lundi 31 décembre 2007

La participation électorale en 2007

Vite fait, en passant, pendant la trève des fêtes de fin d'année, je me permets de recommander la lecture de Insee Première n°1169 consacré à la participation des Français aux différents scrutins de 2007.

Rappelons aux allergiques de la politique que 2008 sera également une année électorale avec les municipales en mars. Il ne vous reste plus que quelques heures pour vous inscrire sur les listes électorales si ce n'est déjà fait.

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lundi 24 décembre 2007

Noël, les Francais et la consommation.

Souvenez-vous, il y a à peine deux mois, Jean-Pierre Pernault vous garantissait que les Français allaient réfréner leurs envies de consommation pour Noël. C'était la faute au pouvoir d'achat, ou à la vie chère, au ras-le-bol du tout consommation. Bref c'était facilement prévisible. A coup de Robert Rochefort (sociologue, directeur général du Credoc) dans tous les articles pour la caution scientifique, on expliquait que cette année allait être synonyme de chute libre de la consommation par rapport aux autres années. Mais c'était sans compter sur les sournoises guirlandes électriques, les dindes et les sapins qui ne perdent plus leurs épines !

"Les français en ont marre de l'hyperconsommation"
Début Novembre, la nouvelle tombe, sous la forme d'une enquête d'opinion (miam!) réalisée par TNS Sofres, le chiffre est sans appel. Plus d'1/4 des Français sont décidés à moins consommer cette année pour Noël. Pour Robert Rochefort, c'est clair, "les Français en ont marre de l'hyperconsommation de Noël". On en parle un peu partout, sur France Inter Isabelle Giordano y consacre une brève dans son emission Service Public dans laquelle elle nous apprend, grâce à une autre enquête, que comme nos amis Américains les Français sont de plus en plus tentés d'offrir des "vouchers", ces chèques-cadeaux qui ont fleuris un peu partout. Et surtout qu'ils veulent de l'argent à Noël pour régler les dépenses courantes, et non plus des cadeaux. Moins de dépenses pour les cadeaux, les distributeurs s'étranglent...

Le bon filon cette année, c'était les guirlandes
Avant veille de Noël. Dans les gros titres du journal de France 2, nous sommes le 23 décembre au soir, le trés cher réveillon de Noël des Français, surtout si vous vous y êtes pris à la dernière minute. C'est bien connu, pressé par le temps, le consommateur de dernière minute perd toute sa rationalité et il est prêt à dépenser une fortune pour ce boa en peluche d'un vert immonde. Le chiffre tombe, les prévisions annoncent plus de 550€ de dépenses en moyenne par foyer pour Noël. Le budget "cadeau" en prend un coup par rapport à 2006, c'est vrai, mais par contre le budget "fête" explose. Le sapin qui ne perd plus ses épines (le Nordmann, mais s'il ne perd plus ses épines, est-ce toujours un vrai sapin de Noël ? Plus besoin du sac à sapin Unicef... raah), la guirlande étanche pour accrocher à la gouttière et faire enrager le voisin parce que la notre elle est plus belle d'abord, les petits santons made in Provence, tout ça explose, et finalement le chiffre de la consommation Noël n'est pas plus faible en 2007.

Mais d'où sort ce chiffre de 556€ ?
Une étude à la sortie des Ikea, Leclerc et autres Jardiland ? Que nenni, c'est le trés important cabinet Deloitte qui avait rendu public son étude internationale le 12 novembre dernier. Eh oui, c'est la même étude qui a servi début novembre à expliquer que les Français consommeront moins pour leurs cadeaux, et qui a servi hier au soir au JT de 20h pour expliquer que les Français consommaient quand même beaucoup pour Noël. De quand date alors précisément l'enquête ? Première semaine d'octobre : personnellement, le 2 octobre je ne savais pas où je passerai le réveillon, quels cadeaux je comptais faire, si mon balcon méritait vraiment sa guirlande...

C'est une petite blague : Pourquoi Dieu a-t-il créé l'économie ?
Pour que les prévisions météorologiques soient prises au sérieux.


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dimanche 23 décembre 2007

De la parité en Norvège

La Norvège n'est pas qu'un pays où l'on peut voir de belles aurores boréales, c'est également un pays où l'égalité Hommes-Femmes veut vraiment dire quelque chose. Il y a quelques mois, à l'occasion des élections législatives, j'étais revenu sur la place des femmes dans les parlements à travers l'Europe et le monde. Déjà la Norvège était très haut dans le classement. S'il reste encore une segmentation du marché du travail très marquée, le monde du travail bénéficie de lois très strictes pour assurer l'égalité hommes-femmes.

Contrairement à nous autres Français, les Norvégiens vont plus loin dans l'application de la parité. Ils dépassent la sphère du politique pour l'imposer dans la sphère économique. En effet, janvier 2008 vera une nouvelle loi entrer en vigueur entre la mer du Nord et celle de Barents, loi qui imposera à tous les conseils d'administration des entreprises côtées en bourse de comporter au minimum 40% de femmes. Il faut savoir que la Norvège détenait déjà le record du monde en matière de féminisation des CA avec une moyenne de 35% de femmes.

Ce sujet me permet de faire un peu de publicité pour un blog qui parle des sociétés nordiques et qui vaut le détour : Sociétés nordiques, par Alain Lefevre. On y apprend notamment que c'est une française qui a été récemment nommée Ministre de l'Egalité, Manuela Ramin-Osmundsen.


Crédit photo :northern lights near Berlevag, Norway 6-11-05
Originally uploaded by localsurfer

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lundi 17 décembre 2007

La fécondité à son plus haut niveau depuis plus de trente ans !

C'est la fête à l'INED ! On a fait péter le champagne, les scores n'ont jamais été aussi bon (enfin presque, c'est pas le baby boom quand même). France Prioux, démographe et directrice d'études à l'INED, signe un papier dans le dernier numéro de Population (à ne pas confondre avec Population & Sociétés, que je citais dans la précédente note, autre publication de l'Institut) dans lequel elle revient sur les principales évolutions démographiques récentes de la France.
La France métropolitaine compte 61,5 millions d'habitants au 1er janvier 2007. L'augmentation de la population a été soutenue en 2006 (+ 6,1 ‰), du fait de l'augmentation des naissances (+ 2,9 %) et de la diminution des décès (- 1,4 %). Le nombre d'étrangers admis à séjourner a très légèrement diminué en 2005. L'indicateur conjoncturel de fécondité s'élève à 1,98 enfant par femme en 2006 (+ 3,2 %).

L'indicateur conjoncturel de fécondité mesure, comme nous le précise l'INSEE, le nombre d'enfants qu'aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés à chaque âge l'année de référence demeuraient inchangés. Comme il y a toutes les raisons de penser que cette structure change chaque année, cette indicateur n'est qu'un bon outil de comparaison d'une année sur l'autre. Ce n'est pas une description de la réalité, et encore moins de l'avenir.

Malgré tout, la descendance finale diminue entre les générations 1960 et 1970, mais elle ne devrait pas descendre en dessous de 2 enfants par femme. L'estimation du nombre d'IVG a été revue légèrement à la baisse : depuis les années 1990, il se situerait un peu en dessous de 210 000, sauf en 2004 où il augmente un peu.

La descendance finale est le nombre moyen d'enfants que mettrait au monde une génération de femmes tout au long de leur vie féconde, si on ne tenait pas compte de leur mortalité. C'est la somme des taux de fécondité par âge d'une génération.

Alors que le nombre de déclarations de pacs continue à augmenter en 2006 (+ 28 %), celui des mariages a diminué de 3,3 %, la faible reprise de 2005 ne s'étant pas confirmée. La mise en application d'une nouvelle loi sur les divorces a été suivie d'une forte hausse des divorces ; l'indicateur conjoncturel grimpe à 52,3 divorces pour 100 mariages en 2005, puis recule un peu en 2006 (46,9).

La encore il faut bien comprendre ce qui se cache derrière l'indicateur conjoncturel de divortialité. Qui n'a pas entendu dans les médias ou les conversations "un mariage sur deux se terminera en divorce" ? De vraies Madame Soleil a tout les coins de rue ?! Cette interprétation est bien sur fausse. L'indicateur de divortialité c'est le nombre de divorces que compterait une "promotion" fictive de mariages dont la probabilité de divorcer serait, à chaque durée de mariage, identique à celle observée l’année considérée. En clair il ne décrit le comportement réel d’aucune promotion de mariages. Il augmente lorsque les divorces deviennent plus précoces dans les promotions de mariages, même si leur risque de divorcer ne s’élève pas. Cela ne fait pas de cet indicateur un instrument moins précieux pour autant.

L'espérance de vie à la naissance s'élève à 77,2 ans pour les hommes en 2006 (0,4 an de plus qu'en 2005) et 84,1 ans pour les femmes (+ 0,3 an). Presque toutes les pathologies ont bénéficié de progrès notables en 2004, et notamment les maladies cardiovasculaires. Grâce aux mesures de prévention, la surmortalité provoquée par la vague de chaleur de juillet 2006 a été beaucoup plus faible que prévu.

Source :
France Prioux, L'évolution démographique récente en France : la fécondité à son plus haut niveau depuis plus de trente ans, Population 2007, n°3, INED.

Crédit photo : demography par maybemaq sur Flickr

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dimanche 16 décembre 2007

Concilier travail et famille

KindergartenAprès un billet sur le supposé choix travail/loisir des français, arbitré en quelque sorte par l'appat du gain, un billet sur la conciliation travail/famille. L'INED vient de consacrer son dernier numéro de Population & Sociétés à ce sujet. Le Monde dans un article du 12 décembre en faisait un compte-rendu en se centrant sur la problématique de la garde d'enfant. Allons voir un peu plus loin...

Première info, la majorité des employeurs pensent devoir s'impliquer dans la conciliation. C'est intéressant de voir que les motivations sont, pour le privé de voir la productivité des travailleurs s'améliorer, pour le public de voir l'absentéisme diminuer, et pour les institutions sans but lucratif de voir le bien-être des salariés s'améliorer, tout simplement (ne soyons pas naïfs, les conditions de travail dans les associations et les syndicats ne sont pas des plus agréables). Il serait intéressant de savoir si la productivité augmente réellement lorsque l'entreprise investit dans la conciliation, et si hausse de la productivité il y a, est-ce qu'elle est due véritablement à l'amélioration des conditions de travail ou bien si l'aide à la conciliation est une sorte de vecteur de l'effet Hawthorne. On parle d'effet Hawthorne lorsque la productivité d'un travailleur s'améliore uniquement grace à l'attention qui est portée sur lui. Cela vient des enquêtes réalisées par Elton Mayo à la Hawthorne Works Cie de Chicago dans les années 30. Psycho-sociologue, Elton Mayo et ses étudiants investissent une usine de Chicago, et y observent les conditions de travail. Et l'étude a montré que quelles que soient les conditions de travail, le fait même que quelqu'un s'intéresse au travail des salariés suffisait à ce que la productivité de ces derniers s'en ressentent. Travaux depuis critiqués... mais qui ont fortement marqué des générations de psychologues du travail.

Les prestations en nature sont rares et existent surtout dans le public. Comprendre les entreprises préfèrent donner de l'argent à leurs salariés plutôt que de proposer elles-mêmes des services. Ainsi il y a très peu de crèches en entreprise (2% d'employeurs déclarent offrir un tel service, soit un salarié concerné sur 15 dans les entreprises de plus de 20 salariés). Ce qui est ici intéressant, c'est la contradiction entre l'étude et l'article du Monde que je citais en introduction. L'étude affirme que peu de changements ont eu lieu, même depuis la récente loi sur le sujet, et l'article du Monde, à partir du seul témoignage d'un chef d'entreprise parvient à infirmer l'étude. C'est beau. Surtout que seulement 1% des établissements ne disposant pas de crèche envisageait de proposer ce service à l'avenir.

Les prestations financières sont très disparates selon les secteurs. Ainsi dans le public l'aide aux enfants sera priviliégiée (vacances, études, frais de garde) tandis que dans le privé, c'est la contribution aux mutuelles. Et ce de manière plus prononcées dans les secteurs comme la banque, l'immobilier ou encore l'énergie.

En conclusion l'étude affirme que les mesures d'aide à la conciliation proposées par les employeurs se concentrent sur certains secteurs et se cumulent souvent, créant des disparités entre salariés.

L'enquête a été menée auprès de 2763 employeurs répondant, dans des structures d'au moins 20 salariés.

Source :
Cécile Lefèvre, Ariane Pailhé, Anne Solaz, "Comment les employeurs aident-ils leurs salariés à concilier travail et famille ?", Population et sociétés, no 440, décembre 2007.

Crédit photo : Kindergarten par Pinreader, sur Flickr

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mardi 11 décembre 2007

A propos du sondage IFOP Metro sur le "travailler plus pour gagner plus"

Ca va devenir une habitude sur ce blog, après le fameux sondage sur la grève d'octobre, voila un autre sondage qui devrait faire parler de lui. Ce matin dans le gratuit Metro, entre le titre "il a caché sa cocaïne dans sa prothèse" et "on a retrouvé le chat de Shrek 2", on peut lire que 63% des français sont prêt à effectuer un arbitrage travail/loisir en faveur du travail. Et puis dans l'article qui suit, point de précision sur l'enquête en elle-même, le chiffre était désormais considéré comme irréfutable. Et pourtant...

Et pourtant il est plus que criticable.
Tout d'abord la méthode. Nombre d'enquêtés : 1034, chiffre correct pour un sondage d'opinion. Méthode des quotas, blablabla... et mode de recueil des données : les interviews ont eu lieu par questionnaire auto administré en ligne. Qu'est ce que c'est que ça ?? Les sondeurs utilisent le net maintenant ? Et bien oui c'est pratique, ça fait de la main d'oeuvre en moins à payer, les internautes font le boulot très bien tout seul, ils ont qu'à cliquer sur des cases. Comment assurer une quelconque méthode de quotas sur le net ? Truc muche, un peu speed, remplit son questionnaire sur je ne sais quel site, squizze la question qui lui demande sa ville, et hop c'est foutu. La méthode des quotas reposant sur une stratification régionale et par type d'agglomération, les résultats sont biaisés. Bref, je vous laisse juge de l'utilisation d'une telle méthode pour recueillir des données fiables.

Je passe sur les fautes d'orthographe que l'on peut trouver dans le rapport du sondage, à croire que c'est un stagiaire de 3eme qui fait sa Découverte Professionnelle à l'Ifop qui l'a rédigé (et encore, c'est méchant pour l'élève de 3ème).

La question, la question, la question...
Le coup classique de la question qui induit la réponse. Je vous le donne en mille :
Vous personnellement, si vous en aviez le choix, que préfereriez vous ?
- Gagner moins d'argent et avoir plus de temps libre
- Gagner plus d'argent et avoir moins de temps libre


Vous là, oui vous, derrière votre écran... On bouge plus on répond à la question !
Sans réfléchir, qu'est ce qui sonne le mieux dans vos oreilles : gagner moins ou gagner plus ?
On se demande bien pourquoi la question n'est pas formulé de façon plus neutre :
- Gagner plus d'argent et avoir moins de temps libre
- Avoir plus de temps libre et gagner moins d'argent

Voire carrément dans l'autre sens :
- Gagner plus d'argent et consacrer moins de temps à sa famille
- Gagner moins d'argent et consacrer plus de temps à sa famille

Bref, quelques petits exemples pour vous montrer qu'une question n'est jamais neutre.

Une escroquerie pouvant tout à fait en cacher une autre, on présente des chiffres qui ne font pas état de la fameuse catégorie "Ne se prononce pas". Celle qui embête les journalistes mais qui passionnent les sociologues. Forcément, sur Internet, ce sont ceux qui veulent donner leur avis qui le donnent, ceux qui ne se prononcent pas n'ont pas cliqué sur le lien. Et comble, on ose comparer les résultats avec une enquête de 2001 pour en tirer un semblant d'étude longitudinale. En 2001, 1) l'enquête était réalisée par téléphone, 2) et nul part l'IFOP ne fait mention de la question qui était posée aux enquêtés. Résultats, on a un taux de non réponse de 6% qui suffit pour servir de variable d'ajustement et ne pas dégager de majorité en 2001. Le 47% de 2001 permet à Metro et à l'IFOP de titrer "Il y a eu un vrai basculement en 2001" : ou comment on fait croire que la société bouge dans un sens sans avoir la certitude que ce n'est pas l'inverse.

Deuxième question, encore plus énorme :
Le gouvernement a annoncé des mesures sur l'exonération de charges sociales et la defiscalisation des heures supplémentaires. Souhaitez vous à l'avenir effectuer des heures supplémentaires ?

Pourquoi ne pas avoir plutôt demandé :
Le gouvernement a annoncé que les heures supplémentaires ne rentreront plus dans le calcul de la retraite et de l'assurance chômage. Souhaitez vous à l'avenir effectuer des heures supplémentaires ?

Les deux questions sont équivalentes. Mais les réponses induites loin d'être indentiques. Et l'enquête continue, mais moi je m'arrête...

NB : le nom du PDF publié par l'IFOP c'est travaillerpluspourgagnerplus.pdf , si vous aviez encore des doutes...

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L'argent ne fait pas le bonheur...

...mais il y contribue. Le CREDOC (Centre de Recherche pour l'Etude et l'Observation des Conditions de vie) dévoile quelques conclusions d'une étude à paraître prochainement, qui montre qu'en matière de conditions de vie les hauts revenus se détachent globalement des autres catégories de la population depuis 25 ans. Et dans le même temps les classes moyennes "dérivent" - selon l'expression consacrée par Louis Chauvel - de plus en plus vers les bas revenus.

Pour observer des courbes très intéressantes, c'est par ici.

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lundi 10 décembre 2007

Kesako la balance commerciale ?

J'ai entendu ces jours-ci sur les ondes d'une radio d'information en continu une journaliste déplorer le déficit commercial de la France qui se creuse. Ce matin dans une tribune qui a fait grand bruit, la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme Rama Yade, a déclaré, entre autre, que "la France n'est pas qu'une balance commerciale". Mais qu'est ce donc que cette fameuse balance commerciale ? Et le fait qu'elle soit déficitaire est-il en soi si préoccupant ?

Un outil statistique
Comme tout outil statistique, la balance commerciale est une construction. Elle a donc ses qualités et ses défauts. Plus précisément la balance commerciale mesure les échanges de biens - et uniquement les échanges de biens - entre la France et le reste du monde. En clair, on additionne toutes les exportations de biens, et on retranche toutes les importations de biens, ça donne le solde de la balance. Dans sa définition française (et contrairement à d'autres pays), elle ne mesure pas les échanges de services, permière précision. Deuxième précision, "entre la France et le reste du monde", cela signifie entre les agents économiques qui ont un centre d'intérêt en France et ceux dont les centres d'intérêts sont extra-territoriaux. C'est donc le critère de la résidence des agents économiques qui est pris en considération, et non le critère de nationalité. Concrètement, si une entreprise française basée à l'étranger produit des biens qu'elle écoule en France, ils seront comptabilisés parmi les importations. Et inversement, une entreprise étrangère basée en région parisienne qui envoit ses biens aux quatre coins de la planète alimente les exportations prises en compte dans la balance commerciale française.

Le déficit est-il forcément mauvais ?
Contrairement à ce que l'on peut penser, le déficit commercial n'est pas fatalement une mauvaise chose. Le sens commun ("le bon sens") nous amène à penser que d'un échange il vaut mieux sortir excédentaire que déficitaire. Pourtant si l'on y réfléchit un peu, l'explication est bien moins évidente.

En effet, un déficit signifie que l'on importe plus que l'on exporte. Le fait d'importer beaucoup de biens peut être le signe d'une demande intérieure dynamique, qui peut également être renforcée par une croissance mondiale faible, qui limite ainsi les exportations. Rappelons que les exportations répondent à la demande du reste du monde. Un déficit peut donc s'avérer être le signe une vitalité économique importante à l'intérieur des frontières du pays déficitaire. A l'inverse, un excédent (lorsque les exportations sont plus importantes que les importations) peut être provoqué par une récession qui comprimerait la demande intérieure.

L'économiste Jacques Généreux exprime un point de vue intéressant, puisque selon lui s'il on considère que "la richesse progresse là où la population dispose d'une plus grande quantité de biens et de services vraiment utiles (alors) l'excédent commercial a plutôt les apparences d'un appauvrissement puisqu'il implique une sortie nette de biens vers l'étranger". La Chine a beau avoir un excédent commercial record, les chinois en bénéficient-ils pour autant ? Inversement, les Etats-Unis enregistrent des déficits abyssaux, les américains sont-ils moins biens lotis que les chinois ?

Comparer les balances commerciales des pays n'a donc pas grand sens si on ne les rapportent pas au Produit Intérieur Brut des pays en questions. Et déplorer le déficit commercial ou féliciter l'excédent n'a pas plus de sens si on ne fournit pas quelques éléments d'explications.

Sur le cas de la France et de l'Allemagne.
On compare souvent les récents déficits français aux récents excédents allemands. Les deux soeurs de l'Europe ne se ressemblent pas tant que ça au final. La France est fortement tertiarisée, spécialisée dans les services (hotellerie, restauration, secteur du tourisme) qui 1) ne sont pas comptabilisés dans la balance commerciale, et 2) ne sont que très difficilement exportables, vous en conviendrez. Au contraire, l'Allemagne est un gros producteur de biens d'équipement professionnel, qui s'exportent très bien et pèsent lourd dans la balance (c'est le cas de le dire). Et ce d'autant plus que des réformes structurelles ont permis de faire baisser les coûts de la main d'oeuvre outre-rhin depuis plusieurs années. L'industrie allemande a donc gagné en compétitivité sur le plan international, mais au prix d'une compression de la demande intérieure due à la stagnation des salaires. Le fameux pouvoir d'achat est en berne chez les allemands, et l'excédent commercial est renforcé par des importations faibles et une croissance faible. Alors qu'en France, la consommation est toujours le moteur de la croissance. Alors, bon ou mauvais excédent ?

Crédit photo : Spinning scales par darrjo23

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jeudi 6 décembre 2007

Le sexe des étudiants

On a parlé récemment des étudiants des universités qui se sont mobilisés (ou pas) contre la récente loi relative à l'autonomie des universités. On en a parlé même beaucoup, parfois en bien, souvent en mal, mais qui sont-ils vraiment, ces étudiants de 2007 ? On m'a demandé tout récemment dans une discussion pourquoi "y a que des filles en lettres et que des garçons en sciences économiques ?". La réalité statistique est plus nuancée que cela, même s'il est vrai que certaine filière sont toujours fortement féminisées alors que d'autres le sont beaucoup moins. Alors voila quelques petites précisions sur la composition des filières.

Alors que des filles en lettres ? Presque... Selon les chiffres de la Direction des Etudes et de la Prospective (et de la Performance, mais ce dernier P est récent) elles seraient entre 70% et 75% selon les filières (Lettres, Langues, Sciences humaines et sciences sociales). Mais cela nous donne tout de même près d'une étudiante sur quatre qui est en réalité un étudiant, ce qui n'est pas négligeable.

Que des mecs en éco-droit ? Que nenni. Plus de 51% de filles en Economie, plus de 59% en AES (Administration Economique et Sociale), et près de 65% en Droit et sciences politiques. Par contre il est vrai que les filles sont minoritaires du côté des sciences dites "dures". C'est vrai en Maths-Physique-Chimie (31%) mais pas en sciences naturelles (biologie géologie). Autre filière où les filles sont encore minoritaires, STAPS (Sc. et techniques des activités physiques et sportives) avec un taux de féminisation de la filière à 41%.

Mais le plus intéressant est peut-être de différencier les niveaux de ces différents cursus universitaires. Entre le niveau Licence (Bac+3), Master (Bac+5) et Doctorat (Bac+8) il y a de fortes disparités. Les femmes s'évaporent au fur et à mesure qu'elles avancent dans leurs études. Plusieurs causes à cela. Si le nombre de femmes dans les études supérieures ne cessent de croitre, il est normal qu'il y en ait relativement plus dans les premières années, en espérant qu'au fil des années elles viennent grossir les rangs des niveaux supérieurs. Mais je ne crois pas trop à cet effet. Je penche plutôt pour un effet d'autosélection des femmes, renforcé par une anticipation de la "carrière familiale" encore très présente dans les mentalités. Les filières étant toutes sélectives à partir du Master 2 (et une bonne partie avant), on peut imaginer une discrimination : à niveau de diplôme égal, à âge égal, un candidat masculin serait préféré à une candidate.

Probablement existe-t-il des enquêtes qui pourraient permettre d'approfondir cette question de l'évaporation féminine dans les études supérieures, notamment du côté de l'OVE (et si vous avez des références, n'hésitez pas à les poster dans les commentaires). Le droit est une discipline particulièrement éloquente sur cette question : quand les étudiants en Master sont pour les 2/3 des étudiantes, il n'en reste "plus que" 48% en doctorat.

Il n'en reste pas moins que les filles restent majoritaires dans le système universitaire français (56%) alors que, contrairement aux idées reçues, il n'y a pas plus de filles que de garçons dans la classe d'âge concernée. Il nait en France, 51 garçons pour 49 filles. Mais si elles sont depuis près de quarante ans plus nombreuses à avoir le bac que les garçons, elles sont 57,4% en cursus Licence, 56,4% en cursus Master, plus que 46,9% en Doctorat, 40% parmi les Maîtres de Conférence, 17,9% parmi les Professeurs d'Université, et moins de 10% parmi les Présidents d'Université... Cela fait réfléchir.

Source :
Repères et références statistiques 2007, "Les étudiants", pp 182-183, DEPP.
"Carrières scientifiques et universitaires : à quand l'égalité Hommes/Femmes", Actes du coloque, 15 octobre 2003, Paris.

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mercredi 5 décembre 2007

Ne soyons pas simplistes

Aux visiteurs qui ne passeraient pas leur temps sur les blogs qui parlent d'économie, je conseille toutfois la lecture chez RCE de ce post très intéressant sur la question du pouvoir d'achat.
Mais encore plus intéressant, ce commentaire pétri de "bon sens" et posté par un courageux anonyme, et cette réponse magistrale , titrée "J'éclaire le débat public et c'est ma joie" (j'adore !).

Régalez-vous !

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