lundi 29 septembre 2008

Lundi noir et Bretton Woods

Ca va pas fort sur les marchés financiers. Le vote du plan Paulson est repoussé jusqu'à au moins jeudi... d'ici là, les places financières risquent de continuer la dégringolade et les faillites bancaires de se rapprocher de la France (voir les derniers rebondissements en Belgique et au Royaume-Uni). Mais faut-il encore le rappeler après les annonces du pompier-pyromane (La France a peur), petits épargnants pas de panique, votre livret A est protégé.

A lire au sujet du fameux slogan "on socialise les pertes, on privatise les profits", un billet sur le blog de mon collègue Arnaud Parienty.

Enfin je me posais la question après avoir entendu Laurent Fabius hier parler de "nouveau Bretton Woods" du sens de cette expression. Il me semble que François Hollande en avait parlé également lors de l'Université d'été du PS au mois d'août, avant que cela ne soit Nicolas Sarkozy qui reprenne à son compte l'expression. Le même Sarkozy qui viendrait de missionner Henri Guaino pour mettre sur pied cette réunion. Quoi qu'il en soit, les derniers à avoir appelé à un nouveau Bretton Woods, ce sont les très sectaires Larouchiste de J. Cheminade. Cela devrait vous mettre la puce à l'oreille.
J'avoue ne pas comprendre... et visiblement je ne suis pas le seul puisque Antoine B. du blog Optimum s'est posé la même question.

Et je me demande, si nouveau Bretton Woods il y a, quel rôle jouera notre Président : celui de John M. Keynes, Harry D. White ou P. Mendès-France ???

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jeudi 25 septembre 2008

Jedi's links [16]

Ça continue à parler de finance dans tous les coins.

Robert Sidelsky, Economie : adieu à la révolution néoclassique, sur Project Syndicate

Jacques Sapir, Sept jours qui ébranlèrent la finance, sur ARHV. Toujours pas compris pourquoi c'était sur ARHV que l'on trouvait cette superbe analyse de Jacques Sapir, mais c'est pas grave et même c'est tant mieux.

Au passage, sur le même blog (Actualité de la recherche en histoire visuelle), un petit post sympathique à propos de l'usage de la photo sur Facebook.

La note de veille n°109 du Conseil d'Analyse Stratégique se demande "le modèle social européen est-il soluble dans la mondialisation ?". Un beau sujet de Capes... c'est quoi le modèle social européen, est-ce que ça existe vraiment, c'est quoi la mondialisation, etc. La première partie est consacrée à la question de la protection sociale. La note n°110 sera consacrée à la question de l'emploi.

Encore merci aux collègues profs de SES qui repèrent tous ces liens. Je ne fais que du recyclage du travail des autres cette semaine.

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mercredi 24 septembre 2008

Mercredi c'est librairie

Petit tour hebdomadaire des rayonnages, et petite sélection : cette semaine la sociologie domine.

Je l'avais raté, le numéro 49-3 de RFS (la revue française de sociologie, rien à voir avec l'ancien article de la constitution) est consacré à la sociologie des réseaux sociaux et au capital social.

Les mémoires d'Edgar Morin dans un livre d'entretien. Mais si Edgar Morin, le penseur complexe de la "politique de civilisation" dont il était tellement question au nouvel an dernier.

Didier Lapeyronnie co-signe Ghetto urbain - Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd'hui. De la sociologie compassionnelle dirait les mauvais journalistes (et le rapport Guesnerie), mais de la sociologie quand même. De celle qui explique le monde dans lequel on vit.

Le sociologue Baptiste Coulmont, pionnier de la blogosphère sociologique, a participé à l'élaboration d'un manuel, Les courants contemporains de la sociologie, qui paraît aujourd'hui même aux PUF.

Et last but not least, enfin traduit en français, l'ouvrage de Mary Douglas et Baron Isherwoods The World Of Goods (ce qui donne en français, Pour une anthropologie de la consommation - Le monde des biens). Ecrit en 1979, cet ouvrage a fait date. Il réalise l'appariement entre économie et anthropologie cher aux professeurs de sciences économiques et sociales. Pour en savoir plus sur l'anthropologue britannique, la revue SociologieS vient tout juste de mettre à jour un article paru en 2006, à propos de l'analyse culturelle de Mary Douglas. Bon par contre je ne connais pas l'économiste Baron Isherwoods

Côté science politique, si vous préparez l'agreg de sciences économiques et sociales et que vous avez choisi la bonne option, deux ouvrages collectifs publiés par les éditions du CNRS : La communication politique et L'espace public. Si vous ne préparez pas l'agreg, ça doit être intéressant quand même.

Un peu d'économie. Dani Rodrick nous l'avait annoncé sur son blog, son livre Nations et mondialisation - Les stratégies de développement dans un monde globalisé vient de paraître aux éditions La Découverte.

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mardi 23 septembre 2008

Une sociologue à La Poste

J'étais jeune, j'usais les bancs de la fac de Nantes, je squattais la machine à café ou tenais mes permanences dans le local de l'Unef à la Censive (n'est ce pas Manuel ?), j'allais au cours de Marie Cartier (entre autres). Une normalienne au parcours royal : bac L, khagnes à H4, Normale Ulm, agrégation de lettres, une pelletée de DEA sous la direction de Christian Baudelot et de Florence Weber, qui dirigera également sa thèse sur la sociologie des facteurs. Elle est fraichement promue maître de conf à Nantes lorsque je suis ses cours. Et tiens, voila qu'elle "parle" dans le journal (La Voix du Nord) à propos de la recherche qu'elle a menée au sein de La Poste.

Marie Cartier, sociologue : « C'est un service public rendu quelle que soit sa condition sociale. »
mardi 23.09.2008, 04:58 - La Voix du Nord

Trois questions à Marie Cartier, sociologue, maître de conférence à l'université de Nantes et auteur de Les facteurs et leur tournée.

En quoi La Poste est-elle un service public particulier ?

« De tous, c'est celui qui est le plus proche des usagers. C'est un service à domicile, accessible, qui facilite la vie de tous et offre un lien plus familier. Le service postal est un service public populaire, surtout vis-à-vis de populations de plus en plus en marge. Ce service est rendu quel que soit le niveau de revenu ou la condition sociale. La symbolique est forte : même les plus pauvres sont reconnus à part entière. »

Mais ce service a déjà connu des changements ?

« En fait, le début de la modernisation date du début des années 80. Tout doucement, la personnalisation de ce service, par le facteur ou le guichetier, est remise en cause. Cette personnalisation repose sur la stabilité des tournées. Or La Poste a introduit un dispositif de mobilité. Et j'ai été frappée, quand j'ai mené mon enquête, de la tension que cela pouvait occasionner, notamment dans les grands ensembles urbains, quand le facteur ne connaissait pas les noms. L'un d'eux a répondu à une gardienne qu'il distribuait le courrier au numéro. Ça a été l'incompréhension. »

Le facteur d'hier n'est plus celui d'aujourd'hui ?

« Les agents de La Poste sont plus diplômés et certains ont d'autres intérêts, comme une carrière. Cela correspond bien à la politique délibérée de La Poste de transformer le métier de facteur, de guichetier, en des métiers plus commerciaux. Il faut bien présenter, donner une meilleure image... La Poste ne met plus en place de travail de "sociabilité" : avant les facteurs étaient d'anciens ouvriers ou paysans. Elle permettait une intégration sociale. »

C'était une autre particularité de La Poste ?

« Par rapport à France Télécom, ou EDF-GDF, La Poste employait plus encore de salariés d'exécution, peu diplômés, avec la spécificité d'offrir un statut d'agent de service public. Or le dernier concours pour entrer à La Poste remonte au début des années 90 et presque la moitié des salariés sont aujourd'hui contractuels. On ne parle que de réformes mais il faut d'abord se poser la question de la définition du service public comme service social. Il est important de garder des emplois protecteurs pour des jeunes qui galèrent. » • RECUEILLI PAR SOPHIE LEROY

Aller plus loin :
Marie Cartier, Les facteurs et leur tournée : un service public au quotidien, La Découverte, 2003.

Lire la note de lecture rédigée par Arnaud Parienty sur le site de la revue Idees, la revue des Sciences Economiques et Sociales.

Lire le billet rédigé par Frédérique de Fred&Ben sociobloguent, qui n'a rien à voir avec Marie Cartier, mais qui parle quand même de facteur et de tournée.

L'actualité de Marie Cartier : elle a participé à un ouvrage collectif consacré à la sociologie des individus conïncés entre classe populaire et classe moyenne(les "petits-moyens"). Il sorti en mars 2008 aux éditions La Découverte. La fiche est là

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lundi 22 septembre 2008

Pourquoi le Sénat est-il structurellement de droite ?

C'est la question que tout le monde se pose depuis hier... enfin presque tout le monde. Bon au moins quelques observateurs interessés par le fonctionnement de nos institutions. Depuis 1958 (naissance de la Ve république), le Sénat a toujours été à droite. Et quand De Gaulle a voulu le réformer par referendum, le Général a du démissionner. Ce n'était certes pas sous la pression des sénateurs, mais c'est pour dire que le Sénat est vraiment une institution.

Le Sénat à droite, la faute à qui ?
La faute à Mirabeau, l'Orateur du peuple, le révolutionnaire, celui qui ne sortirait "que par la force des baillonettes". En effet, le 14 décembre 1789, l'Assemblée Nationale vote une loi sur proposition du marquis de Mirabeau qui institue la commune comme le plus petit échelon administratif et qui vient recouvrir toutes les paroisses que compte la France, histoire que le pouvoir spirituel se trouve concurrencé par le pouvoir séculier. Aujourd'hui on ne compte près de 37000 communes en France. A titre de comparaison, il y a autant de communes en France que dans le reste des 14 pays de l'UE à 15.

Or les listes électorales pour les sénatoriales sont composées des députés, des conseillers régionaux, des conseillers généraux et surtout des représentants des conseillers municipaux. Vu le nombre hallucinant de commune en France, les représentants des conseillers municipaux composent 95% du collège electoral (142000 des 150000 grands électeurs). Si les socialistes ont bien raflés les Conseils généraux et Régionaux en 2004, et qu'ils ont connu une poussée aux municipales de 2008, il n'en reste pas moins que la France rurale reste durablement ancrée à droite. Parmi les 37000 communes françaises on en compte 33000 de moins de 2500 habitants.

Comme si cela ne suffisait pas, il n'y a pas eu de révision démographique depuis 1976 ! C'est-à-dire que depuis plus de 30 ans, le nombre de sénateurs élus dans chaque département n'a pas bougé. C'est une sorte de prime à la ruralité, qui désavantage les départements ayant connus une forte croissance démographique depuis plusieurs décennies. On peut lire ceci chez Paul Allies (Politiste et militant de la "convention pour la 6e république") :

Les conseils municipaux des communes de moins de 500 habitants (qui abritent 7% de la population) désignent 16% des grands électeurs. Celle des communes de 500 à 1500 habitants (15% de la population) 25%. Seules les villes comprises entre 1500 et 15 000 habitants sont à peu prés équitablement représentées. Mais la France urbaine (plus de la moitié de la population dans les villes de plus de 190.000 habitants) ne dispose que de 30,8% des délégués. Si l’on retient les départements comme base de la comparaison l’inégalité est tout aussi criante : la Creuse a un sénateur pour 65.000 habitants alors que le Var, un pour 271.000. Les départements les moins peuplés pèsent deux fois plus que les départements les plus peuplés.


La réforme de 2003
Elle aurait pu être le moment de réviser la répartition des sénateurs sur le territoire. A part quelques corrections à la marge, la répartition reste quasi-identique, malgré l'augmentation du nombre de sénateurs (de 328 il est passé à 331 en 2004, 343 en 2004, il atteindra 348 en 2011 quand la phase de transition induite par la réforme sera terminée). Le mandat des sénateurs a été abaissé de 9 à 6 ans et l'égibilité est maintenant fixée à 30 ans (contre 35 avant 2003). Les membres de la chambre haute seront désormais remplacés par moitié tous les trois ans (ils étaients remlacés par tiers tous les 3 ans). Sur les 343 sièges actuellement pourvus, le groupe UMP ne compte plus que 145 membres. Mais cela suffit pour conserver une majorité relative, et ce d'autant plus que les sénateurs centristes ont bien le coeur à droite (bien que le Sénat comprenne un groupe parlementaire regroupant à la fois des élus de la majorité et de l'opposition). Par contre, le prochain renouvellement a lieu en 2011 : certes après les régionales et cantonales, mais avant les prochaines municipales... ce qui signifie que le gros du corps électoral n'aura pas changé. Mais demain est un autre jour.

Photo par Hamza Hydri

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Régulation et réglementation

Il parait que la répétition c'est le début de la pédagogie. Je n'en suis pas si sûr, parce qu'on a beau répéter qu'il ne faut pas confondre régulation et réglementation, tout le monde se prend les pieds dans le tapis et on ne sait plus trop de quoi on parle. N. Demorand en interviewant Eva Joly ce matin même faisait l'erreur d'utiliser le mot français "régulation" dans son sens anglais, c'est-à-dire "réglementation". En avril dernier je publiais déjà un article pour évoquer le faux-amis. Je vous invite à y refaire un petit tour : c'est par là.

Maintenant vous comprendrez mieux Charles Wyplosz lorsqu'il écrit ceci :

Fin du laissez-faire ? Retour de la réglementation ? On en est loin. Evoquer le laissez-faire en matière bancaire consiste à s’imaginer le dix-neuvième siècle. Aujourd’hui, la profession bancaire est sans doute celle qui est la plus réglementée. La question n’est pas « réguler ou pas réguler », mais comment améliorer la réglementation actuelle. La crise a montré que la réglementation actuelle est mal conçue, peut-être même trop tatillonne. En tout cas bien trop complexe.
C. Wyplosz, "La fin du capitalisme ? Non, bien au contraire", Telos-eu.com, 19/09/08

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jeudi 18 septembre 2008

Jedi's links [15]

Cette semaine c'est... finance, évidemment.

Crise de surproduction du rapport en vue !
Du côté du Conseil d'Analyse Economique, on note la sortie d'un rapport signé Patrick Artus, Jean-Paul Betbèze, Christian de Boissieu et Gunther Capelle-Blancard, à propos de la crise des subprimes. Non, sociologues, ne partez pas tout de suite !! De nombreuses contributions sont annexées au rapport et je vous conseille la lecture des pages 203 à 217 qui sont proprement passionnantes ! 14 pages de pur bonheur, où Olivier Godechot nous explique pourquoi et comment "la structure des rémunérations dans l'industrie financière favorise à la fois la prise de risque et sa sous-évaluation". Hmmm... un sociologue dans les salles de marché, c'est beau. Bon ça c'était pour Matignon (le CAE est placé auprès du 1er Ministre)

Du côté des salons feutré de l'Elysée, Notre Président avait confié il y a 4 mois une mission à René Ricol, ancien Président de la Fédération internationale des experts comptables : écrire un rapport sur la crise des subprimes. Nicolas Sarkozy doit bien aimer faire bosser plusieurs personnes en même temps sur le même sujet... Ou alors il est pas au courant de l'existence du CAE. Ou c'est peut-être parce que ça fait bien d'apparaître énergique lorsqu'on est impuissant. Bref, il faut montrer du volontarisme, non, NS ne nous laissera pas tomber. En tout cas c'est pas pour tout de suite.

[EDIT 18/09/08 21h55]
A signaler, un article qui m'a laissé un peu coi à lire dans le Monde de demain (je sais pas pourquoi, j'adore cette expression, et je crois que j'aime que Le Monde soit un journal "du soir" rien que pour ça). C'est un point de vue d'un actuaire agrégé sur les maths et la finance. Passionant. En tout cas j'ai appris il y a quelques jours seulement ce qu'était un actuaire en lisant le Why blog de Cimon (je tiens au passage à rassurer Cimon à propos de son imposture : je suis bien plus en admiration devant les actuaires que devant les économistes). Et là je découvre qu'on peut être agrégé en plus d'actuaire. Y a une Agreg de l'actu ?

Finance toujours, mais finance publique (NDLR : ma chérie c'est pour toi).
Un rapport parlementaire cette fois-ci, pour parler de la LOLF, la Loi Organique de Loi de Finance. En 2001 c'était la révolution dans les comptes publics, il fallait tout reprendre et tout recompter mais d'une manière différente. L'idée était de déconcentrer la gestion budgétaire de l'Etat, de responsabiliser les responsables des deniers publics. Au passage, un gros bazar dans les services, qui a ennuyé les trésorier payeur comme les petites comptables de nos administrations. Et je vous passe les protestations contre la fameuse "fongibilité asymétrique des moyens". L'objectif : permettre aux parlementaires de contrôler le moindre euro dépensé par l'Etat. Le constat : "la révolution n'a pas (encore) eu lieu". Tout ça pour ça. On reviendra dans 7 ans.
C'est ici.

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mercredi 17 septembre 2008

Les sorties de la semaine

Des livres, des livres, des livres...

Sociologie
A en croire l'actualité, l'antisémitisme serait bel et bien de retour. Aggressions à caractères antisémites dans le XIXe arrondissement de Paris, inscriptions antisémites et croix gamées tagués dans un collège du sud de la France, profanations de cimetières et du mémorial de l'holocauste à Berlin, les faits divers ne manquent pas. Michel Wieviorka, directeur du Cadis (Centre d'analyse et d'interventions sociologiques) et président de l'Association internationale de sociologie, publie cette semaine un ouvrage intitulé L'antisémitisme est-il de retour ?. Le sociologue tente de faire le tour de la question en 126 pages, en posant justement les questions qui fachent : Le vocabulaire est-il approprié ? Existe-t-il un antisémitisme noir ? Quel est le rôle de l'école ? etc...


Economie
Alors que la crise financière connaît des rebondissements quasi-quotidiens, le nombre d'ouvrages qui paraissent cette semaine sur ce thème est assez impressionant. A croire que les auteurs avaient bien anticipé que des mini-krachs se produiraient au fur et à mesure que la réalité des bilans des banques serait dévoilée. En vrac :

Du côté des manuels :
Bourse et marchés financiers. 3e édition de Paul-Jacques Lehmann ("aucun lien, fils unique")
Introduction aux Marchés Financiers. 2e édition de Erwan Le Saout
Principes de Finance Moderne. 5e édition de Robert Goffin
Leçons de politique monétaire de Bernard Landais
Macroéconomie monétaire et financière. Théories, institutions, politiques, 4e édition revue et augmentée de Jean-François Goux

Alors qu'on ne sait plus trop qui habite où dans le milieu monétaire et financier, le nombre de manuel qui s'y consacre est assez hallucinant !

Dictionnaire des marchés financiers. 2e édition de Joseph Antoine, Marie-Claire Capiau-Huart. Ca peut être utile pour comprendre ce que sont les CDS, et autres barabarismes, sigles et néologismes nés de la finance moderne.

Du côté des livres :
Dans la catégorie journaliste : La finance mène-t-elle le monde ? de Marie-Paule Virard
Dans la catégorie banquier central : une édition revue et corrigée des mémoires d'Alan Greenspan, ancien Président de la Réserve Fédérale Américaine, Le temps des turbulences.
Sans oublier le fameux George Soros, raider bien connu pour avoir fait sauter la Banque d'Angleterre en 1992, qui compte bien nous dire La vérité sur la crise financière. On se méfie un peu quand même...

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mardi 16 septembre 2008

Les inégalités tuent à grande échelle

Un enfant né dans une banlieue de Glasgow, en Écosse, aura une espérance de vie inférieure de 28 ans à un autre né à peine treize kilomètres plus loin. L’espérance de vie à la naissance d’une fille au Lesotho est inférieure de 42 ans à celle d’une autre née au même moment au Japon. En Suède, le risque pour une femme de décéder pendant une grossesse ou lors d’un accouchement est de 1 pour 17 400, alors qu’en Afghanistan il est de 1 pour 8. Ces chiffres n'ont aucune explication biologique.

Organisation Mondiale de la Santé, Genève, 28 août 2008



C'est ainsi que débutait le communiqué de presse de l'OMS annonçant la publication d'un volumineux rapport sur les déterminants sociaux de la santé dans le monde. Repris dans un fil AFP, on trouve des traces de l'annonce sur quelques sites d'actualités, mais aucun grand media ne l'a repris à son compte, si ce n'est cet article sur le site du Monde Diplomatique. Article que je n'aurai pas trouvé sans l'accuité d'un expat, François du site Boîte Noire. Les journalistes étaient probablement trop occupés à traiter les marronniers de septembre.

Le communiqué de presse de l'OMS

Le résumé analytique en français

Le rapport intégral en anglais

L'article du Monde Diplomatique

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En passant...

Rapidement, je signale ici la publication d'un Insee Première très intéressant sur l'évolution des habitudes alimentaires en France depuis 45 ans. Eurostat a publié (en anglais) un document très intéressant également sur la démographie de l'Union Européenne en 2007.
Vous trouverez le lien dans la colonne de gauche, rubrique "Sur le web".

Pour les fanas de réseaux sociaux (Facebook, Twitter, et compagnie), et je sais qu'ils sont nombreux parmi les lecteurs de ce blog, un article à lire publié sur Internet Actu, site de la Fing : Le Nouveau Monde de l'intimité numérique. On peut rapprocher cette article de la notion d'extimité développé par Serge Tisseron.

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lundi 8 septembre 2008

L'imposture continue...

Ronan Chastellier usurpe encore une fois le titre de sociologue à de fins marketing. Ce coup-ci c'est encore plus risible. Le sondage est titré : 74% des Français optimistes : l'amour plus fort que le pouvoir d'achat. On rigole... jaune.

Avec Jacques Marseille qui aimerait bien voir une version française de la loi roumaine obligeant les medias à diffuser 50% d'informations positives, ils vont pouvoir fonder l'internationale optimiste. "Optimiste de tous pays, unissez-vous, on échappera à la récession".

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jeudi 4 septembre 2008

Jedi's links [14]

Le jeudi c'est recyclage. Pas mal de sociologues médiatiques en ce moment, les liens d'aujourd'hui pointent vers la presse, et touchent à divers domaines de la sociologie.

Sociologie de l'éducation : Agnès Van Zanten est interviewée dans Le Figaro à propos du détricotage de la carte scolaire par Xavier Darcos. La sociologue confirme qu'une vision libérale de l'affectation des élèves dans les établissements scolaires (liberté de choix donnée aux familles) va a l'encontre de la mixité sociale. En effet les classes modestes pour l'instant n'usent pas autant que les autres des dérogations à la carte scolaire permises par le ministre. Manque d'informations, ou manque de moyens pour envoyer des enfants plus loin du domicile familial, toujours est-il que les plus avantagés dans l'histoire sont les classes moyennes. On retrouve par exemple les enseignants qui, parfaitement informés sur le système, profitent encore plus des dérogations. Ou quand une réforme provoque l'exact contraire de ce que l'on attendait d'elle...

Sociologie de la famille : c'est dans La Croix, ça parle de la gestion de la rentrée scolaire et du temps social par les familles. Les sociologues interrogés sont le quebecois Gilles Provonost et le français Patrick Cingolani (pour une fois, ça nous change de Kaufman et Cingly). Toutefois le quotidien catholique ne nous apprend pas grand chose de nouveau. Il faut réserver suffisement de temps à ses enfants pour bien les éduquer... Pas révolutionnaire.

Sociologie du travail et de l'emploi : A propos du RSA (encore !), Libération met en parallèle les critiques qui fusent du côté des économistes quant au financement de la réforme (cf. le billet de Piketty de lundi dans le même Libé) et les critiques de Noëlle Burgi, sociologue au CNRS, qui craint que le RSA ne vienne renforcer l'institutionnalisation d'un marché du travail secondaire, qui alimente le précariat (cf Robert Castel, La société du précariat) et la stigmatisation des "mauvais pauvres". Soit dit en passant, celle-ci a déjà commencé, il n'y a qu'à écouter le président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale, Jean-François Copé, dans une interview donné au journal Le Monde hier :

Nous voulons renforcer la qualité de l'accompagnement personnalisé et veiller à la mise en oeuvre effective de sanctions pour ceux des bénéficiaires qui ne joueraient pas le jeu.
La sanction en objectif 1bis, on avait bien compris.

Sociologie de l'engagement étudiant : des sociologues sur les campus québecois s'intéressent au pourquoi de la désafection du militantisme étudiant. C'est sur le site de l'Université de Montreal. Apparement si les étudiants ne militent plus, c'est que leur rationalité instrumentale a pris le pas sur leur côté "expressif" (vous lirez l'article pour en savoir plus sur les étudiants expressifs, et Max Weber pour la rationalité instrumentale). Et l'étude de Jacques Hamel (qui a associé méthodes quanti et quali pour parvenir à son but) confirme des intuitions que tout militant étudiant a pu ressentir : un campus sans lieu central qui attire et retient les étudiants n'est pas propice au militantisme, tout comme l'absence de sentiment d'appartenance à l'institution. Les nouveaux campus numériques viennent clairement renforcer cette tendance...

Les québecois sont à l'honneur, et c'est tant mieux. Moi aussi, "je me souviens".

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mercredi 3 septembre 2008

La rentrée litteraire

La rentrée littéraire ne concerne pas que les romans. Il y a également un nombre incalculable d'essais et d'ouvrages en tout genre qui paraissent à la rentrée. Parmi la première vague, j'en ai retenu cinq qui me tentent ou plutôt que j'aimerais bien qu'on m'offre :

Rayon sociologie

  • François Dubet, Faits d'école, EHESS, août 2008.

Sur la quatrième de couverture on peut lire : " L'école est un champ de batailles et de conflits plus ou moins feutrés. Quoi qu'il en pense et quoi qu'il en dise, le sociologue est dans cette bataille et y participe, même quand il veut s'extraire de la mêlée. " Par-delà les conflits d'intérêts et les querelles d'appareil, François Dubet pose son regard de sociologue sur les "faits d'école". Comment l'école s'inscrit-elle dans la société Que fait-elle aux individus ? Mutations, crises, débats et réformes sont passés au crible des pratiques et des expériences - celles des élèves et de leurs familles, celles des enseignants et des syndicats, et celles.du sociologue. Observant le monde de l'école, il décrypte ses disputes, analyse ses résistances et tente de comprendre ses explosions de violence. Loin de toute posture de surplomb, François Dubet revendique ici une sociologie de l'éducation engagée et offre une synthèse de ses réflexions et de ses combats. Voici un livre qui devrait permettre de penser l'école aujourd'hui et de donner à chacun une conscience plus claire des effets des politiques publiques.

François Dubet est aujourd'hui l'un des sociologues de l'éducation français les plus reconnus, aux côtés de Marie Duru-Bellat, Pierre Merle ou encore Agnès Van Zanten, tous dans des styles différents. M'est avis que les résultats de ses travaux sont toujours à lire, quoi qu'on en pense. A noter à la fin de l'ouvrage la présence d'une partie intitulée "Pourquoi ne croit-on pas les sociologues ?", ça donne envie d'en lire plus, forcément.

  • Patrick Hassenteufel, Sociologie politique : l'action publique, Armand Colin, août 2008.

Pourquoi cet ouvrage ? Parce que, bizarrement, si ma première rencontre avec P. Hassenteufel s'était bien passée, je ne serais certainement pas professeur de Sciences économiques et sociales aujourd'hui... Et parce que la sociologie politique est toujours passionnante !

  • Pierre François, Sociologie des marchés, Armand Colin, août 2008.

J'aime quand les sociologues s'attaquent au pré carré des économistes (j'aime aussi l'inverse, mais un peu moins, je dois le confesser). Sur la 4 de couv :

Les marchés, un objet sociologique ? Ce qui naguère aurait paru empiéter sur la " chasse gardée " des économistes est devenu une évidence et un enjeu majeur.Une évidence tant les réalités marchandes encadrent désormais toute réalité humaine. Un enjeu majeur tant la juste compréhension de ce qu'est un marché conditionne toute action politique et sociale. Les marchés assurent-ils la libre coopération de chacun, ou sont-ils fatalement instruments de domination et d'exploitation ? Les pratiques qui les portent relèvent-elles de calculs désincarnés, ou engagent-elles conventions et valeurs ? Qu'en est-il de l'omniprésence des marques, normes et labels divers ? De la violence des dynamiques concurrentielles ? Synthèse des travaux sur le sujet, ce livre propose une lecture originale des phénomènes marchands et retiendra l'attention de tous ceux pour qui les sciences sociales ont pour mission d'aider à décrypter le monde et à construire l'avenir

Dans le coin éco :

  • Jean-Louis Muchielli, La mondialisation : chocs et mesures, Hachette Supérieur, août 2008.

J-L Mucchielli est grand spécialiste d'économie internationale et ... le nouveau président de jury de l'agregation de sciences économiques et sociales. A ce propos le nouveau thème* pour 2009 est Economie et finances internationales. A bon entendeur...

*Pour info, trois thèmes sont proposés pour les écrits de l'agregation externe de SES, dont un est renouvelé chaque année.

En histoire sociale contemporaine

  • Elise Ovart-Baratte, Jean-Philippe Rigaud, Les Ch'tis, c'étaient les clichés, Calmann-Lévy, août 2008.

Pour rigoler, même si c'est certainement très sérieux. Voilà une nordiste qui en a marre de voir des boîtes à "hein" servir dans les campagnes de communication politique de sa région. Et je trouve ça fort intéressant :

Masochistes, les habitants du Nord et du Pas-de-Calais ? On le croirait bien.Ils aiment passionnément leur région, "braient" quand il s'agit de la quitter, et pourtant, ils sont les premiers à diffuser des clichés catastrophiques. Dernier avatar en date, le film de Dany Boon, Bienvenue chez les Ch'tis. Une comédie avec un cœur gros comme ça, gentille et humaniste. et qui, pourtant, enfonce le clou d'un Nord ouvert sur les autres mais replié sur lui-même, bourré de complexes.pour ne pas dire bourré tout court. Non, le Nord-Pas-de-Calais, ce n'est pas cela, proteste Elise Ovart-Baratte, jeune chercheur du Nord, qui, pour s'être étonnée que le Conseil régional ait accordé une subvention de 600 000 euros au film de Dany Boon, s'est fait sévèrement réprimander par son entourage. Aujourd'hui, elle persiste et signe en posant des questions qui fâchent : pourquoi cette région sait-elle si peu mettre en valeur ses innombrables atouts ? Pourquoi ses habitants se complaisent-ils dans une vision passéiste de leur région ? Dans un pamphlet salutaire et revigorant, Elise Ovart-Baratte fait valser les idées reçues en interrogeant l'identité d'une région longtemps méconnue et souvent méprisée.

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mardi 2 septembre 2008

RSA mon amour

Les récentes annonces font couler beaucoup d'encre (et de pixels). Lisez plutôt ces trois papiers forts intéressants :

Ajout du 3 septembre

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