisation des jeunes générations (notamment l'Unef et l'Unef-ID) avait conduit au retrait de ce contrat. E. Balladur a également été à l'initiative de la première étape de la réforme des retraites. La loi Balladur a introduit la règle selon laquelle les salariés du secteur privé devaient avoir cotisé 40 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Cette disposition s’ajoutait à la règle suivant laquelle les salariés doivent partir à 60 ans au moins pour bénéficier d’une retraite à taux plein.

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mardi 14 octobre 2008

CODICE : Conseil pour la diffusion de la culture d'entreprise

Je suis révolté. Révolté mais pas surpris. Christine Lagarde vient d'annoncer (discrètement) la nouvelle composition du CODICE, le Conseil pour la Diffusion de la Culture Economique. 10 chefs d'entreprise, 3 journalistes (Nouvel Obs, Figaro, France5), 2 consultants, 2 économistes, 1 inspecteur de l'éducation nationale, et 1 prof de SES (inconnue au bataillon jusqu'à maintenant), le tout présidé par Eric Le Boucher (Les Echos) et Nicolas Bordas (TBWA). On rajoute à cela la responsable d'un think-tank ultra-libéral anti-fonctionnaire et anti-état qui se présente comme un laboratoire de recherche en science politique (j'en parlais déjà ici), et on a fait le tour.

Dans le tas on trouve en vrac, Thibault Lanxade (Positive Entreprise), Michel Pébereau, et Jean-Pierre Boisivon (soit deux représentants de l'exécutif de l'Institut de l'Entreprise), autant d'ennemis des Sciences Economiques et Sociales. La surreprésentation des chefs d'entreprise est assez significative. On voit bien la conception toute particulière de l'économie de Mme Lagarde. Et pourtant non, l'économie ce n'est pas que l'entreprise.

En clair, l'Institut De l'Entreprise a autant de représentants dans le CODICE que l'ensemble de la communauté universitaire économique !!! C'est une honte. Je souhaite ici bien du courage à Etienne Wasmer (prof à Science Po Paris), actuel bloggeur) et Daniel Cohen (prof à Normale Sup, ancien bloggeur), pour leurs nouveaux sièges dans le COnseil pour la DIffusion de la Culture d'Entreprise.


[dernière minute : l'annonce du nouveau CODICE devait coïncider avec le lancement d'un site Internet www.kezeco.fr. Pas de bol, on a le droit à un petit message d'accueil : En raison de l'actualité économique et financière,
le lancement du site « kezeco.fr » est reporté de quelques semaines
.]

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Plus que jamais, les lycéens ont besoin de l’enseignement de Sciences Économiques et Sociales

Alors que la crise financière submerge l’économie mondiale, alors que les citoyens justement inquiets pour leur emploi et leur épargne n’ont jamais eu autant besoin d’explications sur la situation économique et sociale, le Ministère de l’Education Nationale est en passe de dépecer l’enseignement de Sciences Économiques et Sociales au lycée.

Créé en 1966 sous la présidence du Général De Gaulle pour que la Nation transmette à sa jeunesse une culture économique, sociale, et politique indispensable à la compréhension des enjeux contemporains, cet enseignement n’a cessé de susciter l’adhésion d’un nombre toujours plus grand de lycéens. Aujourd’hui, 30% des bacheliers généraux choisissent la série Economique et Sociale, une série appréciée à la fois pour les atouts qu’elle donne pour les poursuites d’études dans le supérieur et pour la complémentarité de ses enseignements (histoire-géographie, mathématiques, philosophie, SES…) pour donner des clés de compréhension des sociétés et économies contemporaines.

Malheureusement, au prétexte de donner plus d’autonomie et de liberté aux lycéens, le projet de réforme du lycée prévoit de réduire en seconde l’enseignement de SES de près de 40% de l’horaire élève tout en ne le rendant pas obligatoire, et de supprimer les heures dédoublées pourtant indispensables à l’apprentissage de l’autonomie. Plus incompréhensible encore, pour le cycle terminal, la réforme prévoit d’éclater les programmes actuels en modules semestriels et optionnels de 3h par semaine, y compris pour les lycéens qui choisiront le parcours « Sciences de la société » !

Comment les futurs lycéens pourront-ils comprendre les mécanismes d’évènements aussi complexes que la crise financière actuelle ou le développement durable, au même titre que les mutations de la famille, du travail, du système de protection sociale ou encore des stratégies des entreprises dans un monde en perpétuel mouvement, si l’enseignement de SES se réduit à un assemblage sans cohérence de modules isolés d’Economie, de Sociologie ou de Science Politique ? Ne veut-on pas que les lycéens soient aptes à exercer un regard global, à saisir les interactions nombreuses entre les enjeux économiques, sociaux et politiques qui font, plus que jamais, système ? Les défis qui secouent l’économie mondiale montrent que l'enseignement de sciences économiques et sociales ne peut se fonder sur des approches partielles et biaisées visant à en retirer toute dimension critique. C’est dans la confrontation des faits à la pluralité des théories des sciences sociales entre elles que les sciences économiques et sociales participent à la compréhension des enjeux véritables qui sont ceux du changement social et de la mondialisation au XXIème siècle.


Pour ces raisons, l’APSES appelle tous les citoyens attachés à l’enseignement de Sciences Economiques et Sociales au lycée à venir la rejoindre dans le cortège de la manifestation nationale du dimanche 19 octobre à Paris.

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lundi 13 octobre 2008

Ca vous dit de bosser le dimanche ?

Le Journal Du Dimanche du 12 octobre consacre une pleine page à un sondage qu'il a commandé à l'institut IFOP à propos du travail dominical, sous un titre ravageur « Les Français veulent travailler le dimanche ! ». Vous aurez remarqué au passage la ponctuation double. Qu'en est il vraiment ? N'est on pas, encore une fois, confronté à une manipulation de sondage à des fins politiques.

On pourrait se demander si l'article n'a pas fait l'objet d'une commande tant l'agenda médiatique correspond au poil près avec l'agenda politique. En effet, dans la matinée du 12 octobre, Xavier Bertrand annonce sur France2 la remise sur la table du dossier « Travailler plus le dimanche ». Et Nicolas Sarkozy en personne devrait en faire l'annonce demain lors d'un discours consacré à l'emploi. L'annonce fait grand bruit et l'Agence France Presse publie une dépêche qui reprend le sondage publié dans le JDD. Cette fois ça y est, les Français sont prêts, ils sont « 67% à accepter de travailler le dimanche, si leur employeur le leur propose ». 67% des Français, donc plus que les seuls actifs...

Si on regarde de plus près le sondage, on s'aperçoit que ce ne sont pas 67% des Français qui ont dit oui mais 67% de l'ensemble des actifs. Or on compte 27,8 millions d'actifs en France. 67% de 27,8 millions, cela représente 18,6 millions. Rapporté à la population totale, cela représente 29,6% des Français. Un peu short pour titrer « Les Français veulent travailler le dimanche ».

La question ?
La question posée au panel était la suivante « Travailler le dimanche est payé davantage qu'en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche accepteriez-vous ? ». On aurait pu la faire sur un autre mode « Travailler le dimanche vous condamne à rater tous les matchs de foot de votre petit dernier, les réunions de famille, et les week-ends plage quand les beaux jours reviennent. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous ? ». En ces temps de crise du pouvoir d'achat, il est évident que l'appât du gain est considérable.

Les réponses.
Forcément directives. Trois modalités possibles : Oui, toujours 17% ; Oui de temps en temps 50% ; Non, jamais 33%. Les journalistes ont fait le choix de regrouper le 17 et le 50 pour dégager leur majorité de Français favorables au travail dominical. Je pense qu'il aurait été plus honnête d'affirmer que les actifs sont 83% à refuser la généralisation du travail le dimanche. Soyons clairs : j'ai acheté le JDD un dimanche matin, c'est donc que des magasins sont déjà ouverts et donc que certains personnels travaillent déjà le dimanche, de temps en temps. On aurait tout aussi bien interpréter les réponses des personnes interrogées comme un plébiscite pour le statu quo, avec une minorité d'extrémiste (17%) à vouloir à tout prix travailler le dimanche.

Un point supplémentaire : bien sûr et comme d'habitude il n'est pas fait mention des non réponses.


Marie Nicot précise qu'en marge du sondage pour ou contre travailler le dimanche était posée la question pour ou contre l'ouverture des magasins le dimanche. La question posée était « Etes vous favorable à l'ouverture des magasins le dimanche ». On remarquera la neutralité plus grande de la question. Il n'y a pas de petite phrase précédent la question qui pourrait induire un biais dans la réponse. Mais le résultat de 2008 est comparé avec celui d'un sondage de 2004, et la question de 2004 était la suivante : Vous savez qu’aujourd’hui, la plupart des magasins n’ont pas le droit d’ouvrir le dimanche. Le gouvernement a annoncé son intention d’assouplir la législation à ce sujet. Vous personnellement, y êtes-vous favorable ? (c'est moi qui souligne). Ou comment comparer l'incomparable.


A 160€/semaine, a-t-on vraiment le choix ?
Pour terminer, juste un mot sur la notion de « volontariat des salariés » pour évoquer l'ouverture des commerce et le travail le dimanche. Outre le fait que la notion de travail obligatoire renvoie à des heures sombres de notre histoire, il me semble passablement hypocrite de présenter les choses sous l'angle du volontariat du salarié. On sait parfaitement bien que le contrat de travail n'est pas un contrat commercial, ce n'est pas un contrat comme un autre qui fixe une entente entre deux parties également satisfaites des clauses du contrat. Le contrat de travail implique forcément un rapport hiérarchique entre employeur et employé. De plus, on sait très bien quels sont les secteurs d'activité qui sont prioritairement concernés par l'ouverture dominicale : le commerce.

Cette modification du code du travail aurait donc un impact presque unique sur les seuls vendeurs(ses) et les hôtes(ses) de caisses. Ce sont des professions fortement féminisées (plus de 60% de femmes dans le commerce de détail), mais surtout où le taux de temps partiels est impressionnant, et en particulier le temps partiel subi, avec déjà des horaires particulièrement difficiles (tranches) pour une rémunération équivalente au SMIC. La durée moyenne des contrats à temps partiels s'établit autour de 23h hebdomadaire : au SMIC cela ne représente même pas 160€/semaine. Si votre patron vous dit « Si vous voulez travailler à temps plein, travaillez le dimanche », qu’est ce que vous pouvez lui répondre ?

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jeudi 9 octobre 2008

X. Darcos et le modèle finlandais

Depuis quelque temps le ministre de l'Education Nationale Xavier Darcos est tenté par la transposition des bonnes recettes du système scolaire finlandais. Cela saute aux yeux lorsqu'on s'intéresse un peu à la réforme du lycée actuellement en préparation. La réforme prend des airs de révolution en proposant une organisation modulaire des enseignements qui mettrait fin au concept de classe et de filière, avec une grande liberté de choix laissée aux élèves et à leur famille dans la sélection de ces modules.

Cette organisation en "briques" d'enseignement permettrait aux élèves de "profiler" leur parcours en fonction de leur orientation future dans l'enseignement supérieur, en demandant toujours plus tôt aux élèves de se positionner sur leur avenir. Quand on sait que la perception du temps long est une des dernières capacités cognitives développées par l'être humain, on se demande si on ne marche pas un peu sur la tête (c'est pour cela que les années paraissent toujours très longue pour un enfant, et passent de plus en plus vite pour les adultes).

Je reviendrai probablement sur cette question de l'influence de la classe sur la pédagogie et la docimologie (façon de noter) et les effets pervers induits dans une prochaine note. Mais ce soir il me semble qu'une "transposition de la bonne recette" sans comprendre que le système éducatif finlandais s'inscrit dans une société particulière, est le meilleur moyen d'aller droit dans le mur.

Une société plus égalitaire
C'est une lapalissade, mais dans une société plus égalitaire les inégalités sont forcément plus faciles à corriger. Avec un niveau de dépense publique sensiblement plus élevé que la moyenne, la Finlande, parmi les autres pays nordiques, montre qu'une intervention conséquente de l'Etat et des collectivités peut ne pas être synonyme de dysfonctionnements comme l'idéologie dominante le laisse trop souvent à penser. Restaurations et transports scolaires gratuits, taux d'encadrement réel des élèves beaucoup plus élevé, la Finlande a bien compris que le pari de l'avenir reposait sur un investissement en éducation conséquent. De plus la répartition des revenus est plus égalitaire en Finlande qu'en France. Changer l'école pour changer la société est un objectif noble en soi, encore faut-il que cette nouvelle école soit reste en adéquation avec la société, sans quoi on risque d'aggraver plus encore les inégalités et le sentiment d'injustice qui en découle.

Une tradition de la négociation collective pour des réformes qui dépassent à la fois le clivage et le temps politique.
S'il est un pan entier de la culture finlandaise complètement ignoré du ministre c'est bien celui-ci. De la même manière que les suédois ou les danois prennent leur temps pour mettre en place de véritables réformes structurelles, qu'ils s'agissent de la décentralisation ou de la réforme du marché du travail, les finlandais ont amorcé les premières transformations de leur système éducatif au début des années 70. Il aura fallu pas moins de 25 ans au lycée finlandais pour se voir réformer complètement, les derniers textes en vigueur datant de 1998. En France, Xavier Darcos reste inflexible quant au calendrier de sa réforme, persuadé qu'il arrivera à faire en quelques mois ce que les finlandais ont réalisé en plusieurs décennies. Marche forcée, contrainte du mandat présidentiel oblige, tout doit être bouclé en moins de 10 mois pour penser la nouvelle classe de seconde, avec une ouverture prévue début 2009. On n'ose imaginer les conditions de préparation des nouveaux programmes d'enseignement. Et pourtant ce sont avant tout le temps long de la réflexion et la concertation qui ont fait des réformes nordiques de véritables succès.

Une perception du métier d'éducateur et d'enseignant diametralement opposée à celle de Xavier Darcos
Pour garantir la réussite des élèves, il faut instaurer un suivi individualisé. Les recherches de N. Mons le montre. Pourtant les suppressions massives de postes vont dans le sens inverse. Avant de parler des enseignants, parlons des conseillers d'orientation. Le scandale de l'échec en premier cycle universitaire (on utilise à tort le chiffre choc d'un 1 étudiant sur 2 sans diplôme au sortir de trois ans d'études, alors que c'est plutôt 1 sur 4) est avant tout un problème d'orientation. En effet, si 86% des bacheliers généraux sortent de l'enseignement supérieur avec un diplôme en poche, c'est n'est le cas que de 36% des bacheliers technologiques, orientés souvent par défaut vers l'université. Dans le système finlandais, pas de CPE ni de surveillants, mais un conseiller d'orientation pour 200 élèves, des psychologues et infirmières dans chaque établissement. En France on estime la répartition à un conseiller d'orientation pour 1500 élèves, ce qui signifie qu'ils sont souvent dispatchés sur plusieurs établissements et ne peuvent assurer qu'un jour de présence dans les collèges et lycées.

En ce qui concerne la conception du métier d'enseignant en Finlande. Ceux-ci sont encore largement valorisés, alors que les conditions des enseignants français se dégradent d'année en année depuis deux décennies. Les salaires des enseignants finlandais ne sont pas forcément très élevés mais dans une société où la répartition des revenus est plus égalitaire le sentiment de richesse ou de pauvreté relative est forcément amoindri. Laissons donc de côté les revendications salariales pour se centrer sur la considération du métier en lui-même. On assiste en France à une dévalorisation de fait des compétences et de la professionnalisme des enseignants : concours à bac+5 assurant des connaissances académiques certes, mais plus de formation professionnelle, si ce n'est sur le mode du "compagnonage", un ancien avec un nouveau. Sur le principe, je ne suis pas opposé à cela, mais je ne comprends pas bien comment le seul compagnonnage peut suffir pour acquérir les compétences et les capacités nécessaires à la profession d'enseignant. Les enseignants sont des professionnels, des professionnels de la pédagogie, de l'apprentissage et de la construction de connaissances. En tout cas c'est bien ainsi qu'ils sont considérés en Finlande, comme des professionnels qui connaissent leur métier. Le savoir ne suffit pas pour bien enseigner.


Pour aller plus loin :
Paul Robert, L'éducation en Finlande, les secrets d'une étonnante réussite

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mercredi 8 octobre 2008

Mea culpa (définition de la récession)

A propos du sujet qui animait toutes les conversations en fin de semaine dernière, il semblerait que je me sois quelque peu enflammé. En effet, j'ai défini (à la suite de Ch. Lagarde) la récession comme étant la succession de deux trimestres pendant lesquels on pouvait observer une contraction de l'activité économique (c'est-à-dire un taux de variation du Produit Intérieur Brut négatif). J'aurai du être plus précis.

Même si aujourd'hui tout le monde ne pense plus qu'à la fluctuation du CAC40, et qu'on a déjà oublié celle du PIB, il me faut revenir sur cette définition. Cela ne changera en rien le constat, la France est entrée dans sa troisième période de récession depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Et Eric Woerth a bien joué dans l'euphémisme en utilisant le mot ralentissement plutôt que récession.

Cette définition de la récession (2 trimestres consécutifs d'évolution négative du PIB) est une convention d'origine anglo-saxonne. C'est plus une norme sociale qu'une norme juridique, nulle part vous ne pourrez la trouver écrite. Ni à l'Insee, ni chez Eurostat, ni à l'OCDE, ni même au NBER (National Bureau of Economic Research). Merci à J.-P. Simonnet de l'avoir vérifié. Sur le site du NBER on peut lire :

The NBER does not define a recession in terms of two consecutive quarters of decline in real GDP. Rather, a significant decline in economic activity spread across the economy, lasting more than a few months, normally visible in real GDP, real income, employment, industrial production, and wholesale-retail sales


Cela signifie que, aux Etats-Unis, même des contractions de la production inférieures à 6 mois ont pu être classées comme étant des récessions.

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Une page de réclame : Campus Communication

Une fois n'est pas coutume, de la réclame sur le blog Comprendre.

Après l'AEF, CB News, EducPros... il fallait bien que le blog Comprendre se fasse le relai de l'ouverture de la plus belle agence de communication du monde, Campus Communication.

Puisque Manuel et Edouard ont choisi mon anniversaire pour lancer publiquement leur projet, je ne peux que les féliciter. Campus Communication c'est une agence spécialisée dans la communication des établissements de l'enseignement supérieur et des instituts de recherche, dotée d'une expertise hors du commun.

Longue vie à Campus Communication, et au blog de Campus Communication.

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lundi 6 octobre 2008

Etats généraux de la formation des enseignants

Les Etats généraux de la formation des enseignants se sont déroulés à Créteil ce samedi 4 octobre. On peut lire sur le site du Café Pédagogique un reportage complet. Pour ceux qui se sentent concerner par l'avenir de la formation professionnelle des enseignants (oui, enseigner est un métier qui s'apprend !!), c'est par ici !

En savoir plus :
Le site des Etats généraux

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vendredi 3 octobre 2008

Recession ou ralentissement

Eric Woerth, Ministre du Budget, 2 octobre 2008 à Antibes :
"Par nature, la France n'est pas en récession. 1% de croissance sur l'ensemble de l'année, ce n'est pas une récession, c'est une très faible croissance. (...) Il y a une définition technique et statistique de la récession et puis, il y a la réalité des choses. On ne va pas se battre sur les chiffres. Le ralentissement est fort et la crise est évidemment très importante".

Eric ferait mieux d'écouter Christine pour une fois !

Christine Lagarde, Ministre de l'Economie, 14 août 2008 sur France Inter :
"Je rappelle qu'une récession correspond à une contraction du PIB durant deux trimestres consécutifs."

D'après ce que nous dit Eric Woerth, en réalité, la France est née sous une bonne étoile, la récession n'est pas dans ses gènes... Il est marrant ce Woerth, mais pas très cohérent. En politique les mots sont toujours importants. On voit comment il est difficile pour les gouvernants de parler de "rigueur" et de "récession".

Pourtant, la définition de la récession est claire : il s'agit bien de deux trimestres consécutifs d'évolution négative du Produit Intérieur Brut. La France est donc entré en récession, à moins que l'INSEE ne révise à la hausse ses chiffres a posteriori. Depuis 1950 c'est la troisième fois que cela se produit, après les crises de 1974 et de 1993.

Eric Woerth se trompe lorsqu'il évoque un "fort ralentissement". Un élève de première ou de terminale ES pourrait corriger M. le Ministre aisément en lui rappelant qu'un ralentissement correspond à une diminution de la croissance, sans que celle-ci devienne négative. Pourtant depuis 6 mois il y a bien un signe - devant les chiffres du PIB.

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