mercredi 30 avril 2008

Des nouvelles de nos amis outre-atlantique

Via Greg Mankiw : le PIB en volume des Etats-Unis progresse sur le premier trimestre 2008 (+0,8%). Ce n'est donc pas encore le début de la récession tant annoncée. Rappelons que, par convention, la récession correspond selon la définition américaine à une diminution de la production pendant deux trimestres consécutifs.

Via le NY Times : Ben Bernanke, le gouverneur de la Federal Reserve, vient d'annoncer une nouvelle baisse du taux d'intérêt directeur de 0,25pt à 2%. C'est le taux le plus faible depuis 2004. Pour mémoire, le taux directeur était de 5,25% en septembre dernier.

Un billet intéressant chez OBO à propos de l'évolution des inégalités aux Etats-Unis.

La note de veille du Centre d'analyse stratégique à propos des chiffres (trompeurs) du commerce extérieur américain.

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Régulation et règlementation

Via Rationalité Limitée j'apprends que Pascal Salin a publié une tribune dans Les Echos.
Force est de constater que les blogs renouvellent la théorie du "two step flow" puisque je prends d'abord connaissance du commentaire avant de lire la source commentée. Il y a fort à parier que le commentaire aura plus d'influence sur moi que la source (et dans le cas précis, c'est on ne peut plus vrai puisque je suis plus en accord avec le billet de CH sur son blog qu'avec Salin dans son article). Les bloggers sont autant de micro-leaders d'opinion, s'ils font bien leur job.
P. Salin pointe un problème récurrent : la confusion entre régulation et règlementation. La régulation c'est un processus complexe qui permet à un système économique et social d'être pérenne, de se reproduire dans le temps. En clair, la régulation c'est la capacité à stabiliser une économie, ou bien quand celle-ci est en crise, c'est la capacité à dépasser celle-ci. La réglementation c'est tout simplement le fait de fixer des règles. Pourquoi y a-t-il aussi souvent confusion entre deux termes qui ne veulent pas dire la même chose ?

Des notions différentes mais liées
Si régulation et réglementation n'ont pas la même signification, les deux notions sont néanmoins liées. Ainsi on peut penser que la réglementation permet la régulation : Keynes par exemple prônait l'intervention de l'État comme agent de régulation de l'économie de marché. A l'inverse, Hayek défendait la déréglementation la plus totale pour laisser le marché faire cavalier seul. Pour l'économiste autrichien seul un marché libéré de toute entrave est capable d'assurer la régulation des systèmes économiques.

Histoire de faux-amis
Mais la confusion provient également et surtout de la mauvaise traduction des termes anglais "regulation" et "deregulation" qui veulent dire en français... règlementation et dérèglementation. On a vite fait de tomber dans le panneau. Et pourtant, pour les économistes libéraux (et ultralibéraux comme P. Salin), régulation n'est certainement pas synonyme de "regulation" !

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dimanche 27 avril 2008

Y a pas d'âge pour améliorer sa culture économique

Depuis quelques temps, on se plaint beaucoup du manque de culture économique des Français : Thierry Breton en 2006, Michel Rochard en 2007, etc. Plusieurs organisations ont vu le jour, à l'initiative du gouvernement comme de la "société civile" pour tenter de pallier à cela. On se plaint des manuels, des programmes, de l'école qui n'est pas assez proche du "monde économique". Pourtant on réserve l'enseignement de sciences économiques et sociales (et d'économie-gestion) tel qu'il existe aujourd'hui à une minorité d'élèves. Peut-être est il possible de concevoir une sensibilisation économique et sociologique qui puisse intervenir plus largement et surtout beaucoup plus tôt dans la formation des jeunes.

L'émission L'économie en question du 21 avril 2008 sur France Culture était consacré à cette question de la relation qu'entretiennent les Français avec l'économie. Les invités étaient Bernard Maris, Alexandre Delaigue (du désormais incontournable Econoclaste) et Isabelle Knock, déléguée générale du CODICE, le conseil pour la diffusion de la culture économique.

Ce Codice, créé en septembre 2006 par le ministre de l'économie Thierry Breton lorsqu'il était en poste, fait parler de lui de temps à autre mais peine à trouver sa place. Et ce probablement parce qu'il est trop focalisé sur l'entreprise (et pas assez sur les entreprises et le reste des objets qu'étudie l'économie), l'immense majorité de ses membres étant des entrepreneurs dirigeants d'entreprise [edit : cf com d'Emmeline] et des journalistes, il n'y a que deux économistes. Récemment s'est fondé une nouvelle l'organisation, l'Idies, institut pour le développement de l'information économique sociale, qui s'est fixé pour but de participer à l'amélioration de la culture économique des français, "mais pas n'importe comment" (lire le manifeste de l'IDIES).

Un autre moyen pour améliorer la culture économique des Français consisterait à développer l'enseignement des sciences économiques et sociales dans toutes les filières du lycée (et pas seulement la filière ES : pourquoi les mathématiques ou la philosophie sont des enseignements dispensés à tous les Terminales générales, et pas les sciences économiques et sociales après tout ?). On pourrait même concevoir un enseignement en collège, voire même au primaire. Certains sociologues ou économistes n'hésitent pas à proposer quelques pistes de réflexion pour aborder ces sciences dès l'école.

Si un tel enseignement n'est malheureusement pas près de voir le jour en France, on peut tout de même se réjouir d'avoir une littérature jeunesse extrêmement développée (eh oui, il n'y a pas que Martine - quelle horreur - et Tintin). Et dans le foisonnement des albums pour les petits, certains abordent parfois des notions d'économie. C'est notamment le cas de La grosse faim de P'tit bonhomme, édité par Didier Jeunesse.

Je vous fais le pitch :
P'tit bonhomme se lève un matin, il a très faim, il court chez le boulanger chercher du pain. Mais il n'a pas un sous en poche. Le boulanger lui dit "le pain, mon p’tit monsieur, ça ne se donne pas, cela s’achète", et conseille alors au P'tit bonhomme de lui rapporter de la farine, il en ferait du pain. Et s'en suit une épopée chez le meunier, puis le paysan, puis la rivière, etc.

Cette histoire est très intéressante parce qu'elle permet d'apporter des réponses aux fameuses questions qui commencent par "Pourquoi ...", qui fusent à partir de 3 ans jusqu'à la fin de l'enfance, et qui embarrassent parfois les grands. Deux notions sont ici abordées, la division sociale du travail et la filière. La filière correspond à une succession de liaisons techniques entre différentes activités économiques : le meunier est en amont du boulanger, et en aval du paysan.

"Dis, pourquoi y a des boulangers ?"
Le division sociale du travail, mise en avant par Adam Smith (mais aussi Platon bien avant, ou même les physiocrates), montre que les individus sont conduits à se spécialiser "naturellement" car ils ont un "penchant pour le trafic, le troc et l'échange". D'autre comme Marx verront dans la division du travail non pas le résultat d'un processus naturel, mais celui d'un processus historique.
Selon Smith, si je me spécialise dans la fabrication du pain comme le boulanger de P'tit bonhomme, je vais disposer d'un surplus par rapport à ma consommation personnelle, que je vais pouvoir vendre, et en contrepartie de quoi je disposerai de monnaie qui me permettra d'acheter les autres produits nécessaires à la satisfaction de mes besoins. Et chacun des acteurs que je rencontre dans mon petit album est amené à faire la même chose. C'est ce qui a conduit Adam Smith à écrire sa fameuse phrase :
"Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c’est toujours de leur avantage."

A. Smith ne nous dit rien d'autre que, finalement, à rechercher notre intérêt personnel, nous concourrons à l'intérêt général (c'est la fameuse "main invisible"), et ce de manière plus importante que si nous visions l'intérêt général directement. Si on comprend cela dès le CP, on est prêt à se plonger dans les prolongements et les contradictions de cette théorie dès le cycle 3. Ça promet pour les études en fac !

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jeudi 24 avril 2008

Jedi's links [10]


Politique
La sortie du 4e numéro de la revue en ligne Histoire@Politique sur le thème Les jeunes, sujets et enjeux politiques. Beaucoup d'articles très intéressants tant à propos des mouvements politiques de jeunesse que des politiques visant les jeunes, et un article un peu à part qui devrait particulièrement intéresser Valerio Motta, observateur attentif la vie politique italienne, puisque cet article traite des droites juvéniles dans l'Italie de Berlusconi. Pour les collègues, beaucoup de ressources pour intéresser nos jeunes élèves dans les cours de science politique (pour ceux qui ne le savent pas, c'est une option que peuvent suivre les élèves de 1re de la filière ES).

En cette journée marquée par la diffusion multicanaux du premier épisode de la nouvelle série "En direct de l'Elysée", on continue dans l'analyse politique avec un article intéressant de Remi Lefebvre, professeur en science politique à l'Université de Reims et à l'IEP de Lille, paru sur Laviedesidees.fr. Et alors que N. Sarkozy était dans tous les éditoriaux ce matin, R. Lefebvre revient sur la campagne de la candidate socialiste Ségolène Royale lors des élections présidentielles.
Opinion et participation, La campagne présidentielle de Ségolène Royal, par Rémi Lefebvre sur La vie des idées.

Développement
Toujours sur le site La vie des idées, un recensé du dernier ouvrage de Paul Collier, professeur d'économie à Oxford. Il traite de la panne de développement des pays les moins avancés, des causes et des solutions que l'économiste propose. Un ouvrage intéressant alors qu'éclatent un peu partout dans le monde des "émeutes de la faim".
La non-richesse des Nations, Paul Collier à l’école des sorciers du développement, par Thomas Mélonio sur La vie des idées.

Un article qui remet quelques idées en place, moins scientifique que les liens proposés ci-dessus, plus militant mais pas moins intéressant. Il remet en cause les modes de calcul de la pauvreté dans le monde choisis par la Banque Mondiale. La Banque Mondiale étant une institution dont les statistiques en matière de développement sont largement utilisées dans le monde scientifique ou journalistique.
Un dollar par jour. Que savons-nous de la pauvreté dans le monde ? par Thomas Pogge du Comité pour l'annulation de la dette du Tiers-Monde

Parutions
Comment les personnes dépendantes seront-elles entourées en 2030 ? Projections européennes, Population et sociétés n°444, INED, avril 2008
L'intégration des TIC est encore incomplète dans les entreprises, Insee Première n°1184, avril 2008

Ailleurs sur les blogs :
Transformation de l'industrie, par O. Bouba-Olga
Pourquoi les impôts locaux augmentent ?, par Dyslexix de Ecopublix
Gizmo secourt les pieds carrés, par Gizmo

Enseignement supérieur
L'AEF, agence de presse Education-Formation bien connue des acteurs de l'enseignement en France, lance un podcast d'info : pour vous abonner c'est par ici. Pour en savoir plus, demandez à Manuel Canevet.

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mercredi 23 avril 2008

Le livre de la semaine : Le travail au noir

Le blog est réduit au silence pour cause de surcharge phénoménale de travail. Je prends quand même le temps de signaler des sorties d'ouvrage qui me paraissent particulièrement intéressant. En espérant un jour pouvoir mettre en ligne de véritables notes de lecture.

Cette semaine c'est au tour du nouveau livre de Florence Weber, Le travail au noir : une fraude parfois vitale ? L'auteur est bien connue des étudiants de sociologie pour avoir publié la bible du petit enquêteur avec Stéphane Beaud, le Guide de l'enquête de terrain. Florence Weber est anthropologue et sociologue, directrice des études au département de sciences sociales de l'Ecole Normale Supérieure.

Cet ouvrage tombe à point nommé alors que plusieurs centaines de travailleurs salariés sans-papiers ont déposé des demandes de régularisation suite à leur mouvement de grève de la semaine passée. Plusieurs voix s'élèvent à l'heure actuelle pour que cette régularisation "au cas par cas" ne se transforme pas en une loterie arbitraire comme cela avait déjà pu l'être par le passé, dans des processus plus ou moins similaires (je fais référence ici à la circulaire de 2006 portant sur la régularisation des familles dont les enfants étaient scolarisés en France. La CIMADE avait d'ailleurs publié il y a un an un rapport à ce propos, rapport que je présentais dans ce billet).

L'étude de la sociologue sur le travail au noir est plus large que la seule question des travailleurs en situations irrégulières qui, par définition, n'ont d'autre alternative que l'économie souterraine. Elle revient donc sur une pratique bien connue de ceux dont les papiers sont en règle mais qui peut prendre diverses formes tout à fait particulières.

Voici le résumé de l'éditeur :
Le maintien, voire l’augmentation du travail au noir dans les économies développées sont révélateurs des dysfonctionnements durables du marché du travail et des politiques fiscales et sociales.

Sans chercher à unifier le phénomène, Florence Weber distingue les différentes règles qu’il transgresse. Elle s’attache ensuite à deux enquêtes ethnographiques significatives, dans la Bourgogne industrielle des années 1980 et dans la région parisienne des années 2000. Épouses bénéficiant des droits sociaux de leur conjoint, femmes seules ou travailleurs sans papiers enfermés dans des carrières au noir, sans-abri faisant feu de tout bois, prestataires de l’aide sociale, professionnels ou bénévoles en quête de reconnaissance — les stratégies, parfois inévitables, parfois risquées, mises en œuvre par les individus sont très diverses, revêtant une double dimension économique et morale ; et ceux qui les observent de près sont confrontés à de véritables dilemmes.

Entre la tolérance bien informée et la réforme des politiques fiscales et sociales, la solution n’est-elle pas à chercher du côté d’une économie mondiale qui construirait des droits sociaux au lieu de s’adonner à une course au profit sans règles ?

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mercredi 16 avril 2008

Le livre de la semaine : les engagements étudiants

Le mercredi c'est permis.
Je trouve une connexion Internet qui me permet de signaler à tous ceux qui s'intéressent de près au milieu étudiant, comme cela a été mon cas pendant quelques années, la sortie du livre Les engagements étudiants. Des pratiques et des horizons dans un monde globalisé. Edité par le service des archives de l'Université Catholique de Louvain, cet ouvrage est en fait les actes d'un colloque qui a eu lieu à Louvain les 19 et 20 octobre 2006.

Résumé :
En près d'un millénaire d'histoire se cristallise une figure extraordinairement polysémique, et paradoxale, de l'étudiant universitaire.

Dans l'imaginaire social, la littérature, les arts plastiques, la musique, les analyses de toutes natures, l'étudiant est ainsi associé à la fois à l'étude et à la fête, au conformisme et à la contestation – voire à la révolution –, à l'élitisme et à la marginalité, mais aussi à la solidarité et à la citoyenneté.

Les événements qui bouleversent les campus de la côte ouest des États-Unis durant les années 60, et l'explosion de mai 68 en Europe, mettent encore un peu plus les engagements extra-académiques des étudiants sous les feux de la rampe. D'autant qu'en un sens, ils ne font que prendre le relais à la fois chronologique et géographique du Mouvement de 1919 en Chine ou de la part prise par les étudiants aux vagues révolutionnaires européennes du 19e siècle, qu'il s'agisse du Printemps des peuples de 1848, de la Commune de Paris ou de la Révolution russe de 1905.

Quant aux variations nationales ou continentales des formes de l'engagement ou des activités extra-académiques des étudiants, elles complexifient encore un paysage que les évolutions sociétales des trente dernières années ont profondément modifié.

Dans ce contexte général, le présent ouvrage tente de répondre aux questions suivantes: en ce début de 21e siècle, quelle typologie, quelle géographie et quelle généalogie des formes d'engagement extra-académique des étudiants peut-on établir ? Quelles sont les variations et les accentuations nationales ou continentales identifiables ? Et quels en sont les facteurs essentiels ? Peut-on identifier un modèle « louvaniste » d'engagement extra-académique des étudiants ? Quelles en seraient les caractéristiques et l'originalité ? Quels en seraient les sources et les déterminants ? Quel en serait l'impact à la fois pour l'institution universitaire, le monde étudiant et l'environnement social ?

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lundi 14 avril 2008

L'entreprise kiffe les jeunes

Repéré par CH de Rationalité Limitée (qui va bientôt s'épuiser si j'en crois son rythme de postage !!), Laurence aime les jeunes et le fais savoir :

Laurence Parisot salue la détermination des lycéens à exprimer une «exigence de qualité»

PARIS (AP) -- Laurence Parisot estime que les lycéens qui manifestent contre les suppressions d'emplois prévues dans l'enseignement secondaire sont «absolument formidables», et considère que cela «fait déjà un bon bout de temps» qu'on «ne traite pas bien» les nouvelles générations.

«Je dis (aux lycéens) que je les trouve absolument formidables d'exprimer cette exigence de qualité», de montrer qu'ils veulent une «éducation de très bon niveau», a expliqué la présidente du MEDEF dimanche. Et ce, même si «on peut accepter tout à fait l'idée que ce n'est pas forcément par un indicateur quantitatif qu'on trouve le meilleur fonctionnement qualitatif possible».

Plus largement, «ça fait déjà un bon bout de temps que nos nouvelles générations, on ne les traite pas bien», a-t-elle observé lors du «Grand Rendez-vous» Europe-1/TV5Monde/Le Parisien/Aujourd'hui en France. Rappelant qu'elle avait été «très réservée» sur le CPE (Contrat première embauche), Laurence Parisot a estimé qu'on avait «maltraité» les jeunes «en n'étant pas capable de gérer le dossier des retraites».

On leur fait porter un poids «considérable»: «comment peuvent-ils avoir (de) l'assurance» alors «qu'ils savent qu'ils vont peut-être bosser beaucoup, longtemps, sans pour autant avoir la garantie (...) de pouvoir bénéficier d'une retraite quand ils seront des seniors? C'est particulièrement injuste», a-t-elle jugé.

On a aussi maltraités les jeunes «parce que la planète est en danger», a observé la présidente du Mouvement des entreprises de France. «Je les comprends dans leurs angoisses».

Cherchant à rassurer les nouvelles générations, Laurence Parisot a souligné qu'il y avait «plein» de «métiers qui recrutent». «Les entreprises ont besoin» des jeunes, a-t-elle déclaré. «Les besoins d'embauches sont gigantesques» car «il y a un enjeu démographique» et «on a aussi besoin d'eux pour qu'ils nous apportent leurs idées», leurs «valeurs», leur «culture», «c'est comme ça que nos entreprises évoluent», a-t-elle dit.

Interrogée par ailleurs sur le problème du pouvoir d'achat, elle a estimé que «la meilleure façon de le résoudre» était «peut-être de baisser les prélèvements obligatoires». AP

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vendredi 11 avril 2008

Stress au travail

Pour ceux qui bossent en open space. Un article que je viens de découvrir sur Libé.fr, un mois après sa parution. Vive le net.

Open space, open stress, par Chloé Andries.

La journaliste possède par ailleurs un blog chez Mediapart.

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Happy birthday to me !


Alors que mon Maître-Jedi-des-blogs fête sa 500e note avec émotion, le blog Comprendre entre dans sa deuxième année d'existence. Je profite de ce message d'autopromotion pour vous confirmer que les notes plus sérieuses vont faire leur retour très bientôt [edit: non je ne me laisserais pas tenter par le côté obscur de la force], mais qu'en attendant je me retire dans un espace éloigné du monde numérique pendant une semaine. Le fil RSS va faire la sieste.

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jeudi 10 avril 2008

Pire que Kosciusko-Morizet : Michael Fortier

--- Avertissement : ceci n'est pas un post très sérieux ---


Lorsque l'on est responsable politique, il est des paroles qu'on ne peut prononcer. NKM en a fait les frais récemment en France. Mais Michael Fortier, le ministre fédéral des Travaux Publics du Canada, par ailleurs responsable de la Région de Montreal, a fait bien pire. Alors que l'équipe de hockey des Canadiens de Montréal commence sa première série de matchs des play-offs (phase finale de la LNH) contre les Bruins de Boston, Michael Fortier a prédit la défaite de son équipe ! C'est un peu comme si, à l'entrée des phases à élimination directe de l'Euro 2008, Jean-Louis Borloo disait devant des journalistes de l'Equipe que Domenech alignait des branquignolles qui dépasseront jamais les quarts. Mais c'est encore mieux quand c'est raconté en québécois :

La Presse Canadienne (mercredi 9 avril)
OTTAWA - Au Québec, prédire ces jours-ci que le Canadien de Montréal ne verra pas le lustre de la coupe Stanley est presque considéré crime de lèse-majesté. Et si c'est le ministre fédéral responsable de Montréal qui ose faire ce pronostic, il en est quitte pour être la cible de railleries.

Le sénateur et ministre non-élu, Michael Fortier, responsable de la région de Montréal, a fait réagir les partisans du Canadien, mercredi, en prédisant dans les pages de La Presse que la Sainte-Flanelle se retrouverait à jouer au golf après la deuxième ronde.

Le ministre des Travaux publics, oubliant quelques instants les principes sacrés de la partisannerie, croit que les joueurs du Canadien seront éliminés, en deuxième ronde, contre les Rangers de New York.

Le chef libéral Stéphane Dion n'a pas manqué l'occasion de se moquer de la "déclaration défaitiste" du ministre responsable de Montréal.

M. Dion a failli être pris à son propre jeu, hésitant visiblement lorsqu'un journaliste a testé ses connaissances en lui demandant qui était l'adversaire du Canadien en première ronde. Son adjoint a dû venir à sa rescousse en lui soufflant la réponse.

De la poignée de politiciens du Québec interrogés dans le cadre de l'exercice de La Presse, M. Fortier se démarque, étant le seul à croire que le Canadien ne se rendra même pas en finale. Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et le premier ministre du Québec, Jean Charest, ont le CH tatoué sur le cœur et prédisent rien de moins qu'un défilé de la coupe Stanley dans les rues de Montréal.

Le chef de l'Action démocratique, Mario Dumont, ne va pas aussi loin, lui qui évalue que le Canadien s'inclinera en finale, contre les Sharks de San José.

Et qui gagnera la coupe selon M. Fortier ? Pas les Sénateurs d'Ottawa, prédit-il, mais plutôt les Rangers de New York.

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Jedi's links [9]

Petite macédoine de liens :

Syndicalisme
- Le paradoxe du syndicalisme français : un faible nombre d’adhérents, mais des syndicats bien implantés, DARES, avril 2008.
Depuis une quinzaine d’années, la part des salariés syndiqués tend à se stabiliser autour de 8 %. Malgré la faiblesse du nombre de leurs adhérents, les organisations syndicales sont assez largement présentes sur les lieux de travail. Leur présence s’est même renforcée entre 1996 et 2005. Plus de 40 % des salariés déclarent en 2005 qu’un syndicat est présent sur leur lieu de travail, plus de la moitié dans leur entreprise ou leur administration.

Politiques fiscales
- "Heures sup'" : la loi adoptée à l'été 2007 est coûteuse et peu efficace et "On peut faire mieux et plus avec le même niveau de dépense", un article du Monde et un entretien avec Didier Migaud président (PS) de la commission des finances de l'Assemblée nationale

Réforme de l'Etat
- Cdanslair du 9 avril 2008, une discussion intéressante entre François Chérèque, leader syndical, Elie Cohen, économiste tendance Jacques Marseille mais en plus intelligent quand même, et Christophe Barbier, éditorialiste.

Déficit extérieur américain
- Note de Veille du Conseil d'analyse stratégique n° 94 (mars 2008), Réalités et apparences du déficit extérieur américain
Le déficit de la balance courante américaine est d’une ampleur moindre qu’il n’y paraît. Il est de surcroît à l’origine d’un processus de création de valeur qui en limite très fortement l’impact potentiellement négatif sur la richesse américaine. En conséquence, les forces de rappel auto-correctrices que suggèrent les approches économiques traditionnelles ont moins de chances de se produire à long terme.

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mercredi 9 avril 2008

Jérôme Kerviel, prend garde à toi !

... La concurrence arrive !
Si toi aussi tu as l'âme d'un winner, si tu sens qu'Euronext ne saura te résister, alors plonge toi dans la lecture de ce best-seller.

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A propos d'immigration

A l'occasion de la dernière crise de logorrhée de Jacques Marseille dans les colonnes du Point, je me suis demandé si j'étais le seul à trouver que Jacques dérivait de plus en plus vers les thèses frontistes. Apparemment non. Vous aussi vous arrive-t-il de penser cela ? Victimisation, techniques rhétoriques douteuses, cassage de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un fonctionnaire et maintenant promotion de thèses bizarroïdes sur l'immigration, Jacques va mal...

Plus sérieusement. Quelques liens valent mieux que les trois paragraphes bâclés que l'on peut lire dans Le Point :

- N'en déplaise à certains l'immigration favorise la croissance, par Jean-Christophe Dumont, Telos, 10 juin 2006
- Immigration : le savoir et les luttes, Entretien avec Gérard Noiriel, La vie des idées, 8 janvier 2008
- L’immigration choisie est-elle une bonne solution ?, par Timothy Hatton, Telos, 13 mars 2008
- Comment on identifie les étrangers, par Quentin Deluermoz, La vie des idées, 11 mars 2008
- La République, l’immigration et le droit des étrangers, par Pierre-Yves Manchon, La vie des idées, 6 février 2008
- De l’immigration choisie aux régularisations choisies, par François Brun, Mouvements, 25 février 2008.

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vendredi 4 avril 2008

Re : Des économistes chics et chocs

Ce post est un peu particulier puisqu'il s'agit d'une réponse au billet de Jean-Edouard du très bon blog Ma femme est une économiste. Jean-Edouard évoque le dernier ouvrage de Naomi Klein qui montre comme les "différentes crises ont été exploitées consciemment par Chicago Boys et autres comme des opportunités pour vendre des politiques « néo-libérales » présentées comme des « thérapies de choc »". Comme mon commentaire est un peu long, je n'ose pas squatter la page d'origine, et je poste donc ici. Je vous conseille bien sûr de lire le post original avant celui-ci pour mieux comprendre de quoi il retourne.

Début du commentaire
Très belle argumentation. Je vais me risquer à une petite prolongation.

Il n’est pas rare d’entendre les commentateurs, même les plus avisés, affirmer la fin du primat du politique sur l’économie. Et ce notamment à cause de la globalisation. La classe politique elle-même a contribué à cela. On ne compte plus les aveux d’impuissance, depuis le fameux « le chômage… on a tout essayé » jusqu'au dernier « je suis à la tête d’un Etat en faillite ». Les politiques n’ont eu de cesse d’user de l’argument d’impuissance, soit lorsqu’ils sont au pouvoir pour discréditer ce qui a été fait par les équipes précédantes, soit lorsqu’ils sont dans l’opposition pour stigmatiser l’immobilisme des dirigeants en place. Le caractère performatif du mythe de l’impuissance est impressionnant : tout le monde semble persuadé que le politique ne peut plus rien à l’ère de l’économie mondialisée, y compris les politiques eux-mêmes.

Des économistes de premier rang, comme Jean-Paul Fitoussi, n’hésitent pas à évoquer une véritable « politique de l’impuissance ». C’était d’ailleurs le titre d’un ouvrage paru en 2005. Le plus inquiétant c’est que cette politique de l’impuissance sert non seulement à qualifier les politiques étatiques, mais également des politiques supranationales, alors que celles-ci pourraient précisément s’efforcer de rassurer les angoissés de la mondialisation. D’ailleurs Fitoussi affirme que cette politique de l’impuissance est née de la confrontation des deux dogmes : celui du marché et celui de l’antilibéralisme obsessionnel. Il rappelait, pas plus tard qu’il y a une semaine, dans une émission de radio que c’est bien le politique qui devrait déterminer la croissance mais que pour autant nous ne pouvions que constater l'inverse, à savoir une croissance qui dicte les comportements et les décisions politiques.

Alors peut-être faut il paradoxalement voir dans ce découragement du politique face à l’économie une conséquence du fait que celle-ci ne soit plus engagée dans une volonté de faire émerger des doctrines qui puissent s’encastrer dans de puissantes idées politiques. Difficile de conserver sa neutralité axiologique : le scientifique ne peut que se réjouir que la science économique ne soit plus à ce point connecté au politique, qu’elle soit autonome et se limite dorénavant à présenter les choix politiques qui s’offrent aux dirigeants (même si cela m’apparaît quelque peu naïf de penser cela). Cela laisse malheureusement les dirigeants politiques soit dans le flou artistique comme ce peut être le cas de la gauche française, soit dans une démocratie d'opinion, où l'action politique ne semble guidée que par les sondages, accréditant par la même les théories du public choice. L’homme engagé pourrait regretter, alors que le dernier logiciel économico-politique est affaibli, qu’aucun autre ne soit en capacité de prendre sa place. Si bien que le libéralisme ébranlé par des crises successives, a tout le temps de muter et de renaître de ses cendres. J’ai l’impression que nous sommes bloqués sur la dernière séquence, et pourtant je ne peux me résoudre à envisager que nous ayons atteint la fin de l’histoire, et que celle-ci soit marquée par l’hégémonie des logiques de marché sur toutes les autres, à l’exception de quelques résurgences timides. Et la je me rends compte que je me dévoile à moi-même : je suis en fait Fitoussien, rendu à prôner une démocratie de marché…

Par ailleurs ; et pour revenir sur un point de détail de votre argumentation : vous dites que le keynesianisme, le marxisme et le libéralisme sont « des doctrines économiques appuyées sur de puissantes idées politiques ». Je pense plutôt que c’est l’inverse. Au contraire ne sont-ce pas plutôt les idées économiques qui ont en quelque sorte servi d’infrastructures aux grandes idéologies (au sens premier du terme) du XXe siècle, le communisme, l’interventionnisme et le libéralisme (je ne parle pas des totalitarismes) ?

En tout cas j’aime le ton des nouvelles notes, un ton effectivement plus libre qu’à l’époque de RCE. Elles sont très stimulantes.

Fin du commentaire

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jeudi 3 avril 2008

Rationalité limitée

Signalons la naissance d'un nouveau venu dans la blogosphère économique, qui répond au doux nom de Rationalité limitée. Cela va me permettre de tenter une petite explication de ce concept très présent dans les travaux qui ont trait à l'économie institutionnelle.

On a coutume de présenter l'économie comme la science des choix. Dans l'analyse néo-classique, modèle de base de l'économie mainstream d'aujourd'hui, les individus réalisent des choix sous contrainte mais disposent pour ce faire d'une rationalité substantielle. En clair, la théorie considère que les agents économiques sont capables d'effectuer des choix rationnels car ils disposent parfaitement de toute l'information disponible. Dans ce cas, nul doute que les individus optent pour les meilleures décisions possibles.

Herbert Simon, économiste américain (1916-2001) aussi prolixe qu'inclassable (les deux sont liés), va s'intéresser de très près aux problèmes de la décision dans les organisations, aux limites qui pèsent sur la rationalité des décideurs en situation d'incertitude. C'est en 1957, dans Models of Man qu'il synthétisera ses travaux de recherche sur la rationalité, et qu'il exposera son concept de rationalité limitée ("bounded rationality").

Le décideur se distingue alors de l'homo oeconomicus pour Simon, qui en profite pour égratigner au passage les théories de la rationalité parfaite, puisqu'il doit faire face à deux problèmes : l'imperfection de l'information et ses capacités de calculs limitées par le cerveau humain lui-même (touche à tout, Herbert Simon va se passionner pour les apports que représentent l'informatique mais également les sciences cognitives, psycho-cognitive et économie expérimentale, on le considère comme un fondateur de la recherche en intelligence artificielle).

De par l'imperfection de l'information, le décideur n'est jamais en capacité de connaître l'ensemble des alternatives qui s'offrent à lui, ni même les conséquences de ces choix. De plus il manque de temps et son cerveau n'est pas en capacité de traiter l'information pour optimiser véritablement ses choix. Pour Simon le processus de décision est donc séquentiel : le décideur, à partir d'un but qu'il se fixe et d'une idée des moyens dont il dispose pour y parvenir (c'est en cela que l'on parle de rationalité), va opter pour la première décision satisfaisante ("satisficing") qui s'offre à lui, sans savoir s'il s'agit de la décision optimale, c'est-à-dire la plus efficace pour faire simple. C'est en cela que l'on parle de rationalité limitée.

Dans un monde où la quantité d'information est en croissance exponentielle (Google ne compte plus ses pages référencées depuis plusieurs années), et où l'incertitude fait continuellement la une des journaux (même si l'on confond encore souvent risque et incertitude), on comprend l'utilité des apports de H. Simon à l'économie.

Maintenant qu'on en sait un peu plus sur ce qui se cache derrière ce concept, il nous reste à souhaiter une bonne route à Rationalité limitée

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Jedi's links [8]

Comme chaque jeudi, une nouvelle livraison de liens

Mon facebook friend, David Abiker, a invité samedi dernier l'économiste Jean-Paul Fitoussi dans sa nouvelle web-emission Parlons net. On peut retrouver les 45 minutes de l'émission sur le site de l'émission. Un conseil, visionnez cet extrait à partir de la 4e minute pour voir ce que JP Fitoussi pense du déficit budgétaire français :


La sortie de la semaine c'est le dernier ouvrage dirigé par le sociologue Laurent Muchielli, spécialiste de la délinquance et directeur du CESDIP : La frénésie sécuritaire. Retour à l'ordre et nouveau contrôle social. A noter la participation de Jean Danet à cet ouvrage, Maître de conférence en Droit à l'Université de Nantes.

Via liens-socio, on apprend la tenue d'un colloque international pluridisciplinaire qui m'a l'air fort intéressant et qui se déroulera à Rennes les 5, 6 et 7 novembre prochain. Comme je pars pour la Bretagne à la rentrée de 2008, j'espère pouvoir y assister : Espaces de vie, Espaces-enjeux : entre investissements ordinaires et mobilisations politiques

J'avoue avoir un petit faible pour l'étymologie, la philologie, l'histoire des mots, et cette petite animation flash proposée par la Banque des Savoirs est un régal même si elle mériterait d'être plus étoffée : Les mots migrateurs

Lu ici et là ces dernières heures :
- Un chat sur le site du Monde avec Jean-Hervé Lorenzi, professeur à Paris-Dauphine, à propos de la crise bancaire actuelle. 2 ans de galère en perspective...
- L'association des DRH réclame des statistiques ethniques pour lutter contre les discriminations et ravivent le débat, dans Libération
- Libé encore, Nicolas Cori, journaliste économique, poste sur son blog un billet à propos du discours de Ben Bernanke devant la commission économique du Congrès. Il pose judicieusement la question de la sanction des entreprises défaillantes lorsque celles-ci sont prises dans des interdépendances telles que leur faillite menace le système bancaire dans sa totalité. Too big to fail. Ben Bernanke est le gouverneur de la Federal Reserve, la banque centrale américaine.

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mercredi 2 avril 2008

La révolte de la périphérie du Football

Dans Le Monde daté du 3 avril, on peut lire un article de Jean-Pierre Langellier dans lequel il relate la colère du football andin. En effet, la FIFA vient quasiment d'interdire la tenue de matchs internationaux au-delà de 2500m d'altitude. Cette décision est vécue comme une injustice par des pays comme la Bolivie, dont la capitale (La Paz, 3600m) ne pourra recevoir de matchs éliminatoires de la Coupe du Monde 2010. Une décision qualifiée "d'agression contre les peuples", rien de moins, par Evo Morales en personne. Le Président Bolivien a d'ailleurs reçu le soutien de l'international argentin Diego Maradona dans sa lutte contre la FIFA. On pourrait voir ici une nouvelle illustration de la théorie des relations centre/périphérie.

Cette théorie d'inspiration marxienne, développée par l'économiste Samir Amin (Le développement inégal, 1973), reprise par des sociologues comme Immanuel Wallerstein, permet de penser le monde et les relations internationales en terme de centres et de périphéries, de liens d'interdépendance, forcément déséquilibrés en raison de la domination des pays du centre sur ceux de la périphérie. Dans le domaine du sport comme dans d'autres domaines (économique et financier notamment), les pays d'Amérique du Sud se révoltent contre cette domination "eurocentrée".

Après le FMI et la Banque mondiale, c'est au tour d'une autre instance de gouvernance internationale, la FIFA et son président Sepp Blatter, de se faire tancer par les principaux leaders politiques d'Amérique du Sud.

Crédit photo : Towards victory always par nickbuxton, sur Flickr

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