lundi 31 mars 2008

les femmes, l'avenir du développement durable ?

Ce matin sur France Inter on pouvait écouter l'émission d'Isabelle Giordano, Service Public, qui portait sur un curieux sujet : les femmes et le développement durable. 6e semaine du DD oblige, il fallait trouver un sujet dans l'actu, et des partenaires de choc : le WWF et Femme Actuelle. Ils publient dans un numéro spécial du mensuel féminin les résultats d'un sondage TNS-Sofres qui montre que les femmes sont à la pointe en matière de consommation de produits "verts" et "bios". Mais n'est-ce pas simplement le résultat d'une répartition des tâches domestiques toujours aussi sexuée ?

Il y a un point positif à faire ce genre d'émission, c'est de se rendre compte qu'il n'y a même pas besoin de faire de la sociologie, l'intuition suffit pour se rendre compte du côté grotesque de la chose. Dans les 100 et quelques commentaires d'auditeurs-internautes que l'on peut trouver sur le site, un bon nombre s'étonne de validité du sondage : apparemment seules des femmes ont été interrogées, et cela n'empêche pas les commanditaires du sondage d'affirmer que les femmes sont plus concernées par le développement durable que les hommes. Dans un second temps, nombreux sont les commentateurs qui reviennent sur le fait que la répartition des tâches domestiques au sein des couples est probablement l'explication première des résultats de ce sondage.

Malheureusement l'enquête TNS Sofres n'est pas disponible en ligne, ni sur le site de l'institut de sondage, ni sur celui du WWF, pas plus sur celui du magazine. Il faut bien vendre le papier, me direz-vous. C'est dommage parce qu'on serait très curieux de connaître la teneur des questions posées aux interviewées. En attendant, rien ne nous permet de savoir si les enquêteurs ont tenu compte de la sur-représentation des femmes parmi la population qui fréquente les enseignes de la grande distribution.

Enquête Emploi du temps
Pour satisfaire notre appétit de statistiques, on peut tout de même se retourner vers les enquêtes "Emploi du temps" (EDT) et "Mode de vie" de l'INSEE. Ces enquêtes réalisées environ tous les 10 ans (pour l'enquête EDT) consistent à donner à des milliers d'individus (plus de 15000 pour la dernière en date) un carnet dans lequel ils doivent noter leurs activités et les durées de celles-ci pour une journée donnée, par tranche de 10 minutes.

Dans la dernière enquête (1998-99) on pouvait constater que si les hommes consacraient en moyenne deux heures et demie par jour aux taches domestiques, les femmes y passaient allègrement deux heures de plus. Elles assuraient plus de 80% des tâches domestiques vécues comme des corvées. Sur la période que permet de couvrir les enquêtes EDT (1967-1999), on constate un léger rééquilibrage, à savoir une augmentation de la part des hommes dans les tâches domestiques. Mais que l'on ne s'y trompe pas : il ne s'agit pas tant d'un investissement supplémentaire de la gent masculine, mais bien d'une baisse globale du temps consacré aux tâches domestiques qui profite d'abord aux femmes, baisse due aux progrès de la technique et à la démocratisation des équipements ménagers.

Par ailleurs, s'il est vrai que la durée que les hommes consacrent aux tâches domestiques a progressé depuis la fin des années 60, il semblerait que ce processus ce soit arrêté dans les années 80 pour se stabiliser. Faute de données plus récentes, on ne peut conclure ni à une amélioration de la situation, ni à une détérioration. Une chose est sûre, les évolutions sont particulièrement lentes dans le domaine de la répartition des tâches domestiques au sein des couples.

Les mentalités évoluent lentement.
Les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes a cesser (ou diminuer) leur activité professionnelle après l'arrivée du premier enfant. Il y aurait comme une raison supérieure et naturelle à cela (si je choppe celui qui a inventé l'instinct maternel !!!). Cela explique, pour partie seulement, cette répartition au désavantage des femmes. On pourrait discuter encore longuement sur la part que prend la charge intellectuelle de ces tâches : qui est ce qui pense à laver la maison ? à faire la liste de course ? On pourrait également parler d'éducation sexuée : pourquoi, en tant qu'homme, suis-je si incompétent pour faire une liste de courses ?

La preuve que les mentalités évoluent lentement, on la trouve également dans les superbes interventions des invitées de l'émission que je citais en début de billet. Pour Serge Oru, directeur du WWF, "les femmes vont sauver la planète". "L'écologie c'est la science de la maison*, [les femmes] ont le don du temps, le don de la vie, elles sont la matrice de l'avenir écologique". Et ce n'est pas tout, les inepties continuent, dans une interview donnée au magazine que l'on peut lire ici : "L'activisme [des femmes] est bien réel même s'il reste quelques poches de résistances. En majorité elles ne sont pas prêtes à abandonner leur lave-linge". Je vous laisse juge.

Le pire, c'est qu'une femme, Muriel Picard la rédactrice en chef de Femme Actuelle, ne soit pas capable de prendre plus de recul que son acolyte. A tout bout de champs elle se félicitait que la femme soit l'avenir du développement durable (de la consommation verte plutôt) : "c'est elle qui à la charge du quotidien, qui est en prise directe avec la réalité". Si même les femmes se félicitent de faire les corvées à la place des hommes...


* C'est exact. L'étymologie du mot écologie renvoie à Oikos, la maison, et Logos, la science.

Sources :
- France Inter, Service public, Les consommatrices passent au vert, émission du 31 mars 2008
- Numero spécial de Femme Actuel en partenariat avec le WWF
- Dumontier F., Guillemot D. et Méda D., "L'évolution des temps sociaux au travers des enquêtes Emploi du temps", in Economie et Statistique, n°352-353, INSEE, sep 2002.
- Ponthieux S., Schreiber A., "Dans les couples de salariés, la répartition du travail domestique reste inégale", in Données sociales, la société française, INSEE, 2006.

Crédit photo : A woman's work is NEVER done! par Solcookie, sur Flickr.

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jeudi 27 mars 2008

Encore à propos des SES

Dans le Nouvel Obs de ce matin on peut trouver une double-interview de Jean-Pierre Boisivon, ancien délégué général de l'Institut De l'Entreprise, et Bernard Maris, économiste bien connu des auditeurs matinaux de France Inter et bloggueur à ses heures. Le thème du débat : l'enseignement de l'économie au lycée. Ça va devenir un marronnier. On peut le dire tout de suite, les deux hommes ne partagent pas la même vision de l'économie. Même si l'interview est trop courte à mon goût, je la trouve d'assez bonne facture, et plutôt intéressante. Pas dans le style dialogue de sourds comme on peut parfois en lire. Il n'en reste pas moins que, comme à chaque intervention à propos des SES, il y a des erreurs et comme bien souvent ce sont des erreurs par rapport aux programmes scolaires.

Avant de parler programme, parlons intitulé. Comme d'habitude la filière ES est réduite dans le titre à sa dimension économique. On passe le "S" de ES à la trappe, même si dans le reste de l'article on évoque à plusieurs reprises le fait que c'est un enseignement de science économique et de science sociale. D'ailleurs il faut mettre au crédit de Jean-Pierre Boisivon le fait qu'il rappelle sans détours que l'enseignement en lycée général "n'a pas de finalité professionnelle. Il a pour but d'assurer la culture générale et la formation intellectuelle à travers les différentes matières, dont l'économie et les sciences sociales".

Il faut également souligner cette prise de position rare chez les adhérents de l'IDE : Boisivon affirme dès le début de l'interview que "l'enseignement de l'économie n'a pas pour mission de produire les bons petits soldats de l'économie capitaliste, ni d'inoculer une méfiance systématique à son égard". Je pense, ou tout du moins j'espère, que cette position est partagée par l'ensemble des professeurs de Sciences économiques et sociales. On est loin des propos que peut tenir l'actuel Président de l'IDE, Michel Pébereau, qui rappelait il n'y a pas si longtemps "qu'il serait bon d'effectuer un travail pédagogique de fond sur nos lycéens, comme cela a été fait par les entreprises depuis 20 ans auprès de leurs salariés, afin de les sensibiliser aux contraintes du libéralisme et à améliorer leur compétitivité, en adhérant au projet de leur entreprise". Je suis peut-être un grand naïf, mais J.-P. Boisivon ne semble pas être un tenant de l'économie bisounours, on ne peut que l'en féliciter.

C'est par la suite que les choses se gâtent un peu. L'ancien délégué général de l'IDE affirme que "le programme n'a pas pris en compte des évolutions contemporaines très importantes". Je veux bien accepter la critique, mais les exemples qu'il prend me semble particulièrement mauvais. En effet, il s'attarde à expliquer que la mondialisation est trop absente des programmes officiels, que la notion de valeur ajoutée ne fait pas partie de la culture générale des jeunes, et que les fondements du fonctionnement de l'entreprise ne sont pas abordés.

On se doit de s'inscrire en faux pour chacun de ces exemples. La mondialisation est un des trois thèmes du programme de Terminale, c'est-à-dire celui qui sert de base aux épreuves du baccalauréat en SES. Un tiers de l'année est consacrée aux enjeux de l'ouverture internationale, depuis les stratégies des firmes transnationales (avec les notions de compétitivité, d'investissement direct à l'étranger, etc.) jusqu'aux nouveaux cadres de l'action publique avec l'intégration européenne, en passant par la mondialisation culturelle, l'étude des grands organismes internationaux (FMI, BM, OMC), la division internationale du travail, le débat protectionnisme-libre échange, etc... Et pour les élèves qui choisiraient l'option de SES en Terminale en plus de leur enseignement de tronc commun, ils bénéficient d'un enseignement portant sur l'œuvre de David Ricardo et son actualité en matière de commerce international.

En ce qui concerne la notion de valeur ajoutée, il faut savoir que c'est LA SEULE NOTION qui est présente dans tous les programmes de l'enseignement de SES, depuis la seconde jusqu'à la terminale ! Elle suit les élèves depuis l'initiation en classe de seconde jusqu'au baccalauréat. Donc je veux bien croire "qu'un jeune sur dix ne sait pas ce qu'est la valeur ajoutée", mais la solution ne consiste pas dans la révision des programmes de Sciences Economiques et Sociales, mais bel et bien dans la diffusion de cet enseignement dans toutes les filières du lycée général !

Enfin J.P. Boisivon suppose l'absence d'explications sur le fonctionnement de l'entreprise. Certes nous ne rentrons pas dans des détails techniques de microéconomie, mais la question est tout de même largement balayée encore une fois de la seconde à la terminale. Et plus particulièrement en classe de Première où nous abordons les notions de coûts (marginaux, moyens, fixes, variables), le profit, la productivité, les économies d'échelle, la concentration, la coopération, les barrières à l'entrée et à la sortie, la différenciation des produits, l'innovation, les incertitudes, le contrôle de la concurrence, la loi de l'offre et de la demande, la concurrence imparfaite, un peu d'économie de l'information, etc... La liste est longue.

Finalement, la question à se poser n'est peut-être pas celle des programmes (quoi ajouter, quoi enlever) qui même s'ils ne seront jamais parfaits, semblent plutôt bien adaptés à l'actualité économique et sociale. C'est plutôt la question des jeunes à qui l'on dispense cet enseignement de Sciences économiques et sociales qu'il faut se poser ; certains diront que je suis juge et partie, que je prêche pour ma chapelle, mais à mes yeux il est urgent de permettre au plus grand nombre de bénéficier de cet enseignement, tant il est apprécié par ceux qui le suivent, et nécessaire s'il on veut faire des actuels lycéens des futurs citoyens informés, autonomes et aptes à prendre les bonnes décisions.

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Jedi's links [7]

C'est l'intersaison dans la blogosphère éco !!

Et ça commence par le Racing Club des Economistes qui se sépare de ses deux contri-buteurs phares, j'ai nommé Emmeline et Jean-Edouard (oh ça rime !!). Tous deux voguent vers de nouvelles aventures, et ils comptent bien nous emmener avec eux. Ça s'appelle Ma femme est une économiste (rien à voir avec Chevallier et Laspalès) et c'est par là que ça se passe. Autant dire qu'on va surveiller ça de près.

Deuxième nouvelle, SM du site Econoclaste quitte son poste de défenseur des Sciences économiques et sociales, cette fameuse discipline enseignée dans les lycées français (mais que dans la filière ES, parce que les scientifiques, les littéraires et tous les autres, ils n'ont pas besoin de comprendre les enjeux économiques et sociaux du monde dans lequel ils vivent, c'est bien connu). Il quitte ce poste la tête haute mais non sans amertume, et je le comprends. J'ai parfois été un peu dur avec Econoclaste, et n'ai pas toujours reconnu leurs efforts lorsqu'ils défendaient la discipline que j'enseigne. Cette non reconnaissance n'était pas volontaire ou consciente de ma part, c'est juste qu'on prend la mauvaise habitude de l'ouvrir quand on est pas d'accord et de se taire quand on l'est. Mais je me rassure en me disant que si SM ne veut plus parler de SES, tout laisse à croire qu'il s'exprimera lorsque la filière ES sera menacée.

Autre nouvelle dans la même catégorie, TF1 a remplacé le regretté Thierry Gilardi par Christian Jean-Pierre, et c'est vraiment pas terrible. Voilà, je voulais le dire. Thierry tu nous manques.

Pour ce qui est des liens du jeudi, des vrais, pas ceux qu'on retrouve déjà dans la colonne à gauche, les voici.

La finance mondiale n'en fini pas de faire couler de l'encre et du pixel : faut réguler, pas réguler, renationaliser les banques... On lit de tout. Et c'est peut-être la preuve que quelque chose est réellement en train de se passer.

En vrac, en français et en anglais :
The rescue of Bear Stearns marks liberalisation’s limit, by Martin Wolf
2008 = 9291 ?, par Gilles Raveaud
It is time for reflection, not regulation on banking, by John Gapper
La finance contre-productive, par Jacques Cossart et Jean-Marie Harribey
More regulation will not prevent next crisis, by John Kay
La crise, par Bernard Maris
Les commentaires de Michel Aglietta à propos la crise bancaire américaine, en video sur RCE

Sinon côté socio, une critique plutôt sympa de l'imposante biographie de P. Bourdieu (538 pages !!) qui sort ces jours-ci, et c'est sur le site des Echos.

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mercredi 19 mars 2008

Ce que parler veut dire... pour le professeur

Pourquoi un professeur doit-il surveiller son langage et celui de ses élèves ? Pourquoi ? D'abord parce que l'Etat, son employeur, lui en a donné la mission :
Quelle que soit la discipline qu’il enseigne, [le professeur] a une responsabilité dans l’acquisition de la maîtrise orale et écrite de la langue française et dans le développement des capacités d’expression et de communication des élèves.
Circulaire 97-123 relative aux missions du professeur

Mais finalement, ça ne répond pas vraiment à la question "pourquoi ?", pourquoi cette responsabilité. En relisant Bourdieu, j'ai compris :
Le professeur, qu'il le veuille ou non, qu'il le sache ou non, et tout spécialement lorsqu'il se croit en rupture de ban, reste un mandataire, un délégué qui ne peut pas redéfinir sa tâche sans entrer dans des contradictions ni mettre ses récepteurs dans des contradictions aussi longtemps que ne sont pas transformées les lois du marché par rapport auxquelles il définit négativement ou positivement les lois relativement autonomes du petit marché qu'il instaure dans sa classe. Par exemple, un professeur qui refuse de noter ou qui refuse de corriger le langage de ses élèves a le droit de le faire, mais il peut, ce faisant, compromettre les chances de ses élèves sur le marché matrimonial ou sur le marché économique, où les lois du marché linguistique dominant continuent à s'imposer.
Pierre Bourdieu, "Ce que parler veut dire", Questions de sociologie, pp. 105-106, Les Editions de Minuit, 1980


Faut vachement que j'fasse gaffe à ce que je débite...

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Jedi's links [6]

J'ai complètement oublié la semaine dernière de vous livrer ma collection de liens. Cette semaine je la livre donc avec un jour d'avance histoire de me faire pardonner. En même temps personne n'est venu se plaindre... A croire que cela n'intéresse pas grand monde par ailleurs.

Je tiens à remercier la communauté des profs de SES qui me fait découvrir une tonne de contenus passionnants sur le web. On est plus intelligent à plusieurs, ça se confirme. Près de la moitié des liens de ce Jedi's links m'ont été indiqués par des collègues.

Archive video
Si vous voulez revoir Braudel parler des Economies-monde, le jeune Pierre Bourdieu évoquer sa théorie de la distinction et Max Gallo avec des cheveux (étrangement ressemblant au personnage principal du dernier film des frères Cohen), alors jetez vous à corps perdus dans le visionnage de cette pépite exhumée des archives de l'INA par le LibéLabo :
Apostrophes, L'historien le sociologue et le romancier, 21/12/1979

Passages d’anthologie garantis, avec une explication sur les relations entre sociologie et histoire par Fernand Braudel qui vaut le détour. [mode nostalgie on] La télé c'était mieux avant, les gens avaient le temps de se parler, ils étaient pas coupés toutes les trente secondes par l'animateur [mode nostalgie off]. D'ailleurs Bernard Pivot avait des faux airs de Mr Bean dans les années 70.

Sortie
L’OCDE vient de lancer un Wiki consacré aux inégalités hommes-femmes. Déjà une mine d’information qui devrait s’étoffer avec le temps. A suivre de près. Pour l’instant le site est intégralement en anglais, peut-être qu’une version française verra le jour.

Regards croisés sur l’économie vient de sortir son troisième numéro : Comprendre la finance contemporaine ?

Actu/Archive
Un petit billet d’Olivier Bouba-Olga sur le site Débat2007 (paru il y a plus d’un an) à propos de la théorie de l’électeur médian, qui permet par extension de comprendre à la fois pourquoi F. Bayrou pense pouvoir être le roi du Monde politique en étant au centre du centre, mais également pourquoi il perdra toujours tant qu’il y aura deux tours de scrutin aux élections françaises.

Article
Dans Le Monde, l’éditorialiste Bertrand Le Gendre signe un article plutôt équilibré je pense, ayant pour titre Faut-il brûler Wikipedia ?

Radio
L’économie en question, émission diffusée le 17 mars sur France Culture, que l’on peut écouter en ligne ou en podcast. L’émission porte sur l’ouvrage dirigé par Philippe Askenazy et Daniel Cohen, 27 questions d’économie contemporaine, à paraître ce jeudi 20 mars. Un petit tour d’horizon bien sympathique.

Sur les blogs
Un billet d’Alexandre Delaigue sur Eco-comparateur à propos de la crise financière actuelle et plus précisément la chute de la banque d’affaire Bear Stearns. Ou comment il est devenu particulièrement facile de « faire sauter la banque ».

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lundi 17 mars 2008

Quelle politique européenne de l'immigration ?

LeMonde.fr relaie ce soir la sortie d'une étude européenne soulignant la sévérité de la France en matière de politique d'immigration. Il faut savoir que plus de 30000 étrangers non européens vivent dans 224 centres fermés sur tout le continent. Alors que la France s'apprête à prendre la Présidence de l'Union Européenne pour 6 mois, et que N. Sarkozy a annoncé que la question de l'immigration serait abordée lors de cette présidence, il serait bon d'ouvrir un débat constructif, qui évite le travers qui consiste à alimenter le torrent des contre-vérités.

Trop souvent l'objet de l'instrumentalisation politicienne, l'immigration est pourtant, avec le vieillissement de la population, un défi démographique pour la France et l'Europe. Le babyboom s'est déjà transformé en papyboom, et dans 25-30 ans le solde migratoire ne suffira plus à compenser l'excèdent des décès sur les naissances. En clair, l'Europe va faire face à un déclin démographique sans précédent, et les politiques migratoires envisagées à l'heure actuelle risquent d'accentuer ce déclin.

Vous l'aurez compris, la question de l'immigration ne peut se passer des éclairages de la démographie. La lecture de quelques ouvrages de démographes ne seront pas de trop pour permettre aux dirigeants politiques européens de comprendre les enjeux de demain. Citons l'ouvrage de François Héran, Le temps des immigrés, dont on peut lire l'introduction ici. Ou encore les ouvrages d'Hervé Le Bras, et plus particulièrement la première partie des 4 mystères de la population française.

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jeudi 13 mars 2008

Euthanasie, Vatican, normes sociales et juridiques

Deux informations très différentes retiennent mon attention aujourd'hui : la position de la justice française vis-à-vis de l'euthanasie et celle du Vatican quant aux "nouvelles formes du péché social". Toutes deux permettent de mettre en lumière les relations qu'entretiennent normes sociales et normes juridiques. Le cas de Chantal Sebire, désireuse de mettre fin à ses jours, et la position du Premier Ministre et de la Garde des Sceaux sont relatés ici. Et la "modernisation des péchés" par le Vatican est abordée .

Qu'est ce qu'une norme ?
Une norme est une règle, une façon de se comporter propre au système de valeurs d'un groupe social, qui peut entraîner une sanction si un individu ne s'y conforme pas. En sociologie on distingue deux types de normes, la norme sociale et la norme juridique. La norme juridique est écrite, elle est explicite, et les sanctions qui y sont associées sont également connues. La norme sociale est implicite et la sanction est supposée mais pas inscrite dans le marbre. Si en théorie on peut aisément séparer la norme juridique de la norme sociale (l'une est écrite, l'autre non), en pratique cela est plus difficile. Par exemple l'interdiction de fumer dans les lieux publics est aujourd'hui à la fois une norme sociale et une norme juridique : des panneaux vous indiquent qu'il est interdit de fumer, avec une référence à l'article de loi, vous savez que si vous allumez votre cigarette vous risquez de prendre une amende de 70€. Norme juridique. Mais dans les faits, si vous allumez votre cigarette au beau milieu de la salle de réunion ou du restaurant, la sanction immédiate ne viendra pas de l'agent de police mais des individus qui vous entourent : des regards appuyés, un collègue ou un client qui souffle, un autre qui vous alpague et vous demande de sortir.

Le droit, reflet de l'état des mœurs d'une société ?
L'ensemble des règles juridiques constituent le droit (au sens large). Et pour Emile Durkheim, l'un des pères fondateurs de la sociologie française, le droit doit être particulièrement étudié car il reflète "l'état des moeurs de la société". Dans De la division du travail social, il expliquait que les valeurs sont profondément intériorisées par les individus et c'est pourquoi on ne pouvait que très difficilement les étudier. Il est vrai que les méthodes qualitatives (enquêtes par entretien, récit de vie...) n'étaient pas particulièrement utilisées dans la sociologie de la fin du XIXème siècle. Il s’est donc basé sur le droit des différentes sociétés pour étudier les rapports entretenus par les individus entre eux.
La solidarité sociale est un phénomène tout moral qui, par lui même, ne se prête pas à l'observation exacte ni surtout à la mesure. Pour procéder tant à cette classification qu'à cette comparaison, il faut donc substituer au fait interne qui nous échappe un fait extérieur qui le symbolise et étudier le premier à travers le second.
Ce symbole visible, c'est le droit. En effet, là où la solidarité sociale existe, malgré son caractère immatériel, elle ne reste pas à l'état de pure puissance, mais manifeste sa présence par des effets sensibles.

Dans les sociétés modernes, il y a beaucoup de contacts entre individus. Pour Durkheim cela provient de la division du travail. Comme les gens se spécialisent dans leur travail, il y a une solidarité sociale qui nécessairement se met en place ; c’est la différence avec les sociétés traditionnelles, à faible division du travail. Et plus cette vie sociale se densifie, plus on a besoin de définir des règles et de l’organiser pour le bon fonctionnement de la société.
Le droit assure donc la cohésion et la régulation sociale, tout en exprimant l'état des moeurs d'une société. Les valeurs qui sont suffisamment fortes provoquent la pression sociale qui va conduire à la traduction juridique, dans le droit, de ces valeurs. Et même si le droit peut sembler en retard sur l’évolution des mœurs, cela n’est que transitoire.

L'euthanasie, l'opinion et la législation
La Belgique, les Pays-Bas, la Suisse sont des pays dans lesquels la législation tolère l'euthanasie, avec des différences de degrés. Ça n'est pas le cas en France. Pourtant cela fait longtemps que l'opinion publique (si tant est qu'elle existe) est sondée, à intervalles réguliers, et qu'elle se prononce largement en faveur de cette pratique (78% en 1998, 82% en 2002, et 87% en 2007). Dans ces conditions on peut s'interroger : pourquoi le droit prend-il autant de retard par rapport aux valeurs ? Faut-il considérer les théories de Durkheim comme invalides ?

Emile Durkheim avait bien perçu que le droit et les moeurs pouvaient s'opposer fortement :
Cette opposition ne se produit que dans des circonstances tout à fait exceptionnelles. Il faut pour cela que le droit ne corresponde plus à l'état présent de la société et que pourtant il se maintienne, sans raison d'être, par la force de l'habitude. Dans ce cas, en effet, les relations nouvelles qui s'établissent malgré lui ne laissent pas de s'organiser ; car elles ne peuvent pas durer sans chercher à se consolider. Seulement, comme elles sont en conflit avec l'ancien droit qui persiste, elles ne dépassent pas le stade des mœurs et ne parviennent pas à entrer dans la vie juridique proprement dite. (…) Normalement, les mœurs ne s'opposent pas au droit mais au contraire en sont la base.


Les "entrepreneurs de morale"
La sociologie de Howard S. Becker peut nous éclairer, ou au moins nous permettre de s'approcher plus près du phénomène d'opposition entre norme juridique et norme sociale. Dans Outsiders, H. S. Becker développe la théorie de l'entrepreneur de morale.
Ce n'est pas parce qu'une norme existe qu'elle est automatiquement en vigueur. On ne peut pas rendre compte de l'application des normes en invoquant la vigilance constante de quelque groupe abstrait ; on ne peut pas dire que c'est « la société » qui est atteinte par chaque infraction et qui agit pour rétablir l'ordre. [...] L’explication met enjeu plusieurs facteurs.
Premièrement, il faut que quelqu'un prenne l'initiative de faire punir le présumé coupable ; faire appliquer une norme suppose donc un esprit d'entreprise et implique un entrepreneur. Deuxièmement, il faut que ceux qui souhaitent voir la norme appliquée attirent l'attention des autres sur l'infraction ; une fois rendue publique, celle-ci ne peut plus être négligée. En d'autres termes, il faut que quelqu'un crie au voleur. Troisièmement, pour crier au voleur, il faut y trouver un avantage : c'est l'intérêt personnel qui pousse à prendre cette initiative.

Dans le cas de l'euthanasie, et en règle générale sur toutes les questions que les journalistes qualifient de "douloureuses", on assiste à un affrontement d'entrepreneurs de morale qui cherchent à imposer leur vision de ce que devraient être les normes et les valeurs en vigueur dans la société. Ainsi ces minorités vont mettre en avant les bienfaits pour la société qu’apporteraient de nouvelles normes ou la persistance des anciennes normes, masquant le fait qu’ils souhaitent imposer à tous ces normes. C'est d'ailleurs l'affrontement qui rend "douloureuse" la question. Il est alors délicat pour le législateur de trancher en faveur de l'un ou de l'autre et préfère adopter le statu quo. Le droit ne serait pas tant le reflet de l'état des mœurs dans la société que le résultat de la confrontation d'entrepreneurs de morale.

Coïncidence, alors que l'actualité se porte à nouveau sur la question de l'adaptation de la norme juridique aux mœurs, l'Eglise catholique procède à la révision du droit canonique pour y intégrer de nouveaux péchés. De nombreuses associations qui refusent l'euthanasie trouvent la source de leur combat justement dans le dogme, en particulier le dogme catholique (6e commandement : "tu ne tueras point"). Les religions étant fondées sur le fait que l'homme est une création de Dieu, seul Dieu devrait apporter ou retirer la vie. Il faut croire que 2000 ans de culture judeo-chrétienne ne s'efface pas si facilement.

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lundi 10 mars 2008

Monopole et monopsone

Le monopole et le monopsone sont deux structures de marché caractéristiques de la concurrence imparfaite. Le monopole, tout le monde connaît, c'est quand une entreprise est seule à offrir un produit sur un marché (La Poste et le courrier de moins de 30 grammes, la SNCF et le transport ferroviaire de voyageur, Microsoft et le système d'exploitation pour PC jusqu'à l'arrivée des plate-formes libres). Le monopsone est plus rare. C'est la situation inverse du monopole, c'est-à-dire une structure de marché caractérisée par la présence d'un seul acheteur. Je ne m'étais jamais posé la question pourquoi "pole" et pourquoi "psone". D'où viennent ces suffixes ? Je me doutais de leur origine grecque, mais ne savais pas exactement de quoi il retournait. J'ai la réponse :
- monopole vient du grec polein qui signifie vendre
- monopsone est issu de opsônein qui veut dire s'approvisionner.

Comme dit l'expression, je me coucherai moins con ce soir... et en plus je saurai quoi répondre à l'élève qui m'a collé aujourd'hui.

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vendredi 7 mars 2008

Les subprimes, c'est nous !

"On a pas de pétrole mais on a des idées" (j'aurais pu choisir "Impossible n'est pas français"). Près de 300 ans avant les Américains, nous, les petits Français, avions déjà inventé les subprimes. Ou plus précisément le mécanisme qui a conduit à la crise financière actuelle. C'est ce que tente de démontrer James McDonald dans un article à paraître dans le Financial Times du 7 mars. Il nous raconte les déboires de John Law (1671-1729), économiste franco-écossais qui fut Surintendant des Finances sous le règne de Philippe II d'Orléans dit Le Régent. John Law s'est rendu célèbre pour avoir provoqué la banqueroute du système bancaire français en 1720.
A lire en ligne :
How the French invented subprime in 1719

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jeudi 6 mars 2008

Jedi's links [5]

De la pertinence de l’enseignement de l’économie, par Wladimir Andreff, Didier Laussel et André Tiran, Le Monde Economie daté du 4 mars. Lisible sur le merveilleux site de l'Apses.

Métier d'élève, métier d'enseignant à l'ère numérique, par Christine Dioni. Ci-dessous le résumé de l'article :
Cette recherche aborde les évolutions parallèles que suivent le «métier» d’élève et le métier d’enseignant sous l’influence des TIC. Elle s’appuie sur une recherche-action visant à analyser le rôle que les enseignants prennent ou sont prêts à prendre pour accompagner leurs élèves dans une pratique aujourd’hui largement répandue : l’usage d’Internet à des fins documentaires. Leurs difficultés à définir et à afficher clairement la place qu’ils ont à prendre dans l’acculturation numérique de leurs élèves se mesurent à travers les résistances qu’ils expriment sur cette mission. Ce rôle nouveau crée en effet une situation inédite qui les met en rupture avec les normes de leur culture scolaire. Chargés de faire évoluer les pratiques trop ludiques des élèves avec l’ordinateur vers des comportements plus «professionnels», ils éprouvent des difficultés à remédier à ces pratiques, à en parler et à les gérer au quotidien. Les enseignants sont amenés à devenir des agents du changement alors qu’ils sont eux-mêmes placés devant des injonctions fortes pour faire évoluer leur métier avec les technologies.


Pour saisir l'ampleur des inégalités de revenu en France en moins de 3 secondes, plus efficace que la courbe de Lorenz, l'anneau de l'observatoire des inégalités.

Quand les demandeurs d'emploi travaillent : un tiers des inscrits à l’ANPE exercent une activité réduite, par Étienne Debauche, Thomas Deroyon et Stéphane Jugnot, Premières Synthèses - DARES, fev. 2008.

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lundi 3 mars 2008

De la démocratie en Russie ?

Il y a quelques jours j'abordais la question du devenir des régimes démocratiques avec le commentaire d'un livre de Guy Hermet. Il est un pays pour lequel la question ne semble plus se poser...

L'opposition fulmine, Mikhaïl Kassianov parle d'opération du KGB
(Reuters) Par Conor Sweeney

Les leaders de l'opposition russe se sont plaints d'irrégularités dans le déroulement de l'élection présidentielle de dimanche, qui devrait être remportée haut la main par Dmitri Medvedev, candidat adoubé par le président sortant Vladimir Poutine.

Le dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, a brossé un portrait en demi-teinte de Medvedev en allant voter, exprimant en outre des doutes quant au processus électoral. "Je crois qu'il est bien préparé, bien formé et moderne. Il a une bonne expérience en tant qu'avocat, il est intelligent, mais il a une faiblesse, il n'a pas travaillé assez longtemps au niveau fédéral", a déclaré Gorbatchev, qui a perdu le pouvoir après l'effondrement en 1991 de l'Union soviétique.

Le "père de la Perestroïka" a estimé que le niveau de ce scrutin présidentiel était "meilleur que celui du précédent, mais loin de ce qu'il devrait être".

Le candidat communiste Guennadi Ziouganov, dont les sondages prédisent qu'il va se classer deuxième loin derrière Medvedev, s'est plaint d'irrégularités dans les opérations de vote dans l'extrême-Orient russe. "Malheureusement, il y a beaucoup de violations", a déclaré Ziouganov, qui s'était également plaint de fraudes multiples après les élections législatives de décembre.

"Je suis étonné que certains gouverneurs régionaux aient pris la parole hier pour appeler les électeurs à soutenir le parti du pouvoir", a-t-il ajouté.

"RIEN À VOIR AVEC DES ÉLECTIONS"

L'ancien Premier ministre russe Mikhaïl Kassianov, passé dans l'opposition, a vu sa candidature à l'élection rejetée.

"C'est une opération des services secrets du KGB visant à transférer le pouvoir d'une personne à une autre. Cela n'a rien à voir avec des élections", a déclaré Kassianov à Reuters sur la place Rouge.

"Il n'y a pas de vainqueur, mais les perdants sont 140 millions de Russes et la Fédération de Russie ainsi que sa réputation sur la scène internationale."

Près de la place Rouge, à laquelle il n'a pu accéder à cause d'un cordon de police, l'ex-champion d'échecs et opposant Garry Kasparov, a brandi avec des sympathisants une banderole proclamant: "Pas impliqués dans cette mascarade !"

"Tout le droit russe est en train d'être violé. Les autorités ont liquidé l'élection dans ce pays. Il est à présent nécessaire de lancer une campagne pour qu'on reconnaisse qu'elle est illégitime", a-t-il dit. Il a décidé l'an dernier de ne pas se présenter à l'élection en guise de protestation.

Ces récriminations ont été balayées par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a présenté la forte participation annoncée comme un signe de l'enthousiasme suscité par Medvedev.

"La prévision de participation est assez élevée, ce qui prouve la participation politique active des habitants de Russie, et beaucoup d'entre eux choisissent de voter pour la poursuite des changements dans le pays", a déclaré Peskov à Reuters.

Ce dernier a estimé qu'il ne fallait pas tirer de conclusions hâtives quant au déroulement de l'élection, ajoutant que certaines allégations devraient faire l'objet d'enquêtes par la Commission électorale centrale.

Avec Chris Baldwin, version française Natacha Crnjanski

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dimanche 2 mars 2008

Evaluer l'activation des dépenses pour l'emploi

Un des grands maux de la politique à l'heure actuelle consiste dans la succession des plans, des mesures, des lois sans que l'efficacité de ceux mis en place 6 mois auparavant n'aient fait l'objet d'évaluations. On empile, on empile, car la politique ça n'est plus envisager l'avenir, mais faire aujourd'hui, être dans l'action coûte que coûte, pourvu que cela se voit. Un des meilleurs exemples est peut-être celui de l'annonce en janvier 2006 par D. de Villepin de la création d'un CPE, avant même que le CNE n'ait été évalué. Pour une fois on peut vérifier un vieil adage : il ne faut pas confondre vitesse et précipitation.

Depuis l'apparition du chômage de masse à la fin des années 70, l'activation des dépenses pour l'emploi est préconisé, et ce avec une certaine force depuis quelques années. Si vous ne savez pas ce que recouvre l'expression "activation des dépenses pour l'emploi", suivez le lien. Mais avec un chômage persistant, il est difficile de savoir quels sont les effets des dépenses passives (indemnisations des chômeurs, incitations au retrait d'activité) et ceux des dépenses actives. Aujourd'hui la part de la dépense active et celle de la dépense passive relèvent toutes deux du même ordre de grandeur dans l'ensemble des dépenses affectées au traitement du chômage.

L'Unédic et L'ANPE ont engagé, depuis le début de l'année 2007, deux expérimentations conjointes d'accompagnement renforcé des demandeurs d'emploi. Un comité de pilotage a été mis en place pour conduire des évaluations de ces différentes expérimentations, sous la présidence de Claude Seibel, , ancien Inspecteur de l'INSEE, ancien Directeur des études statistiques du Ministère de l'Education Nationale, et ancien directeur de la DARES (donc ancien membre du CAE). A cette occasion, la DARES lance la publication d'un périodique sur la question de l'accompagnement renforcé des demandeurs d'emploi. Le numéro un vient de sortir. A suivre de près donc, si vous êtes intéressé par la question de la prise en charge du chômage par les pouvoirs publics.

Evaluation des expérimentations d’accompagnement renforcé des demandeurs d’emploi (n°1-janv 2008)


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