mercredi 31 octobre 2007

En vrac... mais que du bon !

Pleins de bonnes choses à lire, encore et toujours !!


  • On continue avec un très bon billet de Christophe Foraison, que je salue au passage, sur les représentations de la structure sociale. Pour en savoir plus cliquez sur le lien : S'il te plait, dessine moi la société

  • Comme les profs de SES aiment bien les blogs, parfois ils en ont deux. Claude Bordes signe une brillante série "Mensonges et Statistiques" sur L'Antisophiste. Un flux de plus à mettre dans votre agrégateur...

  • Enfin, signalons la naissance de Science politique en ligne ! Longue vie à cette initiative qui a pour but, je cite, de recenser quelques travaux pour améliorer la diffusion de la recherche française en science politique sur Internet.

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mardi 30 octobre 2007

Service après vente... des billets de blog

Petites vacances, petits billets... Comme les vacances des profs ça sert à travailler (oui, oui, vous avez bien lu !) le format des billets est raccourci pendant quelques jours. Voire même il risque d'y avoir une interruption de service vers la fin de la semaine.

La lecture de la presse quotidienne économique a ceci de bien qu'elle permet d'assurer le service après-vente des billets postés ici ou là.

Dans La Tribune d'aujourd'hui (30 octobre 2007) on peut lire une brève en page 10 qui vient compléter ma précédente note sur les jeux videos :

Sony pessimiste pour sa division jeux video ; Quelques jours après la publication des résultats de son 2e trimestre fiscal, marqué par la bonne santé de sa branche électronique, le groupe japonais a annoncé s'attendre à une perted'exploitation de sa division jeux video deux fois plus lourde que prévu pour l'exercice en cours, qui s'achève fin mars 2008. Cette perte devrait atteindre 605 millions d'euros contre 302 millions prévus initialement.


En page 6 du quotidien, la suite de la cession de Danone Biscuits à l'américain Kraft Foods que j'avais eu l'occasion de présenter cet été :

Danone signe la cession de son pôle biscuits à Kraft ; Danone a vendu à l'américain Kraft Foods son pôle biscuit et produits céréaliers (dont la marque LU), pour 5,3 milliards d'euros. L'opération aprouvée par le conseil dadministration de Danone avait été annoncée en juillet. Elle demeure soumise à certaines conditions, notamment au feu vert de la Commission européenne dont la décision est attendue le 9 novembre. L'es deux groupes entendent clôturer la vente d'ici à la fin de l'année.


Sur la même page, deux articles et un encart sur la grève à Air France. On y parle de l'inexpérience des syndicalistes pour expliquer la situation de blocage, ainsi que de la nécessité de mettre en place le service minimum dans le transport aérien. Autant dire que cela illustre plutôt bien le dernier post sur le blog Econoclaste : Pourquoi les medias sont ils biaisés. Je vous renvoie aux deux notes de juin dernier portant sur le service minimum et le droit de grève (note 1 et note 2).

A suivre...

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lundi 29 octobre 2007

Fiscalité sur les dividendes...

Ne ratez pas ça :
"Les riches c'est fait pour être très riches..."

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vendredi 26 octobre 2007

Histoire@Politique

S'il existait, on dirait que le hasard fait bien les choses... J'apprends aujourd'hui la sortie du n°2 de la revue Histoire@Politique, la revue électronique du Centre d'histoire de Science po. Il tombe à point nommé, avec pour dossier central "Le pouvoir politique et l'histoire", dossier coordoné par... Laurent Wirth, que je citais abondemment hier. Analyse on ne peut plus fine, je vous conseille tout particulièrement l'article "Le pouvoir politique et l'enseignement de l'histoire. L'exemple des finalités civiques assignées à cet enseignement en France depuis Jules Ferry"

Sur la revue plus généralement, je me demande si le jeu de mot "Histoire apolitique" avec l'usage du "@" dans le titre est volontaire ou pas ? Je me demande également comment un site comme celui-ci (qui semble plutôt bien fait par ailleurs) n'ait pas de fils RSS. Et le web 2.0 alors ? Tout juste on trouve une vieille newsletter tout en bas de la colonne de droite (vous ne perdrez pas deux heures à la trouver comme ça).

Bon surf !

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jeudi 25 octobre 2007

Comprendre : la non lecture de la lettre de Guy Moquet

Lettre de Guy Moquet à ses parents

C'est retombé comme un soufflet, le Grenelle de l'environnement est passé par là mercredi, les annonces de Xavier Bertrand mardi... Et l'agenda politico-médiatique va vite, très vite, il passe d'une info à une autre, et à mon avis on n'est pas prêt d'entendre parler à nouveau de Guy Moquet. Bien sur, les JT de lundi soir sont revenus quelques minutes sur l'émotion suscitée par la lecture de la lettre dans les lycées, et puis quelques secondes sur le non déplacement de Nicolas Sarkozy dans le lycée Carnot où le jeune résistant communiste avait suivi sa scolarité. Mais finalement, avec la couverture médiatique pourtant conséquente lundi sur le sujet, on n'aura pas vraiment compris pourquoi ils n'ont pas voulu lire la lettre...

Des milliers de profs d'Histoire Géo ont signé des textes dans lesquels ils expliquaient pourquoi ils refuseraient de lire la lettre. Pourquoi il ne fallait pas confondre "devoir de mémoire" et "droit d'histoire". Pourquoi l'Ecole ne doit plus être pensée comme l'outil d'unification de la nation qu'elle était sous la IIIe République. Bien sûr les professeurs du service public d'éducation ont des missions claires : transmettre les valeurs de la République et notamment l'idéal laïque, qui exclut toute discrimination de sexe, de culture ou de religion, instruire les jeunes, contribuer à leur éducation, les former en vue de leur insertion sociale et professionnelle.

Mais ils ne sont plus là pour jouer les "instituteurs nationaux" (selon l'expression de Pierre Nora). Le temps du petit Lavisse et du Tour du Monde par deux enfants est révolu. L'école est là pour former des citoyens, capables d'esprit critique, capables de prendre les décisions importantes de leur vie en connaissance de cause, en connaissance de la réalité de notre société. On exerce l'esprit critique des jeunes non pas en sélectionnant ce qu'il y a de meilleur dans notre mémoire, mais en cherchant à se rapprocher de la vérité historique, sans mettre en avant les périodes les plus glorieuses, sans occulter les heures sombres.

Pour comprendre, il est bon de lire et relire ce texte de 2000 : "Histoire et Mémoire". Il est issu d'une conférence prononcée par Laurent Wirth, Inspecteur Général de l'Education Nationale et ancien professeur d'Histoire-Géographie. Je vous en livre ici quelques extraits significatifs.

Ce retour en force de la mémoire est caractérisé par son lien consubstantiel avec le présent au point de faire les titres de la presse. Les débats sur Vichy, notamment au moment du procès Papon et ceux sur la torture en Algérie sont des exemples frappants d'un véritable télescopage entre la mémoire et l'actualité, dans lequel les médias, les politiques et la justice prennent le pas sur les historiens, même si ceux-ci peuvent être convoqués comme experts. L'inscription dans l'actualité tend à l'emporter sur le regard de l'historien qui passe au second plan.

Les nouveaux modes de commémoration confirment que le présent prend le pas sur le passé : l'aspect festif et médiatique que prend la commémoration ( par exemple à l'occasion la célébration du bicentenaire de la Révolution) est significatif. On ne commémore tant aujourd'hui le passé que pour mieux célébrer ou condamner le présent.

Inscrite dans le présent, cette mémoire est le patrimoine de groupes vivants. De ce fait, comme l'a dit, dès les années trente, le sociologue Halbwachs qui est mort en déportation à Buchenwald, il y a autant de mémoires que de groupes. Elle est donc par nature plurielle. L'évolution des modes de commémoration est également significative de ce point de vue : la commémoration traditionnelle supposait un ordre et une hiérarchie qui descendait des sommets de l'Etat jusqu'aux écoliers rassemblés autour des monuments et sur les places publiques. Actuellement la commémoration sourd, au contraire, des profondeurs de la société, elle émane plutôt de groupes de solidarité et tend à déserter le national pour s'enraciner dans le local.

Enfin la mémoire est également, par nature, affective et sélective et faillible : elle a tendance à ne retenir que ce qui la conforte. Dans les débats sur la torture en Algérie, certaines associations répondent indignées, en mettant en avant leur propre mémoire fondée sur des atrocités commises par le FLN contre des civils et contre les Harkis. Cela peut déboucher sur un affrontement de mémoires antagonistes.

Ces mémoires éclatées, sélectives, souvent contraires, ne sont pas, on le voit bien, synonyme d'histoire.


Je rappelle que le texte ci-dessus n'a pas été écrit en réaction à la demande présidentielle de lecture de la lettre de Guy Moquet dans les lycées, puisqu'il date de 2000. Mais il est intéressant de constater comment, d'une certaine manière, l'évènement de lundi peut être interprété comme un retour en arrière dans la façon de célébrer la mémoire nationale, du haut de l'Etat vers le bas. Ou quand "la rupture" prend la forme du demi-tour...

L'opposition des professeurs n'était donc pas tant politique, comme on a voulu le montrer sur certaines chaines, que scientifique et éthique. Or la première compétence attendue chez les nouveaux professeurs actuellement en formation n'est autre que : agir en fonctionnaire de l'Etat, de manière éthique et responsable.

Liens :
Discours de N. Sarkozy au bois de Boulogne, le 16 mai 2007
Laurent Wirth, "Histoire et Mémoire", conférence de novembre 2000
"Agir en fonctionnaire de l'Etat et de manière éthique et responsable", BO du 4 janvier 2007, pp. 12-13
"Les missions du professeur", circulaire 97-123 du 23 mai 1997


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mercredi 24 octobre 2007

L'Attali ne se bonifie pas avec l'âge

Attali et Sarkozy sont dans un bateau

Dans un très bon article paru dans Le Monde daté du 24 octobre, Hervé Kempf fait un parallèlle intéressant entre le Jacques Attali des années 70 et celui des années 2000. Celui de 1970 était prudent, il venait de lire le rapport Meadows qui mettait en avant le fait que la recherche d'une croissance infinie était probablement ce qu'il pouvait arriver de pire à la planète Terre et à ses habitants. Il signait un papier titré "Vers quelle théorie économique de la croissance ?" dans lequel il expliquait combien la notion même de croissance se révélait (et se révèle toujours) être un mauvais indicateur du bonheur, de la satisfaction des individus.

Le rapport Meadows allait plus loin, en affirmant que l'absence de croissance n'était pas synonyme d'absence de progrès (sans pour autant proner la "décroissance") et qu'il fallait absolument repenser nos modes de production pour sauver le caillou sur lequel nous habitons. Il prévoyait les premières conséquences néfastes à horizon 2010. Nous étions en 1972 : 40 ans, probablement un horizon trop éloigné pour prendre pleinement conscience de l'urgence environnementale. Ce rapport émanait de chercheurs du prestigieux MIT, il était une commande du Club de Rome, qui lui assura un retentissement international. 35 ans avant le grenelle de l'environnement franco-français de l'an 2007.

Le Jacques Attali de 2007 a bien changé. Le 16 octobre dernier il était l'invité de François Demorand sur France Inter (écouter l'interview). Il affirmait alors que "la meilleure façon de ne pas polluer c'est de revenir à l'âge de pierre" tout en rappelant que "le secteur de l'environnement était, avec celui de la santé, le grand secteur de la croissance"... légèrement contradictoire. Et Hervé Kempf de mettre en exergue dans son article les oppositions entre certaines conclusions de la commission Attali et les propositions des groupes du Grenelle de l'environnement. De même que le Jacques Attali qui approuvait le rapport Meadows et les prémices d'une croissance 0 du PIB s'oppose à celui qui s'obstine à provoquer une croissance française à 5%.

Ce matin, Jacques Attali était invité sur Europe 1 : "opposer écologie et croissance est une bêtise intellectuelle profonde, puisqu'en réalité on ne peut pas améliorer l'environnement sans croissance. Ce n'est pas la croissance qui pollue c'est la production. Si on veut changer la nature de la production il faut évidemment croître, croître autrement". Un seul leitmotiv, toujours le même, la croissance. Seulement J. Attali semble avoir oublier que la notion de croissance est encore, aux dernières nouvelles, définie comme l'augmentation soutenue de la production. Donc par définition si la production pollue, la croissance pollue. Il faudrait "produire autrement pour croître autrement" nous dit il. Dont acte. Mais dans ces conditions, on aurait aimé que la mise en place du PIB Vert soit une initiative de la commission qu'il préside. Mais sur ce coup, c'est le Grenelle qui a une longueur d'avance...

Liens
Le Grenelle de l'environnement
Commission Attali : Libération de la croissance française
Club de Rome


et parce qu'il faut rire au moins 30 minutes par jour...

Vous aussi faites vous plaisir : http://martine.logeek.com/


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mardi 23 octobre 2007

Le New York Times critique l'amendement ADN


L'amendement ADN continue de faire parler de lui (voir ma précédente note : ADN et famille). Cette fois, l'attaque vient d'outre-atlantique, du grand quotidien The New York Times. L'agence de presse Reuters rapporte l'éditorial outré paru dans l'édition du 21 octobre du NYT. A suivre, la dépêche de Reuters et le lien vers l'article orginial.


La dépêche de Reuters :

Le New York Times part en guerre contre le projet de loi sur l'immigration de la France, qualifié d'"abject", qui introduit des tests ADN "comme fondement potentiel pour l'exclusion de familles immigrées cherchant à retrouver leurs parents qui vivent en France".

Dans un éditorial très virulent publié dimanche 21 octobre, le quotidien américain insiste sur le fait que l'utilisation de la génétique peut se révéler utile seulement "pour déterminer la culpabilité et l'innocence en matière criminelle", mais n'a "aucune place légitime au sein du droit de l'immigration". Le journal s'étonne que la France ne se souvienne pas des leçons imposées par son histoire. "En effet, rappelle le NYT, les premières notions de pseudo-science du 'sang' ont été introduites dans le droit français sous l'Occupation, par les Nazis et leurs collaborateurs de Vichy, avec les conséquences tragiques que l'on connaît".

Le NYT interpelle Sarkozy

S'il souligne que l'opposition à l'amendement sur les tests ADN a réuni des politiques de "centre-gauche", comme "des membres de la majorité de centre-droit encore pourvus de principe", le New York Times est choqué que les politiques français se soient contentés de "modifications d'ordre sémantique", qu'il juge largement insuffisantes.

Pour finir, le journal s'adresse directement au président français, "qui aurait pu à n'importe quel moment intervenir pour empêcher ce projet de loi, et en a encore la possibilité", mais qui "ne l'a jamais fait." Et conclut par cet appel, on ne peut plus clair : "Nicolas Sarkozy veut être considéré comme un homme d'Etat. Qu'il agisse en tant que tel".


Retrouvez l'article sur le site du NYT
Le Figaro se fait l'écho de l'édito du NYT

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lundi 22 octobre 2007

Louis Chauvel et l'âge des députés

Vive l'anti-refletsCe n'est pas la première fois, ni la dernière fois que l'on parlera de Louis Chauvel sur ce blog. Et ce n'est probablement pas la dernière fois que je parlerais de La vie des idées, nouveau magazine en ligne publié par La République des idées. J'en parlais d'ailleurs pas plus tard que la semaine dernière.

A la suite d'un article publié dans Le Monde au lendemain des élections législatives du printemps dernier (article que je commentais ici), Louis Chauvel s'est mis en tête d'étudier de plus près l'évolution de la moyenne d'âge de nos représentants à l'Assemblée Nationale. Une étude longitudinale comme on dit. Et ça donne ça, disponible gratuitement et intégralement en ligne. Vous aimiez les strobiloïdes, les graphiques un peu bizarres mais très parlant, vous allez adorer ça :


Bonne lecture !

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mercredi 17 octobre 2007

Sondages, opinion et régimes spéciaux

Ce matin deux sondages réalisés par BVA et CSA pour leurs clients, respectivement Le Figaro et L'Humanité, ont annoncé des résultats exactement opposés quant au sentiment des français à l'égard de la grève de demain, jeudi 18 octobre. Le Figaro - L'Huma (17.10.2007)Cela me rappelle un billet que j'avais rédigé au lendemain du second tour des élections Présidentielles. Dans ce billet je reprenais la célèbre formule de Pierre Bourdieu, l'opinion publique n'existe pas.

Et effectivment, je continue de croire que l'opinion publique n'existe pas, mais plus précisément qu'elle se construit. Pour ceux qui n'ont pas le courage de relire le billet de mai dernier, je colle ici le paragraphe en question :

Pourquoi l'opinion publique n'existe pas
[Selon Pierre Bourdieu,] les sondages supposent que tout le monde peut avoir une opinion sur tout. Ils surestiment à la fois l’intérêt et la compétence des personnes interrogées, et posent aux gens des questions qu’ils ne se posaient pas, et qu’ils n’avaient pas l’intention de se poser parce qu’elles ne les intéressent pas. Ils exercent par ailleurs un effet d’imposition de problématique par la formulation des questions. Ils amènent les personnes interrogées à se poser les problèmes dans des termes différents de ceux qu’ils auraient eux-mêmes utilisés. En agrégeant toutes les réponses, on leur accorde non seulement la même intensité mais également le même poids social alors qu’elles ne pèsent pas de la même manière. En supposant que toutes les opinions se valent, on oublie que chaque opinion dépend de la manière dont les gens s’insèrent dans les différents réseaux de sociabilité en fonction de leur âge, de leur sexe, ou de leur milieu professionnel.


Sur les sondages en eux-mêmes
Une fois ces quelques points rappelés, ne nous interdisons pas de lire les résultats des ces sondages. Vous les trouverez ici et . Qu'est ce qu'on regarde en premier ? La question posée bien sûr :

Pour BVA-Le Figaro :
Les syndicats de la SNCF et de la RATP appellent à une journée de grève le jeudi 18 octobre pour protester contre la réforme des régimes spéciaux de retraite. Vous-même pensez-vous que ce mouvement est tout à fait justifié, plutôt justifié, pas vraiment justifié ou bien pas justifié du tout ?


Pour CSA-L'Humanité :
Vous savez que plusieurs syndicats de la SNCF, de la RATP, d'EDF-GDF, de l'ANPE, de l'UNEDIC, de l'Education nationale appellent à une journée nationale d'action et de grève le 18 octobre prochain, notamment sur l'avenir du système de retraite et des régimes spéciaux . Quelle est votre attitude à l'égard de ce mouvement ?


Première remarque, les formulations diffèrent grandement. Or on sait que les questions orientent fortement les réponses. Dans le cas de BVA, le mouvement syndical est présenté comme "protestataire" et allant "contre" une "réforme des régimes spéciaux". Dans la formulation de CSA, le même mouvement est présentée comme une journée "d'action", et non pas "contre les régimes spéciaux" mais "sur l'avenir du système des retraites" puis ensuite celui des régimes spéciaux.

En présentant le mouvement uniquement sous l'angle de la contestation, BVA a biaisé sa question. En posant la question des régimes spéciaux à l'intérieur de celle de l'avenir du système de retraite, CSA l'a pratiquement biaisée également : en effet les gros titres de l'Huma, forcément courts et nécéssairement percutants, ont pratiqué le raccourci en annonçant "54% de français soutiennent la grève".

Du côté des réponses...
Là aussi la différence entre les deux instituts est assez éloquante. Pour BVA seulement quatre choix : le mouvement peut être aux yeux des français soit tout à fait justifié, soit plutôt justifié, soit pas vraiment justifié, ou enfin pas du tout justifié. Reste un résidu de "Ne se prononce pas" (NSP) dont on parlera plus loin. Pour CSA maintenant, changement de programme : l'éventail est plus large, 5 réponses sont possibles. Le soutien, la sympathie, l'indifférence, l'opposition, et enfin l'hostilité. BVA n'avait même pas envisagé que l'on puisse être indifférent à ce mouvement. Pourtant, si on ne considère que les conséquences du mouvement, extrait de son contexte social (la question des régimes spéciaux), une majorité de français n'utilisent pas les transports en commun pour se rendre à leur travail. Ils ne seront donc pas touchés par le mouvement... ils peuvent donc logiquement y être indifférents. En réduisant le champ des possibles pour ses enquêtés, BVA les a obligé à se situer d'un côté ou de l'autre de la barrière. Bien sûr il y avait le NSP pour montrer son indifférence, mais il n'est pas proposé par les enquêteurs au téléphone comme peut l'être la proposition "Indifférent" dans l'autre sondage.

Il faut s'arrêter sur cette indifférence : je reprends Question de sociologie de Pierre Bourdieu à propos des enquêtes par sondage.
L'information la plus importante qu'un sondage livre à propos d'un groupe, ce n'est pas le taux de oui ou de non, le taux de pour ou de contre, mais le taux de non réponses, c'est-à-dire la probabilité, pour ce groupe d'avoir une opinion.

Et je vous invite vivement à lire ou relire le reste des pages 238 à 242 de cet ouvrage.

Il y aurait tant de choses à dire, c'est frustrant de s'arrêter là. Mais pourtant il faut bien, car à chaque jour suffit sa peine.

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mardi 16 octobre 2007

A propos du conseil scientifique de La vie des Idées


Laviedesidées.fr est en ligne. Il s'agit d'un nouveau "magazine d’analyse et d’information sur le débat d’idées". On connaissait déjà La République des Idées, la collection dirigée par Pierre Rosanvallon et Thierry Pech au sein des éditions du Seuil. Les ouvrages parus dans cette collection se remarquent par leur couverture orange, et à la fois leur qualité et leur concision. En quelques mois elle a su gagner le statut d'incontournable pour qui s'intéresse aux questions économiques et sociales. La vie des idées semble partir sur les mêmes bases, tout en profitant des avantages des technologies de l'information et de la communication : rendre accessible (par la gratuité) les idées, favoriser le foisonnement intellectuel en supprimant les obstacles matériels entre l'émission et la réception de productions scientifiques rigoureuses, le tout dans le but d'améliorer la qualité du débat d'idées. Les objectifs sont parfaitement louables.

Mais une visite rapide de la rubrique "qui sommes nous ?" me fait m'interroger sur un point précis ; voici la composition du conseil scientifique de La vie des idées, cherchez l'intrus :

Stéphane Audoin-Rouzeau (EHESS), Edouard Bard (Collège de France), Loïc Blondiaux (Université de Lille), Pierre Bouretz (EHESS), Robert Castel (EHESS), Eve Chiapello (HEC), Daniel Cohen (ENS), Stanislas Dehaene (Collège de France), Mireille Delmas-Marty (Collège de France), Philippe Descola (Collège de France), Mamadou Diouf (Columbia University), Jean-Luc Domenach (CERI), François Dubet (Université de Bordeaux II), Jean-Paul Fitoussi (OFCE), Carlos Forment (New School for Social Research), Antoine Garapon (IHEJ), Nilufer Göle (EHESS), Roger Guesnerie (Collège de France), Sudhir Hazareesingh (Oxford University), Christophe Jaffrelot (CERI), Baber Johansen (Harvard University), Sunil Khilnani (Johns Hopkins University), Henry Laurens (Collège de France), Claude Lefort (EHESS), Bernard Manin (EHESS), Pierre-Michel Menger (EHESS), Olivier Mongin (Esprit), Serge Paugam (EHESS), Thomas Piketty (Ecole d’Economie de Paris), Alain Prochiantz (Collège de France), Jacques Revel (EHESS), Olivier Roy (CERI), Jean-Frédéric Schaub (EHESS), John Scheid (Collège de France), Patrick Weil (CNRS)

L'avez vous trouvé ? Loïc Blondiaux est le seul membre de ce conseil présenté comme un universitaire (en faisant exception de ceux qui officient à l'étranger). Voilà une caractéristique de la recherche (et plus largement de l'enseignement supérieur) à la française. La reconnaissance scientifique ne passe pas par les universités mais par les grandes écoles et les organismes de recherche. Et cela semble encore plus prononcé dans les sciences sociales que dans les sciences dites dures.

Qui est donc ce Loïc Blondiaux ? La solution de facilité, recherche sur Google. Premier résultat, cliquons ! On peut lire [Loïc Blondiaux] est désormais Professeur en Science Politique à l'IEP de Lille. Ah, l'IEP de Lille, une grande école... l'honneur est sauf, et le système dual de l'enseignement supérieur français a de beaux jours devant lui.


Edit (18/10/2007) : Suite à une discussion avec Baptiste Coulmont (voir les Commentaires), il convient de préciser un certain nombre de choses. L'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales est régie par la même loi que les universités (Loi Savary de 1984 relative aux Etablissements Publics à Caractère Scientifique, Culturel et Professionnel). L'EHESS est néanmoins classé parmis les "Grands Etablissements" en vertu d'un décret de 1985. Elle déroge donc à de nombreuses dispositions de la loi Savary, et son organisation et son fonctionnement sont fixés par décret en Conseil d'Etat.

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lundi 15 octobre 2007

Le prix de la banque de Suède...

en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel a été décerné aujourd'hui, et on en parle déjà , ici, ou encore . Pas la peine d'y consacrer un billet plus long : le faux Nobel, tout le monde en parle avant, et tout le monde a l'air blasé après...

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vendredi 12 octobre 2007

De la déviance chez les étudiants

Dans quelques jours je vais devoir aborder avec mes élèves la notion de contrôle social, ainsi que les notions qui s'y rapportent : valeurs, normes, déviance, etc. Et une petite recherche anodine sur DailyMotion à partir du mot clé "Sociologie" m'a permis de dénicher une "perle".

Lorsqu'un étudiant suit un cours en amphi, ses valeurs et les normes qui en découlent orientent son comportement, sa pratique sociale. La valeur en question ici est le respect de l'autre, et plus précisément le respect de la parole de l'autre - en l'occurence, un professeur d'université. Et la norme sociale qui correspond à la situation de l'apprenant est tout simplement le fait de ne pas interrompre le locuteur, mais au contraire de l'écouter, de se concentrer, de s'approprier le discours et d'en garder une trace écrite. La petite video qui suit illustre parfaitement la déviance, définie comme un écart aux normes socialement établies.

Trève de blabla, je vous laisse profiter de ce petit "pétage de plomb" qui, sans la magie des technologies de l'information et de la communication, serait resté au stade de légende que se racontent les étudiants à la machine à café. Je tiens à remercier l'auteur de cette video de ne pas avoir utilisé une caméra haute qualité : le flou de l'image garantit l'anonymat du protagoniste.



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jeudi 11 octobre 2007

"Décrire, comprendre, expliquer"

On continue dans la série "y faut lire !". Mon Netvibes commençait à avoir trop de continents inexplorés. Je sais pas si ça vous fait ça aussi, mais on a tendance à privilégier certains onglets au profit d'autres, alors dans les onglets délaissés les fils non lus s'entassent, et vous avez un retard de plusieurs semaines sur certaines sources pourtant d'une richesse extrême.

C'est ce qui m'est arrivé ce matin, j'ai du prendre ma machette et tailler un peu dans la jungle des billets non lus pour en trouver un qui sort du lot. Il s'agit d'un papier paru dans la revue en ligne SociologieS il y a quelques semaines donc : "Décrire, comprendre et expliquer" par Jacques Hamel

Avec un titre pareil, il paraissait évident que cet article ne pouvait qu'intéresser l'auteur d'un blog qui s'appelle Comprendre. Et ce d'autant plus que je commence à considérer qu'il existe un véritable fossé entre la compréhension et l'explication... mais dans un autre domaine que celui de la recherche en sociologie. Pour ceux qui s'intéressent à ce sujet, la recherche en sociologie, et aux considérations epistémologiques qui s'y rattachent, le texte a le mérite de remettre quelques éléments en place, si tant est que le flou régnait dans votre esprit.

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mercredi 10 octobre 2007

"Je ne crois pas en l'autorité"

Un billet un peu particulier aujourd'hui pour conseiller la lecture d'un texte rédigé par Claudia Renau, professeur de géographie à l'IUFM de Paris. Derrière le titre un brin provocateur se cache quelques paragraphes qui valent la peine d'être lus.

On assimile souvent "un bon prof" à "un prof autoritaire qui sait se faire respecter des élèves". Je reste convaincu, et j'espère que mon expérience me confirmera dans cette pensée, que l'on peut se faire respecter des élèves sans faire preuve d'autoritarisme. Je suis loin d'être un "soixante-huitard", croyez-moi (j'étais loin d'être né en 68), mais pourtant je suis sûr qu'un "bon cours", c'est un cours où l'on a pas eu besoin de faire usage de son autorité. Bien sûr ce texte est à mettre en parallèlle avec un autre texte de Claudia Renau : Conseils à un jeune collègue qui revient sur les règles à établir pour le bon fonctionnement d'une classe.

Pas besoin d'être prof pour lire ce texte, et j'ai envie de dire bien au contraire. Même s'il s'adresse aux jeunes profs en particulier, sa lecture peut être intéressante pour tous ceux qui sont amenés à communiquer avec des jeunes. N'oublions jamais qu'une société qui "marche" c'est une société qui sait parler à sa jeunesse.

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lundi 8 octobre 2007

Et pendant ce temps-là, chez nos amis d'outre-Quiévrain...

Belgique

Après le programme de l'option de seconde, petite plongée au coeur du programme de première, option science politique. Vous avez dit déformation professionnelle ? Ce programme commence par une partie sur les notions fondamentales en politique que sont le pouvoir et le droit, avec un arrêt plus précis sur l'Etat et la Nation. Ne pas confondre... J'ai décidé de regarder avec mes élèves ce qui se passent Outre-Quiévrain comme on dit. Le malheur des Belges fait le bonheur des profs de SES, ou quand deux nations provoquent la désagrégation d'un Etat.

La genèse de l'Etat
Un blog c'est fait pour aller vite, pour aller à l'essentiel : que les historiens me pardonnent. Norbert Elias, dans La Dynamique de l'Occident (1975) a mis en avant le fait que la création des Etats, en Europe, avait pour origine un double monopole détenu par le pouvoir central : le monopole militaire et policier (Max Weber aurait dit le monopole de la violence physique légitime) et le monopole fiscal. On comprend que le pouvoir central a besoin de la force pour lever l'impôt, et de cet impôt pour entretenir les forces, forces à leur tour nécessaires pour lever l'impôt. Les deux sont interdépendants. Le monopole fiscal a également eu pour conséquence de permettre aux souverains de ne plus remercier leurs fidèles alliés en leur donnant des terres, mais en les rétribuant en argent, stabilisant de par là même le territoire possédé.

Quid de la nation
La nation, c'est autre chose. Et ce n'est pas toujours très clairs dans les têtes de nos élèves. Les représentations naissent du fait que le sens commun utilise souvent un mot pour un autre : pays, état, nation, état-nation, on ne sait plus vraiment où on en est... La nation, pour Ernest Renan, c'est une âme, un principe spirituel (...), une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de coeur. Oui mais pas que. Car cette nation là peut encore revêtir plusieurs formes, deux principalement.

1. La nation peut être une nation "ethnique". Dans ce cas là, c'est le droit du sang qui primera, renforcé par la culture commune et la langue commune, acquise dès la naissance. La nation est ici à la source d'un lien quasipsychologique de l'individu au groupe, presque une filiation. Souvent les nationalismes se sont appuyés sur cette conception pour constuire leurs doctrines.

2. Ou bien elle est encore une nation "élective" (et c'est celle-ci qui était évoquée par Renan) : ce concept est celui qui fonde la citoyenneté, le lien politique (voire républicain), l'envie de vivre ensemble, quelque soit les différences particulières. Une plus grande place est faite au droit du sol. C'est une conception de la nation plus ouverte que la précédente, qui permet notamment à des étrangers de choisir une nationalité s'ils acceptent le projet politique commun à leur nation d'adoption. Prenons le temps de citer Dominique Schnapper :
Toute nation démocratique se caractérise par son projet de transcender par la citoyenneté toutes les formes d'appartenance particulières, qu'elles soient biologiques, ethniques, historiques, économiques, sociales, religieuses ou culturelles. Une nation démocratique est, par définition, multiculturelle, elle réunit des populations diverses par leurs origines régionales (Bretons, Corses, Lorrains...), leurs origines nationales (immigrés, fils ou petit-fils d'immigrés...), sociales (ouvriers, techniciens, fonctionnaires, riches et pauvres...), ou religieuses (catholiques, protestants, juifs, musulmans, agnostiques ou athées...). Elle se propose de les intégrer par la citoyenneté en dépassant ces diversités, en transcendant tous ces particularismes.
D. Schnapper, La conception de la nationalité, Cahiers Français

Où en sont les Belges ?
Maintenant qu'on y voit mieux, peut-on savoir où en sont précisément nos amis les Belges ? L'Etat belge est le fruit d'un processus historique, comme tous les Etats. La nation belge devrait l'être tout autant, mais la question se pose de savoir si cette nation belge a déjà existé. Si la Belgique est bien une nation au sens moderne du terme (c'est une collectivité humaine organisée sur un territoire donné et autour d'un Etat), elle n'est pas parvenue à créer le sentiment d'appartenance, sentiment produit par l'histoire et un projet politique commun. En 1912, Jules Destrée écrivait déjà dans une Lettre au roi "Il n'y a pas de Belges". Des cultures différentes entre Wallon et Flammands (langue, religion, voire même inclinaison politique) et des projets politiques différenciés (autonomie culturelle pour les Flammands, fédéralisme économique pour les Wallons), tout pousse à croire, surtout au vu des évènements actuels, que le projet d'une Belgique unie était déjà tué dans l'oeuf.

Sur la blogosphère : Jean Quatremer ne parle (presque) que de ça

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vendredi 5 octobre 2007

ADN et famille

Petite mise en perspective de deux textes de nature presque semblable : un extrait de projet de loi, et un extrait de Bulletin Officiel du Ministère de l'Education Nationale. L'un a une valeur juridique reconnue, l'autre est en passe de connaître la même issue.

Projet de loi modifié par le sénat relatif à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile. Article 5 :
Le demandeur d'un visa pour un séjour de longue durée supérieure à trois mois (...) ressortissant d'un pays dans lequel l'état civil présente des carences peut (...) demander que son identification par ses empreintes génétiques soit recherchée afin d'apporter un élément de preuve d'une filiation déclarée avec la mère du demandeur de visa… Les agents diplomatiques ou consulaires saisissent sans délai le tribunal de grande instance de Nantes, pour qu'il statue, après toutes investigations utiles et un débat contradictoire, sur la nécessité de faire procéder à une telle identification (...). Ces analyses sont réalisées aux frais de l'État

B.O.hors-série n° 6 du 29 août 2002 (Programme officiel de l'enseignement de sciences économiques et sociales en classe de 2nde)

La famille : une institution en évolution : diversité des formes familiales, relations de parenté, ménage. L'étude de la famille devrait permettre aux élèves de relativiser leurs propres représentations de la famille et de comprendre son évolution. On montrera, sans développements approfondis puisque cette question sera reprise en classe de première, que la famille est une instance de socialisation. Il s'agit simplement de faire comprendre que le processus de socialisation est plus une interaction qu'une inculcation.


"Diversité des formes familiales", "relativiser les représentations"... En fin d'année de seconde, il semble évident pour les élèves que la filiation ne saurait en aucun cas être réduite au seul aspect biologique... Mais pas pour les sénateurs qui ont encore raté une occasion de montrer l'utilité du Sénat dans la Ve République... En attendant le Conseil Constitutionnel.

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mercredi 3 octobre 2007

Microsoft, Halo3 et la théorie des marchés contestables


Lu dans Le Monde récemment : Avec "Halo 3", Microsoft joue son avenir dans le jeu vidéo. C'est un truc de fou, un jeu vidéo qui explose à lui tout seul tous les records de l'industrie culturelle en terme de ventes au jour de sortie, industrie cinématographique incluse (mais à l'exception du dernier tome de Harry Potter bien sûr !). Plus fort que Titanic, Le soldat Ryan, Le seigneur des Anneaux, Spiderman, etc... 170 millions de dollars en quelques heures. Tout ça pour un jeu dans lequel on est un super soldat qui tue de bêtes bizarres aux alentours en l'an 2100 et des brouettes. Et Le Monde nous dit que la branche Jeux Vidéo de Micro$oft risque joue son va-tout.

Effectivement, le marché des fabricants de consoles est particulier. On pourrait croire que si Microsoft, Sony ou Nintendo risquent leurs peaux de vendeurs de consoles, c'est parce que la concurrence est rude. D'autres en ont fait les frais, comme Sega, qui a quitté le marché après avoir produit sa dernière console, la Dreamcast, au début des années 2000 (si mes souvenirs sont bons). Mais est-ce vraiment de la concurrence ?

Concurrence pure et parfaite
Pour qu'il y ait concurrence pure et parfaite, il faut que le nombre d'acheteurs et de vendeurs en présence soit grand, que les produits échangés soient homogènes, que l'information soit transparente, et que l'entrée/la sortie du marché soit libre. Bon là, déjà, on est mal. Grand nombre d'acheteurs, ok, mais grand nombre de vendeurs... moi j'en compte que trois. Produits homogènes ? La Xbox360, la PS3 et la Wii sont loin d'être les mêmes consoles... il suffit de comparer les manettes de la Wii et avec celles des deux autres. Enfin, que celui qui sait là maintenant combien de polygones chacune des consoles est capable d'afficher à la seconde lève la main... personne, c'est bien ce que je pensais.

Marchés contestables
On doit à William Baumol la théorie des marchés contestables. En quoi cela consiste ? Est-ce que cela peut prouver que le marché des fabricants de consoles est concurrentiel ? Cette théorie élargie considérablement la conception même de la concurrence. En bref, elle postule que seule la dernière des conditions sus-citées est importante, à savoir la libre entrée et la libre sortie du marché. Et même surtout la libre sortie du marché. Si je regarde mon petit dico préféré je lis :
Les entreprises qui sortent après une tentative d'entrée ratée ne doivent pas risquer un montant de pertes trop important. Plus les coûts de sortie (c'est-à-dire les frais engagés pour se lancer sur le marché) sont faibles, plus les entreprises extérieures sont prêtes à tenter une entrée : le marché est contestable.

Et quand un marché est contestable, même s'il y a peu (oligopole) ou un seul producteur (monopole), ce dernier est obligé d'agir comme en situation de concurrence, car il n'est pas à l'abri d'un nouvel arrivant sur le marché. Baumol a donc démontré que la concurrence parfaite ne dépendait pas tant du nombre de producteurs que des conditions de contestabilité des positions dominantes.

On peut faire un parallèle avec notre Xbox360 et Halo3 : les coûts de conception de ces petites merveilles de technologie que sont les jeux et les plates-formes qui les font tourner sont exorbitants. Si on rajoute à cela le fait que les constructeurs vendent à perte leurs premières consoles (voir ici ou ) pour capter des parts de marché, et qu'en plus ils doivent faire face aux impondérables et autres problèmes techniques à coups de milliards de dollars, on se retrouve dans une situation où les coûts d'entrée sur le marché sont proprement rédhibitoire sauf à être une firme multinationale géante, et les risques encourus en cas d'échec économique clairement astronomiques. Ce marché est donc clairement incontestable.

De deux choses l'une...
A risquer leur peau sur un jeu, les marchands de machines vont forcément finir par faire le faux-pas qui les perdra. C'est un peu comme si on savait déjà qu'un jour Bill Gates (ou M. Sony ou M. Nintendo) mangera son Mikado (eh oui, Mikado... la petite faiblesse qui vous perdra. Bon d'accord, elle est nulle). Il n'y en aura plus que deux... et puis un jour il n'en restera qu'un. Ou comment la concurrence peut tuer la concurrence. Les gamers n'auront plus que leurs yeux pour pleurer, il n'y aura plus qu'une seule console, les trois seuls jeux coûteront le même prix que la machine... Autre solution : les trois finissent par conclure une entente pour assurer leur survie. Mais au final, le résultat sera le même pour les "petits joueurs" que nous sommes.

Sources : W. J. Baumol et alii, Contestable markets and the Theory of Industry Structure, 1982

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mardi 2 octobre 2007

Pleins de nouveaux blogs d'économistes !!

Qu'on se le dise, à la rentrée 2007, le site du mensuel Alternatives Economiques a fait peau neuve : archives accessibles intégralement en ligne pour les abonnés avec moteur de recherche performant, contenus plus agréables, des articles qui tombent tous les jours (et non plus une fois par mois), etc. Il semblerait qu'Alter Eco ait enfin pris la pleine mesure de l'outil Internet, allant jusqu'à proposer une plate-forme de blogs pour permettre aux économistes-chroniqueurs de publier des billets.

En clair, 6 économistes (bientôt 7, on nous annonce l'ouverture prochaine du blog de Dominique Méda) publient en avant-première les chroniques que l'on retrouve dans la version papier du magazine. C'est donc du "vrai faux blogging", puisque les articles ne sont pas vraiment pensés pour le format blog, qu'il n'y a pas de personnalisation des blogs de la part des auteurs, etc. Bref du blog Canada Dry : ça y ressemble, la même couleur, presque le même goût... Cela reste néanmoins un pas en avant non négligeable (mais vers où ? est-ce que les auteurs vont s'emparer de leurs blogs ?), ça mérite le détour et on peut quand même y laisser des commentaires. En cliquant sur le nom, vous tomberez directement sur le "blog" de l'économiste, en cliquant sur le , vous vous abonnerez au flux RSS pour retrouver toutes les mises-à-jour directement dans votre agrégateur préféré !



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lundi 1 octobre 2007

Libéralisation des services postaux et revue de RCE

Ca y est, c'est fait. Tout le monde économique ne parle que de la mise en place des heures supplémentaires supplémentaires. "Travailler plus pour gagner plus", on y est, voilà la première mesure concrète justifiant le slogan de campagne de notre Président qui entre en vigueur. Mais tout le monde se goure car l'info économique et sociale du jour, c'est quand même bien la signature, à Luxembourg, de l'accord concernant la libéralisation des services postaux, de tous les services postaux y compris les envois légers classiques dans l'Union Européenne à horizon 2011.

Revue RCECette info me permet de rebondir et de vous parler du dernier numéro de la revue de RCE, Regards croisés sur l'économie. Je ne peux que vous en conseiller la lecture. Vous pouvez le commander en ligne ou le trouver dans les bonnes librairies, pour en savoir plus, cliquez ici. Dans ce numéro qui a pour titre "Bientôt privés de services publics ?" on en trouve pour tous les goûts, mais ce qui nous intéresse aujourd'hui c'est quand même bien les affaires de courriers. Et bien dans la partie "Le service public s'oppose-t-il au marché" vous trouverez l'interview de Jean-Paul Bailly. Comment vous ne connaissez pas Jean Paul ? Mais si, c'est le PDG du groupe La Poste. Avouez que ça tombe bien non ? Ils sont forts chez RCE !

Promis j'en parlerai plus dès que j'aurai fini de le lire (Lire plus pour en parler plus, telle est ma devise). Et dans les cartons, il traine une petite note sur "service public, service universel"... bientôt en ligne.

[Edit le 3 octobre : voir les commentaires]

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Régis Mailhot et les célibataires


Le lundi matin, c’est pour moi 2h30 de route pour traverser quelques uns de nos plus beaux départements (4-9, 8-5, 1-7, « west side »). C’est également l’occasion de suivre dans sa quasi intégralité le 7-10 de France Inter. RTL c’est fini, Apathie, ses questions débiles et ses raccourcis à deux balles, j’en peux plus. A la même heure mais sur Inter, à 7h55 donc, c’est le petit billet d’humour de Régis Mailhot, celui qui vous fait sourire juste avant les nouvelles tristes du journal de 8h. Et ce matin, ça portait sur la « déprime » des français, plus précisément des ménages français. Régis Mailhot était un peu à côté de la plaque : il a cru que l’enquête menée par l’INSEE (Enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages) ne prenait pas en compte les célibataires, et nous a bien fait rire en exhortant les célibs de tous poils à convoler le plus rapidement possible de manière à ce que leur moral puisse être sondé par l’Institut ! Oui mais voilà, il s’est planté, il n’a pas bien cherché la définition de ménage : niveau classe de seconde, option SES, tout bon élèves sait qu’un ménage « au sens statistique, est défini comme l'ensemble des occupants d'une résidence principale, qu'ils aient ou non des liens de parenté. Un ménage peut ne comprendre qu'une seule personne ». Raté Régis, les célibataires sont bien pris en compte par l’INSEE, mais on t’en veut pas plus que cela, parce qu’on a bien rigolé quand même…

Pour ceux qui voudraient en savoir plus, retrouvez la méthodologie de l’enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages en cliquant ici.

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